dimanche 31 mars 2019

Le vote par l'acier et le feu


Tandis que les ukrainiens tellement lassés par le spectacle pathétique de leurs politiciens tournent leurs regards vers un clown, sur le front du Donbass, les ukrops ont décidé de voter avec leurs armes contre les territoires républicains, frappant sans discrernement les positions défensive de la milice et aussi les quartiers résidentiels où tentent de survivre depuis 5 années de terreur des milliers de familles.

Au cours de la journée précédente Kiev a réalisé au milieu d'une "Trêve de Printemps" sensée renforcer le cessez le feu signé à Minsk faut-il le rappeler, pas moins de 18 bombardements sur le territoire de la République Populaire de Donetsk, avec des calibres théoriquement prohibés sur la ligne du front par les accords de Paix.

Ainsi aujourd'hui à Zaitsevo, un couple de 54 ans qui était dans son jardin au traditionnel nettoyage printannier a tét surpris par un bombardement de mortiers ukrainiens. La femme a été blessée à l'abdomen et l'homme au cou et leur évacuation vers l'hopital n°2 de Gorlovka a été longue et pénible, leur village qui est situé sur la ligne de front Nord de Zaitsevo atant toujours sous le feu de l'ennemi.

Pris en charge par les service d'urgence, ils ont été soignés et leurs vies mises hors de danger.

Le mari blessé au cou également par des éclats de shrapnels
La facade de leur maison de Zaitsevo, criblée par les éclats d'obus 
La veille entre autres posittions visées quotidiennement sur l'ensemble du front c'est une position de la milice appelée "Crocodile" en lisière Ouest de Donetsk qui a été la cible de tirs de missiles ukrainiens qui l'ont détruite en provoquant des pertes importantes chez ses défenseurs républicains (des sources évoquent 2 tués et 5 blessés). 


Il est difficile d'imaginer la vie des habitants vivants sur des quartiers et des villages coupés en deux par une ligne de front active et meurtrière, chaque jour des tirs collatéraux mais aussi intentionnels viennent frapper leurs rues, leurs jardins et leurs maisons, et chaque nuit, se sont les bombardements des mortiers et des obusiers qui viennent labourer leur paysage à la tombée et au levé du jour, les obligeant à dormir dans leurs caves la plupart du temps.

Voici pour illustrer cette situation infernale qu'endure la population du front depuis 5 ans une photo des lisières de ce district de Petrovsky, au niveau du village minier de Trudovsky défendu par la milice républicaine mais jouxtant la ville de Marinka qui elle est occupée par les forces ukrainiennes. Tout comme à Zoloto, près de Lugansk, Zaitsevo près de Gorlovka (où a été blessé le couple mantionné plus haut), la zone de Promka près de Yasinovataya et tant d'autres "zones de contact" existant sur les 300 kimomètres de front, les positions des belligérants ne sont distantes les unes des autres que de qualques centaines de mètres grand maximum. Et cette proximité est d'autant plus difficile à vivre que la zone est urbanisée, cachant potantiellemnt au milieu de chacune de ses ruines un sniper ou une équipe de reconnaissance en infiltration.

La igne de front (en pointillé rouge) dans un secteur du district de Perovsky (dans l'Ouest de Donetsk). De l'autre coté de la ligne se trouve de secteur ukrainien de Marinka où son positionnées dans le tissu urbain, en plus des unités d'infanterie, des positions d'artillerie et de missiles tirant quotidiennement sur les lisières de Donetsk.

Si le combat en zone urabaine est l'un des plus difficiles de la guerre, la survie des populations qui sont prises au piège qaund ce front est enlisé dans leurs jardins est certainement le pire des cauchemars pour les civils qui y sont exposés depuis plusieurs années.

Erwan Castel

La (vraie) convergence des luttes

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Sur fond de XXème manifestation des "Gilets Jaunes", des soutiens se sont rassemblés place du Trocadéro ce samedi 31 mars, jour du scrutin présidentiel ukrainien, pour manifester leur fidélité à la cause du Donbass plongé depuis 5 années dans une guerre meurtrière déclenchée par la dictature atlantiste qui veut soumettre les peuples à l'esclavage de sa marchandise.


Samedi 30 mars 2019

Lorsque, quittant la forêt Guyanaise pour la steppe du Donbass, j'ai transité par la "métropole", j'ai eu le plaisir de rencontrer à Paris ces sympathisants regoupés autour de "Novopole" une association animée par Alain Benajam, Adré Michel Chanclu et Svetlana Kissileva qui depuis a également rejoint Donetsk comme reporter à Novorossiya Today.

Je me souviens de ce repas organisé le 15 janvier 2014 juste avant mon départ vers le Donbass, 4 années ont passé mais dont l'intensité fait qu'il me semble que c'était hier. 

Depuis mon arrivée à Donetsk les événements régionaus et internationaux se sont précipités jusqu'en France où le vassal de la ploutocratie, Emmanuel Macron applique avec un zèle fébrile et arrogant la feuille de route du Chaos que lui ont dicté ses maîtres américains via leurs technocrates de Bruxelles. Et la goutte n'a pas tardé à faire débordé le vase de patience des français qui, à mon heureuse surprise je dois l'avouer, ont démontré dans une protestation populaire et tenace que leur sens commun était toujours là et combattif.

Et si le soutien au Donbass ne s'est pas fatigué de cette guerre enterrée dans les tranchées et le blocus médiatique occidentale c'est certainement, en plus de la volonté opiniatre des personnes, que cette rebellion armée des femmes et des hommes de Donetsk et Lugansk s'inscrit dans la dynamique plus globale d'un réveil des peuples contre la dictature de la marchandise qui est sous les banières des pays tombés en esclavage, est l'ennemi commun de toutes ces luttes libertaires et identitaires.

Et les ukrops de France, soulignant l'importance accordée à ce petit rassemblement, ont voulu le pertrurber en envoyant les jeunes d'un groupe folklorique ukrainien danser devant les drapeaux de la Novorossiya et des Républiques Populaires de Donetsk et Lugansk. 


Et en voulant mettre "leur grain de sel" dans la manifestation, ces pauvres ukrainiens ont apporter du sucre au message des amis et soutiens français au Donbass russe, attirant encore plus le public et lui exposant au travers de ses danses et costumes traditionnels avec ostentation son identité slave à part entière ! En effet quoi de plus incongru et même ridicule que d'utiliser un folklore slave pour souligner son amour de l'Occident moderne, un peu comme si des jacobins nous parlaient de l'unité de la culture française pendant un fest noz en Centre Bretagne !

En tout cas je remercie les français de cette nouvelle manifestation de soutien au Donbass et glisse ici le texte qu'à cette occasion m'avait demandé d'écrire André Michel Chanclu.

