jeudi 28 février 2019

Photo du 28 février

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Dans le crépuscule, riposte au fusil d'assaut sur une position ukrainienne située à 250 mètres.

Ce 28 février, notre secteur s'est brusquement réchauffé vers 12h00 lorsque les positions ukrainiennes voisines ont pris à partie le Sud de notre ligne de défense avec des tirs nourris de mitrailleuses, lance grenades automatiques, appuyés par un ou deux véhicules de combat d'infanterie BMP 1, aux aboiements de 73mm caractéristiques.

Depuis quelques semaines, sur fond d'élections présidentielles ukrainiennes, le front se réchauffe progressivement. Mais sur le terrain, si les ukrops affichent nettement une "envie d'en découdre", leurs actions restent statiques, essentiellement limitées à des bombardements et des mitraillages de 1er échelon depuis leurs positions.

Les échanges de tir, qui se sont poursuivis par intermittence jusqu'au soir, nous ont aussi convié au festival après qu'une vingtaine de grenades autopropulsées (AGS 17) et des balles de snipers nous aient pris à notre tour pour cible.

Erwan Castel

Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du front

Le marteau de Thor

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Jeudi 28 février 2019

5h00 : je prends ma garde au mur Nord et mon premier café du jour. Le silence et le froid sont supportables.

6h00: Au Nord, vers Gorlovka, de puissantes explosions d'artillerie lourde résonnent dans la nuit comme un marteau gigantesque qui traverse le lointain.

11 minutes de bombardement, puis à nouveau le silence brutal lui aussi à sa façon. 11 minutes, ce n'est que quelques grains dans le sablier du temps, mais une éternité pour les âmes qui se trouvent sous le déluge d'acier et ses déflagrations infernales.

Peu avant 7h00, les ukrops de notre secteur signalent à leur tour leur réveil en évitant quelques gerbes d'acier vers les embrasures de notre "Forteruine" toujours debout après 5 ans de guerre.

8h00, je profite du brouillard pour chercher et organiser de nouveaux postes d'observation et de tir à proximité des positions ukrainiennes.

9h00, Retour vers notre position et vers le 2ème café de la journée, tandis que crient ici et là tronçonneuses et mitrailleuses, dans un brouillard que déchirent peu à peu les griffes du soleil.

Erwan Castel

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mardi 26 février 2019

Bonjour Promka !

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La première journée de cette nouvelle rotation sur notre secteur du front au Nord de Donetsk a été plutôt calme. Seuls des tirs isolés de grenades à fusil et lance roquettes antichar sont venus accompagner les fusils d'assaut marquant la marche du dieu Chronos que semblent ici ralentir les ruines et le silence régnant désormais entre Yasinovataya et Avdeevka.


Mardi 26 février 2019

En fin d'après midi nos postes de tir sont pris pour cible par une 12,7mm "utios" embossée à 500 mètres et tirant au coup par coup ou très courtes rafales pour assurer sa précision.

Nous ripostons alors, à calibre égal, avec un "Shok", le nouveau fusil de précision sorti en 2017 des ateliers d'armement de la République Populaire de Donetsk et qui s'inspire du légendaire PTRS soviétique de la seconde guerre mondiale (14,5mm), lequel assure toujours à ses côtés son service victorieux sur le front du Donbass.


Ainsi reprennent les échanges de tirs qui ponctuent depuis 5 ans la vie en première ligne de cette guerre du Donbass 

Erwan Castel

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lundi 25 février 2019

Retour sur le front

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A peine les festivités du 23 février achevées, nous voilà à nouveau dans le fouillis des sacs à dos, équipements et fournitures que nous contrôlons et complétons à nouveau en vue d'un retour imminent vers le front de Promka au Nord de Donetsk, entre Yasinovataya et Avdeevka.

Sur place la situation est de plus en plus tendue, les ukrainiens réalisant des bombardements réguliers, aussi bien en journée qu'en nuitée, avec un retour marqué des mortiers de 82 et 120mm. 


Mardi 26 février 2019

Ce matin les mitrailleuses lourdes semblaient lancer des appels dans la steppe bordant les villages détruits du Nord de Donetsk, tandis que je marchais entre les plaques de verglas laissant derrière moi le squelette décharné de l'aéroport... 

