mercredi 28 février 2018

Offensive ukrop en vue !


En janvier je partageais sur les réseaux des photos de systèmes de défense antiaérienne (Buk M1) débarqués par l'armée ukrainienne dans le port de Mariupol, à quelques kilomètres de la ligne de front du Donbass.

Aujourd'hui nous avons la confirmation que ces systèmes d'armes étaient destinés à sécuriser l'arrivée plus importante de matériels et véhicules blindés destinés à l'offensive ukrainienne en préparation.

140 chars de combat mais aussi des obusiers automoteurs de 152mm, qui ont été dirigés vers le secteur de Volnovakha entre Donetsk et Mariupol, tandis qu'ailleurs on signale aussi d'autres arrivées d'unités d'assaut sur le front.

Ces équipements de combat ont depuis la signature des accords de se Minsk augmenté leur quantité mais également leur qualité. 
Alors que de nombreux observateurs font une fixation sur les systèmes antichars étasuniens Javelin en cours de livraison à l'Ukraine (et qui ne changeront pas grand chose aux opérations militaires) peu en revanche relèvent les modernisations significatives réalisées sur les véhicules blindés, chars et automoteurs notamment. 
Ainsi par exemple le char de combat T-80B / BV, a reçu des nouveaux moteurs plus de turbines à gaz de pointe GTD-1250 augmentant sa vitesse jusqu'à 80-90 km / h; tandis que les blindés plus anciens (T72 et T64) reçoivent également des modernisations similaires...


Les accords de Minsk sont aujourd'hui factuellement morts comme le démontre l'ensemble des matériels lourds ukrainiens qui ont quitté depuis le 20 fevrier (vote de la "loi de réintégration du Donbass") les zones de retrait imposé pour se déployer au plus près de la première ligne du front.

Et maintenant ce sont des renforts importants qui arrivent via Mariupol, mais aussi par voie ferroviaire via Slaviansk et Dniepropetrovsk. Si beaucoup viennent renforcer sur l'ensemble du front les bases d'assaut, on peut observer cependant une concentration de matériels et équipements particulièrement importante à Volnovakha (à mi chemin entre Donetsk et Lugansk), concentration d'autant plus singulière que depuis fin 2014, ce secteur est le plus "calme":du front.

Ce secteur est selon moi celui qui offre la possibilité la meilleure pour lancer une offensive aéroterrestre rapide en direction de la frontière avec la Russie dont le contrôle permettrait à Kiev d'asphyxier les 2 Républiques de Donetsk et Lugansk.

Ce scénario que j'ai décrit dès août 2015 en le nommant "axe Sud" (les liens ici : http://alawata-rebellion.blogspot.com/sear…/label/Axe%20Sud…) sera probablement précédé d'une pression offensive générale sur les zones de contact du front les plus sensibles pour y fixer les forces de réserve républicaines, désorganiser les réseaux logistiques et de communications, et provoquer un exode des civils paralysant les routes et les villes.

La période électorale russe (présidentielles le 18 mars) est unanimement reconnue comme une fenêtre idéale pour engager cette offensive. En effet la possibilité de déstabiliser voire annuler par la guerre ce scrutin où le Président Poutine est dans tous les sondages donné vainqueur, est tentante pour une coalition occidentale et en plein effondrement économique et 
mise à mal en Syrie.

Va t-on assister à une importante provocation cherchant à faire bouger les lignes diplomatiques ou à une réelle offensive visant des conquêtes d'objectifs millitaires ?

Ce qui est sûr pour Kiev, c'est que l'option exclusivement politique est bloquée et que l'option militaire est insuffisante. Porochenko risque donc de vouloir agiter le militaire pour bousculer une politique inernationale dont il espère qu'il pourra ensuite venir sauver le premier d'une nouvelle débâcle

Bien sûr il reste sur l'échiquier plein d'inconnues pour Washington: 
  • la valeur militaire de son fou ukrainien 
  • la réaction militaire du cheval russe
  • l'obéissance de sa Reine européenne 
  • etc...

Mais la Maison Blanche a-t-elle vraiment d'autres choix pour tenter de sauver son jeu en Ukraine ?

Visiblement les faucons de guerre de la ploutocratie ne voudront pas lâcher leur proie ukrainienne (comme leur proie syrienne en ce moment) avant un knock out final.

Il est probable aussi que les occidentaux prévoient un "roque" avec l'ONU et ses casques bleus pour verrouiller l'avancée de l'armée ukrainienne avant une riposte russe inévitable. Mais là je pense qu'ils peuvent rêver car la Russie refusera de traiter un Minsk 3 ou un scénario yougoslave avec ce gouvernement de Kiev incapable de tenir ses engagements internationaux et rageusement russophobe.

En attendant les pions des Républiques courageuses et de l'Ukraine asservie risquent de s'étriper sur l'autel d'enjeux géostratégiques qui dépassent largement les frontières du Donbass...

Erwan Castel

Article référence : Topwar

Zakhar Prilepine, officier écrivain

«La société qui sépare ses érudits de ses guerriers 
aura sa pensée faite par des lâches et ses combats effectués par des imbéciles»— 

Thucydide (v. 460 av. J.-C.-v. 400 av. J.-C.)


Zakhar Prilepine est un officier de notre Régiment mais il incarne aussi cette veine typiquement européenne des officiers écrivains, ces penseurs à la fois témoin et acteurs des vents de l'Histoire.

Un grand respect pour ce camarade et écrivain exceptionnel.

Erwan Castel


A la 9ème minute Zakhar Prilepine évoque la nature des volontaires internationaux venus dans le Donbass. J'ai eu le plaisir de rencontrer plusieurs fois Zakhar Prilepine à Donetsk. Une camaraderie est née à l'ombre des terrils dont voici un témoignage de l'écrivain qui ve va droit au coeur.



mardi 27 février 2018

Papillon, sort de ce corps !

079


Dans la série "Grandeur et servitudes du soldat", nous voici à nouveau sur le front de Yasinovataya entre une mise en alerte et une mission de combat...