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Mesdames et messieurs, chers amis et soutiens,

Depuis plus de 5 années en Ukraine, ce pays à la croisée de l'Occident et de l'Eurasie, un peuple d'Europe subit une guerre meurtrière dont le caractère peut être qualifié sans exagération de génocidaire tant la seule raison invoquée par les forces ukrainiennes auxiliaires de l'OTAN pour le bombarder depuis plus de 1700 jours et nuits, est d'être ce qu'il est, à savoir un peuple russe et qui désire le rester. 


Lorsque la Crimée, grâce à son autonomie constitutionnelle et à la protection de la flotte russe de la Mer Noire a pu prendre de vitesse la dictature russophobe de Kiev et ainsi fermer par référendum la parenthèse des 60 années ukrainiennes de son histoire, le Donbass russe a dû quant à lui prendre les armes pour défendre sa liberté contre les blindés et les avions de combat ukrainiens lancés contre lui.

Alors que la Maïdan, et de l'aveu même actuel de ses commanditaires étasuniens ,n'a été de fait qu'un coup d'Etat  orchestrée par Washington et Bruxelles pour faire plus encore  avancer vers les frontières russes une OTAN cachée dans le Cheval de Troie de l'Union Européenne, c'est à Donetsk et Lugnask qu'à eu lieu la vraie révolution populaire. En effet, le caractère politique protéiforme ce cette rébellion séparatiste démontre bien qu'il s'agit du réveil spontané d'un inconscient collectif guidé par une "common decency" orwellienne, ce sens commun qui, au delà de toute forme de discours politique amène un peuple à descendre dans la rue et parfois à prendre les armes pour défendre son identité et ses liberté communes.

Et au milieu des assauts militaires disproportionnés et meurtriers expression de la russophobie hystérique d'un bandérisme néo-nazi instrumentalisé par Washington à la manière de Daesh en Syrie, des républiques vont naître à Donetsk et Lugnask au milieu des larmes, du sang et de la peur mais également portées par un courage, un patriotisme charnel et une capacité de résilience exceptionnels. 

Et ces jeunes Républiques Populaires du Donbass, depuis 5 années de luttes et d'espérances ont non seulement réussi à résister victorieusement  à l'agression disproportionnée d'une armée ukrainienne équipée et formée aujourd'hui par l'OTAN, mais également à bâtir un projet sociétal audacieux autour d'une gouvernance par le peuple et pour le peuple. 

Certes, il reste encore du chemin à parcourir pour le Donbass dont une partie du territoire est toujours occupée par l'armée de Kiev et que s'intensifient à nouveau les combats et bombardements aux portes de ses cités, mais nous pouvons d'ores et déjà observer, à condition d'être émancipés de la doxa propagandiste occidentale, que ces jeunes républiques, en étant à la fois fidèles aux traditions du passé et tournées vers les défis du futur, ont réussi à mener sous les obus une vraie révolution conservatrice contre le Nouvel Ordre Mondial. 

C'est pourquoi, le Donbass peut et doit servir d'exemple aux autres peuples d'Europe qui voient également leurs identités et leurs libertés collectives menacées par l'aliénation de la marchandise et la dictature d'une pensée unique de plus en plus violente et esclavagiste.

Aujourd'hui les jeunes Républiques du Donbass entrent dans une nouvelle étape importante de leur Histoire, notamment avec l'assassinat le 31 août 2018 de leur président fondateur Alexandre Zakharchenko, avec la nouvelle donne géopolitique régionale qui sortira élections ukrainiennes en cours et aussi de l'aggravation exponentielle des relations Est-Ouest, où la Russie acculée à ses frontières et menacée dans ses alliances, est obligée désormais de riposter sévèrement à cette hégémonie atlantiste qui continue d'allumer des incendies à travers le Monde comme récemment au Venezuela ou en Syrie. 

Mais il faut toujours, au nom de l'espérance invincible, savoir regarder la bouteille plutôt à moitié pleine qu'à moitié vide et constater que le Donbass, malgré le paroxysme de sa situation n'est pas aujourd'hui le seul peuple en rébellion contre ce chaos mondial organisé par la dictature d'une ploutocratie mondialiste hors sol, amorale et criminelle. 

En effet de la Syrie, au Venezuela, en passant par le Donbass et même jusqu'aux Gilets Jaunes de France, nous voyons apparaître sous des déclinaisons différentes un réveil apolitique et émancipateur des peuples refusant d'être sacrifiés sur l'autel du Dieu Mammon et qui construisent par un une par leurs actions conscience commune universelle.
Engagé à Donetsk depuis plus de 4 années sur le front militaire et celui de l'information, je peux témoigner de cette dynamique extraordinaire vécue ici et qui a poussé des volontaires  européens, caucasiens, asiatiques, sibériens, chrétiens, musulmans, païens ou athées, communistes, nationalux-bolchéviques, monarchistes, anarchistes entre autres à rejoindre les rangs des mineurs et des paysans du  Donbass en guerre pour leurs traditions et leurs libertés. 

Et je veux également associer à cette internationale de la Liberté toutes celles et ceux qui soutiennent inlassablement dans les réunions, les manifestations et les réseaux sociaux la cause sacrée des peuples en libérant quotidiennement autour d'eux cette vérité que les Tartuffe mondialistes et leurs Torquemada médiatiques s'acharnent à étrangler dans les geôles de la bien pensance.

Il n'y a pas de hiérarchie entre les petits et les grands soutiens, entre les engagements courageux et ceux plus timides, car comme nous l'apprend la légende amazonienne du colibri luttant contre l'incendie de sa forêt, la part de chacun, même la plus infime est vitale.  Et je profite de cette parole pour saluer et remercier André Michel Chanclu, Alain Benajam et tous les amis et sympathisants de Novopole dont le soutien moral à la ténacité exemplaire alimente chaque jour le courage de ceux qui sont sur le front depuis si longtemps... 

Selon moi c'est cette solidarité des peuples qui est la plus importante, cette internationale de l'Universel contre l'universalisme des individuels, et elle est la source de ma plus grande espérance, au delà de nos victoires mais aussi malheureusement de nos défaites intermédiaires à venir. 

Il faut voir loin et haut et surtout brûler nos querelles idéologiques et communautaristes dans le feu de l'union sacrée, et plus que jamais croire et travailler à la convergences des luttes pour abattre ce capitalisme mondialiste qui au nom du libéralisme économique et du progressisme social cherche à déshumaniser l'Homme pour mieux marchandiser cette planète vivante dont nous faisons charnellement et spirituellement partie.

Une fois encore, regardez la rébellion du Donbass qui tout comme la rébellion irlandaise un siècle auparavant a su subordonner les idées et les conforts particuliers de chacun au combat souverain pour le droit des peuples à décider de leurs destinées politiques et historiques dans le sanctuaire légué par ses ancêtres, car il est le socle de toutes les libertés humaines.