Partout dans ce quartier d'Oktyabrsky, la guerre a griffé les routes, les maisons, les arbres... rien ne semble avoir été épargné, pas même le silence qui se matin de jour férié est encore plus lourd que d'habitude. Personne. Aucun visage humain... juste celui de la guerre dont le visage grimaçant sous un soleil froid inondant une neige sale semble adresser aux noirs corbeaux guettant le ciel un râle silencieux et satisfait :

  
A l'extérieur, la neige part en lambeaux sous les assauts d'un soleil impatient appelant le printemps dans des températures tournant autour du 0°. Arrivé à la caserne entre Donetsk et Makeevka, où les compagnies se réveillent à peine et avant de repartir vers Donetsk, vers l'Etat Major régimentaire, je prépare mon barda pour le front. Par précaution je regarde les prévisions météo, assez justes dans l'ensemble et rajoute rapidement un sous-vêtement supplémentaire dans le sac devant les -10 et -12° annoncés pour la prochaine fin de semaine.

Mais ce sont surtout les munitions qui sont l'objet d'attentions particulières et surtout supplémentaires car si le froid est annoncé, en revanche le front continue quant à lui à se réchauffer entre bombardements ukrainiens et accrochages entre les positions se faisant face au milieu de ruines au ferrailles tordues et rouillées par 5 années de guerre. De l'avis des analystes la situation risque fort de continuer son escalade militaire, élections ukrainiennes obligent, et certains d'évoquer même la probabilité d'une nouvelle provocation maritime ukrainienne dans le détroit de Kertch, entre Crimée et Donbass.

Le soir, j'ouvre la fenêtre virtuelle et lumineuse de mon ordinateur, celle là même qui m'a happé en février 2014 pour me conduire ici entre les terrils de l'ancienne Iouzovska devenue plus tard Stalino puis Donetsk, et continue à regarder entre des "poèmes barbares" de Charles Leconte de Lisle, les spasmes qui agitent ici, en Syrie ou au Venezuela notre monde post-moderne, malade de sa folle démesure. 

Sur le front du Donbass, les ukrainiens augmentent de jour en jour leurs activités offensives, comme par exemple cet après-midi sur le front de Volvo Center (Nord Donetsk) pris sous un feu nourri, ou l'aéroport de Donetsk, juste à l'Est, qui lui est bombardé par des mortiers de 120mm. Et cette escalade que l'on peut entendre depuis Donetsk est générale sur l'ensemble des fronts de Donetsk, mais aussi de Lugansk comme les ukrainiens eux-mêmes le montrent en publiant sur leurs réseaux sociaux militaires, avec un différé de quelques heures seulement, des images de leurs drones ou de leurs unités d'assaut en train de se déployer sur la première ligne du front : 

Chars de combat ukrainiens se déployant dans le secteur de Bobrovo 
près de Lugansk, le 24 février 2019 (10ème brigade d'assaut de montagne) 

Du côté de Donetsk, à Marinka (Ouest de Donetsk) des chars de combat ukrainiens ont également été observés en train de se rapprocher de la ligne de contact, se déployant dans des quartiers résidentiels pour utiliser les résidents civils comme bouclier humain dissuasif. Une technique qui n'est pas nouvelle et généralisée par Kiev, depuis que le front s'est figé aux abords des villes, comme par exemple en Avdeevka, la ville occupée par les ukrops en face de nos lignes où sont régulièrement déployés au milieu des civils chars de combat et artillerie lourde.

Est-il nécessaire ici de rappeler une nouvelle fois que le déploiement dans la zone des 30 kilomètres du front d'armes lourdes de calibre supérieur à 100 mm, ce qui est le cas de ces chars de combat (125mm) est prohibé par les accords de Minsk (tout comme l'utilisation des drones etc. etc.)

D'un bond souple et précis le jeune "Blin" vient sur mes genoux m'arracher à mon clavier en me rappelant par des petits miaulements à mes devoirs nourriciers.