Mardi 27 février 2018


Depuis 3 mois, devant les pressions grandissantes de l'artillerie et surtout des snipers ukrainiens, nous avons engagé une amélioration de notre réseau de tranchées qui relie les positions entre elles et avec la seconde ligne. Ainsi à tour de rôle nous allons pioche et pelle à l'épaule creuser de nouveaux tracés et surtout approfondir les boyaux existants.


Ce travail de terrassier, déjà pas simple sous les tirs ennemis qui viennent régulièrement interrompre la danse des pelles et des pioches, est devenu dans le sol gelé (entre -10 et -15°en ce moment ) un travail de bagnard qui découragerait Hercule lui-même...

5 heures de piochage à 2 pour 1 mètre de tranchée et des courbatures dans les bras et le manche de la pioche... Bon, cela dit, on ne va pas non plus se plaindre car ce travail de forçat bénédictin se fait dans la bonne humeur et protège efficacement les corps des morsures de l'hiver...


Erwan Castel

Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front

La journée des "gens polis"


Dans les célébrations militaires russes, la journée du 27 février doit être la plus récente. Créée par décret présidentiel le 26 février 2015 elle est consacrée aux forces spéciales russes dont l'évolution de la guerre moderne (conflits asymétriques, terrorisme...) les a amené à intervenir de façon de façon de plus en plus importante et fréquente depuis les guerres de Tchéchénie qui ont été le déclencheur d'une réforme et modernisation très importantes de leurs unités.

Comme dans les autres armées, les forces spéciales russes vivent ce paradoxe d'être parmi les unités les plus médiatisées et populaires, tout en étant affectées à des missions discrètes voire secrètes.

Depuis les "rats du désert" du SAS de David Stirling pendant la 2ème guerre mondiale, jusqu'aux dernières unités antiterroristes high tech, ces "soldats de l'ombre" sont considérés comme l'élite du soldat.

Sous l'URSS, les forces spéciales étaient dispersées dans les différents commandement militaires, mais les conflits nouveaux exigèrent rapidement une réforme matérielle, tactique et structurelle de ces unités de choc.

Un long processus va commencer au cours duquel le commandant en chef des armées russes,;le général Makarov va ordonner un étude minutieuse des forces spéciales étasuniennes, françaises, allemandes et chinoises considérées comme les plus performantes.

C'est ainsi par exemple que la norme d'un commandement unique dédié exclusivement à ces unités d'interventions rapides et polyvalentes va aussi être créé en Russie.

En 2000 le Bureau des opérations spéciales russe a été créé, subordonné directement à l'état-major général des forces armées de la Fédération de Russie. Il est né du retex tchétchéne ou les forces spéciales russes ont payé un prix trop élevé, pendant la 1ère guerre notamment. En 2012, le bureau est transformé en Commandement des forces d'opérations spéciales). En 2013, la création des Forces d'Opérations Spéciales de Russie a été officiellement annoncée.

Sous l'impulsion du Général Choigou, le nouveau Commandant des forces armées russes, le colonel Oleg Martianov, officier aguerri du renseignement militaire et premier Chef des MTR va achever leur organisation.

Un organigramme articulé autour de la chaîne du renseignement dont les ressources sont à la portée des plus petits échelons. Des unités composées de spécialistes hyperentraînés et dotés des meilleurs équipements. Des compositions changeantes et protéiformes s'adaptant à chaque situarion et terrain donnés. Une chaîne de commandement simplifiée et directe privilégiant la rapidité de communication et réaction.

Succédant au colonel Martianov, le Major Général Alexey G. Dyumin qui est issu des forces de sécurité fédérales va engager les forces spéciales russes au grand jour, comme en Crimée ou elles sont déployées dans l'espace public d'une péninsule en ébullition suite au coup d'Etat du Maïdan.

Les nouvelles forces spéciales russes entrent dans l'Histoire visible au moment de la réunification référendaire de la Crimée à la RUSSIE réalisée en mars 2014. Pour sécuriser le processus électoral et l'espace public menacés par les paramilitaires nationalistes ukrainiens, des unités spécialisées vont renforcer la flotte de la mer noire de Sébastopol déjà mise en alerte.

C'est justement dans la nuit du 27 Février, que sont apparus autourcdu bâtiment du conseil régional des soldats singuliers cagoulés et sans insignes. Mais c'est sans nul doute leur comportement discret et courtois dénotant avec la tension anti-maidan qui a le plus marqué les esprits et rassuré les habitants de la péninsule russe. 
Un ouvrier réveillé cette nuit là dans le batiment des services par ces étranges soldats a déclaré aux journalistes qui lui demandaient des demandaient des détails qu'ils s'étaient montrés aimables et respectueux le plus sont comportés très poliment et respectueusement.

"Ce sont des "gens polis" a t'il conclu.

La légende des gens polis était née alimentée par de nombreuses anecdotes comme celle de cette petite fille en pleurs qui voit son chat perdu lui revenir dans les bras d'un de ces soldats inconnus (un monument relatif a d'ailleurs été érigé à Sébastopol en hommage aux gens polis)

Depuis, les soldats des unités spéciales russes, ces "hommes polis" cagoulés et sans insigne capables d'aider la veuve et l'orphelin aussi bien que "de traquer les terroristes jusque dans les chiottes" agissent sur le sort des crises et des batailles, apparaissant et disparaissant comme des fantômes dont les actions traumatisent les ennemis marquent les esprits, impriment des journaux et écrivent des légendes.

Erwan Castel

L'article référence : Topwar

lundi 26 février 2018

"Holà marchons les gueux !"


Voilà magistralement résumée la rébellion du Donbass qui appartient, comme sa soeur aînée irlandaise à l'élite des vraies révolutions populaires qui balisent dans l'Histoire des Hommes le chemin de la dignité et de l'Honneur.

"La classe moyenne locale a sacrifié son intérêt à court terme – un bon salaire contre sa docilité – à l’idée qu’elle se fait de sa dignité et de son identité ; ou, si l’on préfère, elle a choisi son être contre son avoir. Cela est d’une grande portée révolutionnaire"

"Comprenons que les insurgés du Donbass sont des gens du peuple (mineurs et paysans) imprégnés de valeurs aristocratiques (...)."

