mardi 30 avril 2019

Retour vers le Nord et... Camerone

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"Carel" un jeune volontaire de Carélie venu dans le Donbass pour s'opposer à l'hégémonie étasunienne
Après une semaine de passée sur le front Sud nous remontons vers Donetsk et notre caserne, où  nous attendent les festivités et cérémonies du début mai... 100 kilomètres de routes lépreuses où les chaos du voyage repousse encore pour quelques heures la fatigue du front.


Mardi 30 avril 2019

Ce matin, en bouclant mon sac en vue de la rotation et de notre retour vers Donetsk, je songeais au combat de Camerone qui a fait entrer héroïquement la Legion Etrangère française dans l'Histoire il y a 156 ans aujourd'hui...

Chaque guerre est unique et même chacun de ses combats est unique, mais il flotte à travers l'Histoire souvent l'esprit qui anima les combattants et forgea leur légende héroïque; et certainement comme pour les histoires d'amour ce sont les défaites qui laissent dans les coeurs et les mémoires les plus belles gestes de la Tradition militaire.

Dans le Donbass le combat acharné de Saur-Moghila s'inscrit dans la veine des Camerone, Sidi Brahim, Bazeilles où dans un combat sacrificiel des soldats ont péris dans l'accomplissement de le mission qui leur avait été confiée.

Lorsque nous nous engageons vers les lignes avancées du front, cet héritage chanté dans nos coeurs et transmis de genération en génération est certainement silencieusement caché dans nos inconscients tout comme peut l'être cette belle description de la sentinelle écrite par Antoine de Saint Exupéry et dont l'enseignement nous aide lorsque nous sommes submergés de fatique dans l'obscurité silencieuse d'une garde isolée.

Mais aujourd'hui la clarté qui nous evironne et les cahots de la route m'emmène vers le soleil du Mexique où les anciens ont donné leur sang et l'exemple immortel du courage et du devoir. Mais en arrivant à la caserne une réalité plus prosaïque nous attend au milieu des sacs puants, des treillis sales affamés de lessive et des chiffons et burettes d'huile montant à l'assaut des armes crasseuses...

Des servitudes du présent que les grandeurs du passé nous aident à mieux supporter... 

Erwan Castel

"Ils furent ici moins de soixante
Opposés à toute une armée.
Sa masse les écrasa.
La vie plutôt que le courage
Abandonna ces soldats français
À Camerone le 30 avril 1863"


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dimanche 28 avril 2019

Pause Tradition sur le front

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Ce matin la Tradition est venue s'inviter dès les premiers blanchiments de l'Orient, à travers son expression chrétienne orthodoxe encore très vivante dans le Donbass.


Dimanche 28 avril 2019

Dès 4h00 du matin les carillons des dômes dorés attendant les premiers rayons solaires sont parvenus jusqu'à nos positions où est respectée la traditionnelle trêve de Pâques.

Ainsi de ces oeufs décorés des indicatifs des membres du groupe et du traditionnel gâteau de Pâques qui ont été partagés au lever du soleil aux milieu d'accolades fraternelles.

En tant que polythéiste, je respecte d'autant plus la pratique de cette foi orthodoxe que je connais les racines païennes de cette fête printanière et dont on retrouve des témoignages chez les chroniqueurs orientaux et même dans l'ancien testament :

"À l'entrée du sanctuaire, entre le vestibule et l'autel, il y avait environ vingt-cinq hommes. Ils tournaient le dos au sanctuaire et, face à l'orient, ils se prosternaient pour adorer le soleil" (Éz. 8:14-16).

Quand la Tradition universelle est portée et transmise par les traditions particulières :

Cette tradition de Pâques porte d'ailleurs encore son origine chaldéenne dans sa sémantique, avec le pluriel "des pâques" usité dans les expressions poupaires mais que l'on ne trouve pas dans la bible, ou encore l'anglais "easter" qui fait référence au levant solaire.

"Détail" intéressant: dans ce culte printanier de Mésopotamie, les populations païennes pleuraient un vendredi après une période de jeune la mort du dieu Thammuz (nom local d'Osiris) en se tournant vers le Nord, avant de célébrer sa résurrection le dimanche en se tournant vers l'Est du soleil levant (résurrection que "l'Eternel" juge alors être une "abomination" (Éz échelle 8-15). Cette histoire se répète dans la théologie chrétienne tandis que sa symbolique païenne se perpétue par exemple dans l'orientation orientale des églises ou leurs symboles négatifs positionnés sur la façade Nord).

Quant aux oeufs décorés, dont la tradition pré-chrétienne est elle aussi attestée par les chroniqueurs et les archéologues, ils font référence à la déesse Astarté qui est née d'un oeuf tombé du ciel, poussé sur le rivages par des poissons avant d'être couvé par des colombes (cf l'historien Alexandre Hislop "les deux Babylones"). Ce culte est associé à celui de Beltis la déesse des cieux dont on retrouve des équivalents avec le culte de Bel dans le celtisme par exemple...