Le soir, après avoir englouti un dernier paquet de café et de sucre, le sac à dos est bouclé et rejoint au pied du lit les armes et équipements de combat, tandis que dans les couloirs résonnent les chansons de Yulia Chicherina....

Tout est paré pour une 32ème mission sur le front de Yasinovataya !

Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du front

Explosion à Makeevka


Ce matin 25 février 2019, peu avant 09h00 une explosion a résonné dans le quartier de Makkevka (ville attenante au Nord Est de Donetsk), non loin de notre caserne d'où elle a été entendue par tous. Quelques minutes plus tard, une présence policière sur les accès du quartier confirmait une situation d'urgence en cours, et les infos tombant une heure plus tard de décrire un nouvel attentat à l'explosif dirigé contre un commandant d'unité du Ministère de l'Intérieur de la République Populaire de Donetsk.

La voiture a été endommagée et le conducteur blessé par l'engin qui était disposé derrière le siège passager avant du véhicule. La charge dont la puissance aurait pu être mortelle était toutefois limitée pour être confinée au véhicule visé. 



Si la piste terroriste est confirmée cela fait de cette explosion un nouvel attentat ciblé parmi la dizaines qui au cours des dernières années ont visé des responsables politiques ou militaires de la République Populaire de Donetsk.

Une enquête est en cours.

Erwan Castel



Article source : Topwar

dimanche 24 février 2019

2 nouveaux civils tués dans le Donbass

Photo réseau VK

La journée du 23 février dédiée "au Défenseur de la patrie" a été entachée de sang par l'explosion d'un minibus civil, à 13h40, par une mine antichar à Elenovka (Sud de Donetsk) ayant entraîné la mort de 2 personnes et blessé une troisième. 

Le drame s'est passé entre le blokpost ukrainien et le blokpost républicain au moment du passage du taxi collectif faisant la liaison entre la République Populaire de Donetsk et la partie occupée par l'armée ukrainienne. Le chauffeur, Alexander Fomenko, en mordant sur le bas côté de la route au moment d'un dépassement a actionné une mine antichar qui a détruit complètement le véhicule, tuant le chauffeur sur le coup, et blessant les 2 passagers du moment, Alexander et sa mère Valentina Kozanchuk qui décédera des suites de ses blessures à l'hôpital de Dokuchaïevsk où ils ont été évacuée en urgence. Par chance les 5 autres passagers qui étaient initialement dans le minibus étaient descendus au blokpost précédent.


Les français qui ont servis dans les rangs de la 5ème Brigade ("Oplot") connaissons bien ce secteur situé à 25 kilomètres au Sud de Donetsk. Les mines en plus des bombardements au mortier constituent le danger principal de ce front, qui depuis 2014 en est littérallement infesté. Mines républicaines et ukrainiennes y ont été déposées dans l'anarchie des premiers combats, sans être accompagnées de relevés cartographiques précis permettant de signaler leur présence et aussi de mener des campagnes de déminage efficace quand la zone est pacifiée. 

Souvent, lors des missions d'infiltration menées sur le front de Elenovka (secteur Signalnié exactement) nous repérions en plus des munitions non explosées des mines et des pièges posées dans les "Zilonkas" bosquets linéaires séparant des parcelles agricoles) ou dans les champs abandonnés.  

Mines antipersonnelles "PMN" repérées et "décamouflées" lors d'une mission d'infiltration dans le secteur de Elenovka, en novembre 2015

Les militaires mais aussi les civils payent un lourd tribut dans cette "guerre des mines" aveugle qui se joue dans le Donbass, et je pense à mes camarades victimes des mines ("Kent""Dietrich", Alexandre, Oleg, Dima... ou aux 3 enfants de Gorlovka par exemple tués l'année dernière près du front dans un champ de mines) 

Mais dans l'explosion de ce 23 février il apparaît plusieurs éléments inadmissibles pour créditer la thèse d'un simple "accident" ou dommage collatéral et qui soulèvent problèmes et interrogations : 
  1. L'explosion s'est produite dans la "zone grise", cette bande située entre les lignes de front belligérantes et qui est théoriquement neutre et démilitarisée.
  2. Le site de l'explosion est une rocade routière qui est un des rares points de passage du front et qu'empruntent quotidiennement des centaines de civils, à pied ou motorisés.
  3. Ce passage comme tous les autres check point est régulièrement contrôlé par les observateurs internationaux déployés dans le Donbass (STKK russe ou OSCE).
La question est donc simple : pourquoi avoir toléré la présence d'une bande minée sur un secteur aussi sensible où sont exposés quotidiennement des centaines de civils au lieu de procéder à un déminage large des bas côtés de la chaussée comme cela a été fait dans d'autres secteurs non fréquentés ?