"Une révolution de gueux qui se prennent en main sans recourir à quelque idéologie incapacitante de droite ou de gauche ne peut pas, ne doit pas réussir"

Si je ne suis pas d'accord avec la perspective d'une réintégration du Donbass dans l'Ukraine, je reconnais la justesse de la vision portée à cette révolte d'un peuple d'Europe contre la dictature amorale de la marchandise.

La vraie "Révolution de la dignité" ne s'est pas passé à Kiev, mais à Donetsk et Lugansk !

Erwan Castel

* Référence à un chant militaire, "le Kyrie des gueux" un lien ici : https://www.youtube.com/attribution_link?a=WPgBg6uCQqk&u=%2Fwatch%3Fv%3DjT8-e6CZ8x8%26feature%3Dshare


Source de l'article : Boulevard Voltaire

LE DONBASS, VOUS CONNAISSEZ ? 
ET POURTANT, CELA VOUS CONCERNE AUSSI



Thierry Thodinor
Fonctionnaire international

En quoi ce qui se passe au Donbass nous concerne-t-il ?

En ceci que, pour la première fois depuis les débuts de l’ère managériale contemporaine, une classe moyenne a « fait ce qu’une classe moyenne ne doit jamais faire », comme l’écrit si magistralement Zakhar Prilepine dans son dernier ouvrage Ceux du Donbass.

La classe moyenne locale a sacrifié son intérêt à court terme – un bon salaire contre sa docilité – à l’idée qu’elle se fait de sa dignité et de son identité ; ou, si l’on préfère, elle a choisi son être contre son avoir. Cela est d’une grande portée révolutionnaire.

Alors que la « révolution » du Maïdan, spectacle en mondovision et chef-d’œuvre d’ingéniérie sociale, s’achevait en un alignement de bon aloi sur le modèle socio-économique dominant, la « réaction » née du Donbass créait le précédent peu médiatique mais proprement inouï d’une auto-organisation populaire.

Comprenons que les insurgés du Donbass sont des gens du peuple (mineurs et paysans) imprégnés de valeurs aristocratiques, une illustration chimiquement pure de la « décence commune » orwellienne.

Alexandre Zakhartchenko (Александр Захарченко), président de la République autoproclamée du Donbass, était électromécanicien des mines quand il a pris son fusil et il est issu d’une lignée d’officiers cosaques dignes du panthéon militaire russe.

Cela fait de lui la synthèse vivante des deux héros de La Grande Illusion, le chef-d’œuvre de Renoir : l’ouvrier Maréchal et l’aristocrate de Boëldieu qui se battent (les bourgeois sont à l’arrière) parce qu’il y va de leur honneur et de la vie de leurs proches.

Aux premiers jours de l’insurrection, la bourgeoisie de Donetsk (managers, haute fonction publique) a migré vers Kiev, ne doutant pas que le bon peuple, livré à lui-même et donc au désespoir, implorerait sans tarder son retour. Rien n’est venu.

Contrairement à ce que ressasse la presse occidentale, l’intérêt russe n’est nullement de souffler sur les braises de l’insurrection : les oligarques moscovites ont été pris au dépourvu, leur soutien est de pure forme car leurs comptes en banque sont souvent à l’Ouest. Convertis de fraîche date aux délices du mondialisme bancaire, ils prient pour que retombe le soufflé insurrectionnel de Donetsk.

Le discrédit qui frappe les élites managériales est d’observation courante à Moscou comme à Washington et il serait dans la logique des choses que la ploutocratie, celle de l’Est comme celle de l’Ouest, voie d’un mauvais œil réussir une expérience de (vraie) démocratie populaire.

Une révolution de gueux qui se prennent en main sans recourir à quelque idéologie incapacitante de droite ou de gauche ne peut pas, ne doit pas réussir.

Il y a, dès lors, fort à parier que l’État russe facilitera la réintégration du Donbass à l’Ukraine, pour peu que les apparences soient sauves et que Mère Russie ne perde pas la face.

L’éléphant d’une révolution mondiale antisystème se cacherait-il derrière la scène du « fantasia chez les ploucs » ukrainien ?

Thierry Thodinor


dimanche 25 février 2018

Très bonne analyse géostratégique

Dans le contexte actuel cette analyse est très juste et réaliste, et le bombardementi russe réalisé aujourd'hui contre les terroristes et leurs "hôtes occidentaux" ne fait que confirmer l'engrenage dans lequel Washington a provoqué Moscou.


Erwan Castel


Source de l'article : Atlantico



États-Unis /Russie : 
personne ne s’en est encore rendu compte mais la guerre est déclarée

Alain Rodier


Il ne s’agit pas encore d’une guerre "chaude". Mais les premiers citoyens russes ont été tués par des militaires américains les 7 et 8 février 2018 dans la région de Deir ez-Zor, dans l'est de la Syrie.


Le titre est volontairement provocateur mais il ne fait que nommer les choses qui apparaissent désormais très clairement. Les États-Unis sont en guerre contre la Russie même s’il ne s’agit pas encore d’une guerre "chaude". Il n’empêche que les premiers citoyens russes ont été tués par des militaires américains les 7 et 8 février 2018 dans la région de Deir ez-Zor dans l'est de la Syrie. Ce sont des "soldats de fortune" appartenant à la société militaire privée (SMP) "Compagnie Wagner" qui a son siège officiel en Argentine car la législation russe actuelle interdit les SMP nationales.

Mais, personne ne se fait d’illusions, ces mercenaires étaient commandités par Moscou pour remplir des taches que les forces armées classiques ne peuvent assumer faute d’effectifs suffisants. De plus, un "volontaire privé" russe tué au combat n’a pas le même impact psychologique sur la population puisqu’il agit de son fait (il n’était pas obligé d’y aller). De leur côté, à la mi-février 2018, les forces régulières russes en Syrie étaient créditées de 44 tués depuis le début de leur intervention le 30 septembre 2015.

