vendredi 28 mars 2014

Vraie propagande et fausse liberté

Publié initialement sur Facebook le 27 mars 2014

A la lecture de cette citation de 1972, certains auront en 2014, la tentation de dire : "oui, mais aujourd'hui heureusement, il y a internet !"

Effectivement, mais je pense aussi qu'internet est autant un mirage qu'un oasis...

Certes, la toile virtuelle sur laquelle nous échangeons est un labyrinthe monstrueux où l’honnêteté, la moralité et la probité peuvent se perdre mais pourtant il constitue le dernier espace de liberté qui, bien que surveillé n'est pas encore entièrement contrôlé par le Nouvel Ordre Mondial... 

On peut même je pense, considérer ce monde parallèle comme une forêt jungérienne virtuelle, parsemée de pièges et de codes, mais qui nous offre cet exil intérieur, et la possibilité d'échapper au monde orwellien qui, à l'extérieur de nos écrans lumineux, lobotomise l' "homo œconomicus" moderne.

Mais attention ! le grand danger, c'est d'oublier que cette "liberté" des réseaux sociaux ou des sites de réinformation, restera toujours une liberté virtuelle (et je pense même exploitée par le système). Car le Net participe aussi à la confusion des esprits par le fouillis d'informations vraies et mensongères, par les addictions provoquées, par l'individualisation statique des humains.... 

Ne nous leurrons pas, même si nous éprouvons un plaisir quasi jouissif à contourner la propagande de "Big Brother" et à circuler en toute liberté dans les maquis de la résistance virtuelle et mondialisée, Internet n'est pas contrôlable, pas plus par nous que par les Etats (sauf fermeture des sites). Internet participe même à un asservissement mental volontaire qui peut même prendre la forme d'une addiction consumériste.

Le net ne doit être qu'un outil, un annuaire de la dissidence, une référence encyclopédique sélectionnée, mais en aucun cas un champ de bataille où des internautes cooptés et narcissiques, surfent souvent de victoires sans péril en triomphes sans gloire...

Car le vrai combat se fait dehors avec de vraies armes... et de vrais morts...


Erwan Castel le 27 mars 2014

mercredi 26 mars 2014

Les cons ça osent tout !

Poutine : "Échec au roi !" 


L'aventure dans laquelle les financiers ont poussé les pays de l'UE est en train de patauger et d'éclabousser l'arrogance étasunienne...

Certes la "révolution" ukrainienne a réussi a renversé un gouvernement dont le médiocre président n'est regretté par personne...
Certes l'UE a engagé un reptation économique vers les ressources ukrainiennes et sa main d'oeuvre bon marché...
Certes l'OTAN a avancé sa zone d'influence vers la citadelle eurasienne qui lui refuse  son allégeance...

Mais tout cela commence à ressembler de plus en plus  pour les occidentaux, à une victoire à la Pyrrhus !


CHANGEMENT DE PLOUTOCRATIE

En effet, la destitution de Ianoukovitch s'avère être juste un remplacement violent d'oligarques par d'autres oligarques qui offrent aujourd'hui leur pays dans les griffes de l'oncle Sam et de ses laquais de l'UE qui les ont politiquement soutenus voire techniquement aidés. 

Les preuves ? : 

- La constitution du nouveau gouvernement dont les principaux responsables sont des affairistes appartenant au clan de l'oligarque corrompue Tymochenko.
- Les accords économiques réalisés avec le FMI, qui soumettent le pays par endettement sans pour autant l'intégrer à l'Union Européenne
- L'exploitation des ressources énergétiques à destination des créanciers occidentaux
- L'ouverture du territoire aux unités militaires de l'OTAN qui ainsi 
- L'épuration des groupes patriotes qui, malgré leur collaboration violente mais utile au moment du Maidan, constituent aujourd'hui un obstacle à la normalisation, car beaucoup refusent toute forme de vassalité, politique, économique ou militaire envers la Russie mais aussi l'OTAN...


LA PERTE DE LA CRIMÉE

La perte de la péninsule de Crimée, historiquement logique, montre le mépris accordé aux peuples par le pouvoir économico-libéral occidental, plus occupé a surveiller ses intérêts que la quiétude des populations. 

Ici, l'hégémonie économico-centrée de Washington et son nouveau vassal ethno-centré de Kiev ont méprisé l'histoire du territoire et, aveuglés par leur victoire du Maidan, viennent de perdre  la Crimée cette pièce maîtresse de l'échiquier, qui était même certainement, l'objectif stratégique principal visé par l'OTAN.
Poutine ici a réparé l'histoire régionale, protégé ses intérêts et sa base stratégique en Mer Noire, renforcé son autorité nationale et internationale et surtout, il  mis un coup d'arrêt à l'hégémonie militaire de l'OTAN. 
Les rôles semblent inversés et la Russie, comme en Syrie en 2013, a placé une nouvelle fois les occidentaux, persuadés de mener la danse, dans une position de réaction paniquée.

Car la réaction des démocraties libérales depuis la perte de la Crimée ressemble à une fuite en avant irresponsable et malhonnête, où la vitesse est confondue avec la précipitation (comme par exemple la menace par la France d'annuler la commande des navires Mistral).

La condamnation du référendum de Crimée, de la part ceux qui n'ont cessé d'intervenir à travers le monde depuis plus de 40 ans à coups de bombardements, de coups d'Etat, et de référendums truqués, est tout simplement ridicule et constitue de plus une insulte grave au peuple qui, sous contrôle international a exprimé en Crimée un choix qui est sans appel.

Dans ce genre de crise gravissime aux conséquences incalculables, il est toutefois bon parfois de préférer sourire à certains comportements hallucinés plutôt que de hurler à l'abjection...

LES CONS ÇA OSENT TOUT !

Ainsi de cette décision récente du nouveau Service de Sécurité de l'Ukraine, mis en place par l'insurrection armée du Maidan et qui vient de délivrer un mandat d'arrêt contre Natalia Polonskaya, la procureure de Crimée nommée à l'issue d'un véritable plébiscite populaire ! Elle est accusée d' "actions commises en vue de changer ou de renverser par la force le régime constitutionnel ou de s'emparer du pouvoir d'Etat, ainsi que complot visant de telles actions" (l'article 109 du Code pénal d'Ukraine)... Il fallait oser !


Cherchez l'erreur !


L’HÉGÉMONIE ÉTASUNIENNE

A côté des gesticulations politiques ridicules et stériles du nouveau gouvernement mafieux de Kiev, les sanctions politiques et économiques des occidentaux, après un premier effet médiatique, risquent de s'avérer à moyen terme totalement inefficaces et à long terme suicidaires....

L'Hégémonie étasunienne n'avait pas, depuis la chute du mur, rencontré de résistance sérieuse, tout au plus les portes de l'empire russe s'étaient-elles refermées devant leurs prétentions financières. Vladimir Poutine dont l'impérialisme se limite à sa sphère d'influence traditionnelle et historique s'est d'abord occupé de restaurer le sanctuaire abandonné après l'effondrement de l'URSS.
Pendant ce temps là, les USA semblaient avoir le champ libre, et surfant sur la vague de l'Antiterrorisme, abattaient leurs cartes en Afghanistan, Irak, Pakistan, secondés par leurs laquais de l'UE qui quant à eux, surfant sur la vague des Droits de l'Homme ont allumé à leur tour des feux dans les pays arabes insoumis de la Méditerranée et en renforçant leur pré carré post colonial africain. 

Obéissant à une vitale "métaphysique de l'illimité" heidegerienne, les puissances occidentales à l'économie boulimique ont poussé à nouveau leur vague vers les berges eurasiatiques, menaçant directement les intérêts russes dans le Moyen Orient et  en Europe. 

Après un interventionnisme direct, les USA et l'UE, au fur et à mesure qu'ils se rapprochent du pré carré eurasien, se camouflent derrière des "révolutions nationales" de plus en plus violentes, d'où leurs nouvelles bases militaro-industrielles cherchent à émerger des ruines. 
Les "révolutions colorées", qui ont profité de l'anticommunisme historique et de la faiblesse de la jeune nouvelle Russie, qui ont montré leur incapacité a mené un projet national indépendant, n'ont plus prise aujourd'hui sur des populations informées et l'arrogance étasunienne, méprisant l'histoire et les identités des peuples a décidé d'opter pour la stratégie du chaos au risque de créer nouveaux Frankenstein plus dangereux que l'utile Ben Laden...

C'est ainsi que les révolutions arabes comme des dominos ont allumé un incendie que les pyromanes ne savent plus maîtriser et qui dégénèrent en pouvoir islamistes radicaux comme en Libye ou en dictatures militaires comme en Egypte...