Ce drame en tous cas nous rappelle que ce conflit comme tant de conflits modernes risque de tuer encore longtemps après sa résolution car depuis 5 ans, ce sont des milliers de mines, pièges et munitions non explosées qui ont été disséminées sur plus de 300 kilomètres de front, au milieu de zones habitées ou anthropisées et d'ailleurs à ce propos, le 6 février dernier, les Nations Unies ont reconnu le Donbass comme la région la plus minée au monde. 

Erwan Castel

Le chauffeur du bus tué ce 23 février 2019 - Photo réseau VK

De l'armée rouge à la milice

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"Ici, la guerre qui d'habitude nous enlève tant, 
nous apporte quelque chose, 
elle nous apprend la communauté virile 
et remet à leur vraie place des valeurs à moitié oubliées."

Ernst Jünger "Le boqueteau 125", chroniques des combats de tranchée - 1918


Le 23 février 1918, l'Armée Rouge était créée, et cette date de devenir l'anniversaire commémorant les soldats soviétiques sous le nom de " jour de l'armée et de la marine de l'Union soviétique". Dans la Fédération de Russie d'aujourd'hui, ce 23 février c'est le "Jour du défenseur de la patrie" mais dont la célébration est restée populaire et sacrée au delà de ses frontières, pour tous ceux qui de près ou de loin sont solidaires au monde russe.

Et dans les couloirs de la Brigade Piatnashka, des "Sprazdnika !" (bonne fête !) retentissaient de bon matin ponctués par des accolades appuyant le fraternité militaire qui ici reste vive, car entretenus par le feu de la guerre !




Samedi 23 février 2019

Après le tour de chants de Yulia Chicherina et le spectacle d'enfants du quartier le 19 février dernier, c’était au tour, hier soir, d'une jeune députée de la République Populaire de Donetsk de venir offrir des cartes de remerciements aux miliciens de Piatnashka, à l'occasion de cette journée du défenseur de la patrie qui est célébrée aujourd'hui, la cinquième que je vis, ici dans le Donbass en guerre.


Mes premières pensées vont pour mes camarades de combat, connus ou inconnus qui tombent chaque jour sur le front des républiques du Donbass, particulièrement meurtrier en ce mois de février 2019 (plus de 30 tués en 20 jours). Mais également pour tous les soldats soviétiques et russes, et les miliciens des révolutions nationales, ceux du passé et ceux du présent qui ont combattu et combattent pour défendre leurs libertés et nos valeurs, en Europe, mais aussi au Moyen Orient, et peut-être demain encore en Amérique du Sud...

La guerre dans sa violence exacerbée est de retour sur le front et dans les conversations, et dans le quartier d'Oktyabrsky où je vis, les habitants sont à nouveau silencieux dans les rues, attentifs aux bruits du ciel (2 obus fusants de mortier de 82mm ont explosé au milieu de la zone résidentielle cette semaine, endommageant toitures et fenêtres de plusieurs habitations), et des adultes accompagnent les enfants se rendant à l'école au bout de leur rue.

Je suis parti en ville à la rencontre d'étudiants et d'enseignants de l'académie militaire puis, avec des camarades de la brigade Piatnashka, nous avons rejoint d'autres volontaires qui se retrouvaient autour du verre de l'amitié à l'occasion de cette journée. Heureux d'y retrouver des camarades des fronts de Debalsevo, Marinka, ou Spartak que je n'avais pas revu depuis plusieurs mois et parfois années. 