Des mystères restent nombreux dans le déroulement de cette opération lancée par les forces légalistes syriennes qui auraient tenté de récupérer des installations pétrolières dont le régime de Damas a cruellement besoin pour obtenir des financements. Au départ, les contractors russes qui les accompagnaient n’auraient pas eu de rôle combattant à proprement parler. Ils devaient, une fois ces installations passées sous contrôle gouvernemental, en assurer la sécurité, mission habituellement confiée aux SMP russes en Syrie. La protection des points sensibles et des convois stratégiques est de leur ressort car les forces gouvernementales et des milices chiites peuvent ainsi se consacrer aux opérations de guerre offensives (et défensives). Il faut savoir que les effectifs disponibles au sol sont totalement insuffisants pour contrôler l’ensemble du territoire syrien. Dans ce cas, les forces de Bachar el-Assad ont franchi l’Euphrate vers l’est, zone tenue par les Forces démocratiques syriennes (FDS) qui ont servi aux Américains à chasser Daech de Raqqa puis ont poussé vers la frontière irakienne. Les chiffres des pertes russes varient selon les sources : au minimum 5, au maximum 600. Il semble que la réalité pourrait tourner autour d'une bonne centaine.Washington avait bien prévenu qu’il ne tolèrerait pas un franchissement de l'Euphrate par les forces syriennes car les Américains se réservent cette zone pour justement parer au danger d’extension de l’influence russe et iranienne en Syrie. Il a été dit que les agresseurs visaient le QG des FDS dans la région, ce qui a entraîné une riposte vigoureuse, en particulier aérienne. Ce n’était en fait qu'un bon prétexte pour empêcher la saisie des puits pétroliers visés car, il ne faut pas l'oublier, l'objectif final des Américains (suivis par les Occidentaux) est la chute de Bachar el-Assad. Le couper de ressources financières l'empêcheront de reconstruire les régions récupérées et atiseront une nouvelle révolte. A noter que Riyad envisage désormais de soutenir fortement Ahrar al-Cham, le mouvement rebelle salafiste plus important de Syrie très présent à la Ghouta orientale. Présenté comme "modérée", cette formation s'oppose pour l'instant au HTC (Hayat Tahir al-Cham) dans la province d'Idlib et théoriquement à Al-Qaida.

Le président Vladimir Poutine n’a pas réagi officiellement à cette affaire mais il faut se rappeler d'une autre pour tenter d’imaginer ce qui pourrait se passer dans les mois à venir. Quand le 24 novembre 2015, la Turquie a abattu un bombardier Su-24 russe qui violait (effectivement pendant quelques dizaines de secondes) son espace aérien à la frontière syrienne, la riposte est venue quelques mois plus tard en mai 2016 quand des activistes du PKK ont diffusé une vidéo sur laquelle on les voyait abattre un hélicoptère turc AH-1W Super Cobra dans la province de Hakkari (sud-est de la Turquie) à l’aide d’un missile sol-air portable russe SA-18 dont le modèle n’avait jamais été diffusé dans la zone. L’hypothèse avancée est que Moscou aurait fourni cet armement au PYD syrien qui l’a aimablement passé à son cousin  du PKK pour qu’il fasse le buzz sur le net. En tout cas, le message semble avoir été parfaitement compris par le président Recep Tayyip Erdoğan dont la politique vis-à-vis de Moscou a radicalement changé passant de la confrontation à la coopération… Leçon de l'histoire : la réponse à la mort des mercenaires russes risque de frapper là où l’on ne l’attend pas mais il est probable qu’elle viendra tôt ou tard. Ce n’est pas une question de vengeance, Poutine est un animal politique au sang froid (au propre comme au figuré) mais de stratégie : montrer à l’adversaire jusqu’où il ne faut pas aller.

Heureusement, pour le moment, il n’y a pas encore eu d’affrontements directs entre les forces régulières américaines et russes (même si les avions de reconnaissance et les navires espions viennent de plus en plus titiller les frontières adverses) mais il faut bien constater que le dialogue avec Moscou est désormais unilatéralement rompu par Washington. Les "échanges", particulièrement à l'ONU, ne sont plus que des monologues comportant admonestations et condamnations dirigées contre le Kremlin ou Vladimir Poutine directement. A noter que les Américains se gardent bien de parler de la "Russie".

Depuis que le président Donald Trump a été neutralisé par une habile manipulation intérieure orchestrée par les neoconservateurs qui craignaient de voir leur influence considérablement diminuer sous la mandature de ce nouveau dirigeant totalement imprévisible, l’administration américaine est à l’offensive contre le "gouvernement" de Russie sur tous les terrains possibles. Très intelligemment, ceux qui sont à la manœuvre à Washington (le président ne fait plus que suivre le sens du vent qui lui est imposé) présentent les États-Unis comme la "victime" de l’ours russe en général, et de Poutine en particulier car la personnalisation à l’extrême des cibles à abattre est extrêmement importante pour l’opinion publique qui adore avoir des "méchants" à croquer. Ce phénomène est tout à fait humain puisque dans le passé (et encore aujourd'hui dans le monde islamique), on exécutait sous les huées de la foule les "méchants" en place publique, même si ces condamnés n'étaient pas forcément des criminels. Et oui, les révolutions ont besoin de sang frais ! C’est comme cela que l'on ne désignait pas l’"Irak" ou la "Libye" mais "Saddam Hussein" ou "Mouammar Kadhafi" (en Iran, comme il est difficile de présenter le Guide suprême de la Révolution islamique, Ali Khamenei, ce vieillard malade, comme un ennemi redoutable, on préfère citer "les mollahs" qui sont plus évocateurs dans l’inconscient populaire). Les deux dictateurs onté été tués. A ce sujet pour les esthètes,  il faut voir la joie non contenue de Hillary Clinton à l'annonce de la mort de Kadhafi. Peut-être a-t'elle été informée ensuite de la façon dont il avait été lynché, mais c'est une autre histoire, l'auteur ne souhaitant pas entrer dans des détails scabreux...

