dimanche 13 avril 2014

L'Ukraine retient son souffle...

La stratégie du "quitte ou double" 

Manifestants pro-fédéralisation à Donetsk
Hier, le 11 avril, les forces spéciales ukrainiennes du "Groupe Alpha" ont refusé de donner l'assaut aux bâtiments de Donetsk, Lugansk et Karkhov occupés par les manifestants anti gouvernementaux qui réclament un référendum populaire pro-fédéralisation. 

Le gouvernement de Kiev est coincé, pris à sa propre violence... 

Le soutien politique de l'UE sont sans effet et les aides économiques qui se font attendre réussiront à peine à payer la dette d'un pays au bord d'une catastrophe économique.

La Russie semble garder les cartes en main : 

- Politiques d'abord, en affichant un sens des responsabilités et une volonté de privilégier une diplomatie à l'écoute des peuples plutôt que la politique occidentale n'écoutant que ses intérêts économiques.

- Economiques ensuite, le redressement de l'Ukraine ne peut se faire sans l'aide de son créancier la Russie, qui tient également l'Europe sous la dépendance de son gaz.

- Sociale, le Dombass est une région russophone et russophile, liée historiquement culturellement, économiquement et cultuellement à la Russie. Si l'Ukraine se soumet au giron étasunien de l'OTAN et de l'UE, il est fort probable que de nombreux oblasts slaves préféreront encore leur rattachement à la fédération de Russie.

Une stratégie colonialiste étasunienne en échec

La stratégie de colonisation mondiale engagée par les USA amorce aujourd'hui une nouvelle phase, plus offensive depuis que la diplomatie russe s'impose à nouveau sur le "grand échiquier" décrit en 1997 par Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité nationale des USA, et théoricien du nouvel Ordre Mondial dont il jette les bases en 1973 en créant, avec David Rockefeller, le puissant think tank libéral, "la Trilatérale".

En effet, les étasuniens et leurs laquais, qui tentent de soumettre les derniers pays indépendants résistant à leur expansionnisme militaro-industriel (Irak, Afghanistan, Lybie, Egypte, Venezuela etc...) viennent de rencontrer un premier revers important dans leur tentative d'étranglement de l'Iran. L'opération de renversement du régime syrien, programmée depuis plusieurs années n'aboutit pas, et ce malgré la radicalisation des groupes extrémistes soutenues par les occidentaux...Pire, le régime de Bachar el Assad (certes contestable) résiste contre toute attente et reprend le contrôle de son pays, grâce au bouclier diplomatique mis en place par la Russie. 

La crise ukrainienne fait immédiatement suite à ce revers des étasuniens en Syrie qui cherche sur le front eurasiatique a déstabiliser la Russie pour lui faire lâcher prise au Moyen Orient et la priver de son ouverture stratégique en Europe. Sous couvert d'une pseudo révolution démocratique les occidentaux visaient à avancer des pions de l'OTAN sur le glacis russe, vraisemblablement pour pouvoir ensuite échanger leur retrait contre celui de la Russie en Syrie, tout en soumettant l'Ukraine à leur économie libérale par un endettement prolongé.


Mais là aussi, les américains sont tenus en échec par la volonté des peuples à ne pas se soumettre à leur hégémonie et la diplomatie russe qui les protège, car si les insurgés du Maidan ont profité de l'impopularité du Président Ianoukovitch pour s'emparer par un coup de force faiblement d'un pouvoir faiblement défendu, la politique étasunienne qui télécommande le mouvement n'a pas atteint ses objectifs principaux, bien au contraire, car l'Ukraine qui a commencé à se désintégrer, risque même de se rapprocher encore plus de la Russie.    
                             
Les oblasts ukrainiens russophones veulent une fédéralisation de leur pays. Les USA-UE, qui ont déjà perdu la Crimée, objectif géostratégique prioritaire, leur refusent, via leurs pantins putschistes de Kiev, car cela signifierait une perte de contrôle politique et économique sur les ressources principales situées dans le Dombass, et une explosion de l'unité du pays déjà amputé de sa péninsule de la Mer Noire... 

Demain doivent se dérouler de nouvelles manifestations anti-gouvernementales... et Kiev est dans une impasse ou le jeu prend la forme d'un "quitte ou double" :

- Soit le gouvernement putschiste accepte la fédéralisation et risque de perdre une partie du soutien occidental, en plus du contrôle sur ses ressources principales. 

- Soit il tente un coup de force espérant une intervention russe puis une réaction occidentale armée. 

Mais a-t-il vraiment le choix ? Tout risque de se jouer ces prochains jours.

La tentation d'un coup de force pour étouffer la revendication de fédéralisation du Dombass s'appuie sur le sentiment russophobe développé par la propagande étasunienne, seule vraie victoire obtenue sur le terrain médiatique par les occidentaux depuis le début de la crise.

Le pire scénario serait que le gouvernement de Kiev laisse faire (voire aide) les extrémistes du Prayvi Sector déjà repérés pour leurs méthodes ultra violentes lors de l'insurrection du Maïdan, a intervenir militairement dans l'Est de l'Ukraine. Cela mettrait le feu aux poudres et provoquerait une situation de guerre civile et un risque d'interposition de la part des forces armées russes et d'escalade internationale.

Dmitri Iaroch, chef des ultra nationalistes "Prayvi Sector"
La sortie diplomatique de cette crise est peut-être a rechercher là où elle a commencé, c'est à dire en Syrie...

Erwan Castel le 12 avril 2014

Pour suivre les événements au jour le jour de la plus grave crise que traverse l'Europe depuis 40 ans,  le lien  : ICI


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