Et c'est sur les bords de cette mer Noire pu nous nous battons que les archéologues ont trouvé les plus vielles traces d'oeufs décorés, datant de plusieurs milliers d'années avant l'ère chrétienne.

Autant de preuve qu'il existe bien un sacré universel qui malheureusement dégénére au fil de ses expressions dogmatiques religieuses et ecclésiastiques jusqu'à formuler à travers les prosélytismes hégémoniques de l'Histoire, comme le christianisme romain d'hier ou l'Islam politique d'aujourd'hui, le contraire de son message originel.

Tout cela pour vous essayer de vous dire que les déclinaisons du sacré universel, tant détournées par des idéologies ecclésiastiques universalistes, ignorantes et intolérantes (et sécularisées depuis dans le domaine politique), devraient dépasser leurs apparentes différences pour retrouver dans une herméneutique universelle, leurs vraies racines et le sens authentique d'une communion humaine originelle en harmonie avec la Nature, les dieux et "les pâques" de la Tradition.

Bonnes fêtes de Pâques à toutes et à tous dans l'amour du "sol invictus"... et de toutes ses anthropomorphisations divines et humaines !

Erwan Castel


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jeudi 25 avril 2019

Une "passeportisation" qui gratte !

Volontaires étrangers des bataillons spéciaux ukrainiens fiers de leurs nouveaux passeports ukrainiens

Et voilà, comme il fallait s'y attendre les occidentaux dans un "2 poids 2 mesures" russophobe et hystérique s'indignent devant la décision du Kremlin d'offrir le passeport russe à ce ceux du Donbass qui en exprimeraient le souhait.

L'Allemagne et la France qui profitent de leurs rôles (pitoyables et inefficaces) dans les accords de Minsk pour faire de l'ingérence russophobe dans le dossier ukrainien viennent de se fendre d'un communiqué aussi idiot que laconique:

L'Allemagne et la France "condamnent le décret russe qui doit faciliter l'octroi de la nationalité russe à la population dans une partie de l'Ukraine orientale, ces régions font partie du territoire national ukrainien".

Il faudrait expliquer à ces faquins des démocratures occidentales que les temps du servage et de l'esclavage où des hommes appartenaient à la terre et à des maîtres sont terminés. Un homme est désormais libre de choisir sa destinée sa terre et son identité toute comme un peuple devrait l'être ! 
Et ce sont d'ailleurs ces bannières du "libre choix individuel" qui sont agitées par ces mêmes progressistes quand il s'agit d'ouvrir les portes aux invasions économiques, culturelles ou migratoires.

Car le plus paradoxal est que ce sont en effet les pays accusés d'être des dictatures qui respectent le plus cette liberté fondamentale qyi en revanche est bafouée par ceux là même qui revendiquent être les parangons des Droits de l'Homme !

Dans le Donbass, 5 années de sang et de larmes, des centaines des milliers de victimes, tuées, blessées, torturées, emprisonnées, exilées; un pays ravagé et un peuple traumatisé par une guerre portée par une haine génocidaire... et soutenue par cette communauté autoproclamée internationale qui voudrait aujourd'hui que l'Ukraine puisse encore revendiquer cette terre qui lui a été rattachée par Lénine en 1918 dans le cadre de l'URSS ?

Mais qu'ils aillent se faire foutre ces esclavagistes criminels de la haute finance internationale !

Ici c'est encore l'expression de ce mépris du système occidental envers les Hommes qui refusent de se coucher devant la dictature de sa pensée unique et qui subissent alors des haches à Verden jusqu'aux obus à Donetsk, la haine meutrière de ses psychopathes.

Mais c'est aussi la peur (justifiée) d'un système a l'agonie de voir les mensonges de sa propagande de guerre, selon laquelle la population du Donbass est prise en otage par des mercenaires, terroristes et autres "petits hommes verts" à la solde du Kremlin, s'effondrer devant le raz de marée de demandes de passeports russes qui va sortir du Donbass !

Quant aux bouffons sanglants de Kiev, avant d'ouvrir leurs claque-merdes à propos de la passeportisation humanitaire lancée par le Kremlin ils ne faut pas qu'ils oublient que dans ce dossier ukrainien, ils ont été les premiers à distribuer des passeports ukrainiens aux bandits comme le géorgien Saakashvili, ou aux criminels néo-nazis de tous les pays venus soutenir ou faire la guerre contre la population du Donbass (et là cette passeportisation criminelle n'indigne personne à l'Ouest).