En ce qui concerne Moscou, les accusations pleuvent : les opérations d’influence dans les élections américaines (selon leurs dirigeants, les citoyens américains sont si "stupides" qu’ils ne peuvent que s’être laissés influencer par Moscou pour élire un nouveau président si atypique - au fait, on ne parle plus de la "Golden Shower" de Trump, preuve de sa compromission par le FSB -), le Brexit (là également, le peuple a "mal" voté, les Britanniques sont donc aussi "stupides" que leurs homologues US - encore que Londres vient d'interdire la diffusion de la chaîne saoudienne Al Arabiya en Grande Bretagne pour diffusion de fake news - un moment de lucidité ? -), la crise en Catalogne, l’intrusion dans l’élection présidentielle française (tiens, là les Français sont moins "stupides" que les Anglo-saxons, ils ne se sont pas laissés berner par la propagande de Sputnik et de RT, les deux medias russes financés par le Kremlin qu’ils ont - c’est bien connu - l’habitude de regarder tous les jours), le soutien aux "mollahs" iraniens (là, ce n'est pas totalement faux), aux Taliban  afghans rien que pour embêter l’OTAN (à vérifier), la guerre en Ukraine (bien sûr, l’annexion de la Crimée est une violation des règles internationales que les Occidentaux respectent, eux, à la lettre, c’est une évidence ). Et pendant qu’on y est, la vague de froid qui submerge l’Europe, elle vient d’où, je vous le demande ? De Russie. C’est visiblement un nouveau coup monté de Poutine destiné à torpiller les négociations portant sur la lutte contre le réchauffement climatique (il parait que Washington pourrait revenir sur sa position sur ce sujet).

Sur le plan militaire, cette menace que fait peser Poutine sur le monde (les Pays baltes et la Pologne crient au loup en permanence; certes il est vrai que l’URSS leur a laissé de très mauvais souvenirs historiques et on peut comprendre leurs craintes), le budget de la défense américain est encore en forte augmentation pour 2018 frisant les 700 milliards de dollars, soit dix fois plus que celui de Moscou, mais il paraît que les militaires et les matériels US sont beaucoup plus chers que leurs homologues russes, il convient donc de comparer ce qui est comparable…

Au sein même du lobby militaire, il y a celui qui a en charge la partie nucléaire. Or, depuis deux ans, ce dernier s’est aperçu que le seul ennemi encore assez puissant pour représenter un adversaire crédible, c’était la Russie car tous les autres pays nucléarisés sont extrêmement en retard sur le plan technique. Le bon moyen pour convaincre les sénateurs qu’il fallait de nouveaux crédits pour moderniser l’arsenal nucléaire US était de leur désigner un grand "méchant" représentant une menace sérieuse : le Kremlin et son vilain président qui détenait "un bouton presque aussi gros que celui du président des États-Unis".

De plus, Poutine a eu l'outrecuidance de considérer que l'arrivée de l'OTAN à ses frontières constituait une menace et qu'il convenait d'y répondre. Le cycle est donc lancé dans l'escalade militaire qui est en train d'aboutir à la situation de guerre actuelle. Peut-être que Washington espère refaire le coup de la "guerre des étoiles" qui a ruiné l'économie soviétique et mené à son effondrement. Il est vrai que cette stratégie a été un succès incontestable qui a mis fin à la Guerre froide.

Dans les faits, le lobby militaro-industriel américain se frotte donc les mains ne négligeant même pas les "petits marchés" comme celui de la guerre menée au Yémen par la coalition emmenée par le grand allié saoudien. Cela lui permet de fournir en flux tendu des centaines de bombes qui, elles, ne visent que des "méchants". A ce propos, les analystes moralistes qui n’ont que les Droits de l’Homme à la bouche semblent oublier la situation catastrophique qui prévaut dans ce pays lointain. En plus des morts dus à la guerre (les pertes collatérales sont admisibles puisque les avions de la coalition sont dans le camp du "bien"), il y a ceux qui le sont en raison de la famine et des maladies - aggravées par le blocus imposé par Riyad sur tout l’ouest du pays tenu par les rebelles - qui sont, à la différence de leurs homologues, les "gentils" Syriens », de véritables "méchants". En fait, leur seul tort est de ne pas parvenir à transmettre les films et les photos "qui vont bien" aux medias occidentaux. Il est aussi possible que les rédactions les écarteraient d'office pour des raisons de déontologie qui les regardent. L'indignation est sélective.

Les Européens sont priés de suivre le mouvement partant du principe que "armons nous et allez-y" est une des stratégies adoptée depuis des lustres par les faucons américains. Il leur faut de la chair à canon comme les Kurdes syriens et irakiens le sont, eux se contentant de bombarder et d’approvisionner tout ce beau monde (il y a bien quelques "forces spéciales" sur le terrain, mais cela entretient le mythe à la Rambo très utile dans l’inconscient populaire).

En résumé, sans oublier que le président Poutine défend les intérêts de ses concitoyens - ce qui devient rare dans le monde occidental d’aujourd’hui - et qu’ils ne sont donc pas forcément en adéquation avec ceux des Européens, force est de constater que la Russie ne représente pas une menace directe ou même indirecte pour le vieux continent. Certes, ses réseaux d’espionnage et d’influence sont très actifs en Europe et il convient de les combattre mais l’auteur a la faiblesse de croire qu’ils ne sont pas plus importants que leurs homologues américains qui sont aussi omniprésents même si, en théorie, ils n'espionnent pas des pays "amis".

La question fondamentale qui se pose est: est-ce que l'Europe va se laisser entraîner dans la spirale infernale qui devrait déboucher sur un conflit majeur alors que les raisons données sont pour le moins discutables. Il est vrai que l'on n'échange plus beaucoup d'idées dans la sphère médiatique : on appelle aux armes pour que les autres y aillent (au casse-pipes). En dehors de quelques exceptions marquantes, il n'y a rien de pire qu'un militaire qui fait de la politique mais il n'y a aussi rien de pire qu'un civil qui veut jouer au militaire. Au mieux ça devient un commissaire politique (il suffit de lire leurs écrits pour le constater). Il reste de tout cela une profonde envie de vomir. 