Dans la ville des rassemblements, ces concerts, et des cérémonies rassemblent civils et militaires, anciens et jeunes autour de la mémoire du passé et la douleur du présent qui fusionnent dans les yeux des habitants du Donbass.



Car pendant cette journée normalement placée sous le signe des réjouissances patriotiques, la guerre qui rampe aux portes de la cité intervient encore et toujours au fil des heures et des rencontres, Ici c'est un camarade qui apprend la perte d'un de ses frères d'armes, tué sur le front Sud, là c'est une info qui tombe sur les réseaux d'information et qui fait état de 2 civils tués dans l'explosion d'un minibus à Elenovka...

Malgré cela, chacun dans le tintement des verres et des médailles veut profiter de cette journée ensoleillée, avant de repartir vers le front via les casernes que la guerre a semé dans tous les quartiers de Donetsk.

"Volontaires", une première de Yulia Chicherina

Et pour finir en pensée (et encore en chanson) avec le peuple vénézuélien qui est au bord d'une nouvelle guerre de préemption étasunienne, voici la magnifique chanson "No pasaran" du nicaraguayen Carlos Mejía Godoy. Cette chanson a été écrite en hommage aux guérilleros luttant contre la dictature de Somoza en pensant aujourd'hui à tous le combattants pour la liberté des peuples et en particulier au peuple et aux soldats du Venezuela, gardiens de la révolution bolivarienne" et aujourd'hui assiégés économiquement et militairement par les forces mondialistes.

"No pasaran !"


"La guerre commencera, mon amour
Je m’engagerai dans son ombre invincible
comme un lion féroce, je protégerai cette terre,
mes lionceaux,

personne, mais personne n’arrêtera la victoire
armée de futur jusqu’au dents
qui résonne jusqu’à la frontière
nous luttons pour vaincre

Ils ne passerons pas…"


Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du front



 NO PASARAN

Vendrá la guerra, amor,
y en el combate
no habrá tregua ni freno
para el canto
sino poesia haciendo incontenible
del cañon, de fusiles libertarios.

Vendrá la guerra, amor,
y en el combate
nos fundiremos en las barricadas
defendiendo las hordas criminales
a punta de corazón, fuego y metralla
cavando sudorosos el futuro
en las faldas de la paz.

(¡ Aqui están los cachorros de Sandino !).

¡ No pasaran !
¡ Los venceremos, amor, no pasarán !
Si mañana que irrumpa el nuevo día
con su fiesta de pájaros y niños
aunque no estemos juntos, te lo juro
no, ! no pasarán !

Vendrá la guerra, amor
y yo me envolveré en tu sombra
invencible
como un fiero león protegeré
esta tierra y mis cachorros
y nadie, nadie detendrá esta victoria
armada de futuro.

¡ Hasta los dientes !
¡ Que truene hasta la frontera !
¡ Luchamos para vencer !
¡ No pasarán !

jeudi 21 février 2019

Venezuela, un bras de fer qui se crispe !



Les tensions entre les putschistes de Guaido et le gouvernement Maduro ne cesse de s'envenimer au Venezuela.

Guaido, la marionnette de Washington qui s'est autoproclamée "Président par intérim" menace et vitupère, donnant un ultimatum de 3 jours à l'armée vénézuélienne, toujours fidèle au pouvoir, pour choisir son camp. 

Derrière les putschistes on trouve tout l'empire de l'hégémonie occidentale hypocrite qui cristallise les débats sur la prétendue "aide humanitaire" étasunienne bloquée à la frontière avec la Colombie. 


Audiard nous rappelait que "les cons ça ose tout et c'est même à cela qu'on les reconnait", et ici nous assistons à un foutage de gueule paroxysmique de la part de la propagande occidentale qui veut nous faire avaler un anaconda ! 

En effet les USA, après avoir agité l'étendard des "droits de l'Homme" pour justifier les bombardements en Libye ou le terrorisme en Syrie entre autres pays non alignés et invoqué la sacro sainte "démocratie" pour organiser un coup d'Etat sanglant à Kiev par exemple, nous sortent aujourd'hui de leur chapeau d'assassin le lapin humanitaire qui n'est de fait qu'un cheval de Troie pour investir le Venezuela.