Erwan Castel

Photo du 25 avril

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5h30 lever de soleil sur la mer d'Azov. Au premier plan un bitube ZSU 23-2 "Zuchka" canon antiaérien de 23mm mais très efficace contre des cibles terrestres.... ou maritimes.
Ce nouveau théatre d'opérations sur lequel nous allons être ammenés à effectuer régulièrement des missions diverses est très dépaysant de notre front de Donetsk aux paysages industriels et miniers. Ici l'air marin balaie des champs cultivés et des paturages ou paissent des troupeeaux de bovins et pour aller vers le front nous longeons une côte entrecoupée de petist villages de pêcheurs et de plages où viennent pour leurs premières baignades les familles qui ici aussi continuent à vivre malgré la menaces des canons ukrainiens.


Jeudi 25 avril 2019

Retour de mission sur les rivages de la mer d'Azov au moment d'un lever de soleil (russe bien sûr) qui semble émerger de la ville frontalière de Taganrok. 

Les mouettes dansent en criant autour des barques de pêcheurs quittant le rivage chaque matin avant l'aube, tandis qu'au large passent en se croisant les tankers, porte-containers et patrouilleurs qui font des allers-retours en passant par me détroit de Kertch.

Un tout autre environnement que celui de la zone industrielle de Promka, plus coloré et animé et qui n'est pas sans me rappeler (un peu) la Bretagne.

Erwan Castel

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mercredi 24 avril 2019

Vers une reconnaissance volontaire


On pourrait résumer la décision politique de Moscou par "si je ne viens pas à toi tu peux venir vers moi" 

Bloquée sur le plan international, la Russie qui ne peut intervenir dans le Donbass sans être accusée de provoquer un "casus belli" avec l'Ukraine, empêche cependant cette dernière d'y appliquer une répression, via des aides logistiques, humanitaires et économiques octroyées à sa population russe bombardées depuis 5 ans.  

Et Moscou de renforcer sa protection sur le Donbass au lendemain du changement de pantin à Kiev, en mettant en place une procédure simplifiée et "rapide" d'obtention de passeports russes pour les citoyens des Républiques populaires de Donetsk et Lugansk, et qui était évoquée depuis le début de cette année.

Une mesure qui renforcera rapidement l'identité russe du Donbass et donc la légitimité pour Moscou d'y avoir un droit de regard, de protéger sa population et même, si les Occidentaux autorisent une nouvelle offensive ukrainienne, d'intervenir militairement pour la defendre.

Contre cette mesure administrative, Kiev ne peut pas grand chose car une fois de plus Moscou ne fait que proposer et c'est le peuple qui dans sa souveraineté dispose. 

Et d'ailleurs comment Kiev pourrait contester sur le plan national cette disposition russe lorsque tant d'ukrainiens ont une double, triple voire quadruple nationalité ? De même sur le plan international car ce n'est pas la première fois qu'un État propose son passeport à sa diaspora (ex Israël).

La réaction de Zelensky sera tout de même très intéressante et révélatrice de sa personnalité et de sa marge d'initiative politique....

Erwan Castel


Source de l'article : NRT 24

(OFFICIEL) RUSSIE DÉLIVRERA SES PASSEPORTS 
AUX CITOYENS DU DONBASS

Les habitants des Républiques Populaires de Donetsk et de Lougansk pourront recevoir plus la nationalité russe suivant la procédure simplifiée en vertu d'un décret signé le mercredi 24 avril 2019 par Vladimir Poutine, quelques jours après l'élection du nouveau président ukrainien Vladimir Zelensky.

Le décret précise notamment que les autorités russes ne devront "pas prendre plus de trois mois" pour étudier les demandes déposées.

Cette mesure "humanitaire" vise à "protéger les droits et libertés de la personne et du citoyen et est guidée par les principes généralement acceptés des normes et du droit international", selon le texte du décret.

En quoi consiste exactement cette procédure dite simplifiée? 
  • Les habitants de la RPD et de la RPL n'auront pas à justifier de cinq ans de séjour sur le territoire de la fédération de Russie, permettant aux habitants de recevoir le passeport russe, tout en résidant dans le Donbass,
  • Ils n'auront pas besoin de justifier d’un emploi sur le territoire de la fédération de Russie, ou d’une autre source légale de revenus, ou de justifier de ressources, notamment sur le compte,bancaire,
  • Ils n'auront pas besoin de fournir les preuves d'avoir rennoncé à la nationalité ukrainienne 
  • Ils n'auront pas besoin de passer des tests confirmant leur niveau de maîtrise de la langue russe,
  • Ils auront  la possibilité de lancer cette procédure s'ils sont déjà entrés de manière légale en Russie.
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mardi 23 avril 2019

En chemin vers le Sud

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Mézigue dans les tranchées de Promka en mars 2019 - Photo Guillaume Chauvin
Devant l'aggravation de la situation sur le front Sud, notre régiment a recçu l'ordre de déployer des unités sur le front de Novoazovsk. Un nouveau secteur, une nouvelle situation, un nouveau terrain à découvrir... une nouvelle aventure militaire et humaine.