LA FIN DE L'UNIPOLARITÉ  ÉTASUNIENNE

En Syrie, la politique occidentale de déstabilisation politique et d'encerclement militaire a échoué pour le moment, malgré les manipulations sur le terrain, dans les diplomaties et dans les médias. La Russie de Poutine, ici a joué un rôle essentiel, en imposant sur l'échiquier le retour d'une vraie diplomatie, face à l’interventionnisme terroriste soutenu par les démocraties libérales qui ont été obligé de reculer et reconnaitre la légitimité de Bachar El Assad dans les négociations.

En Ukraine, Poutine a eu d'abord la faiblesse de croire que le président Ianoukovitch, (dont il attendait patiemment le renversement légal aux prochaines élections), allait rétablir l'ordre dans son pays avec autorité et intelligence. 
Devant le renversement aidé par l'UE, du gouvernement de Kiev, mais en se gardant de toute ingérence directe dans les affaires de l'Ukraine, la Russie a profité du chaos imposé (qui ne l'aurait pas fait). 
Profitant d'une injustice historique, et jouant de l'autorisation de son déploiement en Crimée les groupes d'auto défense et les forces russes ont pu sécuriser le territoire. Le parlement autonome a lors réalisé un référendum, conforme au droit international et légitime depuis la rupture constitutionnelle provoquée par l'insurrection à Kiev, n'en déplaise à Kiev Washington et Bruxelles.

Ipon !

Les occidentaux ivres de colère de voir Poutine tirer légitimement les marrons du feu qu'ils avaient eux-mêmes allumé, se sont déchaînés en condamnations politiques diffamantes et sanctions économiques stupides s’empêtrant dans des incohérences géopolitiques sans fin... Mais, si les alliances imposent encore une relative cohésion ou le silence poli,  personne n'est dupe car le missile tiré depuis Maidan sur Moscou s'est révélé un boomerang qui a explosé à Washington !

Après une première condamnation circonstancielle groupée, le fer de lance étasunien semble s'émousser et seul le quarteron (Etats Unis, Royaume Uni, Allemagne, France) persiste et signe tenant en laisse ses valets (Pologne, Roumanie etc...) Ce comportement est normal car les dirigeants de l'UE manquent de culture et d'intelligence et d'humilité et poussés par les USA qui ont lancé les dés, il leur faut continuer la partie même au risque de perdre plus encore et surtout la face...

Cependant, déjà des divergences apparaissent déjà en Europe quand à l'exclusion du G8 de la Russie : définitive, provisoire, inconcevable ? les intérêts de chacun (et l’honnêteté ?) semblent prendre le pas sur l'obéissance à l'Oncle Sam...

Dans le reste du monde, la fracture est encore plus visible, si la Chine par son abstention soutient à la fois la Russie et sa neutralité,  en revanche les pays émergents sans s'aligner directement sur la politique russe, reconnaissent la légitimité du référendum et condamnent les sanctions contre la Russie. Ainsi de la Norvège, de la Syrie, de l'Inde, de l'Argentine, du Brésil, du Japon...

Donc nous voyons depuis la Syrie, mais surtout depuis la crise ukrainienne se dessiner les contours d'un nouveau monde multipolaire ou des contre pouvoirs (pas forcément alignés systématiquement derrière la Russie) s'opposent à l'hégémonie unipolaire des USA. 
Ces pôles de résistance s'ils sont aujourd'hui encore faibles dans leurs moyens et leurs coalitions risquent d'être rapidement une opposition de plus en plus importante au  Nouvel Ordre Mondial. C'est le cas par exemple des BRICS (Brésil, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud) qui ont fait une déclaration commune condamnant les sanctions occidentales. en effet ces pays émergents représentent aujourd'hui 25% du PIB mondial, 42% de la population mondiale et plus de 25% du territoire terrestre mondial et devraient assurer selon le FMI ,61% de la croissance mondiale d'ici 2015. 

Un puissance alternative, en pleine croissance, que l'arrogance de ses anciens colonisateurs a eu tort de mépriser et qui risque de peser lourd dans le futur équilibre du monde....


VAINCRE OU MOURIR

Dans cette perspective, le mondialisme libéral dont le système n'est stable que dans une croissance économique et territoriale infinie, est dans l'incapacité de survivre, il le sait, aussi il n'a d'autre choix que de jeter toutes ses forces dans la bataille, pour tenter de soumettre le monde ou mourir. 
Cette logique infernale du chaos est justement pressée par  la résurgence d'une puissance eurasiatique fédérale et la montée en puissance des pays émergents. 

Le pire reste à vivre, mais aussi le meilleur est à gagner, 
car chaque victoire a un prix qui lui est proportionnel, 
et comme la "liberté n'a pas de prix..."

Erwan Castel, le 26 mars 2014


En attendant ...


Pour connaître les événements de la crise ukrainienne, le lien ici : Ukraine : chronologie

Pour lire les autres articles sur ce sujet publiés ici : Alawata, articles sur l'Ukraine



mardi 25 mars 2014

Un avertissement en forme d’exécution ?

« Je combattrai les communistes, les Juifs et les Russes aussi longtemps que le sang coulera dans mes veines ! » 
Aleksander Muzytchko

"Règlement de compte à OK Maïdan" : un de moins !
"Sachko Bilyi" militant du Maïdan et de Tchétchénie

L'ultra nationaliste ukrainien Olexander Muzychko, alias Sashko Bilyi, a été exécuté de 2 balles en plein coeur à proximité de son fief de Rovno, dans l'Ouest du pays. Dans une vidéo diffusée récemment sur le net, Muzychko, qui a combattu aux côtés des islamistes tchétchènes en 1994-1995, accusait  "le bureau du Procureur général et le ministère de l'Intérieur de l'Ukraine d'avoir décidé de son élimination". A l'issue du renversement du président Ianoukovitch, cet extrémiste qui s'était fait connaître par ses méthodes et propos violents avait refusé de déposer les armes.


Un parcours ultra violent

Olexander Muzychko, est l'exemple même d'un homme certes courageux, mais dont l'activisme radical est dirigé par la haine et le sadisme. Né en 1962, il s'engage très jeune dans des gangs et des groupes extrémistes. En 1991, il rejoint le groupe UNA-UNSO (Assemblée nationale Ukraine - Ukraine National Self-Defense), une organisation ultra-nationaliste dont il deviendra le leader.
Il dirige un camp d'entrainement para-militaire près de la ville d'Ivano-Frankivsk, puis en 1994-1995 participe à la première guerre en Tchétchénie aux côtés des islamistes dirigés par Chamil Bassaïev. Au cours de ce séjour, Muzychko qui commande le groupe de combat "viking", se rend coupable d'actes de torture et décapitation sur une vingtaine parachutistes russes de la 76éme division de Pskov. 

De retour en Ukraine, il va régulièrement défrayer la chronique judiciaire par des malversations, des actes de violences, des rackets et des enlèvements. Il est plusieurs fois condamné et emprisonné en 2003. A la fin des années 2000,  à sa sortie de prison, il rejoint le mouvement Pravy Sector, et devient un des bras droits de Dmitri Iarosh.

Pendant l'insurrection de l'hiver 2013, il dirige des groupes radicaux dans les manifestations, mais rapidement se révèle incontrôlable, provocateur et menaçant, même après la chute du gouvernement Ianoukovitch, où par exemple,  il exige les armes à la main, des compensations financières pour les actions menées à Maïdan et la dissolution du parti communiste.

Des procédures pénales avaient été ouvertes contre lui fin février à la fois par la justice ukrainienne pour intimidation à main armée contre un procureur mais n'ont pas abouties, Par ailleurs, des procédures pénales russes sont également engagées contre le "Sasha blanc" pour atrocités et crimes de guerre.


Une exécution prévisible, deux scénarios possibles

Le 24 Mars 2014, un commando armé, équipé de  trois mini-fourgonnettes Volkswagen a enlevé Muzychko et cinq autres personnes dans un café près de Rivne. Muzychko a été exécuté derrière le café de deux balles dans le cœur.

Quelques jours auparavant, le 11 Mars, 2014 Russie Valery Rashkin, vice président de Douma d'Etat russe avait exhorté les services spéciaux russes à «suivre l'exemple du Mossad » et assassiner les dirigeants de secteur droit Dmytro Yarosh et Oleksandr Muzychko.

Mais, dans une vidéo diffusée récemment sur le net, Muzychko, accusait  "le bureau du Procureur général et le ministère de l'Intérieur de l'Ukraine d'avoir décidé de son élimination" et de projeter et maquiller, soit à son exécution soit à son enlèvement pour accuser les services secrets russes. (voir la vidéo de 2'00" plus bas)


Première analyse

L'action et les méthodes impunies d'Olexander Muzychko, prouve la présence d'extrémistes violents a de hauts niveaux dans l'entourage du nouveau gouvernement de Kiev pris en otage par sa dette de sang contractée sur le Maïdan.