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Il est l’auteur, en 2017 de Grand angle sur l'espionnage russe chez Uppr et de Proche-Orient : coup de projecteur pour comprendre chez Balland, en 2015, de Grand angle sur les mafias et de Grand angle sur le terrorisme aux éditions Uppr ; en 2013 du livre Le crime organisé du Canada à la Terre de feu; en 2012 de l'ouvrage Les triades, la menace occultée (éditions du Rocher); en 2007 de Iran : la prochaine guerre ?; et en 2006 de Al-Qaida. Les connexions mondiales du terrorisme (éditions Ellipse). Il a également participé à la rédaction de nombreux ouvrages collectifs dont le dernier, La face cachée des révolutions arabes, est paru chez Ellipses en 2012. Il collabore depuis plus de dix ans à la revue RAIDS. 

La gare des réseaux téléphoniques


Si les transports ferroviaires de passagers ont été interrompus à Donetsk depuis le début de la guerre, la gare ferroviaire connaît en revanche depuis plusieurs semaines un regain de fréquentation, malgré les bombardements et le gel.

De passage à Donetsk entre 2 alertes et avant de retourner sur le front, je traverse un attroupement singulier devant et derrière la gare, bravant le froid (-13° à midi) pour pouvoir téléphoner sur le réseau MTS qui sur la majorité du territoire est hors service suite aux bombardements et coupures volontaires ukrainiens.

Par sa position très proche de la ligne de front (2 km) et sa légère surélévation le site de la gare permet de capter encore le réseau ukrainien permettant aux familles de rester en contact avec celles et ceux qui sont dans le territoire occupé par l'armée ukrainienne.

Voici donc une illustration à la fois de la fracture sociétale provoquée dans le Donbass par ce conflit a dimension de guerre civile, et du stoïcisme de cette population qui en subit les conséquences meurtrières, la dépression économique, jusqu'aux plus petits désagréments quotidiens.

Et j''en profite pour vous présenter mon fidèle destrier d'acier qui me trimbale été comme hiver hors des sillons des transports en commun...

Erwan Castel

La fuite en avant de Kiev

Souvent dans l'Histoire, lorsque les régimes totalitaires vivent leur inévitable vacillement, ils choisissent la fuite en avant suicidaire, sacrifiant leur peuple à la vanité de leur pouvoir agonisant.

Et lorsque ces dictatures vivent déjà des conflits ouverts le concept de guerre totale apparaît alors comme seule porte de sortie de leur errance historique criminelle. On peut le vérifier avec l'empire napoléonien, le troisième Reich ou dans une autre échelle la stratégie étasunienne en Syrie par exemple.

Kiev ce régime totalitarisme mis en place par de coup d'Etat du Maïdan n'échappe pas à cette diagonale du fou.

Exsangue, essoufflé et de plus en plus isolé Porochenko foncé vers le chaos en cherchant à y entraîner le plus de pays européens possible, ce qui n'est pas pour déplaire aux marchands d'armes de la thalassocratie anglo-américaine...

C'est sur à ce point particulier que les européens devraient urgemment accorder une attention inquiétée. 
Car quand le patron des soudards de Kiev déclare : "...nous avons vraiment besoin de l'aide d'autres pays. Et l'avenir de l'Ukraine ne devrait être que dans la coalition. Ensuite, nous serons protégés de manière fiable contre tout empiétement par un agresseur" il faut entendre : "nos commanditaires nous demandent d'entraîner l'OTANdans une guerre contre la Russie, ce que nous allons nous efforcer de faire"

Le général Muzhenko, chef d'état major des forces armées ukrainiennes à très bien confirmé cette escalade du pire menée par Kiev pour alimenter la stratégie du chaos tenter de soumettre totalement les peuples d'Europe au complexe militaro-industriel de Washington.

Erwan Castel

Source de l'article : Novorossinform



Selon son Etat Major :
L'Ukraine est prête pour une guerre avec la Russie


Via Guillaume Lopez :

Traduction de l'article de Novorosinform

L'Ukraine est prête pour une guerre à grande échelle avec la Russie. Cela a été déclaré dans une interview avec Radio svoboda par le chef de l'état-major général des forces armées de l'Ukraine Muzhenko.

« Les experts définissent la volonté de la Russie [à une guerre à grande échelle avec l'Ukraine] en trois ans, et nous définissons les différents termes de préparation et les différentes échelles comme une provocation et une éventuelle opération à grande échelle, une agression à grande échelle contre l'Ukraine. Nous avons élaboré des plans pour diverses options, en tenant compte des menaces qui existent autour de l'Ukraine, et nous préparons les troupes pour la défense de notre pays ", a-t-il dit.

"Nous devons être prêts en ce moment, et demain, et dans une semaine, et dans une année, et dans trois ans, et jusqu'à ce moment, jusqu'à ce qu'une telle menace disparaisse en ce qui concerne l'Ukraine. Je veux dire la menace d'agression militaire contre l'Ukraine ", a expliqué le chef de l'état-major ukrainien.

Dans la même interview, Muzhenko a déclaré que, pour vaincre la Russie, l'Ukraine a besoin d'une coalition avec d'autres pays.

"Quant à la coalition, nous devons comprendre qui est notre ennemi. Maintenant, nous comprenons que c'est la Fédération de Russie. C'est le pays qui a commencé l'agression envers l'Ukraine. Un état puissant, ainsi que dans l'échelle, est signifié par des indicateurs spatiaux, et par son potentiel de défense, économique, et ainsi de suite. L'Ukraine a beaucoup moins de potentiel. Mais le patriotisme et les facteurs que j'ai énumérés ci-dessus ne sont que la base pour que nous puissions résister à ce pays. Mais nous avons vraiment besoin de l'aide d'autres pays. Et l'avenir de l'Ukraine ne devrait être que dans la coalition. Ensuite, nous serons protégés de manière fiable contre tout empiétement par un agresseur ", a déclaré le commandant ukrainien.

Rappel, Muzhenko aujourd'hui a également déclaré que la loi sur la «réintégration» du Donbass qui est entré en vigueur aujourd'hui permettra une utilisation plus efficace des troupes ukrainiennes contre les gens du Donbass.