Mardi 23 avril 2019

Enfin ! après 1 mois à vivre la réorganisation du régiment et le déménagement de notre compagnie dans le centre de Donetsk, nous sortons enfin de la caserne pour retourner vers le front et nos missions opérationnelles qui sont notre raison d'être et l'expression radicale de notre engagement pour proétger la liberté du Donbass.

Et pour bien réinitialiser l'intérêt de retrouver cette première ligne où l'inconnue et le danger exacerbent l'intensité du vécu, même lorsqu'il est envahi par la routine militaire et la discipline du service au front, nous partons vers de nouvelles missions et une nouvelle position sur le front de Novoazovsk où le régiment doit renforcer le dispositif de défense républicain et remplacer aussi les pertes subies ces dernières semaines par les bataillons en charge de ce secteur. 

Le soleil et le rivage venteux de la mer d'Azov vont nous dépayser de Promka, cette zone industrielle morne et gelée qui marque le front entre Yasinovataya et Avdeevka au Nord de Donetsk, et que nous devons également retrouver lors de prochaines rotations.

Photo Guillaume Chauvin
Nos sacs sont repus de matériels et munitions et calés au fond des camions dont on démarre les moteurs pour les plus de 100 kilomètres qui nous séparent de la mer d'Azov, et nos armes affamées bavant l'huile de leur préparation luisent dans nos mains sous la caresse des premiers rayons d'un soleil printannier chargé de promesses...

Et zut je crois que j'ai oublié mon maillot de bain !

Erwan Castel


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lundi 22 avril 2019

"Il faut finir la guerre"


Lorsque le nouveau président Zelensky a été questionné sur la situation du Donbass il a à sa manière répéter la même logorrhée cynique que son prédécesseur, répétant son intention de "récupérer les territoires" de la Crimée et du Donbass tout en méprisant leur population qui ne veulent plus de cette Ukraine qui nie leur identité et donc leur existence. 

Bien sûr Zelensky va vouloir se démarquer de la politique infructueuse de Porochenko en promettant une offensive de sa propagande en direction des habitants du Donbass mais aussi en proposant vraisemblablement et très rapidement une évolution des accords de paix vers un format "Minsk3" dans lequel il veut faire participer les USA et le Royaume Uni et abandonner les projets de statut spécial et d'amnistie pour Donetsk et Lugansk...

Concernant sa vision de ce conflit elle se résume à 2 phrases qui résume toute sa pensée :
  • "Nous récupérerons le Donbass PAR TOUS LES MOYENS"
  • "Il FAUT FNIR la guerre"
Cette dernière citation est significative : "il faut finir la guerre !" et non "il faut en finir avec la guerre" qui aurait laissé ouverte la porte de négociations pacifiques et intelligentes. Mais de fait aucune négociation ne peut avoir lieu car Kiev refuse toujours de rencontrer ou de donner la parole aux repérsentants des républiques de Donetsk et Lugansk. Comme trouver un chemin vers la paix quand l'un des 2 bélligérants n'est pas autorisé à s'y déplacer ?

Au cours de la semaine écoulée du 15 au 21 avril 2019, les forces ukrainiennes ont tiré plus de 700 munitions (supérieures au calibre 12,7mm) sur le territoire de la République Populaire de Donetsk.
Durant ce week-end, traditionnelle fête religieuse de la Pâques orthodoxe, et moment du deuxième tour de cette ubuesque élection présidentielle ukrainienne, on avait observé une accalmie sur le front, les provocations ukrainiennes tombant en dessous de 10 violations du cessez le feu par jour.

Mais dès aujourd'hui, les ukrops ont repris leurs habitudes de bafouer les engagements signés à Minsk en reprenant leur campagne de tirs de missiles antichars sur les positions défensives républicaines comme ici par exemple:

Missiles antichars ukrainiens tirés sur des 
casemates républicaines, le 22 avril 2019.

C'est un bien "un changement dans la continuité" auquel nous assistons et une continuité vers le pire commandée par les parrains étasuniens du Maïdan pour qui l'Ukraine est sacrifiable sur l'autel de leurs intérêts et d'une guerre contre Moscou. Et Zelensky, quand bien même ne voudrait-il pas être celui qui aura suicidé l'Ukraine après l'effondrement organisé par son prédécesseur, est dans l'incapacité politique, militaire et économique de choisir une autre option que celle d'un kamikaze foncant pour l'Oncle Sam.