Car il est évident que ces "partenaires" radicaux qui ont été très utiles et déterminants dans la victoire de l'insurrection, sont aujourd'hui incontrôlables et deviennent même "encombrants" pour le nouveau régime qui cherche désespérément une unité nationale dans un pays au bord de l'éclatement et a redorer un blason qui commence à se ternir dans les médias occidentaux, qui évoquent de plus en plus les factions néo nazies de sa nébuleuse révolutionnaire.

Donc plusieurs hypothèses sont envisageables pour cette exécution :

Les moins vraisemblables : 

-un règlement de compte avec un gang rival, 
-une élimination par des agents occidentaux d'un électron libre et dangereux pour le processus de "validation de l'UE" de la nouvelle équipe de Kiev,
-un sacrifice pour provoquer une guerre intestine au sein du gouvernement.

Les plus plausibles :

1 - Une exécution menée par les services secrets russes, pour liquider un dossier datant de la Tchétchénie, mais aussi envoyer un signal fort au gouvernement de Kiev l'invitant à épurer son équipe des éléments les plus violents et a marquer le pouvoir et la zone d'influence des services russes. Par ailleurs Moscou montrerait aux occidentaux sa zone d'influence et sa possibilité de procéder comme eux à des "interventions spéciales".

2 - Une exécution menée par les services ukrainiens a défaut de pouvoir mener une action en justice indépendante sur un militant de Pravy Sector dangereux mais protégé. Cette exécution serait alors en même temps: une "invitation" envers les radicaux, a rentrer dans le rangs et a obéir au gouvernement, une garantie envers les occidentaux de la "normalisation" et du contrôle du mouvement disparate du Maïdan, et un désaveu de l'accusation de Moscou selon laquelle ce sont les néo-nazis dirigent à Kiev. 

Cette deuxième hypothèse est confirmée par un message de Muzychko, quelques jours avant son exécution :


Traduction : " Mes concitoyens! mon nom est Oleksander Muzichko. Je suis le leader de la région ouest de "Pravy Sector". Je voudrais parler au peuple de l'Ukraine et de la sécurité de l'Ukraine. Le bureau du procureur général a émis un ordre au ministère de l'intérieur pour créer une unité pour détruire les opposants politiques. 
Je suis le premier sur la liste de objectifs. Ils essayerons soit de me tuer ou de me capturer vivant, afin de m'extrader vers les services secrets de la Fédération de Russie. De cette façon ils peuvent faire porter la responsabilité aux Services secrets Russes. Je suis le premier de la liste, mais qui sera le prochain ? C'est ainsi que le nouveau gouvernement opère.
Je n'ai pas peur de la mort, je sais que d'autres patriotes ukrainiens vont prendre ma place. Ils savent ce qu'il faut faire et qui sont leurs ennemis. ils savent que l'Ukraine est unie et indivisible. Les patriotes ukrainiens vont continuer le travail de leurs grands parents pour l'indépendance ukrainienne. S'il vous plait, considérez ceci comme un appel officiel destiné aux services secrets de l'Ukraine. Gloire à l'Ukraine !"

La teneur de ce court message, lui donne une dimension quasi sacrificielle, et un appel à une guerre interne entre les différentes composantes du gouvernement provisoire de Kiev.

Il reste maintenant des inconnues dont la principale est quelle va être la réaction de Pravy Sector à la disparition violente d'un de ses dirigeants ? Car il n'est pas à exclure que cette élimination soit également un provocation visant à marginaliser un mouvement utilitaire au Maïdan, mais qui, depuis qu'il est devenu parti politique, peut se révéler un contre pouvoir nationaliste refusant la subordination des nouveaux oligarques de Kiev à l'UE. 

Toutes les révolutions, qu'elles soient anciennes ou récentes, ont toujours été détournées et souvent, leurs initiateurs exécutés dès la disparition de l'ancien régime. Svoboda et Pravy Sector croient peut-être détenir, depuis le Maidan, un pouvoir puissant et légitime, mais je pense que c'est une grave erreur, car la puissance de l'argent du clan Timochenko est infiniment supérieure à leur courage et leur idéal, surtout que dès la révolution achevée, ils redeviendront juste des euro-incompatibles consommables...

Quoiqu'il en soit, exécution ou épuration, ce meurtre montre la faiblesse d'un pouvoir à Kiev, contraint de subir ou d'adopter des méthodes mafieuses, et dont la légitimité et la popularité du gouvernement décroissent au fur et à mesure que son incapacité à maintenir l'ordre et l'unité du pays apparaît de plus en plus une réalité...

Erwan Castel, le 25 mars 2014

Le corps de Olexander Muzychko retrouvé le 25 mars 2014



Dernière info : 

Le Service de sécurité d'Ukraine, le SBU, a annoncé que le maintien de l'ordre dans les provinces Est du pays va être confié à la société militaire privée occidentale, "Greystone Limited", filiale de la compagnie "Blackwater" et composée essentiellement d' "anciens" (?) membres de forces spéciales.  Le nouveau gouvernement a décidé de remplacer les groupes radicaux par ces unités dont certaines ont déjà participé à l'insurrection du Maidan au titre de « forces de l’autodéfense ». Apparemment, cette annonce n'est pas sans rapport avec l'exécution de Aleksandr Muzychko....

E.C.


lundi 24 mars 2014

Ukraine : la fin de la guerre froide n'a pas eu lieu

Publié sur le blog Alain de Benoist


Une analyse en 7 points d'Alain de Benoist, publiée sur le blog "Eléments", sur la géopolitique européenne à travers la crise ukrainienne.




dimanche 23 mars 2014

La quatrième théorie politique

Publié sur le blog Alain de Benoist


Une intervention courte d'Alain de benoist, synthétisant l'essence idéologique du néo-eurasisme, à l'aune de l'actualité.




jeudi 20 mars 2014

L'OTAN à la conquête du monde

L'analyse de Michel Collon


Michel Collon nous livre avec une analyse géopolitique, comme d'habitude juste et éloquente sur la situation en Ukraine, ses menaces et ses enjeux et dénonce la propagande mensongère menée en Occident par les médias, aux ordres des gouvernements qui ont mené cette agression sur le Maïdan visant à travers un changement de régime à Kiev, à faire basculer l'Ukraine dans l'escarcelle de l'OTAN et se rapprocher militairement des frontières russes.

Il démontre que cette crise ukrainienne est la nouvelle étape d'une stratégie d'endiguement de la Nouvelle Fédération de Russie.

__________

Voici une conférence de Michel Collon datant de 2013 où il analyse la stratégie étasunienne mondiale à travers l'actualité du Moyen Orient.



mercredi 19 mars 2014

Allocution de Vladimir Poutine sur la Crimée

Le 18 mars 2014, devant les représentants de la fédération de Russie, Vladimir Poutine a prononcé un discours ferme concernant le retour de la Crimée et sa position vis à vis des occidentaux.


"Toute action a ses limites, 
et en Ukraine, nos partenaires occidentaux ont franchi la ligne rouge. 
Ils ont agi brutalement, de façon  irresponsable et non professionnelle".

Après que la population de la Crimée ait exprimé par référendum deux jours avant, à 96,7 % (sur 83% de participation) son désir d'être rattachée à la fédération de Russie, le président Vladimir Poutine a tenu à faire une allocution sur le sujet devant les députés, les sénateurs, les dirigeants des régions russes et les représentants de la société civile. Pour justifier la prise en compte favorable à la demande de rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie, le président russe a insisté sur les relations privilégiées existantes entre les deux pays.

