Ça y est ils ont enfin réussi à se rencontrer !
Les représentants des républiques du Donbass, Donetsk accueillant les émissaires de l'OSCE, de Kiev et de Russie |
Après 1 mois d'opération spéciale infructueuse, pour ne pas dire désastreuse pour Kiev sur le plan militaire et pour le Donbass sur le plan humanitaire, le Président Porochenko a annoncé un cessez le feu et des rencontres pour envisager des négociations pour définir un plan de paix et sortir de la crise.
Cette rencontre multilatérale a eu lieu à Donetsk ce 23 juin entre :
- l'ambassadeur de la Fédération de Russie en l'Ukraine Mikhaïl Zourabov,
- le représentant du chef agissant d'OSCE Khajdi Tal'yavini,
- le deuxième président de l'Ukraine Léonid Kouchma,
- le chef de l'organisation de masse "choix Ukrainien" Victor Medvedtchouk,
- le premier-ministre de la république de Donetsk Alexandre Borodaï,
- le leader du mouvement "Sud-est" Oleg Tsarev
- les représentants de la république populaire autoproclamée de Lougansk.
Ne nous emballons pas, il ne s'agit que de rencontres préliminaires, coachées par les conseils de l'OSCE, la Russie et l'ancien président communiste Léonid Kouchma.
A défaut de vraies négociations, de es premières discussions...
Enfin ! serait-on quand même tenté de dire...
Ce serait stupide que de ne pas espérer voir dans cette rencontre un sauvetage de la paix, la réunion tant espérée depuis des mois, sous les humiliations puis les bombes par un peuple qui ne demande qu'à vivre sur son territoire selon ses traditions millénaires...
Mais n'est ce pas trop tard ? Odessa, Mariupol, Slaviansk, Donetsk, Krasny Liman... sans compter les centaines de soldats ukrainiens (certaines sources évoquent plus de 2000) et séparatistes tués, ne sont-ils pas autant de points de non retour franchis par les nouveaux maîtres irresponsables de Kiev ?
Certes un cessez le feu est toujours possible et même salutaire, car il permet aux belligérants de panser leurs plaies et de réapprovisionner leurs chargeurs...
mais la paix... et surtout quelle paix, et à quel prix ?
UNE OCCASION MANQUÉE
La paix était encore accessible je pense, au nouveau président Porochenko, au moment de son investiture, car il pouvait créer à ce moment là une vraie ouverture, en rupture avec la politique ethnocentriste stupide de Turtchinov et profiter de la reconnaissance de son élection par le président Poutine lui-même, qui dans cette crise a toujours montré son intention de calmer le jeu.
Mais voilà, le "piètre" Porochenko, a dès les premières heures annoncé la poursuite des opérations et en a même intensifié les actions et les destructions : bombardement des populations civiles, utilisation d'armes prohibées etc...
Piotr Porochenko engagé dans une impasse
Pourquoi cet entêtement meurtrier à vouloir mater les séparatistes du Donbass plutôt que de leur tendre la main ?
- pour satisfaire la branche radicale du nouveau pouvoir (Svoboda Prayvi Sector...) capable de hurler à la trahison et de déclencher sur le Maïdan une nouvelle insurrection (promise aussi par Timochenko si elle perdait l'élection) ?
- pour remporter des victoires décisives sur la milice et ainsi entamer les négociations en position de force ?
ou même vraisemblablement pour les 2 raisons...
Depuis l'armée ukrainienne s'est épuisée, accusant des pertes qu'on peut qualifier de saignées humiliantes si on observe le rapport des forces en présence, subissant des désertions et même des mutineries passant à la rébellion, sans compter des mouvements de protestation de plus en plus importants de la part des familles, dont les enfants mobilisés sans formation reviennent dans des cercueils.
UN PLAN DE PAIX IRRÉALISABLE
Lorsque le sort des combats est incertain un plan de paix ne peut difficilement être accepté sans condition. Or, dans la définition du plan de paix ukrainien, les séparatistes sont traités de "terroristes" par Porochenko, qui exige qu'ils déposent les armes sans condition,
Quant aux privilèges envisagés pour le Sud Est, ils ne sont que promesses symboliques et surtout tardives. Car depuis 2 mois, la contestation fédéraliste puis séparatiste a su faire naître un véritable espoir d'indépendance, dont les résultats du référendum du 11 mai (90%) et l'héroïque résistance des milices montrent une légitimité et des sacrifices difficilement négociables aujourd'hui.
La population s'est prononcée pour l'indépendance
UN AVEU D'IMPUISSANCE ET UNE RUSE POUR FAIRE BONNE FIGURE A L'OUEST ?