Cela dit je suis d'accord avec Zelensky : "il faut finir la guerre" mais c'est plutôt pour en finir avec ces ukrops qui assassinent le Donbass à petit feu depuis 5 ans !

Erwan Castel


Les contrastes du Donbass

Le quartier d'Oktyavrsky où j'ai choisi de vivre lorsque je "quitte" le front pour me "reposer"

Dans l'article réalisé sur le dernier reportage photo de Guillaume Chauvin dans le Donbass, j'avais évoqué le constraste surréaliste existant entre la ligne de front complètement ravagée par 5 années de bombardements incessants et des centres urbains où, à seulement quelques stations de bus, une vie moderne et normale continue malgré les difficultés socio-économiques consécutives au conflit et la menace de se retrouver à toutinstant sous un bombardement de l'artillerie ukrainienne.

Depuis qu'il est rentré en "France de l'intérieur" notre fidèle alsacien a déjà publié nombre de ses photos réalisées courant mars entre le front Nord et ses terrils la ville de Donetsk et ses lumières festives nocturnes, le front Sud et ses rivages marins ou les villages du front où survivent des gens écrasés par l'acier et la peur. 

Dans cette région du Donbass où déjà intervient une amplitude saisonnière d'une cinquantaine de degrés entre l'Hiver et l'été, où la rutilence des centres d'affaires éclaire la noirceur des cités ouvrières, la guerre qui fait rage et le déchire depuis 5 ans a surajouté des contrastes extrêmes qu'il est impossible d'imaginer avant de les avoir vécus. 

Merci à Guillaume Chauvin d'avoir saisi ces 2 mondes opposés qui se côtoient et s'épaulent mutuellement, entre réconfort et protection, et qui sont dans ce paysage de terrils et de mines, d'usines et de cheminées, les creusets ontologiques dans les chaleurs desquels l'âme du Donbass forge à Donetsk et Lugansk, la grandeur de républiques populaires chargés d'Histoire et d'Espérance.

Erwan Castel

Il a été pour moi difficile de choisir parmi la centaine de photos déjà publiées par Guillaume Chauvin un échantillon à vous présentez ici, et je vous invite à visiter le site de son agence Hans Lucas pour les regarder avec attention car elles sont plus que des paysages et des visages, elles sont des histoires et des regards de l'Histoire.

Sources des photos : Agence Hans Lucas, portofolio 1 et portofolio 2


Guerre épaisse...

"Les prochaines élections présidentielles en Ukraine s'achèveront ce 14 avril, et outre le redressement d'un pays fébrile économiquement, socialement, ethniquement, et que l'on dit rongé par les passions, la corruption et les amibitions personnelles, les candidats auront aussi la charge de résoudre la guerre civile à l'Est du pays, où le gouvernement actuel combat toujours les républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lougansk, qu'il considère comme une simple « opération anti-terroriste » depuis bientôt cinq ans...

L'accès à ces républiques est pour les étrangers de plus en plus restreint, même si au centre-ville de Donetsk, la guerre n'est plus vraiment palpable: depuis 2014, les voitures ont réinvesti les avenues, les militaires n'y sont plus visiblement armés, les affiches à la gloire des héros de la république ont fait place à des panneaux publicitaires, les magasins sont fournis, les étudiants qui s'embrassent ont parfois les cheveux multicolores, et la nuit ne résonne plus des bombardements entrants et sortants. Les seuls indices du conflit en cours sont les nombreuses vitrines encore vides, les immeubles fermés à clef, ou la sirène du couvre-feu qui résonne encore tous les soirs. La guerre, « la vraie », est circonscrite à la ligne d'un front long de 300 km, à l'accès plus restreint encore.

Mézigue dans une tranchée du front de Yasinovataya

À quelques minutes de voiture des bars et des boutiques à la mode, on redécouvre en effet le Verdun de nos livres d'école: dans les villages encore bombardés par l'armée ukrainienne ou ses bataillons nationalistes, ne restent que quelques vieux civils accrochés à leurs jardins, et entre deux maisons éventrées, des soldats séparatistes, locaux où volontaires venus de Russie et d'ailleurs, poursuivent depuis des caves et des tranchées un combat qui s'étire autant que les idéaux s'érodent... Beaucoup ne combattent en effet plus que pour leurs camarades de bataillon, et pour que toutes celles et ceux déjà tombés ne le furent pas en vain. Pour ces combattants et ces civils qualifiés par Kiev de « terroristes », le constat de voir les médias extérieurs acquis au camp adverse malgré les dérives criminelles de bataillons nationalistes (Aidar, Donbass, Praviy Sektor...) renforce une motivation héritée des aïeux soviétiques, qui, pendant la grande guerre patriotique, « luttaient déjà héroïquement contre l'envahisseur nazi ». Bien que conscient des différentes propagandes, chaque camp s'accroche malgré tout à la promesse d'une paix proche, trop de familles ayant déjà été déchirées par ce conflit opposant parfois d'une tranchée à l'autre des cousins et des frères.