A l'issue du discours, et devant les deux chambres du Parlement, un traité qui doit sceller l'intégration de « deux nouveaux sujets, la Crimée et la ville de Sébastopol, » dans la Fédération russe a été signé entre Vladimir Poutine (Président de la Russie), Sergey Aksenov (1er ministre de la Crimée), Vladimir Konstantinov (Président du conseil législatif de Crimée) et Aleksey Chaly (maire de Sébastopol). Un projet de déclaration « Sur la situation en Crimée » avait  été approuvé le matin même par 441 députés avec une abstention. de la Douma d'Etat (chambre basse du parlement russe) « En saluant l'acte de volonté de la population de Crimée lors du référendum du 16 mars 2014 en faveur de l'adhésion de la République de Crimée et de la ville de Sébastopol à la Russie, la Douma d'Etat part du fait que les organes du pouvoir d'Etat en place sur le territoire de Crimée sauvegarderont la concorde interconfessionnelle et la diversité linguistique de la république »

Discours de Poutine avec trad. FR - 1ère partie (23'06")

Discours de Poutine avec trad. FR - 2ème partie (22'25")

Traité d'accord entre la Russie et la Crimée (22'26")


Dans ce discours, Vladimir Poutine a rappelé: 
- l'illégalité du gouvernement de Kiev installé par un coup d'Etat
- les mesures anti-russes prises dès sa prise de pouvoir (interdiction de la langue russe)
- la conformité du référendum par rapport au droit international, référence à l'antécédent du Kosovo albanais.
- la demande des habitants de Crimée à la Russie de protéger leur droit à la sécurité.
- les liens historiques et culturels unissant les peuples de Crimée à la Russie,
- la légalité des forces armées russes qui n'ont pas dépassé l'effectif de 25000 autorisé.

Il a défini sa stratégie comme une volonté: 
- de protection des russes de Crimée menacés par le nouveau gouvernement de Kiev
- de dissuasion de la Russie, qui refuse qu'une alliance militaire menace son indépendance.

Il a garanti :
- de toujours défendre les intérêts des russes d'Ukraine
- la reconnaissance des trois langues nationales de Crimée ( Russe, Ukrainien et Tatar)
- ne pas chercher à diviser l'Ukraine.

Il a regretté  :
que les pays occidentaux emmenés par les USA, n'utilisent pas le droit international mais le droit du plus fort.

Il a demandé :
- le soutien des habitants de l'Europe notamment de l'Allemagne pour accepter le choix du peuple de Crimée.

EXTRAITS

« Tout ce qui se passe maintenant en Ukraine, cela nous inquiète beaucoup, et cette inquiétude est bien claire : en effet, nous ne sommes pas simplement des voisins proches, nous sommes en réalité un seul peuple. Kiev – c’est la mère des villes russes. L’ancienne Russie est notre source commune. Nous ne pourrons pas se passer les uns des autres. Je dirai encore une chose. En Ukraine, vivent et vivront des millions de gens russes, de citoyens russes. Et la Russie protégera toujours leurs intérêts par des moyens politiques, diplomatiques, juridiques. Cependant, avant tout, l'Ukraine elle-même doit être intéressée que les droits et les intérêts de ces gens soient garantis. C’est le gage de la stabilité de l'État ukrainien et de l'intégrité territoriale du pays.»

« La Crimée n’appartiendra jamais aux successeurs de Bandera »

« En Crimée, tout rappelle notre histoire commune. Nous n'aurions pas pu abandonner la Crimée, sinon nous l'aurions trahie. La question de la Crimée est d'une importance vitale, historique, pour nous tous. Les relations avec l'Ukraine et le peuple frère ukrainien ont toujours été, restent et seront toujours de la plus haute importance pour nous, sans exagération. »

« la péninsule a été et restera russe, aussi bien qu’ukrainienne, et celle des Tatars de Crimée, et que sa réjection de la Russie et le rattachement à l’Ukraine en 1954 était effectuée avec la violation des normes constitutionnelles, et pour des raisons pas du tout claires. Chacune des trois langues sur le territoire de la Crimée aura le statut de langue d'État. Dans les plans les plus proches, il y a la réhabilitation des Tatars de Crimée qui ont souffert des répressions dans les années soviétiques.»

« Après la disparition du système bipolaire, la planète n'est pas devenue plus stable. Les instituts internationaux clés ne s'affermissent pas, ils dégénèrent souvent. Nos partenaires occidentaux, les États-Unis à la tête, préfèrent se laisser guider dans leur politique pratique non par le droit international, mais par le droit du plus fort.»


« On parle d'agression. Je ne me souviens pas d'une agression, dans l'histoire, qui se soit faite sans coup de feu (…) les forces russes se trouvaient déjà en Ukraine. Nous n'avons pas dépassé le nombre réglementaire de nos troupes en Crimée. »

« Ne croyez pas ceux qui cherchent à vous effrayer avec la Russie et qui hurlent que d'autres régions vont suivre l'exemple de la Crimée (...) Nous ne souhaitons pas une partition de l'Ukraine, nous n'en avons pas besoin. »

Compte rendu sur France Info en français

et pour finir, cette analyse d'Olivier Ravanello :
pour une fois qu'on trouve une analyse partiale d'un journaliste occidental, cela mérite d'être salué !

Analyse  d'Olivier Ravanello sur I télé


TRANSCRIPTION DU DISCOURS DE VLADIMIR POUTINE
(Traduction automatique)

SOURCE : La Voix de la Russie - Le lien ici : Poutine signe un traité d'adhésion de la Crimée...

Russie et Crimée ont signé un traité d'adhésion de la République de Crimée et Sébastopol dans la Fédération de Russie après le discours du président Poutine au Parlement. Crimée et Sébastopol se joignent à la Russie comme deux régions distinctes, le président Poutine a dit.
L'accord s'appliquera provisoirement à la date de signature et prendra effet une fois ratifié. Russie garantit à tous les peuples qui habitent la Crimée et Sébastopol la préservation de leur langue maternelle et la création de conditions d'apprentissage et son développement, conformément à l'accord.

Le Kremlin a déclaré mardi qu'il considère désormais Crimée partie de la Russie suite à la signature d'un traité. Selon un rapport publié sur le site Internet du Kremlin, "la République de Crimée est considérée comme acceptée dans la Fédération de Russie de la date de la signature" de la convention applicable.

M. Poutine a déclaré: 

"Bonjour, chers membres du Conseil de la Fédération et députés de la Douma ! Les représentants de la République de Crimée et de la municipalité de Sébastopol sont ici parmi nous, citoyens de Russie, habitants de Crimée et de Sébastopol !" 
(Standing ovation)

Chers amis,

Nous sommes réunis ici aujourd’hui au sujet d’une question d’une importance vitale, d’une portée historique pour nous tous. Un référendum a été organisé en Crimée le 16 mars, dans le plein respect des procédures et des normes démocratiques internationales en vigueur.
Plus de 82% de l’électorat a pris part au vote. Plus de 96% des votants se sont prononcés en faveur de la réunification avec la Russie. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes. 
(Applaudissements)

Pour comprendre la raison d’un tel choix, il suffit de connaître l’histoire de la Crimée et ce que la Russie et la Crimée ont toujours signifié l’une pour l’autre.

Tout en Crimée évoque notre histoire et notre fierté communes. Là s’y situe l’ancienne Chersonèse Taurique, où le Grand-prince Vladimir Ier a été baptisé. Son exploit spirituel, à savoir l’adoption du christianisme orthodoxe, a prédéterminé les bases globales de la culture, de la civilisation et des valeurs humaines qui unissent les peuples de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie. Les tombes des soldats russes, dont la bravoure a permis l’intégration de la Crimée à l’Empire russe, se trouvent également en Crimée. La Crimée, c’est aussi Sébastopol, une ville légendaire ayant une histoire exceptionnelle, une forteresse qui constitue le lieu de naissance de la Flotte russe de la mer Noire. (Applaudissements). La Crimée, c’est Balaklava et Kertch, Malakhov Kurgan et le mont Sapoun. Chacun de ces lieux est cher à nos cœurs, symbolisant la gloire de l’armée russe et sa bravoure exceptionnelle.

La Crimée est un mélange unique de cultures et de traditions de différents peuples. Elle est en cela similaire à la Russie dans son ensemble, où pas un seul groupe ethnique n’a été perdu au cours des siècles. Russes et Ukrainiens, Tatars de Crimée et autres groupes ethniques ont vécu côte à côte en Crimée, en conservant leurs propres identités, leurs traditions, leurs langues et leurs confessions.

Il faut noter que la population totale de la péninsule de Crimée est aujourd’hui de 2,2 millions de personnes, dont près d’1,5 million sont Russes, 350 000 sont des Ukrainiens qui considèrent majoritairement le russe comme leur langue maternelle, et environ 290 000-300 000 sont des Tatars de Crimée, qui, comme le référendum l’a montré, sont eux aussi favorables à un rapprochement avec la Russie.

Certes, il fut un temps où les Tatars de Crimée étaient traités injustement, tout comme un certain nombre d’autres peuples de l’URSS. Il n’y a qu’une seule chose que je puis dire ici : des millions de personnes de différentes ethnies ont souffert durant ces répressions, et principalement des Russes.