Aussi, rien n'est plus important et sacré que de combattre les sociétés artificielles de l'Avoir pour restaurer sur leurs ruines les communautés naturelles de l'Etre, et ainsi de pouvoir construire une véritable et durable "unité dans la diversité", qui est la seule approche permettent à la Liberté et la Paix de vivre ensemble.

Merci de votre attention et de votre soutien !

Erwan Castel, volontaire sur le front du Donbass, à Donetsk le 30 mars 2019


Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du front

Alain Benajam, André Michel Cahnclu et Emmanuel Leroy

samedi 30 mars 2019

Le criminiel, la mafieuse et le clown

Porochenko, Timochenko et Zelensky

Demain, 31 mars se jouera (et sertainement dans le sens d'une farce théatrale) le 1er tour des élections présidentielles ukrainiennes, pour lesquelles les 3 candidats "sérieux" (sur les 26 qui sont en lice sortent du peloton tout en portant à travers les sondages toute l'impopularité dont souffre la classe politique ukrainienne, corrompue depuis des années et qui a été le terreau dans lequel Washington a planté les graines de la prétendue "Révolution de la dignité" maquillant le coup d'Etat du Maïdan de février 2014.

En effet nous avons un criminel, une mafieuse et un clown qui abordent demain la première étape du scrutin présidentiel qui désignera le prochain gouverneur de la colonie "Ukraine" des USA Et les derniers pronostics donnent le trio dans l'ordre suivant :
  1. Zelensky, l'acteur et marionnette de l'oligarque Kolomoisky avec 26,6% sur lequel nombre d'Ukrainiens ont reporté leur choix par réaction d'une classe politique à laquelle il n'appartient pas (encore).
  2. Timochenko, l'égérie de la Révolution Orange de 2004 avec 17.2% certes expérimentée mais surtout détestée pour son banditisme en col blanc, ses magouilles, corruptions répétées (pour lesquelles elle a était condamnée et emprisonnée).
  3. Porochenko, l'oligarque etprésident sortant avec 17,2%, responsables de problèmes socio-économiques exponentiels,de la guerre meurtrière dans le Donbass et dont la côte de popualrité ne cesse de décroitre au rythme de l'effondrement ukrainien.
La question se porte donc sur le duel Porochenko/Timochenko vu qu'il est probablement acquis de l'avis de tous les sondages, d'avoir Zelensky au 2ème tour. 

Ex aequo avec Porochenko, Yulia Timochenko va certainement essayer de faire oublier son passé judiciare en surfant sur le changement espéré par la population, sur son image féminine relookée et occidentalisée et sur son expérience politique. Elle a bonne image à l'étranger héritée de la propagande occidentale de  la Révolution Orange et du Maïdan et dispose d'appuis au sein des nationalistes ukrainiens qui veulent à tout prix dégager Porochenko et aussi celui du Ministre de l'Intérieur Avakov qui va certaienemnt surveiller de très près la légalité du scrutin.

Porochenko, que beaucoup désigne comme le grand perdant de ce scrutin a cependant encore des cartes cachées dans sa manche : D'une part il dispose, de par sa fonction présidentielle, des ressources les plus importentes pour tricher et se placer pour le second tour. En effet le SBU qui contrôle les systèmes de vote électronique lui est acquis et déjà on a observer des trucages dans les listes électorales comme la présence de personnes décédées et/ou résidant en Crimée et dans le Donbass (dont le président Zakaharchenko et le Chef de bataillon "Givi" assassinés !).

En 2014, Porochenko avait été élu de justesse avec 53% de voix et ce grâce au départ des voix russes de Crimée et du Donbass et de nombreuses abstentions dans les régions russophones, et cette année pour essayer de gagner encore malgré son impopularité les élections, le Président sortant a déjà engagé une fraude électorale en refusant d'ouvrir des bureausx de vote dans les ambassades d'Ukraine en Russie pour ses ressortissants y résidant (soit 2.5 millions d'électeurs majoritairement pro-russes auxquels il faut rajouter envisron 500 000 réfugiés ukrainiens). A cette irrégularité intentionnelle qui justifierait normalement l'invalidité du scrutin il faut rajouter les fraudes locales qui déjà ont commencé à se mettre en place. Malgré la volonté écrasante des ukrainiens d'en finir avec cet oligarque criminel, ce dernier a encore de grandes chances de pouvoir tricher et accéder au 2ème tour du scrutin.

Quoiqu'il en soit aucun de ces 3 candidats n'a de solution et même un vrai programme pour sortir l'Ukraine de son naufrage et achever cette guerre civile meurtrière contre la population russe du Donbass, bien au contraire, car ils appartiennent tous les trois malgré leurs rivalités à la mouvance pro-occidentale qui veut transformer l'Ukraine en colonie économique et en bélier militaire contre Moscou. 


Du côté de l'opposition qui veut en finir avec le délire russophobe suicidaire du Maïdan et renouer des relations normales avec Moscou nous trouvons Boyko, le seul candidat en lice (avec 7.1% d'intentions de vote) qui vient de faire l'objet de poursuites pénales par le procureur de la Républisue à son retour d'une rencontre à Moscou avec le 1er ministre Medvedev concernant des projets pour apaiser la région en cas de changement de régime à Kiev. Et le procureur ukrainien, n'ayant pas peur du ridicule d'accuser le candidat de la Paix de "franchissement illégal de la frontière" alors que son passage autorisé par ses documents personnels a été dûment enregistré par les services douaniers ukrainiens et russes.

Concernant ce parti de l'opposition qu'on pourrait appeler "pro-russe" tant il veut conserver des relations harmonieuses et productives avec son voisin géographique et partenaire historique, il suffit de regarder les élections présidentielles qui se sont déroulées en ukraine avant les séparations de la Crimée et de l'Ukraine pour constater la partition Est-Ouest du pays tout autant que la réalité humaine et politique de la Novorossiya, cette entité historique russe allant de Kharkov à Odessa. Malheureusement, amputé des voix de Crimée et du Donbass (ainsi que de celles de la diapora ukrainienne de Russie), ce parti de la paix, comme en 2014 a peu de chance de l'emporter sur le parti de la guerre... quoique les sondages étant souvent trompeurs, on ne sait jamais !




Quoiqu'il en soit, qu'il soit dégagé ou toujours présent dans la course électorale dont le 2ème tour est pour le 21 avril et l'investiture le 31 mai, Porochenko, qui vient de se voir attribuer la médaille de Judas par la population bombardée du Donbass, est encore à la barre pour 2 mois soit 60 jours où le pire est possible sur le front, surtout s'il n'a plus rien à perdre. Et quand bien même, il est peu probable que celui des deux autres challengers élu fasse en sorte que la situation change en mieux pour les enfants, les femmes et les hommes de Donetsk et Lugansk mais ausssi celles et ceux des territoires occupés par l'armée ukrainienne et qui vivent quotidiennement une occupation militaire humiliante et violente.