Le marché central de Donetsk ouvert 6 jours par semaine

À Donetsk, le nouveau gouvernement local, proche de Moscou et au style plus technocratique que son prédécesseur, peine encore à succéder à la figure charismatique du « petit père » Zakharchenko, assassiné il y a quelques mois dans des conditions encore troubles, dans un attentat aussi bien attribué à Kiev qu'à Moscou. La population préfère quant à elle garder en ligne de mire le retour au confort de vie d'avant guerre, et cette paix promise depuis longtemps, souhaitée même sans victoire évidente, mais pas sans condition, des milliers de vies civiles et militaires ayant déjà été sacrifiées pour réclamer l'autonomie de ces régions du Donbass. Ces dernières demeurent opposées à la russophobie des nationalistes ukrainiens et au gouvernement de Kiev, qu'elles considèrent toujours comme illégitime. Dans un cimetière à l'écart de la ville, une formule sur une croix voisine du tombeau provisoire de l'ex-président résume bien l'état d'esprit de cette rébellion et ses enjeux : « interdit d'oublier, impossible de retourner ».

Abdul Jabar Rafi, "Abdullah", volontaire afghan infatigable malgré une terrible blessure 
au combat qui l'a amputé de ses 2 jambes (voir le lien suivant : ici)

Beaucoup ici, malgré la fierté d'avoir engagé en 2014 une aventure libertaire et romantique en admettent désormais les failles, et regrettent de n'avoir aussi pu y rallier à temps les régions stratégiques russophiles de Marioupol, Zaporoje, Kherson, Karkov, ou Sloviansk. On anticipe donc déjà la disparition à moyen terme de ces républiques, par une hypothétique réintégration à l'Ukraine sous statut spécial - certaines élites locales voyant déjà là leurs intérêts économiques et politiques - ou la fédéralisation avec le voisin Russe qui serait pour beaucoup la conclusion la plus « honorable » et pacifique à ce conflit, malgré la probable récupération des richesses locales par les autorités et les hommes d'affaires russes... Et dans tous les cas, une zone tampon entre la Russie et l'Occident... Le prochain gouvernement de Kiev (et indirectement celui de Moscou) aura donc la responsabilité de prolonger ou non ce conflit fratricide et complexe, bien qu'aucun clip de campagne des candidats n'ose évoquer cette guerre toujours en cours aux portes de l'Europe."

Guillaume Chauvin


"Ces images sont une mise en lumière d'un quotidien que l'Occident refuse toujours de voir"








Vika est une enfant orpheline qui vit avec sa grand mère dans le village 
toujours bombardé de Spartak au Nord de Donetsk, et depuis 4 ans, 
Guillaume va à la rencontre cette fillette qui grandit sous les bombardements.
(voir Vika en 2017, le lien: ici)


Analyse de l'élection de Zelensky

Voici l'analyse faite par Karine Bechet Golovko concernant la victoire politque de Zelensky en Ukraine, et qui confirme mes impressions publiées au lendemain de ce scrutin ubuesque où un alccolique à un narcomane se disputait la place de giuverneur de la colonie étasunienne "Ukraine".


Source de l'article : Russie Politics


L'élection de Zelensky en Ukraine : 
la fable du chat et du chacal

Karine Bechet Golovko

"Un chat dans un sac est toujours mieux qu'un loup dans une peau de mouton" fut l'argument principal avancé par Zelensky lors de sa campagne électorale pour justifier l'avantage de voter pour lui, sans savoir à quoi s'attendre, et non pour Poroshenko vu son bilan. Or, il y a de fortes chances que le chat ne soit qu'un chacal dans une peau de chat. Ou pourquoi l'élection de Zelensky est à la fois un échec de la politique post-Maïdan mise en place par les Européens et les Américains, autant qu'un faux espoir de changement. 

Comme cela est bien connu, le chacal est un opportuniste, il va se nourrir de ce qui se présente, que ce soit des végétaux ou de la viande. Son intérêt principal est qu'il ne rechigne pas à nettoyer les carcasses des animaux morts, ni à achever ceux qui sont malades. Après l'époque du loup, qui a vidé l'Ukraine de son sang, est venue celle du chacal. Un chacal dans une peau de chat. Une surprise qui n'en est pas une. Et les électeurs ont massivement fait ce choix :