Les Tatars de Crimée retournèrent dans leur patrie. J’estime qu’il est de notre devoir de prendre toutes les décisions politiques et législatives nécessaires afin de finaliser la réhabilitation des Tatars de Crimée, de les restaurer dans leurs droits et de rétablir pleinement leur renom. (Applaudissements)

Nous avons énormément de respect pour les membres de tous les groupes ethniques vivant en Crimée. C’est leur foyer commun, leur patrie, et il serait juste – je sais que la population locale y est favorable – que la Crimée ait trois langues nationales sur un même pied d’égalité : le russe, l’ukrainien et le tatar. 
(Applaudissements)

Chers collègues,

Dans les cœurs et les esprits des gens, la Crimée a toujours été une partie inséparable de la Russie. Cette conviction profonde, fondée sur la vérité et la justice, a été transmise de génération en génération, au fil du temps, en toutes circonstances, malgré tous les changements dramatiques que notre pays a connus tout au long du XXème siècle.

Après la révolution, les bolcheviks, pour diverses raisons – que Dieu les juge – ont ajouté de grandes sections du Sud historique de la Russie à la République d’Ukraine. Cela a été fait sans tenir compte de la composition ethnique de la population, et aujourd’hui, ces zones forment le Sud-Est de l’Ukraine. Puis, en 1954, il a été décidé que la région de Crimée serait transférée à l’Ukraine, ainsi que Sébastopol, en dépit du fait qu’il s’agissait d’une ville fédérale. Ce fut là l’initiative personnelle du chef du Parti communiste Nikita Khrouchtchev. Déterminer ce qui a motivé sa décision – un désir de gagner le soutien de l’establishment politique ukrainien ou d’expier les répressions de masse des années 1930 en Ukraine – est la tâche des historiens.

Ce qui importe maintenant, c’est que cette décision avait été prise en violation flagrante des normes constitutionnelles qui étaient en vigueur à l’époque. La décision avait été prise dans les coulisses. Naturellement, puisque cela se passait dans un Etat totalitaire, personne n’avait pris la peine de demander l’avis des citoyens de Crimée et de Sébastopol. Ils ont été mis devant le fait accompli. Les gens, bien sûr, se sont demandés pourquoi tout d’un coup, la Crimée devenait une partie de l’Ukraine. Mais dans l’ensemble – et nous devons le dire clairement, car nous le savons tous – cette décision a été considérée comme une simple formalité parce que le territoire de Crimée était transféré à l’intérieur des limites d’un seul et même État [l’URSS]. À l’époque, il était impossible d’imaginer que l’Ukraine et la Russie pourraient se séparer et devenir deux États distincts. Cependant, c’est ce qui s’est produit.

Malheureusement, ce qui semblait impossible est devenu une réalité. L’URSS s’est effondrée. Les choses ont évolué si rapidement que peu de gens ont réalisé à quel point ces événements et leurs conséquences allaient prendre des proportions véritablement dramatiques. Beaucoup de gens en Russie et en Ukraine, ainsi que dans d’autres républiques, espéraient que la Communauté des États indépendants qui a été créée à ce moment deviendrait la nouvelle forme commune de l’Etat. On leur a dit qu’il y aurait une monnaie unique, un espace économique unique, des forces armées conjointes ; mais tout cela n’a pas dépassé le stade des promesses vides, alors que le grand pays avait disparu. Ce n’est que lorsque la Crimée a fini en tant que partie d’un autre pays que la Russie s’est rendue compte qu’elle n’était pas simplement spoliée, mais bel et bien pillée.

Dans le même temps, nous devons reconnaître qu’en lançant le mouvement des souverainetés, la Russie elle-même a contribué à l’effondrement de l’Union soviétique. Et lorsque cet effondrement a été légalisé, tout le monde a oublié et la Crimée, et Sébastopol, base principale de la Flotte de la mer Noire. Des millions de personnes se sont couchées dans un pays et se sont réveillées dans d’autres, devenant du jour au lendemain des minorités ethniques dans les anciennes républiques de l’Union, tandis que la nation russe est devenue l’un des plus grands, sinon le plus grand groupe ethnique au monde à être divisé par des frontières.

Maintenant, des années plus tard, j’ai entendu des résidents de Crimée dire qu’en 1991, ils ont été abandonnés comme un sac de pommes de terre. Il est difficile d’être en désaccord avec cette affirmation. Qu’a fait l’Etat russe ? Qu’a fait la Russie ? Elle a accepté humblement la situation. Ce pays traversait alors des temps si difficiles qu’il était alors absolument incapable de protéger ses intérêts. Cependant, les gens ne pouvaient pas se résigner à cette injustice historique scandaleuse. Durant toutes ces années, des citoyens et de nombreuses personnalités sont revenus sur cette question, affirmant que la Crimée est une terre historiquement russe et que Sébastopol est une ville russe. Oui, nous le savions tous dans nos cœurs et dans nos esprits, mais nous devions agir selon la réalité existante et construire nos relations de bon voisinage avec l’Ukraine indépendante sur une nouvelle base. Durant toutes ces années, nos relations avec l’Ukraine, avec le peuple ukrainien frère ont toujours été et resteront de toute première importance pour nous. 
(Applaudissements)

Aujourd’hui, nous pouvons en parler ouvertement, et je voudrais partager avec vous quelques détails concernant les négociations qui ont eu lieu au début des années 2000. Le Président de l’Ukraine d’alors, M. Koutchma, m’a demandé d’accélérer le processus de délimitation de la frontière russo-ukrainienne. À ce moment, le processus était pratiquement à l’arrêt. La Russie semblait avoir reconnu la Crimée comme une partie de l’Ukraine, mais il n’y avait pas de négociations sur la délimitation des frontières. Malgré la complexité de la situation, j’ai immédiatement donné des instructions aux organismes gouvernementaux russes afin d’accélérer leur travail pour documenter les frontières, de sorte que tout le monde ait une compréhension claire du fait qu’en acceptant de délimiter la frontière, nous admettions de facto et de jure que la Crimée était un territoire ukrainien, mettant ainsi un terme à cette question.
Nous avons donné satisfaction à l’Ukraine non seulement en ce qui concerne la Crimée, mais aussi sur une question aussi complexe que les frontières maritimes en mer d’Azov et dans le détroit de Kertch. Les considérations qui motivaient alors nos actions étaient qu’avoir de bonnes relations avec l’Ukraine était primordial pour nous et que cela ne devait pas être compromis par une impasse dans des conflits territoriaux. Toutefois, nous nous attendions à ce que l’Ukraine reste un bon voisin, et nous espérions que les citoyens russes et russophones d’Ukraine, en particulier le Sud-Est et la Crimée, vivent dans un Etat ami, démocratique et civilisé qui protégerait leurs droits, conformément aux normes du droit international.


Cependant, ce n’est pas la manière dont les choses ont évolué. Maintes et maintes fois, des tentatives ont été faites pour priver les Russes de leur mémoire historique et même de leur langue, et pour les soumettre à une assimilation forcée. En outre, les Russes, tout comme d’autres citoyens de l’Ukraine, souffrent de la crise politique et institutionnelle constante qui a secoué le pays depuis plus de 20 ans.

Je comprends pourquoi le peuple ukrainien voulait un changement. Il en a eu assez des autorités au pouvoir durant les années d’indépendance de l’Ukraine. (Applaudissements) Les présidents, les Premiers ministres et les parlementaires changeaient, mais leur attitude à l’égard du pays et de ses habitants restait la même. Ils ont dépouillé le pays, se sont battus entre eux pour obtenir du pouvoir, des actifs et des liquidités et ne se sont guère souciés des gens du quotidien. Ils ne se sont pas demandés pourquoi des millions de citoyens ukrainiens ne voyaient aucune opportunité chez eux et partaient dans d’autres pays pour travailler comme journaliers. Je tiens à souligner ceci : ils n’ont pas fui en direction d’une quelconque Silicon Valley, mais pour devenir journaliers. Rien que l’an dernier, près de 3 millions de personnes ont trouvé de tels emplois en Russie. Selon diverses sources, en 2013, leurs revenus en Russie ont totalisé plus de 20 milliards de dollars, ce qui représente environ 12% du PIB de l’Ukraine.

Je tiens à répéter que je comprends ceux qui sont venus sur la place Maïdan avec des slogans pacifiques contre la corruption, la mauvaise gestion de l’Etat et la pauvreté. Le droit à la manifestation pacifique, à des procédures démocratiques et à des élections pacifiques existe dans le seul but de remplacer les autorités qui ne donnent pas satisfaction au peuple par d’autres. Cependant, ceux qui étaient derrière les derniers événements en Ukraine avaient un ordre du jour différent : ils préparaient un nouveau renversement du gouvernement ; ils voulaient s’emparer du pouvoir et ne reculaient devant rien. Ils ont eu recours à la terreur, à l’assassinat et aux pogroms. Des nationalistes, des néo-nazis, des russophobes et des antisémites ont exécuté ce coup d’Etat. Ils continuent à donner le ton en Ukraine jusqu’à ce jour.