Car, même si le gouvernement Maduro n'a pas fait preuve de la meilleure gestion face à l'effondrement des cours du pétrole qui a mis à mal le programme économique et social lancé par Chavez, force est de constater que si son peuple est aujourd'hui affamé c'est aussi et surtout à cause de l'armada des représailles économiques lancées contre Caracas par les occidentaux, ceux là même qui aujourd'hui jouent les bons samaritains avec leur discours humanitaires.

Ces salopards d'occidentaux, si leur empathie était réellement sincère, commenceraient par lever leurs représailles économiques abjectes, à la place de cette gesticulation médiatico politique où derrière l'écran de fumée humanitaire s'agitent sur les frontières du Venezuela les services spéciaux étasuniens avec leurs auxiliaires locaux colombiens et autres contractors, idiots utiles recrutés dans les bas fonds du continent.

Une autre aide humanitaire authentique est en route, en provenance de Russie et de Chine, qui permettra à Maduro d'accepter une main forte et franche pour aider son peuple...

L'aide de ces pays tiers et puissants risque de changer la donne des tricheurs occidentaux qui s'ils insistent risque de voir leur opération s'envenimer sur le plan international et échapper ainsi à leur contrôle.

Voilà pourquoi Guaido et ses mentors de l'US Army ont lancé un ultimatum de 3 jours et invité l'armée vénézuélienne à renverser Maduro car le vent de la solidarité anti-mondialiste est en train de disperser leur écran de fumée nauséabond !

Erwan Castel

Source de l'article : RT

La guerre du candidat Porochenko

"Si l'Ukraine arrête de bombarder, il n'y aura plus d'Ukraine"
Président Porochenko, 18 février 2019, Munich

Image quotidienne dans le Donbass : ici Viktor Frolov, un grand père de 70 ans, effondré au milieu des décombres de sa maison détruite par un tir direct d'un obusier ukrainien. .


Depuis le début de ce mois de février les attaques des forces ukrainiennes sur le front du Donbass connaissent une meurtrière augmentation, et les bombardements avec des lance roquettes, des mortiers des obusiers viennent quotidiennement augmenter quotidiennement les violations d'accords de Minsk dont c’était cette semaine le 4ème anniversaire d'un échec global et sanglant qui fait que leur seule évocation aujourd'hui auprès des défenseurs et des habitants du front qui survivent sous les tirs est devenue pathétiquement grotesque.

Rien qu'au cours de la semaine dernière, le nombre de tirs ukrainiens sur le territoire de la République Populaire de Donetsk a plus que doublé, atteignant un total de 173 obus tirés sur les défenses républicaines mais aussi des zones résidentielles civiles.


Ainsi par exemple du secteur de Gorlovka (Nord de la RPD) qui a subit des bombardements quotidiens à l'arme lourde pendant cette dernière semaine blessant plusieurs résidents et détruisant plusieurs habitations civiles, notamment dans le quartier Nikitovski


Mais ce sont surtout les pertes subies par les forces républicaines qui sont l'indicateur actuel le plus dramatique de l'escalade en cours lancé par Kiev dans la dernière ligne droite des élections présidentielles (scrutin le 31 mars prochain) et qui témoignent de l'évolution des techniques et préparation des frappes ukrainiennes désormais encore plus ciblées et meurtrières.

Dans la comptabilité macabre que je m'efforce de tenir en fouillant les réseaux sociaux des unités engagées sur le front, j'ai déjà repéré pas moins d'une trentaine de tués sur le front de la République Populaire de Donetsk pour les vingts premiers jours de ce mois de février, la majorité étant victimes de tirs d'artillerie, principalement sur le front Sud (Kominternovo, Sahanka, Leninskoe) ou le front Nord (Gorlovka, Svitlodarsk). 

Ces pertes militaires occasionnées par l'artillerie et les snipers sont également dues à une augmentation sensible des tirs de missiles antichars filoguidés de type AT3 et AT4 dont nous avons déjà évoqué ce mois ci l'efficacité meurtrière. Et voici ici (publié sur les réseaux sociaux ukrops) un autre exemple de ces tirs ukrainiens de missiles conçus pour le combat antichar mais qui se sont généralisés dans le Donbass contre les positions fortifiées du front, les bâtiments et même l'infanterie.