J'espère juste que Poutine n'aura pas cette fois la naiveté de reconnaitre, comme pour l'élection de Porochenko en 2014 (par rapport à ses promesse de "mettre fin à la guerre contre le Donbass dans les 3 semaines suivant son investiture") le prochain président ukrainien, que les fraudes et irrégularités déjà repérées dans l'organisation du scrutin rendent sa victoire d'ores et déjà illégitime.


Erwan Castel 

La médaille de la honte !

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Aujourd'hui à Oktyabrsky, les habitants de ce quartier bombardé depuis 5 ans par les forces ukrainiennes ont eu l'occasion de voir et da''porter leur soutien à l'initiative de la République de décerner la "médaille de Judas" au président Porochenko qui conduit depuis 2014 une guerre frrtricide contre le Donbass, pour servir les intérêts atlantistes occidentaux et assouvir la russophobie psychotique des bandéristes qui ont été les artisans du coup d'Etat du Maïdan de février 2014.


Samedi 30 mars 2019

Forgée à partir d'éclats d'obus tirés contre la population du Donbass, les 2,5  tonnes d'acier de guerre de cette médaillede 2 mètres de diamètre, frappée à l'effigie du traitre Judas et dédicacée au Président Porochenko circule depuis quelques jours dans le Donbass bombardé, allant de block-posts en villages et en districts urbains pour inviter la population à signer le livre de la honte adressé à celui qui a décidé de poursuivre une guerre à carctère génocidaire qui a fait depuis 2014 près de 20 000 morts minimum, des dizaines de milliers de blessés, des centaines de milliers de déplacés et réfugiés, des millions de destructions des détruit à jamais les rèves d'un peuple pacifique obligé de prendre les armes et les chemins du sacrifice pour défendre ses traditions et sa liberté.

Cette initiative de la République de Donetsk pour marquer sa participation symbolique  aux élections présidentielles ukrainiennes a été lancé par le mouvement "République de Donetsk" le 12 février, invitant les habitants de la République a apporter au forgeron d'art du projet des éclats d'obus tombés sur leurs maisons et c'est finalement une médaille à la dimension de la terreur lancée contre qui est sortie de la forge et accompagne le livre de la honte où chaque habitant de la République est invité à y déposer un mot à destination de leur bourreau.

Ici la médaille et son livre de la honte au blok post Oktiobr dans
l'adimistration de Novoazovvsk (Sud de la République de Donetsk)

Aujourd'hui le soleil printannier ne réussissait à arracher des sourires aux habitants du quartier d'Oktyabrsky où je réside depuis 3 ans, et qui ne cesse de survivre au rythme des bombardements ukrainiens qui jamais n'ont cessé, car sur les murs de leurs maisons et dans leurs coeurs les stigmates de la guerre sont encore ouvertes. Beaucoup ont perdu un parent, un voisin, un ami dans les bombardemenst, et souvent leur vie a basculé en 2014 avec la perte de leur travail, le bombardement de leur maison et... Et le camion exposant la médaille et le livre de la honte avait choisi cet espace entre l'école et le terrain de basket où précisèment un enfant a été décapité par un obus en janvier 2015. 

La médaille de Judas créée par le peuple du Donbass pour son tortionnaire n'est pas une nouveauté de l'histoire des décorations singulières. Elle reprend une tradition qui a été initié par le Tsar Pierre le Grand au début du XVIIIème siècle et destinée à stigmatiser par cette décoration une personne s'étant distinguée par une trahison exceptionnelle.
  • "Que l'on fasse frapper sue le champ une monnaie d'argent pesant 10 livres sur laquelle on gravera Judas pendu au tremble avec les 30 deniers aux pieds et la bourse à côté, et que l'on inscrive au dos "fils de la perdition trois fois maudit et qui s'est pendu par cupidité". Et qu'on fabrique pour aller avec cette médaille une chaîne de deux livres, et qu'on envoie immédiatement cette médaille aux armées par exempt" - Oukaze du 22 juillet 1707 du tsar Pierre 1er 




Une foule sans cesse renouvelée arrive des rues environnantes parsemées de ruines, et silencieusement se rassemble autour de la médaille d'acier monstrueuse, chacun déposant quelques mots sur le grand livre ouvert pour signifier que rien de ce que Kiev a fait dans le Donbass depuis 2014 ne sera oublié ni pardoné. 

Erwan Castel

"Je m'incline devant le Donbass"

Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du front





vendredi 29 mars 2019

Point de situation sur Gorlovka


Hier, je publiais un flash concernant des combats ayant éclatés aux abords de Gorlovka suite à une nouvelle progression d'unités ukrainiennes dans la zone neutre ("zone grise") théoriquement démilitarisée et qui se situe entre les positions avancées des belligérants (et dont les accords de Minsk demandent une largeur de 2 km minimum).

Aussitôt l'action militaire en cours, sa tension a débordé du front, poussée par la propagande de Kiev et l'inquiétude des habitants de Gorlovka, toutes les deux relayées et amplifiées sur les réseaux sociaux modernes du net, tandis que les autorités militaires républicaines, après un silence logique le temps des combats, ont diffusé par la suite dans un communiqué rassurant et laconique, un démenti aux vantardises ukrainiennes.

Entre les faits militaires et les communiqués propagandistes, la réalité des événements survenus sur le front de Gorlovka ce 28 mars, est en train de faire surface et voilà ce qu'on peut avancer aujourd'hui :

Dans le cadre d'une escalade constante du front initiée par les forces ukrainiennes depuis 2 mois, un des combats les plus vifs as'est effectivement déroulé aux lisières Nord Est de Gorlovka (Holmivsky), près du village de Dolomitne-Bayrak.
  1. Des unités ukrainiennes ont engagé les forces républicaines depuis la "zone grise" où elles avaient progressé. Il s'est engagé un combat violent entre les unités en présence au cours duquel 1 milicien républicain de 21 ans a été tué par le tir d'un sniper en pleine tête et 5 autres blessés dans les accrochages. Dans le village, côte civil, 2 voitures ont été détruites et des maisons endommagées par les tirs ukrainiens. 
  2. Lors de la riposte républicaine, la position ukrainienne qui était dans la zone neutre a été détruite, et des pertes observées. A l'issue de cette riposte de la milice, les ukrainiens ont abandonné leur position pour en organiser une nouvelle à proximité, le tout présenté par leur propagande comme une victoire offensive dans leurs réseaux sociaux.
  3. La propagande ukrainienne rapporte que dans les combats ils ont atteint les faubourgs de Gorlovka en occasionnant des pertes importantes aux forces républicaines dont plus de 20 miliciens, griévement blessés auraient été évacués à l'unité de soins intensifs de Gorlovka. Même si des miliciens ont été effectivement blessés, ces deux deux informations sont fausses et uniquement destinées à créer une excitation côté ukrainien et une panique au sein de la population de Gorlovka.
Ce combat localisé est symptomatique de la situation militaire et psychologique d'un front figé dans des tranchées et sous tension depuis 4 années et qui menace à tout moment de craquer et se transformer à nouveau en guerre de mouvement.