Poroshenko paie le prix de la politique menée après le Maîdan, qui a conduit à une catastrophe sociale, au départ de la Crimée et à la guerre civile dans le Donbass, qui n'en finit pas. C'est un pays exsangue qu'il laisse et cette farce électorale doit faire oublier un élément fondamental : ce n'est pas l'Ukraine qui décide de sa politique, de ses réformes, mais c'est l'individu qui est assis dans le fauteuil présidentiel, qui doit payer la facture, tout a un prix, l'histoire de Faust se répète éternellement. Et rien ne changera, les Etats-Unis sont là pour longtemps, comme cela a été rappelé :


Donc, peu leur importe quel visage apparaîtra sur les écrans, quelle tête parlante fera passer le message, l'important est qu'ils puissent continuer à en écrire le texte (voir notre article ici, prévoyant l'élection de Zelensky). Zelensky est une figure intéressante, elle est neuve, parfaitement virtuelle sur le plan politique et permet de prolonger l'illusion un instant. Très court instant, mais suffisant pour que les gens votent. C'est tout ce qui est attendu d'eux.

Pourtant, en arriver à devoir changer de visage à chaque mandat est le signe de l'échec de la politique des Européens et des Américains en Ukraine, après le Maïdan. Cela montre leur incapacité (ou leur absence de volonté) à mettre en place les conditions d'une véritable vie politique, à permettre enfin l'émergence d'une véritable élite politique. 

Poroshenko a beau annoncer ne pas se retirer de la vie politique, s'il a obtenu des garanties d'inviolabilité par les Etats-Unis (ce qui souligne le caractère très relatif de la souveraineté ukrainienne), les "tuteurs" n'envisagent absolument pas de lui voir jouer le rôle de l'opposant principal (dans lequel il serait de toute manière assez caricatural). Il a été remercié pour services rendus, merci et bon vent.


S'il rompt ce pacte, les "garants" ont pour habitude de rapidement oublier les garanties - orales - données un jour de bonne volonté. D'autant plus que pour l'instant, il n'y a pas de véritable opposition crédible et forte en Ukraine, elle a été (physiquement) nettoyée et Boïko (Plateforme d'opposition), s'est déjà empressé devant les micros de ne pas rejeter une proposition de collaboration avec Zelensky, qui ne lui a, par ailleurs, pas été faite.

Dans tous les cas, Zelensky n'a aucune marge de manoeuvre : pour que le budget ukrainien ne soit pas en défaut de paiement, il a besoin des aides internationales et celles-ci son conditionnées à sa soumission politique. Que ses premiers mots en "apprenant" son élection aient été prononcés en anglais, avant de se reprendre et de passer à l'ukrainien, est plus que significatif ...

En complément, voici le lien de mon interview pour RT France, à chaud juste après les premiers résultats."


Karine Bechet Golovko

L'Ukraine a changé de pantin


Le résultat des élections présidentielles ukrainiennes ne s'est pas fait attendre, confirmant les pronostics, les sondages et les résultats du 1er tour : le comédien Zelensky est capitaine de l'épave Ukraine. 


Les premiers résultats non officiels: "Ze": 73,2% - "Poro": 25,3%

Même si on observe la variation maximale pouvant exister avec les résultats définitifs, soit de l'ordre de 5% environ, cela reste une victoire écrasante de Zelensky sur Porochenko ou plus exactement un désaveu cinglant pour ce dernier qui a mené son pays dans un effondrement total et n'a pas su garantir un quelconque processus de paix dans le Donbass.

Même si ces élections ont été l'occasion d'une condamnation populaire de sa politique et sa personne, la victoire d'un comédien inconnu du monde politique et sans aucune expérience dans le domaine reste un mystère qui est symptomatique selon moi de la détresse dans laquelle se trouve l'Ukraine et des réseaux existants autour de lui et sans lesquels il était impossible de le propulser aussi haut et les soutiens qu'il a reçu de Washngton et Paris par exemple pendant la campagne le prouvent.

Il est également probable, comme pour le Maïdan où on les voit apparaitre clairement dès fin décembre 2013, que ces soutiens occidenatux à Zelensky (qui hier copptaient Porochenko) se dévoilent rapidement lorsque leur nouveau poulain consommable rebcontrera des difficultés dans l'exercice de son pouvoir et de leur politique colonialiste en Ukraine.

En attendant, un nouveau pantin est arrivé à Kiev, plus jeune, plus frais, plus séduisant... tout comme Macron, cet autrelaquais de la haute finance capitaliste.

Car je ne pense pas qu'il faille pour autant s'attendre à un changement dans la politique, la situation de l'Ukraine et surtout dans la guerre qui sévit toujours dans le Donbass et qui ici nous interesse au premier plan car elle catalyse autour d'elle tous les autres problèmes nationaux ukrainiens et la crise majeure que connaissent les relations entre Moscou et Washington.