Les nouvelles soi-disant autorités ont commencé par introduire un projet de loi de révision de la politique linguistique, qui était une violation directe des droits des minorités ethniques. Cependant, ils ont été immédiatement « rappelés à l’ordre » par les bailleurs de fonds étrangers de ces soi-disant politiciens. Il faut admettre que les mentors de ces autorités actuelles sont intelligents et savent bien à quoi ces tentatives de construire un Etat purement ukrainien peuvent conduire. Le projet de loi a été mis de côté, mais clairement gardé en réserve pour l’avenir. Aujourd’hui, pratiquement plus aucune mention n’est faite de cette tentative, probablement sur la présomption que les gens ont la mémoire courte. Néanmoins, nous pouvons tous clairement percevoir les intentions de ces héritiers idéologiques de Bandera, le complice d’Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il est également évident qu’il n’y a pas d’autorité exécutive légitime en Ukraine à présent, il n’y a personne à qui parler. De nombreux organismes gouvernementaux ont été saisis par les imposteurs, mais ils n’ont aucun contrôle sur le pays, alors qu’eux-mêmes – et je tiens à le souligner – sont souvent contrôlés par des radicaux. Dans certains cas, vous avez besoin d’un permis spécial des militants de la place Maïdan pour rencontrer certains ministres de l’actuel gouvernement. Ce n’est pas une plaisanterie : c’est la réalité.

Ceux qui se sont opposés au coup d’Etat ont été immédiatement menacés de répression. Bien entendu, la première ligne a été la Crimée, la Crimée russophone. Face à ces événements, les habitants de Crimée et de Sébastopol se sont tournés vers la Russie pour qu’elle les aide à défendre leurs droits et leurs vies et à empêcher la propagation des événements qui se déroulaient et sont toujours en cours à Kiev, Donetsk, Kharkov et dans d’autres villes ukrainiennes.

Naturellement, nous ne pouvions pas laisser cet appel sans réponse ; nous ne pouvions pas abandonner la Crimée et ses habitants en détresse. Cela aurait été une trahison de notre part. 
(Applaudissements)

Tout d’abord, nous avons dû les aider à créer des conditions telles que les habitants de la Crimée puissent, pour la première fois dans l’histoire, exprimer pacifiquement leur libre arbitre quant à leur propre avenir. Cependant, qu’entendons-nous aujourd’hui de la part de nos collègues en Europe occidentale et en Amérique du Nord ? Ils disent que nous violons les normes du droit international. Tout d’abord, c’est une bonne chose qu’ils se souviennent enfin, au moins, qu’il existe une telle chose, à savoir le droit international, mieux vaut tard que jamais. 
(Applaudissements)

Deuxièmement, et plus important encore, qu’est-ce que nous violons exactement ? Certes, le président de la Fédération de Russie a reçu l’autorisation de la Chambre haute du Parlement d’utiliser les forces armées en Ukraine. Cependant, à proprement parler, personne n’a encore donné suite à cette autorisation. Les forces armées russes ne sont jamais entrées en Crimée ; elles étaient déjà là, conformément à un accord international. Certes, nous avons rehaussé nos forces en présence, mais – c’est quelque chose que je voudrais que tout le monde entende et sache – nous n’avons pas dépassé la limite en personnel pour nos forces armées en Crimée, qui est fixée à 25 000 hommes, parce qu’il n’y avait pas besoin de le faire.

Point suivant. Lorsqu’il a déclaré son indépendance et décidé d’organiser un référendum, le Conseil suprême de Crimée s’est référé à la Charte des Nations Unies, qui parle du droit des nations à l’autodétermination. A ce propos, je tiens à vous rappeler que lorsque l’Ukraine a fait sécession de l’URSS, elle a fait exactement la même chose, presque mot pour mot. L’Ukraine a utilisé ce droit, mais les habitants de la Crimée se le voient dénié. Pourquoi donc ?

En outre, les autorités de Crimée se sont référées au précédent bien connu du Kosovo – un précédent que nos collègues occidentaux ont créé de leur propre fait dans une situation très semblable, quand ils ont convenu que la séparation unilatérale du Kosovo d’avec la Serbie, exactement ce que la Crimée est en train de faire en ce moment, était légitime et n’avait pas besoin d’une quelconque autorisation des autorités centrales du pays. Conformément à l’article 2 du chapitre 1 de la Charte des Nations Unies, la Cour internationale de l’ONU a approuvé cette approche et a fait le commentaire suivant dans sa décision du 22 juillet 2010, et je cite: « Aucune interdiction générale ne peut être déduite de la pratique du Conseil de sécurité en ce qui concerne les déclarations d’indépendance ». Et encore : « Le droit international général ne contient aucune interdiction contre les déclarations d’indépendance. » Clair comme de l’eau de roche, comme ils disent.

Je n’aime pas à recourir à des citations, mais dans ce cas, je ne peux pas faire autrement. Voici une citation extraite d’un autre document officiel : l’exposé écrit des Etats-Unis d’Amérique du 17 avril 2009, soumis à la même Cour internationale des Nations Unies dans le cadre des audiences sur le Kosovo. Encore une fois, je cite : « Les déclarations d’indépendance peuvent – et c’est souvent le cas – violer la législation nationale. Toutefois, cela n’en fait pas des violations du droit international. » Fin de citation. Ils ont écrit cela, ils l’ont disséminé partout dans le monde, ils ont obtenu l’accord de tous, et maintenant, ils sont scandalisés. Qu’est-ce qui les rend si outrés ? (Applaudissements)En l’occurrence, les actions du peuple de Crimée sont tout à fait conformes à ces instructions. Pour une raison quelconque, des choses que les Albanais du Kosovo (et nous avons beaucoup de respect pour eux) ont été autorisés à faire, les Russes, les Ukrainiens et les Tatars de Crimée ne sont pas autorisés à le faire. Encore une fois, on se demande pourquoi.

Nous ne cessons d’entendre de la part des États-Unis et de l’Europe occidentale que le Kosovo est une sorte de cas particulier. Qu’est-ce qui le rend si spécial aux yeux de nos collègues ? Il s’avère que c’est le fait que le conflit au Kosovo ait donné lieu à tant de pertes en vies humaines. Est-ce là un argument juridique ? La décision de la Cour internationale ne dit rien à ce sujet. Ce n’est même pas un « deux poids deux mesures » ; c’est du cynisme brutal, primitif, colossal. Il ne faut pas essayer aussi crûment de tout adapter à ses intérêts particuliers, qualifiant une même chose de « blanche » aujourd’hui et « noire » demain. Selon cette logique, nous devrions faire en sorte que tous les conflits conduisent à des pertes en vies humaines.

Je vais l’affirmer clairement : si les forces locales d’auto-défense de Crimée n’avaient pas pris la situation en main, il aurait également pu y avoir des victimes. Heureusement, cela n’est pas arrivé. Il n’y a pas eu la moindre confrontation armée en Crimée et il n’y a eu aucune victime. (Applaudissements) D’après vous, pourquoi les choses se sont-elles passées ainsi ? La réponse est simple : parce qu’il est très difficile, pratiquement impossible, de lutter contre la volonté du peuple. Ici, je tiens à remercier l’armée ukrainienne – et il s’agit de 22 000 militaires portant les armes. Je tiens à remercier les membres des forces de sécurité ukrainiennes qui se sont abstenus de répandre le sang et qui n’en ont pas tâché leurs uniformes.
(Applaudissements)

D’autres réflexions viennent à l’esprit à cet égard. Ils n’arrêtent pas de parler de quelque intervention russe en Crimée, d’une sorte d’agression. Il est étrange d’entendre cela. Je ne connais pas un seul cas dans l’histoire où une telle intervention se soit produite sans un seul coup de feu et sans faire de victimes.

Chers collègues,

Comme un miroir, la situation en Ukraine reflète ce qui se passe et ce qui s’est passé dans le monde au cours des dernières décennies. Depuis la dissolution de la bipolarité sur la planète, nous n’avons plus de stabilité. Les principales institutions internationales ne sont pas renforcées ; au contraire, dans de nombreux cas, elles se dégradent gravement. Nos partenaires occidentaux, menés par les États-Unis d’Amérique, préfèrent ne pas être guidés par le droit international dans leurs politiques concrètes, mais par la force des armes. Ils en sont venus à croire en leur exclusivité et à leur caractère exceptionnel, à croire qu’ils peuvent décider eux-mêmes ce que doivent être les destinées du monde, à croire qu’ils sont les seuls à être toujours dans leur bon droit. Ils agissent à leur guise : ici et là, ils utilisent la force contre des États souverains, créant des coalitions sur la base du principe « Si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous. » Afin de donner un semblant de légitimité à leurs agressions, ils forcent les organisations internationales à adopter les résolutions nécessaires, et si pour quelque raison cela ne fonctionne pas, ils ignorent tout simplement le Conseil de sécurité de l’ONU et même l’ONU dans son ensemble.