Dans ce contexte, les ukrainiens profitent de leur impunité pour rompre quotidiennement le cessez le feu et engager des unités à la conquête de le zone neutre qui, sous leurs bonds successifs vers les lignes de défense républicaines (stratégie du "sauts de crapauds" dixit l'Etat Major ukrainien), rétrécit depuis 4 ans comme peau de chagrin.

Le Président ukrainien Porochenko, en visite  sur le front du Donbass
Si l'armée ukrainienne dans ces mouvements offensifs arrive à créer des zones de contacts avec les positions républicaines (moins de 200 mètres) en revanche, le tracé des lignes de front ne bouge pas d'un iota comme les positions républicaines de Zaitsevo et Dolomitne située dans le secteur attaqué. Cette stratégie ukrainienne très coûteuse en pertes humaines et matérielles atteint cependant des objectifs capitalisables à Kiev :
  • Militairement, lorsque les ukrainiens arrivent au contact des républicains, ces derniers voyant leur temps de réaction en cas d'offensive ennemie disparaître avec la zone neutre, sont obligés de renforcer leurs effectifs de première ligne et donc de diminuer ceux des forces de réaction rapide attribué au secteur plus large du front.
  • Psychologiquement, ces avancées militaires même lorsqu'elles sont éphémères sont médiatisées exagérément pour gonfler le moral d'une armée ukrainienne de conscrits enlisés dans leurs tranchées et leurs dépressions générant des pertes hors combat importantes dues à l'alcoolisme, les suicides, les désertions, les rixes etc...
  • Médiatiquement, les ripostes républicaines inévitables et légitimes qui sont consécutives à ces provocations ukrainiennes sont aussitôt exploitées par la propagande ukrainienne et occidentale qui entretiennent le mythe d'une agression russe dans le Donbass.
  • Politiquement, Porochenko essaye de capitaliser ces "victoires" militaires au titre de de le reconquête du Donbass qu'il avait promis en 2014 et remonter dans les sondages d'une nouvelle élection présidentielle ukrainienne qui le pronostiquent perdant à sa sa propre succession. 


Ce que je constate en tant que volontaire déployé sur une de ces zones de contact créées par Kiev dans le Donbass, c'est qu'une telle stratégie ukrainienne qui sans nul doute est conseillée par ses mentors occidentaux a pour conséquence immédiate et principale, outre l'hémorragie quotidienne opérée au sein des forces républicaines et de la population civile du Donbass, de rendre impossible l'application des accords de Minsk, et ne peut conduire, un jour ou l'autre qu'à une rupture du front et une escalade militaire qui l'effet domino des alliances officielles et officieuses des uns et des autres dépassera largement le secteur du Donbass pour concerner la sécurité de l'Europe entière.

Erwan Castel

jeudi 28 mars 2019

Des bombardements ukrainiens ciblés

Bombardement ukrainien sur le village de Zoloto, près de Lugansk ce 26 mars 2019

FLASH ! :


Ce matin des informations militaires de terrain rapportent que les forces ukrainiennes ont engagé de nouvelles reconnaissances offensives dans le secteur de Gorlovka (Nord de la République Populaire de Donetsk), continuant leur invasion la "zone grise", cette zone située entre les premières lignes de belligérants et théoriquement démilitarisée et neutre selon les accords de Minsk qui lui définissent une largeur de 2 km minimum. 

Selon plusieurs sources, les nouvelles positions ukrainiennes seraient arrivées à 350 mètres des premières maisons des faubourgs de Gorlovka, provoquant une brusque intensification des combats avec les forces de défense républicaines.

De leur côté les ukrainiens affirment avoir pénétré dans Gorlovka, créant une panique au sein de la population qui la relaie, en l'amplifiant comme d'habitude dans ce genre de situation.
Du côté de l'Etat major de la milice républicaine, aucun communiqué officiel n'a encore été produit.

A suivre....


Mises à jour 

22h00 : L'Etat Major de la Milice dément l'information ukrainienne d'une occupation partielle des faubourgs de Gorlovka, tandis que sont confirmés des accrochages dus à des opérations menées par Kiev dans la zone neutre.

23h00 : Les bombardements ukrainiens continuent sur le front Nord de Gorlovka ainsi que dans le secteur de l'arc Svitlodarsk au Nord Est de la ville en direction de Debalsevo.


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Régulièrement, des personnes vivant à l'Ouest (dans les deux sens du terme parfois) me demandent lors de communications avec elles : "...mais la guerre n'est pas finie dans le Donbass ?", démontrant la qualité de l'omerta médiatique occidentale qui veut cacher cette guerre que les "démocraties droitdel'hommistes" ont déclenché au coeur de l'Europe 75 ans après le dernier conflit mondial. Et je suis sûr que l'ignominie des bombardements sur la Serbie en 1999 ou la guerre en Géorgie de 2008 sont oubliés dans la plupart des consciences européennes prises en otage par le consumérisme et la propagande de la marchandise auxquels ils sont aliénés sans le savoir.

Et pourtant, à quelques heures des supermarchés parisiens ou berlinois, une agression militaire ukrainienne continue tranquillement et en toute impunité son génocide du peuple russe vivant dans le Donbass, tuant quotidiennement sur le front des hommes et des femmes dans les ruines de leurs maisons ou positions défensives bombardées par des artilleurs de Kiev formés par des instructeurs de l'OTAN et financés par les contribuables de l'Union Européenne.

Tandis que les candidats à l'élection présidentielle ukrainienne abordent la dernière legne droite avant le 1er tour du 31 mars, dans le Donbass les unités ukrainiennes multiplient preovocations et violations d'accords de Minsk dont les représentants sont réunis à Minsk dans une énième réunion stérile du "groupe de contact" chargé d'accompagner le naufrage du processus de paix signé il y a 5 ans mais qui n'est toujours pas sorti de sa couveuse...

A quoi bon égrainer comme une litanie mortuaire les statistiques du nombre et calibre des obus et munitions tirés contre le Républiques Populaires du Donbass en se faisant traiter de menteur ou propagandiste à la solde de Poutine quand les ukrops nous servent chaque jour eux-mêmes sur les réseaux sociaux les preuves de leurs violations meurtrières du cessez le feu. 

26 mars Bombardements avec des obusiers ukrainiens du village de Zoloto 
Près de Lugansk  - les civils ont eu le temps de s'abriter dans les caves.

Depuis le mois de février on observe une nouvelle escalade sur le front du Donbass et qui se caractérise des précédentes par: 
  • l'efficacité meurtrière de nombreux tirs réalisés par des postes antichar et des unités d'artillerie ukrainiennes contre des positions défensives républicaines,
  • le contexte politique des élections présidentielles ukrainiennes qui pousse le parti de la guerre en difficulté dans les sondages à instrumentaliser et médiatiser ces victoires.
Le 25 mars, destruction par un missile antichar ukrainien
d'une position républicaine près de Donetsk - 1 tué 2 blessés

De toute évidence, Porochenko essaye de faire craquer le front en provoquant une riposte républicaine importante pour saboter le scrutin ou tenter de capitaliser les offensives ukrainiennes sur le plan de ses promesses électorales de reconquérir le Donbass.