Tir d'un missile "Korsar" ukrainien sur le front du Donbass, février 2019

Le 13 février lors d'une énième réunion à Minsk du groupe de contact chargé de faire le point sur le processus de paix, l'escalade des violations du cessez le feu par les forces armées ukrainiennes a été évoqué en priorité mais aussi en vain. Le lendemain les ukrops intensifiaient leurs bombardements jusqu'à doubler le volume des obus tirés.

Lors d'une conférence à Munich, le président ukrainien Porochenko, qui continue de prétendre que ce sont les forces russes qui sont en action sur la ligne de front du Donbass (insultant au passage l'OSCE qui depuis 5 ans n'en a pas décelé l'ombre d'un fusil ou les services de renseignement occidentaux et même ukrainiens qui, malgré leurs centaines de ressources humaines et techniques qui observent méticuleusement le terrain admettent n'en avoir "pas trouvé la moindre preuve"), a déclaré que l'Ukraine n'avait pas l'intention de cesser de bombarder les républiques du Donbass : «Si la Russie cesse de tirer, il y aura la paix. Si l'Ukraine arrête de tirer, il n'y aura plus d'Ukraine ». 



Cette saillie du président ukrainien si elle ne trompe plus personne concernant le mythe d'une invasion russe dans le Donbass, montre bien que la guerre déclarée contre la population du Donbass n'est que la justification au maintien du régime totalitaire mis en place à Kiev au lendemain du Maïdan.


Une maison du village de Kominternovo, au Sud de la République de Donetsk , bombardée le 13 février...
...et ici une autre maison touchée par l'artillerie ukrainienne à Spartak, au Nord de Donetsk, ce même 13 février 
On ne peut prétendre que les tirs ukrainiens visant les civils sont collatéraux aux combats du front et rares. Ils sont la plupart du temps fréquents et intentionnels comme ce 15 février où 2 civils ont été blessés au poste de contrôle de Mayork (Nord Gorlovka) au moment où la file d'attente exclusivement composée de civils a été ciblé par des soldats ukrainiens "énervés".

Le 15 février, Edouard Basurin le porte parole de la milice a déclaré : «Les enfants n’ont pas couru comme cela en allant à l’école depuis longtemps et ils ne courent pas parce qu’ils sont en retard, mais parce que ils sont effrayé à l'idée d’aller à l’école sous un bombardement"

Les principaux secteurs du front où s'exerce l'escalade ukrainienne

Du Nord au Sud (encadrés rouge sur la carte) : Yasinovataya, Spartak, Staromikhailovka, Aéroport, Kominternovo, auquel il faut rajouter Gorlovka (au Nord) bombardé le 16 février.
Comme à leur habitude les forces ukrainiennes ne manquent pas une occasion de publier leurs "exploits" du front, et même si ce sont des violations flagrantes des accords signés par leur gouvernement à Minsk, comme ici où nous pouvons constater, à la fois l'utilisation d'un drone et d'un bombardement avec des calibres supérieurs à 100 mm (ici du 120 ou 122mm)

A bientôt 1 mois de l'échéance électorale ukrainienne, tout est à nouveau possible sur le front du Donbass, et surtout le pire, car Porochenko, candidat à sa succession est mal placé dans les sondages pour remporter la victoire. Aussi n'ayant plus rien à perdre il pourrait-être tenter de jouer un quitte ou double sur le front du Donbass, cherchant à capitaliser dans les urnes une victoire militaire dans le Donbass, même ponctuelle et localisée.


Erwan Castel

mardi 19 février 2019

Retour en chansons

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Ce mardi 19 février 2019, nous sommes revenus du front sous les tirs des canons sans recul ukrainiens, mais aussi un soleil radieux qui semblent vouloir s'installer dans le Donbass au grand déplaisir de la neige qui se réfugie maintenant vers les zones d'ombre.

A notre arrivée à la base de la brigade Piatnashka, nous avons eu la belle surprise d'y retrouver (pour la troisième fois en 1 an) la chanteuse russe et rock star montante Yulia Chicherina venue apporter son soutien aux défenseurs du Donbass.