Cela s’est produit en Yougoslavie ; nous nous souvenons très bien de l’année 1999. Il était difficile de croire, même en le voyant de mes propres yeux, qu’à la fin du XXe siècle, l’une des capitales de l’Europe, Belgrade, était soumise à une attaque de missiles pendant plusieurs semaines, avant que l’intervention réelle n’ait lieu. Y a-t-il eu une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur cette question, autorisant de telles actions ? Rien de tel. Puis ils ont frappé l’Afghanistan, l’Irak, et ils ont franchement violé la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Libye, quand, au lieu d’imposer la zone dite d’exclusion aérienne au-dessus de ce pays, ils ont également commencé à le bombarder.

Il y a eu toute une série de révolutions « colorées » contrôlées depuis l’extérieur. De toute évidence, les populations de ces pays, dans lesquels ces événements ont eu lieu, en avaient assez de la tyrannie et de la pauvreté, de leur manque de perspectives ; mais ces sentiments ont été cyniquement mis à profit. Des normes qui ne correspondaient en aucune façon aux modes de vie, aux traditions ou aux cultures de ces peuples leur ont été imposées. En conséquence, au lieu de la démocratie et de la liberté, il y a eu le chaos, les flambées de violences et une série de bouleversements dramatiques. Le « Printemps arabe » s’est transformé en « Hiver arabe ».

Des événements similaires se sont déroulés en Ukraine. En 2004, pour faire passer leur candidat aux élections présidentielles, ils ont concocté une sorte de troisième tour qui n’était pas prévu par la loi. C’était un simulacre absurde, un détournement grossier de la Constitution. Et maintenant, ils ont jeté au pouvoir une armée de militants organisés et bien équipés.

Nous comprenons parfaitement ce qui se passe ; nous comprenons que ces actions ont été dirigées contre l’Ukraine et la Russie et contre l’intégration eurasienne. Et tout cela alors que la Russie s’efforçait d’engager un dialogue avec nos collègues de l’Ouest. Nous proposons constamment la coopération sur toutes les questions clés ; nous voulons renforcer notre niveau de confiance et nous voulons que nos relations se fassent sur un pied d’égalité, et soient ouvertes et équitables. Mais nous n’avons vu aucune mesure réciproque.

Au contraire, ils nous ont menti à plusieurs reprises, ils ont pris des décisions dans notre dos, ils nous ont placés devant des faits accomplis. Cela s’est produit avec l’expansion de l’OTAN vers l’Est, ainsi qu’avec le déploiement d’infrastructures militaires à nos frontières. Ils nous répétaient à chaque fois la même chose: « Eh bien, cela ne vous concerne pas. » Facile à dire.

Cela s’est produit avec le déploiement d’un système de défense antimissile. En dépit de toutes nos appréhensions, le projet a été mis en place et va de l’avant. Cela s’est produit avec les atermoiements sempiternels dans les négociations sur les questions de visa, les promesses d’une concurrence loyale et le libre accès aux marchés mondiaux.

Aujourd’hui, nous sommes menacés de sanctions, mais nous subissons déjà de nombreuses limitations qui ont un impact majeur pour nous, pour notre économie et pour notre nation. Par exemple, toujours à l’époque de la guerre froide, les États-Unis et par la suite d’autres nations ont dressé une grande liste de technologies et d’équipements qui ne pouvaient pas être importés par l’URSS, créant pour cela le Comité de coordination pour le contrôle multilatéral des exportations. Aujourd’hui, il a officiellement été dissout, mais seulement formellement, et en réalité, de nombreuses limitations sont toujours en vigueur.

En bref, nous avons toutes les raisons de supposer que l’infâme politique d’endiguement conduite aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles se poursuit aujourd’hui. Ils sont constamment en train d’essayer de nous confiner dans un coin parce que nous avons une position indépendante, parce que nous la maintenons et parce que nous appelons les choses par leur nom et nous ne nous engageons pas dans l’hypocrisie. Mais il y a une limite à tout. Et avec l’Ukraine, nos partenaires occidentaux ont dépassé les bornes, en jouant les durs et en agissant de façon irresponsable et non professionnelle. 
(Applaudissements)

Après tout, ils étaient pleinement conscients du fait qu’il y a des millions de Russes vivant en Ukraine et en Crimée. Ils doivent avoir vraiment manqué d’instinct politique et de bon sens pour ne pas avoir prévu toutes les conséquences de leurs actes. La Russie s’est trouvée dans une position où elle ne pouvait pas se retirer. Si vous compressez le ressort au maximum, il se détendra avec vigueur. Vous devez toujours vous souvenir de cela.

Aujourd’hui, il est impératif de mettre fin à cette hystérie, de réfuter la rhétorique de la guerre froide et d’accepter l’évidence : la Russie est un participant indépendant et actif dans les affaires internationales ; comme d’autres pays, elle a ses propres intérêts nationaux qui doivent être pris en compte et respectés. (Applaudissements)
Dans le même temps, nous sommes reconnaissants envers tous ceux qui ont compris nos actions en Crimée ; nous sommes reconnaissants envers le peuple chinois (Applaudissements), dont les dirigeants ont toujours considéré la situation en Ukraine et en Crimée en tenant compte de l’ensemble du contexte historique et politique, et nous apprécions grandement la retenue et l’objectivité de l’Inde.

Aujourd’hui, je voudrais m’adresser au peuple des États-Unis d’Amérique, ce peuple qui, depuis la fondation de sa nation et l’adoption de la Déclaration d’Indépendance, s’est toujours enorgueilli de placer la liberté par-dessus tout. Le désir des habitants de Crimée de choisir librement leur sort n’est-il pas basé sur une valeur similaire ? Je vous prie de nous comprendre.

Je crois que les Européens, surtout les Allemands, pourront aussi me comprendre. Permettez-moi de vous rappeler que dans le cadre des consultations politiques sur l’unification de l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest, les experts – pourtant placés à un très haut niveau de responsabilités – de certains pays qui étaient alors et sont maintenant les alliés de l’Allemagne, n’ont pas soutenu l’idée de l’unification. Notre nation, cependant, a soutenu sans équivoque le désir sincère et irrésistible des Allemands à une unité nationale. Je suis convaincu que vous n’avez pas oublié cela, et je m’attends à ce que les citoyens d’Allemagne soutiennent également l’aspiration des Russes, de la Russie historique, à restaurer l’unité. 
(Applaudissements)

Je tiens également à m’adresser au peuple d’Ukraine. Je souhaite sincèrement que vous nous compreniez : nous ne voulons vous nuire en aucune façon, pas plus que nous ne voulons blesser vos sentiments nationaux. Nous avons toujours respecté l’intégrité territoriale de l’Etat ukrainien, contrairement – il faut le souligner – à ceux qui ont sacrifié l’unité de l’Ukraine à leurs ambitions politiques. Ils affichent des slogans sur la grandeur de l’Ukraine, mais ce sont eux qui ont tout fait pour diviser la nation. L’impasse civile d’aujourd’hui repose entièrement sur leur conscience. Je veux que vous m’entendiez, mes chers amis. Ne croyez pas ceux qui veulent que vous ayez peur de la Russie, et qui crient que d’autres régions suivront la Crimée. Nous ne voulons pas diviser l’Ukraine ; nous n’avons pas besoin de cela. Quant à la Crimée, elle était et demeure une terre russe, ukrainienne et tatare. 
(Applaudissements)

Je le répète, tout comme elle l’a été durant des siècles, elle sera un foyer pour tous les peuples qui y vivent. Ce qu’elle ne sera et ne fera jamais, c’est suivre la voie de Bandera ! 
(Ovation)

La Crimée est notre héritage historique commun et un facteur très important pour la stabilité régionale. Et ce territoire stratégique devrait faire partie d’une souveraineté forte et stable, qui, aujourd’hui, ne peut être que russe. (Ovation)Sinon, mes chers amis (je m’adresse à la fois à l’Ukraine et à la Russie), vous et nous, Russes comme Ukrainiens, pourrions perdre complètement la Crimée, et cela pourrait se produire dans une perspective historique proche. Je vous prie de réfléchir à cela.