Date non déterminée, bombardement au mortier ukrainien
d'un poste de commandement républicain près de Lugansk - 

Les prochaines journées risquent donc d'être sous haute tension, aussi bien sur le plan politique que militaire, y compris en Crimée où vient d'être arrêté par le FSB une vingtaine de personnes appartenant au groupe terroriste Hizbut-Tahrir al-Islam et qui préparaient des attentats dans la péninsule russe.

Erwan Castel



Une terre russe toujours revendiquée

Il y a 25 ans, la population du Donbass exprimait déjà par référendum son attachement à son identité russe

Depuis 2014, les bandéristes ukrainiens et leurs parrains occidentaux qui les ont aidé à s'emparer du pouvoir par le putsch du Maïdan poussent des cris d'orfraie en accusant la Russie de s'être emparée par la force et contre la volonté de leurs populations de la Péninsule de la Crimée (rattachée arbitrairement de Russie à l'Ukraine par Kroutchev en 1954),et du Donbass (rattachée arbitrairement de Russie à l'Ukraine par Lénine en 1918).

Et la propagande de guerre étasunienne de considérer la présence de l'armée russe en Crimée et la résistance du Donbass de 2014 comme une invasion militaire russe. Ce qui est archi faux car, pour la Crimée la constitution ukrainienne autorisait une présence militaire russe de 25 000 hommes au titre du maintien de la flotte de la mer Noire après l'indépendance de l'Ukraine (en échange de fourniture de gaz et autres accords économiques avantageux), et pour depuis 5 années de rébellion armée à Donetsk et Lugansk aucune trace d'une unité russe n'a été repérée sur le front malgré la présence de milliers d'observateurs internationaux occidentaux (OSCE) et de centaines de journalistes.

De même, concernant les référendums populaires réalisés dans ces 2 régions qui se sont aujourd'hui séparées de l'Ukraine, les gouvernements occidentaux au milieu de leurs meutes de chiens de garde médiatiques ne cessent de hurler que ce sont des scrutins trafiqués par les pro-russes et qu'ils ne reflètent absolument pas la volonté réelle de populations "prises en otage par l'armée russe".

Là encore, pas de chance pour les Tartuffe occidentaux qui prétendent représenter l'opinion internationale en général et celle des populations de Crimée et du Donbass en particulier, car non seulement ces référendums de 2014 remportés massivement par les pro-russes ont été réalisés en présence d'observateurs internationaux qui n'ont pas remarqué de fraude électorale, mais qu'en plus ils confirment dans les mêmes proportions de résultats des référendums précédemment réalisés depuis plus de 20 ans sous l'autorité d'une Ukraine indépendante !

Référendum de Crimée du 16 mars 2014

Ainsi par exemple pour la Crimée qui en 2014, à 
96,77% de votants (sur 86% de participation) se prononce pour son retour en Russie:
  • Le 20 janvier 1991, lors d'un premier référendum, 94,30 % de votants se prononçaient pour le rétablissement d'une "République socialiste autonome de Crimée". 
  • Le 27 mars 1994, lors d'un second référendum, ce sont 78.40 % qui réclament un élargissement de l'autonomie de la péninsule.
Et pour les habitants du Donbass, ils avaient également eu l'occasion, avant les événements de 2014, d'exprimer massivement, dans le cadre d'une Ukraine post-soviétique, leur attachement à leur identité russe. 


Voici à titre d'exemple les résultats de l'oblast de Donetsk à l'occasion du référendum réalisé il y a exactement 25 ans, le 27 mars 1994 (mais dont l'Ukraine, ne va déjà pas tenir compte) et qui concernait::

1 /  la fédéralisation (résultats non trouvés pour Lugansk)
  • Participation: 72,28%
  • Pour: 79,69%. 
  • Contre:15,02%. 
  • Bulletins de vote non valides - 5,29%. 
Pour (% du nombre total de bulletins valides): 84,14% 
Contre (% du nombre total de bulletins valides): 15,86%. 


2/ le russe, langue d'état en Ukraine 
  • Participation: 72.11%. 
  • Pour: 87,16%. (Lugansk: 90.38%)
  • Contre: 8,54% (Lugansk: 5.04%)
  • bulletins de vote non valides - 4,3%. (Lugansk: 4.58%)
Pour (% du nombre total de votes valides): 91,08%. (Lugansk 94.72%)
Contre (% du nombre total de votes valides): 8,92%. 


3/ le russe, langue officielle de la région de Donetsk (ou Lugansk)
  • Participation: 72.24%. 
  • Pour: 88,98%. (Lugansk: 90,91%)
  • Contre: 6,87%. (Lugansk: 4.51%)
  • bulletins de vote non valides: - 4,15%. (Lugansk 4.45%)
Pour (% du nombre total de votes valides): 92,84%(Lugansk 95.27%).  
Contre (% du nombre total de votes valides): 7,16%. 


4/ Pour la signature de la Charte de la CEI*, la pleine participation de l'Ukraine à l'Union économique et à l'Assemblée interparlementaire des États de la CEI. 
  • Participation: 72.33%
  • Pour: 88,72%. (Lugansk: 90.74%)
  • Contre: 6,83%. (Lugansk: 4.54%)
  • bulletins de vote non valides - 4,45%. (Lugansk: 4.72%)
Pour (% du nombre total de votes valides): 92,86%. (Lugansk 95.24%)
Contre (% du nombre total de votes valides): 7,14%.

* la CEI (Communauté des Etats Indépendants) est une entité intergouvernementale composée de 9 des 15 anciennes républiques soviétiques. 

Le 11 mai 2014, alors que les combats font rage entre les séparatistes et l'armée ukrainienne qui veut empêcher a tenue d'un nouveau référendum, la population de Donetsk et Lugansk retourne massivement aux urnes pour demander son indépendance face au nouveau régime ukrainien ouvertement et violemment russophobe  
Le 11 mai 2014, le peuple russe de Donetsk et Lugansk va une nouvelle fois confirmer massivement son attachement farouche à son identité historique russe, poussé à réclamer son indépendance par l'offensive meurtrière engagée par l'armée ukrainienne contre le Donbass. Le résultat du scrutin est sans appel et dans les régions où l'armée ukrainienne ne peut pas empêcher le vote, 89.07% des suffrages exprimés se prononcent en faveur de l'indépendance (contre 10, 19% contre), confirmant ainsi l'opinion identitaire exprimée 25 ans plus tôt.