Mardi 19 février 2019

00h00, je prends ma garde au mur Nord de "Forteruine" au milieu des pas de la sentinelle Sud, des rafales erratiques et des ronflements qui viennent griffer régulièrement le silence de la nuit. Dans quelques heures nous rentrons à la base, relevés par un nouveau groupe qui lui aussi passe cette nuit au milieu des sacs à dos gonflés mais aussi des sacs de ravitaillement nécessaires pour tenir en autonomie complète sur ce front de Yasinovataya pendant plus d'une semaine.

Je pars entretenir dans la chambrée le petit poêle à charbon qui offre aux hommes en repos le confort à un sommeil récupérateur entre les missions et les corvées. Au milieu des corps habillés et assoupis gît dans ses rêves le jeune Blin qui est cajolé par tous et couvert d'attentions affectives qui contrastent avec la rugosité humaine qu'impose la vie sur le front.  Je pense souvent que pour mesurer la gentillesse humaine réelle, plutôt que d'observer les échanges réalisés avec autrui et qui sont souvent intéressés, voire hypocrites ou tout simplement conditionnés par l'éducation ou les circonstances, il vaut mieux observer les relations entre l'Homme et l'animal. Le chat à ce titre est un révélateur exemplaire, car en dehors de sa chasse aux rongeurs nuisibles, il reste indépendant des besoins de l'Homme et impose donc une relation désintéressée et réciproque. 


Blin dans son activité principale et préférée

Aux aurores nous sommes relevés par nos camarades de la compagnie qui arrivent lourdement chargés, tandis qu'un bourdonnement dans le ciel signale la présence d'un drone qui, vu l'heure matinale est plus que probablement ukrainien. 

Au milieu des plaques de neige mourantes, nous rejoignons le point de récupération où nous attends Bob et le camion Oural qui désormais sert pour les liaisons avec le front Nord.

"Tiomne" un jeune volontaire russe venu apprendre le métier des armes et défendre le Donbass.
Piloté par "Bob", un ancien camarade de la compagnie de reconnaissance de la 5ème brigade (2015-2016), le camion nous emmène jusqu'au Nord de la conurbation formée par Donetsk et Makkevka (cette dernière cité ayant une surface plus grande que la capitale). A l'arrivée débarquement des armes, des sacs, de Blin et des odeurs que les hommes s'empressent de traîner jusque sous une douche salvatrice.

A 11 heures, à peine fini le nettoyage des armes, on nous invite à assister à une prestation de Chicherina, cette artiste rock de 41 ans qui régulièrement quitte sa Russie natale pour venir encourager les défenseurs du Donbass dans une "tournée des popotes" aussi simple que chaleureuse. 


Pour se faire la cantine est libérée pour accueillir l'artiste, son inséparable compagnon canin "Rex" et des spectateurs toujours enthousiastes d'écouter des chansons spécialement écrites pour eux qui qui rendent hommage à leurs engagements sur cet avant poste de la Russie qu'est le Donbass depuis 5 années de guerre.

Dans notre stalovaïa (cantine), Chicherina et Rex 
Dans la foulée des chansons de Yulia Chicherina, des enfants d'une école du quartier invités à l'occasion, nous ont offert une belle prestation, adorable autant que consciencieuse, au cours de laquelle ils ont offert aux soldats de Piatnashka des cartes réalisées par eux et décorées avec soin et goût à l'occasion du prochain anniversaire de la création de l'armée rouge, le 23 février 1918.




Ces 2 prestations vivifiantes et généreuses ont achevé de dissiper la fatigue d'une semaine passée sur le front et de donner du baume aux coeurs des volontaires de Piatnashka qui ont reçu à travers les chants de l'ouralienne Yulia et les sourires des enfants du Donbass les plus belles récompenses de leur engagement sur ce front de l'Ouest défendant la Liberté des peuples.

Erwan Castel

Voici pour finir en chanson, le clip de la chanson "Ma Sparte" de Yulia Chicherina
dédiée au bataillon Sparta de feu "Motorola" 

Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du front