Aujourd'hui, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que l'entrée en vigueur de la loi sur la «réintégration» du Donbass passe les accords de Minsk et libère les mains du «parti de la guerre» en Ukraine.

A la veille des députés de la Douma d'Etat a adopté une déclaration condamnant la signature de la loi sur la « réintégration » de Donbass et a appelé l'ONU, l'APCE, le Parlement européen et le Congrès des États-Unis pour condamner ce document. La faction LDPR a également demandé de rompre le traité d'amitié avec l'Ukraine en raison de la loi adoptée.

samedi 24 février 2018

Hommage chanté au Donbass

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L'évocation militaire et les chants patriotiques sont indissociables, ces derniers donnant une dimension épique et une survivance dans les mémoires populaires. Le Donbass a vu fleurir dans les rues de Donetsk et Lugansk autant que dans les tranchées du front nombre de guitares chantant l'héroïsme des défenseurs du Donbass ou la souffrance de leurs familles.
   


A l'occasion de la journée des défenseurs de la Patrie, un repas amélioré suivi d'un concert ont été offerts aux soldats restant d'alerte à la caserne.

C'était pour moi l'occasion de revoir pour la troisième fois Tchitcherina, une jeune artiste russe qui, choquée par l'agression ukrainienne contre sa population russe, a décidé de soutenir en chanson le Donbass.


Pour ce concert Vladimir Katsof un auteur interprète de Donetsk ardent soutien de la rébellion du Donbass est venu accompagner Tchitcherina pour une série de chansons alternées rendant hommage au Donbass en guerre et à ses défenseurs.
En deuxième partie de la vidéo jointe (dont je vous prie d'excuser la piètre qualité) elle interprète une chanson émouvante où qui est le témoignage imaginé d'une petite fille tuée par l'aviation de combat ukrainienne en 2014.


Lorsque nous sommes sortis après les rituels selfies avec les artistes sans publier Rex le placide compagnon à quatre pattes de Tchitcherina, les canons ukrainiens prolongeaient à l'horizon le concert dans un roulement inquiétant.

Erwan Castel

"Sidor" immortalisant le concert 

"Mamaï", le commandeur au milieu de ses hommes

Les selfies traditionnels pour cette troisième rencontre avec Tchitchérina


Criminels et lâches ukrops


Les mortiers ukrainiens ont sonné aux aurores le réveil des unités restées d'alerte en caserne pour la journée du défenseur de la Patrie.

En effet, les soudards de Kiev ont profité de cette journée commémorative pour continuer leurs bombardements sur l'ensemble de la ligne de front des Républiques de Donetsk et Lugansk, harcelant pendant une grande partie de la nuit les positions républicaines mais aussi les zones résidentielles proche du front.

Complétant les échanges de tirs habituels aux armes légères, les ukrainiens ont engagé leurs mortiers de 82 et 120mm ainsi que des véhicules blindés. Les tirs ont été souvenr dirigés et corrigés par des drones d'observation.

Ce sont principalement les secteurs de Styla et Dokoutchaïevsk (Sud de Donetsk), Trudovskoy (district Petrovsky de Donetsk), de l'aéroport et -
Spartak (Nord de Donetsk), la route Donetsk Gorlovka, le Nord de Gorlovka, la route de Bahmutka à Debaltsevo (vers Lugansk), qui ont été la cible des obus de Kiev.

A Dokuchaïevsk a eu lieu un nouveau crime de guerre de l'armée ukrainienne et illustrant cette mentalité abjecte qui depuis 4 ans alimente avec zèle le terrorisme de l'État ukrainien dans le Donbass.


Lors d'un bombardement initial réalisé avec des mortiers de 120mm (ce qui constitue déjà une doubld violation du cessez le feu et du retrait des armes lourdes l (+ 100mm) de la ligne de front) les soldats ukrainiens ont blessé un soldat républicain.

Le poste local du Centre de Contrôle et Coordination Cessez le feu a alors demandé à l'État Major ukrainien un cessez le feu immédiat permettant l'évacuation sanitaire. Mais lorsque l'ambulance arrive sur place, les ukrainiens reprennent leurs tirs, touchant l'ambulance délibérément avec un missile antichar filoguidé (voir vidéo jointe). L'équipage (conducteur et infirmier) ainsi que le blessé en cours d'évacuation ont été tués.

Que dire de plus qui ne déborderait pas en insultes élevées dégoût profond contre ses soldats soutenus par les démocraties droitdelhommistes occidentales....

Erwan Castel

Secteur ou s'est produit le tir sur le véhicule sanitaire . C'est une position du front au Sud de Dokuchaievsk que les volontaires français fin 2015 connaissent très bien pour y avoir été déployés pendant plusieurs mois 

vendredi 23 février 2018

La fabrication de l'ennemi



Avant que ne se déclenche un inévitable conflit, les propagandes de guerres qui agitent les opinions pour ensuite mieux manipuler les foules et produire de la chair à canon volontaire, fabriquent l'image de l'ennemi diabolisé et agresseur.

Aujourd'hui, les productions télévisuelles qui captent une attention soumise sont devenues le terreau idéal pour inoculer indirectement ou inconsciemment dans les consciences amputées de leur sens critique par la société du spectacle, la peur et la haine de l'ennemi.

Erwan Castel

Source de l'article : Le Point


« Occupied », la série-choc qui bouleverse l'Europe


VIDÉOS. L'ancien ministre des Affaires étrangères et grand spécialiste de l'Europe Hubert Védrine a vu pour nous la saison 2 d'« Occupied », diffusée sur Arte.

PAR JULIE MALAURE

Rien ne va plus en Norvège. Les Russes pompent le pétrole et contrôlent le pouvoir. Le Premier ministre en fuite tente de rallier les leaders européens, la résistance prend les armes. La situation se tend dans la saison 2 de la série Occupied, qu'Arte diffuse à partir du 15 février. Hubert Védrine, grand spécialiste de l'Europe, ancien ministre des Affaires étrangères, l'a vue en avant-première et met pour nous ce thriller politique nerveux à l'épreuve du réel. Verdict ?


Le Point : L'attaque de la Norvège par les Russes pour ses ressources pétrolières. Que vaudrait un tel scénario dans la réalité ?