Il serait temps que les parangons de la démocratie et leurs propagandistes occidentaux commencent par respecter ce qu'ils prétendent défendre à coups de mensonges et de bombes à travers le monde, à savoir la volonté des peuples à disposer d'eux mêmes et leur droit à exercer eux même le pouvoir sur leur territoire naturel et historique. 

Et pour les peuples d'Europe, le Donbass doit être observé comme un exemple de révolution populaire réel et légitime où le peuple, en conformité avec son identité native inscrit son avenir dans l'héritage son passé et la défense de ses libertés individuelles et collectives.

Erwan Castel


Donetsk, mars 1994

mercredi 27 mars 2019

Paroles de guerriers


Le milicien du Donbass est un guerrier plus qu'un soldat, même si aujourd'hui son statut social est devenu professionnel à part entière, car il incarne la dimension héroïque et désintéressée du rapport à la fois métaphysique et charnel que l'humain peut entretenir avec son sanctuaire naturel et communautaire, et qui surgit jusqu'au sacrifice lorsque ce dernier est menacé.

Dans les communautés de l'Etre la fonction guerrière était l'affaire de tous et elle a survit dans l'inconscient collectif des peuple malgré  l'apparition des sociétés de l'Avoir qui progressivement vont séparer et spécialiser les fonctions sociétales (guerrier, artisans clercs par exemple) et tenter de les agréger plus au pouvoir des princes qu'à l'amour du sanctuaire communautaire. Mais l'Histoire regorge d'exemples de résistance, de guerres civiles et de rébellions qui démontrent que la relation naturelle de l'homme à son sanctuaire communautaro-naturel permanent et fondateur de son identité est toujours plus forte que celle entretenue avec le pouvoir politique temporel surtout lorsque ce dernier cesse de représenté et défendre l'âme de son peuple, y compris (et surtout) à travers des nationalismes hypocrites de façade.

Et à la pointe de cette relation humaine et sacrée fondatrice des identités communautaires (à ne pas confondre avec les communautarismes politiques), se trouve le guerrier qui est à la fois émanation du peuple et incarnation de son pouvoir. Et les princes authentiques et légitimes du Politis de se souvenir toujours de cette force instinctive de leur peuple qui toujours sera supérieure à leurs droits. Souvent les gouvernants du passé ne pouvaient exercer leur pouvoir sans l'appui ferme de ces guerriers qui défendaient instinctivement leur peuple et leur terre et souvent d'ailleurs l'élite sociétale devait gagner sa légitimité en forgeant sa noblesse dans le feu des batailles, comme par exemple les empereurs de l'antiquité et les rois chevaliers. 

Mais depuis que les devoirs des princes se sont progressivement effacés devant les ambitions des clercs puis des banquiers, le Politis qui était né de la glèbe des champs paysans et guerriers à été remplacé par une politique hors sol enfermée dans la tour d'ivoire de ses intérêts de classe et qui finira avec l'apparition du capitalisme par trahir son propre peuple. Et on peut observer à ce propos la concomitance historique entre l'apparition du système capitaliste, le colonialisme économique et l'embourgeoisement de l'aristocratie, entre autres symptômes du combat de l'Avoir contre l'Etre.

Cependant, le sentiment patriotique authentique et populaire (et que le nationalisme politique dénature et détourne) reste présent dans le coeur des peuples, et cet inconscient collectif décrit par Gustave le Bon ou Carl Jung se réveille sous différentes déclinaisons lorsque l'identité ou la terre communautaire est en danger jusqu'à contester le pouvoir si ce dernier est jugé indigne de ses fonctions protectrices. Et lorsque le peuple se soulève il est intéressant de marquer géographiquement le cadre de sa rébellion et remarquer qu'elle définit bien des limites naturelles identitaires communautaires, ainsi de la plupart des résistances armées de l'Histoire qui vont s'organiser lorsque les patries charnelles régionales des uns et des autres sont à leur tour en danger.

A ce titre la Crimée et le  Donbass sont des exemples qui révèlent la permanence de ce patriotisme charnel et de son héritage historique. Lorsque le Maïdan réussit dans la sang à renverser le pouvoir en place, les habitants de régions historiquement russes se reconnaissent encore moins dans le nouveau pouvoir pro-occidental et ouvertement russophobes qui engage contre eux une ostracisation identitaire violente.

Et lorsque les radicaux nationalistes ukrainiens vont réaliser les premiers massacres de manifestants et que Kiev déploie ses chars de combat dans le Donbass, la fonction guerrière des habitants va être réveillée naturellement et au delà de tout discours politique récupérateur. C'est ainsi que vont converger dans les rangs de la milice des communistes, des nationalistes, des monarchistes, des nationaux bolcheviques, des anarchistes, des fédéralistes, des chrétiens orthodoxes et des tatars musulmans, mais dont la principale motivation est de répondre à l'appel de leur coeur pour défendre un sanctuaire ancestral menacé et avec lequel il ont un lien charnel intemporel et apolitique supérieur.

Voici le témoignage de 2 de ces miliciens du Donbass, recueilli par Gilles-Emmanuel Jacquet, et qui illustre avec simplicité et noblesse mais sans le nommer ce lien charnel authentique qui existe dans le coeur des peuples, par delà les idéologies, les pouvoirs étatiques exogènes et leurs frontières artificielles.

Erwan Castel


Source de l'article : Stratpol

Entretien avec deux vétérans des forces insurgées du Donbass.

« Nous sommes du Donbass, nous sommes des mineurs, des ouvriers 
mais nous nous sommes soulevés 
et nous nous sommes battus pour notre terre, pour notre ville. »

Au printemps 2016 deux habitants de Snejnoe acceptèrent de parler des raisons de leur engagement au sein des forces insurgées de la Milice Populaire au début du conflit touchant la région du Donbass. Dmitri et Larissa (prénoms d’emprunts) témoignèrent de leur expérience du combat ainsi que des crimes de guerre commis par des membres des forces gouvernementales ukrainiennes ou des bataillons de volontaires pro-gouvernementaux ukrainiens.

Dmitri, un ouvrier d’une trentaine d’années, est originaire de Snejnoe. Son visage et son sourire chaleureux deviennent graves lorsqu’il évoque ses souvenirs du conflit qui touche sa région natale.

« Que puis je vous raconter ? En 2014 nous nous sommes tous soulevés : Stepanovka, Saour-Moguila, Marinovka, Dmitrovka. À Stepanovka j’avais deux maisons. Quand la Garde Nationale est arrivée, mes maisons ont été complètement écrasées par les tanks. Ils ont fait un terrain plat de ces maisons où habitaient ma grande-mère, mes tantes, mes frères et mes sœurs. Nous sommes tous originaires de Snejnoe. Quand un des soldats de la Garde Nationale s’est approché de ma tante, elle lui a posé une question : « Dans quel but es-tu venu ici ? » Savez-vous ce qu’il lui a répondu ? « On nous a promis des terres et des esclaves »…telle a été sa réponse. « Quels esclaves ? », lui a demandé ma tante qui a 62 ans. Et le soldat lui a dit : « Ce n’est pas toi qui sera une esclave mais tes enfants et ta terre sera à moi ».Voilà, ils sont venus pour récupérer nos terres mais ils n’ont jamais pensé que nous ne serions pas dupes ».