D'autant plus que Kiev n'arrive pas en position de force à la table des négociations, sur le front militaire, mais aussi dans la communication politico-médiatique car avec le temps (qui n'est jamais l'allié des propagandes), certains médias occidentaux et mêmes des parlementaires commencent à dénoncer les méthodes et les mensonges utilisés par les misérables vassaux que les USA et l'UE soutiennent avec un cynisme rarement égalé dans l'Histoire européenne.
Il s'agit donc pour Kiev et ses parrains de sauver la face et de retourner la situation à leur avantage !
Alors, pendant que ses unités exsangues sont relevées du front, Porochenko offre à ses maîtres occidentaux l'image d'un gentil démocrate faisant preuve de mansuétude et même de clémence. Il offre ainsi de l'eau vive au moulin de la propagande étasunienne, tout en gardant un discours belliqueux rassurant ses colistiers du Maïdan.
La suite (que pourtant je ne souhaite pas) est prévisible : des accrochages sur les postes avancés non contrôlés par l'OSCE, combats qui seront aussitôt imputés aux séparatistes, suivis d'une rupture des négociations et d'une reprise immédiate de l'offensive générale.
VERS UN QUITTE OU DOUBLE
Kiev aujourd'hui est sûr d'une chose : Moscou ne tombera dans le piège d'un interventionnisme direct pas plus que l'OTAN qui se limitera à une aide technique et des quelques "conseillers spéciaux"
L'armée ukrainienne ne peut donc compter que sur elle même, et une fois les combats recommencés, Porochenko n'aura pas d'autre choix que d'anéantir la rébellion ou de perdre le Donbass et certainement sa stabilité politique intérieure...
Pour vaincre, Kiev dispose de moyens faibles, limités à une artillerie pas très efficace sur le plan militaire et une aviation de plus en plus prudente devant les missiles des séparatistes. Paradoxalement à l'enlisement, (2 mois déjà) ce régime, de plus en plus impopulaire, (y compris dans ses régions occidentales alliées) a l'obligation vitale d'achever très rapidement cette guerre car il risque de voir basculer d'autres régions dans la rébellion, comme Kharkov et Odessa par exemple.
Ce qui est inquiétant c'est les moyens pour y arriver... qui relèvent de l'inconcevable !
Les bombardements des populations civiles avec des armes prohibées, à sous munitions ou au phosphore blanc, l'utilisation de gaz de combat etc... ont montré l'abjection de cette politique qui menace même de rendre le territoire du Donbass inhabitable en cas de défaite militaire.
Bombardement au phosphore blanc utilisé sur Slaviansk
La question est de savoir jusqu'où les ploutocrates occidentaux sont prêts à couvrir les crimes de guerre commis au nom de leur "sainte démocratie". Et surtout si une arme de destruction massive seule moyen pour arriver à une victoire finale et rapide, mais qu'aucune propagande ne peut cacher, venait a frapper la population sous le regard du monde, il est probable que personne ne pourrait s'opposer ni moralement ni légitimement à une intervention russe...
UNE IMPASSE POLITIQUE AVEC UNE SOLUTION UNIQUE ET MILITAIRE
Hier, la seule façon d'amener la paix, était d'organiser la fédéralisation naturelle de l'Ukraine via des référendums populaires contrôlés...
... mais Turtchinov, préférant semer la guerre, a récolté le séparatisme armé
Aujourd'hui, la seule ouverture pour la paix, serait d'accepter l'indépendance du Donbass
...mais Porochenko, sait que c'est un suicide politique et une trahison pour les occidentaux.
Demain, Kiev va certainement lancer toutes ses forces dans la bataille pour faire tomber coûte que coûte cette rébellion qui risque de désagréger complètement l'Ukraine.
Mais il lui faut une légitimité, un "casus belli", un truc facile à provoquer voire à inventer... comme une violation du cessez le feu par les séparatistes par exemple.
Mais il lui faut une légitimité, un "casus belli", un truc facile à provoquer voire à inventer... comme une violation du cessez le feu par les séparatistes par exemple.
A quel plan Porochenko pense t-il vraiment ?
En attendant Porochenko se contente d'une gesticulation politiquement correct pour se donner bonne figure. Une preuve : Il n'a pas jugé nécessaire de se déplacer en personne pour rencontrer les dirigeants des républiques autoproclamées, montrant le peu d'importance donné aux négociations et le mépris accordé au peuple du Donbass. Et celui qui est aux commandes de la répression s'appelle toujours... Turtchinov
Le destin du Donbass est plus que jamais dans les bras et les cœurs de ses enfants...
Bref, je suis pessimiste pour l'aboutissement de ce "plan de paix" qui ressemble plus à un ultimatum déguisé...
et pourtant je crois que je n'ai jamais eu autant envie de me tromper...
et pourtant je crois que je n'ai jamais eu autant envie de me tromper...
Erwan Castel, le 23 juin 2014
No pasaran !
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