Permettez-moi de souligner également que nous avons déjà entendu des déclarations de Kiev selon lesquelles l’Ukraine allait bientôt rejoindre l’OTAN. Qu’est-ce que cela aurait impliqué pour la Crimée et Sébastopol dans l’avenir ? Cela aurait signifié que la marine de l’OTAN serait juste là, dans cette ville de la gloire militaire de la Russie, et cela ne créerait non pas une menace illusoire mais une menace parfaitement réelle pour l’ensemble du Sud de la Russie. Ce sont des choses qui auraient pu devenir réalité sans le choix qu’a fait le peuple de Crimée, et je tiens à le remercier pour cela. (Applaudissements)

Mais permettez-moi également de vous dire que nous ne sommes pas opposés à la coopération avec l’OTAN, loin de là. Nous sommes contre le fait que malgré tous les processus internes à l’œuvre dans cette organisation, l’OTAN demeure une alliance militaire, et nous sommes contre le fait qu’une alliance militaire prenne ses quartiers dans notre arrière-cour ou dans notre territoire historique. Je ne peux tout simplement pas imaginer que nous allions rendre visite aux marins de l’OTAN à Sébastopol. Bien sûr, la plupart d’entre eux sont des gens merveilleux, mais il serait préférable que ce soit eux qui nous rendent visite et soient nos hôtes [à Sébastopol], plutôt que l’inverse. 
(Applaudissements)

Permettez-moi de dire très franchement que ce qui se passe actuellement en Ukraine nous touche profondément, et qu’il est douloureux pour nous de voir la souffrance de la population et son incertitude sur la façon de s’en sortir aujourd’hui et sur ce qui l’attend demain. Nos préoccupations sont compréhensibles parce que nous ne sommes pas simplement de proches voisins, mais, comme je l’ai dit plusieurs fois déjà, nous sommes un même peuple. Kiev est la mère des villes russes. (Applaudissements) La Rus’ de Kiev ancienne est notre source commune et nous ne pouvons pas vivre l’un sans l’autre.

Permettez-moi de dire encore une autre chose. Des millions de Russes et de russophones vivent en Ukraine et continueront à y vivre. La Russie défendra toujours leurs intérêts par des moyens politiques, diplomatiques et juridiques. (Applaudissements)Mais il devrait être avant tout dans l’intérêt de l’Ukraine elle-même de garantir que les droits et les intérêts de ces personnes soient pleinement protégés. C’est la garantie de la stabilité de l’Etat de l’Ukraine et de son intégrité territoriale.

Nous voulons être amis avec l’Ukraine et nous voulons que l’Ukraine soit un pays fort, souverain et autonome. Après tout, l’Ukraine est l’un de nos principaux partenaires. Nous avons beaucoup de projets communs et je crois en leur succès, malgré les difficultés actuelles. Plus important encore, nous voulons que la paix et l’harmonie règnent en Ukraine, et nous sommes prêts à travailler avec d’autres pays et à faire tout notre possible pour faciliter et soutenir ces objectifs. Mais comme je l’ai dit, seul le peuple de l’Ukraine lui-même peut redresser sa propre maison.

Résidents de Crimée et de la municipalité de Sébastopol, la Russie tout entière a admiré votre courage, votre dignité et votre bravoure. (Applaudissements)C’est vous qui avez décidé de l’avenir de la Crimée. Nous étions plus proches que jamais durant ces jours, nous soutenant mutuellement. C’étaient des sentiments sincères de solidarité. C’est lors de tels tournants historiques qu’une nation démontre sa maturité et sa force d’esprit. Le peuple russe a démontré sa maturité et sa force par son soutien uni en faveur de ses compatriotes. 
(Applaudissements)

Sur cette question, la politique étrangère de la Russie a tiré sa fermeté de la volonté de millions de personnes parmi notre peuple, de notre unité nationale et du soutien des principales forces politiques et publiques de notre pays. Je tiens à remercier tout le monde pour cet esprit patriotique, tout le monde sans exception. Maintenant, nous devons continuer dans cette voie et maintenir ce genre de consolidation afin de résoudre les tâches auxquelles notre pays est confronté sur le chemin qu’il a à parcourir.

Évidemment, nous rencontrerons une opposition externe, mais c’est une décision que nous devons prendre pour nous-mêmes. Sommes-nous prêts à défendre systématiquement nos intérêts nationaux, ou bien allons-nous toujours céder, nous retirer Dieu sait où ? Certains politiciens occidentaux nous menacent déjà non seulement de sanctions, mais aussi de la perspective de problèmes de plus en plus graves sur le plan intérieur. Je voudrais savoir ce qu’ils ont précisément à l’esprit : des actions par une cinquième colonne, ce groupe disparate de « traîtres à la nation » ? Ou bien ont-ils l’espoir de nous mettre dans une situation sociale et économique qui se dégrade de manière à provoquer le mécontentement populaire ? Nous considérons de telles déclarations comme irresponsables et clairement agressives dans leur ton, et nous allons y répondre en conséquence. Dans le même temps, nous ne rechercherons jamais la confrontation avec nos partenaires, que ce soit à l’Est ou à l’Ouest, mais au contraire, nous ferons tout notre possible pour bâtir les relations civilisées et de bon voisinage que l’on est censé avoir dans le monde moderne.

Chers collègues,

Je comprends le peuple de Crimée, qui a posé la question du référendum dans les termes les plus clairs possibles : la Crimée devrait-elle être avec l’Ukraine ou avec la Russie ? Nous pouvons affirmer avec certitude que les autorités de Crimée et de Sébastopol, les autorités législatives, lorsqu’elles ont formulé la question, ont mis de côté les intérêts de groupe et les intérêts politiques, faisant des seuls intérêts fondamentaux du peuple la pierre angulaire de leur tâche. Les circonstances particulières de la Crimée – historiques, démographiques, politiques et économiques – auraient rendu toute autre option proposée, aussi tentante qu’elle puisse être à première vue, seulement temporaire et fragile, et auraient inévitablement conduit à une nouvelle aggravation de la situation locale, ce qui aurait eu des effets désastreux sur la vie des habitants. Le peuple de Crimée a donc décidé de poser la question dans des termes fermes et sans compromis, sans zones d’ombre. Le référendum a été équitable et transparent, et le peuple de Crimée a exprimé sa volonté de manière claire et convaincante en déclarant qu’il veut être avec la Russie. 
(Applaudissements)

La Russie devra maintenant elle aussi prendre une décision difficile, en tenant compte des diverses considérations internes et externes. Qu’en pense le peuple ici en Russie ? Ici, comme dans tout pays démocratique, les gens ont différents points de vue, mais je tiens à faire remarquer que la majorité absolue de notre peuple soutient clairement ce qui se passe.

Les sondages les plus récents de l’opinion publique menés ici en Russie montrent que 95 % de notre peuple pense que la Russie doit protéger les intérêts des Russes et des membres d’autres groupes ethniques vivant en Crimée. 95 % de nos concitoyens. (Applaudissements)Plus de 83 % pensent que la Russie devrait le faire même si cela devait compliquer nos relations avec d’autres pays. (Applaudissements)Un total de 86 % de notre peuple considère la Crimée comme étant toujours un territoire russe et une partie des terres de notre pays. (Applaudissements) Et un chiffre particulièrement important, qui correspond exactement aux résultats du référendum de Crimée : près de 92 % de notre peuple soutient la réunification de la Crimée avec la Russie.
(Applaudissements)

Ainsi, nous voyons que l’écrasante majorité du peuple de Crimée et la majorité absolue du peuple de la Fédération de Russie sont favorables à la réunification de la République de Crimée et de la ville de Sébastopol avec la Russie. (Standing ovation)
Maintenant, c’est la propre décision politique de la Russie qui doit intervenir, et toute décision ici ne peut être fondée que sur la volonté du peuple, car le peuple est la source ultime de toute autorité. 
(Applaudissements)

Membres du Conseil de la Fédération, députés de la Douma nationale, citoyens de Russie, habitants de Crimée et de Sébastopol, aujourd’hui, conformément à la volonté du peuple, je soumets à l’Assemblée fédérale une demande pour envisager une loi constitutionnelle sur la création de deux nouvelles entités constitutives de la Fédération de Russie : la République de Crimée et la municipalité de Sébastopol (Standing ovation), et pour ratifier le traité d’admission de Crimée et de Sébastopol à la Fédération de Russie, qui est déjà prêt à être signé. Je ne doute pas de votre soutien. (Standing ovation)

Vladimir Poutine


(VOR, Interfax, ITAR-TASS, Reuters)

Manifestation pro-gouvernementale à Stavropol (Russie), le 18 mars 2014, pour célébrer le rattachement de la Crimée à la Russie.
(Photo Danil Semyonov / AFP)