On a vu dans des précédents articles (ici et ) que Zelensky, tout en prétendant en surface vouloir relancer les accords de paix signés à Minsk en février 2015, ne veut pas entendre parler de statut spécial pour le Donbass ou d'amnistie pour celles et ceux qui ont participé au conflit séparatiste, alors que ces 2 points sont justement des piliers du processus de paix proposé et non des moindres !

Ceci est certainement révélateur de réalité d'une marge de manoeuvre quasiment nulle que ce réquisitoire électoral contre Porochenko vient de donner à son opposant Zelensky qui doit jouer avec : 
  • une opposition nationaliste minoritaire mais radicale et qui veut la guerre contre les russes et les russophones,
  • une opposition plus large qui a du poids économique et de l'expérience politique et qui veut poursuivre les objectifs russophobes du Maïdan,
  • des occidentaux qui ont imposé à l'Ukraine une dépendance économique vitale à leur économie et qui veulent l'intégrer dans l'UE et l'OTAN,
Si on rajoute des paramètres comme l'effondrement économique, l'inexpérience politique et surtout une guerre dans le Donbass ou la situation bloquée empêche toute forme de dialogue diplomatique réel, tant que Kiev 
  • ne respecte pas le cessez le feu et l'interdiction des armes lourdes sur le front...
  • viole la neutralité de la "zone grise" provoquant des zones de contact entre belligérants,
  • refuse le dilaogue direct avec les Républiques de Donetsk et Lugansk maintenant le conflit enlisé.
Or si Zelensky, s'engage à résoudre seulement un de ces trois points cela sera interpérté comme un abandon du terrain aux séparatistes du Donbass, et une trahison envers l'Ukraine et ses promesses d'y ramener le Donbass et la Crimée.

Du coup Zeensky ne varie pas dans le discours concernant le Donbass et prétend vouloir renouer des négociations directes avec la Russie, mais qu'il qualifie "ennemie de l'Ukraine". De plus, en appelant lors de sa première intervention présidentielle (en anglais svp), les anciennes Républiques socialistes soviétiques à suivre l'exemple de l'Ukraine et d'engager à leur tour leur occidentalisation, on en peut pas vraiment dire que Zelensky crée une rupture dans la doxa bellisiciste de son prédécesseur !

Les prochaines semaines vont être d'autant plus décisives que : 
  • d'une part, les ukrainiens ne se laisseront pas berner une deuxième fois pendant 5 ans par des promesses et des écrans de fumée présidentiels à répétition et demanderont des résulats concrets dans l'année.
  • d'autre part, les occidentaux refuseront de se voir retirer de la gueule de l'OTAN l'os ukrainien qu'elle a commencer à ronger et perdre tous les contrats militaro-industriels obtenus en retour de leur soutien au Maîdan et à leurs perfusions ultérieures


Je pense pour ma part que Zelensky est aujourd'hui un roi sans trône qui a le choisx entre 3 destinées politiques qui ne sont finalement que des déclinaisons légèrement différentes de la même stratégie définie par les USA : 
  1. Celle d'un Saakaschvili zélé qui, lorsqu'il était président fantoche de la Géorgie a voulu être plus américain que les américains eux mêmes et se lançant dans une aventure militaire désastreuse contre la Russie.
  2. Celle d'un Trump qui pérore et clabaude qu'il va tout changer mais qui au final tire même sur la laisse de ses maîtres esclavagistes qui continuent à mener le monde sur le chemin d'une guerre contre la Russie.
  3. Celle d'un Porochenko qui se contente de suivre la feuille de route des occidentaux et de soumettre l'Ukraine à leur ploutocratie et leur volonté de guerre avec la Russie, en échange d'un engraissement personnel. 

Il faudrait de la part de Zelensky réaliser un revirement total de la politique étrangère ukrainienne en reconnaissant les référendums de Crimée et du Donbass et en restituant à ce dernier les territoires occupés par son armée, pour amener paix et prospérité à l'Ukraine. Mais ceci reviendait pour le clown à terminer sa carrière sous les tirs d'un nationaliste ukrainien à qui la CIA aura fourni les balles.

On va donc probablement continuer comme aujourd'hui dans une guerre larvée et sanglante, après peut-être un petit temps de pause post électorale, jusqu'à ce que cette guerre inévitable entre Kiev et Moscou éclate enfin et permette à l'Ukraine de revenir dans la zone d'influence russe qui correspond à son identité réelle.

Quant à Porochenko, responsable du mur de tués qu'il a dressé entre le Donbass et l'Ukraine, trahissant par cette guerre criminelle les promesses qui l'avaient porté au pouvoir en 2014, il va maintenant se battre pour trouver en Ukraine ou dans l'Union Européenne une immunité parlementaire pour continuer d'échapper à un tribunal et sa condamnation pour crimes de guerre.

Peu importe sa fuite juridique ou physique, car sa corde qui est déjà tressée est patiente... 


Erwan Castel