Hubert Védrine : L'hypothèse n'est pas crédible, mais, ce qui est frappant, c'est que cela ne gêne pas lorsqu'on regarde la série, qui est très bien faite, écrite, réalisée, jouée. Il y a un rythme et une efficacité cinématographiques remarquables, chaque personnage est plausible, on ressent la complexité des situations et les dilemmes norvégiens. Mais pourquoi la Russie, qui regorge d'hydrocarbures, se lancerait-elle dans une opération aussi risquée, au risque de provoquer l'Otan, pour mettre la main sur une ressource qui ne lui est pas nécessaire ? Quand Hitler était obsédé par le pétrole du Caucase, c'est parce qu'il n'en avait pas. Ici, on ne saisit pas les motivations russes.


Mais une intrusion économique qui se transforme en véritable occupation du sol, comme dans la Norvège d'Occupied, pourrait-elle survenir ?

Peut-être, mais alors dans l'hypothèse d'une guerre générale en Europe, scénario presque impensable. L'originalité dans ce scénario pétri de références historiques dramatiques et pénétré d'une poutinophobie profonde, comme chez une grande partie des pays européens actuels, tient dans l'idée d'une prise de contrôle insidieuse. L'angoisse d'un envahissement est sous-jacente, mais il ne s'agit pas d'une invasion à l'ancienne. Ce n'est pas le coup de Prague de 1948, ni de Budapest en 1956, ni l'invasion soviétique de l'Afghanistan. C'est différent. C'est une prise de contrôle du jeu politique norvégien. Et ça, c'est très intéressant. Parce qu'il se peut que l'on assiste à ce genre de choses dans le monde de demain. Il faudrait imaginer un pays menaçant – ici c'est la Russie mais ça pourrait être la Chine, ou même les États-Unis –, qui tirerait les ficelles et contre lequel on pourrait s'opposer un peu, mais pas trop. Que faire ? C'est d'ailleurs comme cela que les Russes voient les révolutions « de couleur ».


La série nous happe aussi par les personnages : une femme d'affaires, une avocate, un militaire, tous confrontés à un choix, ou plutôt écartelés entre leurs attaches avec la nation et les opportunités qu'offre l'occupant. Ces combats intimes, entre collaboration et résistance, vous ont-ils convaincu ?

Oui, c'est bien vu. Alors que, en général, la complexité et les contradictions sont gommées par les reconstitutions. Voyez le simplisme de la mémoire binaire française : pendant trente ans, tout le monde avait été résistant et, depuis, tout le monde a été collabo. Absurde. Une exception : la très bonne série Un village français. Dans cette fiction norvégienne, nous sommes précisément dans un jeu complexe. Ce qui en fait tout l'attrait.


À propos des personnages, Hippolyte Girardot incarne un commissaire européen, représentant de l'UE et adepte du double jeu. Plausible ?

Girardot joue très bien son rôle, mais ce n'est pas celui d'un commissaire européen. Rien dans les traités européens ne permettrait à un commissaire de devenir l'arbitre final des positions politiques à prendre, de plus dans un pays non membre de l'Union. Dans le monde réel, si l'Europe devait se ressaisir, en cas de défaillance des États-Unis en matière de sécurité (plus qu'improbable, même avec Trump), cela relèverait du Conseil européen, où siègent Macron et Merkel, qui désignerait l'un d'entre eux pour gérer la crise norvégienne sous le contrôle du Conseil, et en liaison avec les États-Unis.


La saison s'achève sur la menace d'une implosion de l'Union. L'idée d'une dislocation interne est-elle pensable ?

Vous voulez savoir si les Européens opposeraient un front homogène face à une vraie agression russe ? Ils ne sont déjà pas capables de fermeté face à Trump ou Netanyahou, ni face à la Chine !


Dans Occupied, les États-Unis sont les grands absents. Un pays européen privé de la protection américaine, est-ce envisageable ?

Si jamais les Russes, Dieu seul sait pourquoi, lançaient une opération de ce genre, violente, militaire, à un très haut niveau, la réponse immédiate viendrait de l'Otan. C'est la base même de la sécurité en Europe. Avant de parler de l'Union européenne, dont la Norvège ne fait pas partie, les pays membres de l'Otan – qui est une alliance défensive, conçue en 1949 contre l'URSS – ont l'obligation de se défendre militairement les uns les autres. Y compris les États-Unis. Et il ne s'agit pas de générosité américaine mais du fait que, s'ils ne défendent pas un pays protégé par l'alliance la plus contraignante dans le monde, leur garantie ne vaut plus rien, où que ce soit. Ce serait une abdication mondiale. Impensable, même si l'on ne peut être totalement sûr de la protection américaine, surtout avec Trump.

L'ennemi prend les traits d'une beauté froide, Irina Sidorova, ambassadrice du pouvoir de Moscou. Pourquoi, vingt-cinq ans après la fin de la guerre froide, les Russes font-ils encore de si époustouflants « méchants » ?

C'est tout un débat. Je fais partie de ceux, même s'ils sont minoritaires, qui pensent que, depuis que l'URSS a disparu, tous les torts n'ont pas été le fait de la seule Russie. Aucun effort n'a été réalisé pour bâtir en Europe une relation nouvelle de sécurité dans laquelle les Russes se sentent respectés. Même Kissinger le reconnaît. Alors quand Poutine, lors de son troisième mandat, proclame que « la Russie n'est pas un paillasson », ça le rend très populaire. Il l'est toujours. L'invasion de la Crimée a été une réplique à la politique menée par George W. Bush, qui voulait à tout prix faire entrer l'Ukraine dans l'Otan.

On reproche aujourd'hui aux Russes d'être... restés russes. On aurait voulu qu'ils deviennent des gentils socio-démocrates scandinaves. Je dis ça parce que je suis français, et que j'ai une vision gaullo-mitterrandienne de la politique étrangère. Si j'étais balte, face aux Russes, je voudrais certainement des garanties... Je comprends, mais cela ne nous oblige pas à attribuer aux Russes tous les torts, même si cela peut faire une très bonne fiction.