« Nous sommes du Donbass, nous sommes des mineurs, des ouvriers mais nous nous sommes soulevés et nous nous sommes battus pour notre terre, pour notre ville. Bien sûr aujourd’hui notre situation est difficile, je ne le cache pas, il faut du temps pour que notre nouvelle république se mette en place mais nous avons vu bien pire que ça. Il y a eu des situations dans lesquelles nous n’avions même pas de pain. J’avais un commandant de poste à Saourovka, Dimka le mineur, que Dieu ait son âme. Il a été d’abord mon commandant, il a été tué à Rassypnaia. Les éclaireurs sont passés, on les a laissé passer. Les éclaireurs ont signalé que le passage était libre et quand la colonne s’est mise en marche, elle a été mitraillée ».

« Le jour où la bibliothèque a été bombardée et tout cet immeuble, ainsi que l’immeuble au 53 rue Léon Tolstoï, nous étions au « blockpost » [checkpoint] et empêchions les soldats ukrainiens de percer le front. Cela se passait au mois d’août 2014, je ne me souviens pas de la date exacte. Les soldats ukrainiens ont d’abord essayé de percer à la hauteur de notre « blockpost » et nous avons riposté. Ils se sont retranchés dans le vieil aérodrome abandonné : il y avait les tanks, l’artillerie et ils tiraient sur la ville, sur les immeubles…vous irez voir ces immeubles, ce qu’ils ont fait…Ce sont ces gens qui disent qu’ils ne tirent pas sur la population civile. C’est eux qui ont commencé cette guerre ».


Photo : immeuble du centre-ville de Snejnoe bombardé par les forces gouvernementales ukrainiennes. Source : Gilles-Emmanuel Jacquet.
« Regardez, ce n’est pas nous qui sommes allés chez eux. Nous étions tranquilles ici. Ce qui se passait chez eux à Kiev, cela ne nous concernait pas. Nous sommes des mineurs, des bosseurs, tout simplement des bosseurs… Mais quand ils sont venus à Slavyansk… c’est à Slavyansk qu’ont eu lieu les premiers combats. J’ai beaucoup de camarades que j’ai connus lors des combats à Slavyansk : les uns sont en vie, les autres ont péri, beaucoup de nos gars ont été tués, je ne le cache pas. J’ai connu des gars, quelques personnes, originaires de Snejnoe, qui étaient partis en Russie depuis longtemps, qui avaient obtenu la nationalité russe et qui sont revenus pour défendre leur ville natale. L’un d’eux, « Yakout », a été tué. Il est enterré au cimetière d’Ovsyany [à Snejnoe] et le deuxième est rentré à la maison en Russie, il a été gravement blessé. Je ne sais pas combien de temps il va rester cloué au lit, en tout cas ça fait déjà deux ans. Il y a eu beaucoup de combats ».

« Le 11 mai nous étions à Donetsk, à la manifestation dédiée au deuxième anniversaire de la nouvelle république. Nous n’étions pas nombreux, seulement 32 personnes : les membres de la Milice Populaire, les autres étaient absents pour diverses raisons. Nous formions une colonne de la ville de Snejnoe et pendant que nous marchions, tout le monde, les femmes, les personnes âgées, les enfants, nous saluaient et criaient : « Snejnoe, la ville des héros ! ». Je peux vous dire que si nous n’avions pas défendu Snejnoe tout aurait pu être perdu parce que Saourovka est un endroit stratégique. Si les forces ukrainiennes avaient occupé ce lieu, elles auraient pu nous avoir bien en vue. De ce point on peut tirer à 500 km à la ronde, les obus de l’artillerie peuvent même atteindre la Mer d’Azov et Maryoupol. C’est la colline la plus importante de la région. Durant la Seconde Guerre Mondiale les fascistes ont aussi essayé d’occuper cette colline et il y eu des combats sanglants. De la même façon l’armée ukrainienne a essayé de percer le front à cet endroit ».

Photo : vue de la région depuis le sommet de la colline de Saour-Moguila. Source : Gilles-Emmanuel Jacquet.
« Sur ce tableau d’honneur vous pouvez voir les gars qui ont été mes camarades de combat : Mossine, qui était sniper dans mon « blockpost ». Au départ il a été sous mes ordres, ensuite on l’a envoyé à Donetsk. Quand il a péri, j’ai été choqué. Denis [Pentchouk] était aussi au troisième « blockpost », il a été tué pendant une attaque de l’artillerie et des tanks. Deux personnes ont été tuées au cours de cette attaque. Marina [Yourieva], la cuisinière, était aussi une sniper. Avec ses camarades elle est tombée dans une embuscade tendue par l’armée ukrainienne près d’un petit village, c’est un endroit où des journalistes russes ont été tués. Tous ont été tués, sauf une personne qui a pu se sauver car elle était gravement blessée. C’est elle qui a raconté que toute la colonne, presque 200 personnes, a péri ».

« Beaucoup de personnes ne sont pas parties au combat, il y avait ceux qui avaient peur, ceux qui n’avaient pas peur… Au départ, je ne mentirai pas, j’avais aussi peur. Celui qui n’a pas peur est sot. Quand j’ai pris le fusil d’assaut pour la première fois et que je suis parti sur les positions, cela a été très difficile. Jamais je n’aurais cru que ce serait si difficile de tirer pour la première fois, de tuer une personne… Personne ne peut imaginer une chose pareille. Pendant un quart d’heure je n’arrivais pas appuyer sur la détente. Quand on se bagarre c’est différent, tout le monde peut le faire mais pour tuer il faut être très fort. Nous avons pu surmonter cela car dans nos têtes il n’y avait qu’une seule pensée : soit c’est toi qui les tues, soit c’est eux qui te tuent, il n’y a pas d’issue. Tu es obligé d’appuyer sur la gâchette car tu as envie de rester vivant, de vivre, de laisser une trace après toi ».

« On veut croire que tous nos gars, nos camarades n’ont pas perdu leur vie pour rien, pour que nous puissions défendre notre terre jusqu’au bout. Et c’est l’essentiel actuellement. On ne veut pas regarder le malheur dans notre ville, les ruines, l’anarchie que nous apporte le pouvoir ukrainien… Nous n’avions jamais imaginé que nous prendrions des mitraillettes dans nos mains. Je disais à mes camarades que je ne pouvais jamais imaginer qu’un jour je patrouillerai dans ma ville natale, où j’ai grandi et que j’aime tant, avec un fusil d’assaut. Personne ne s’y attendait. Jusqu’au dernier moment on n’y croyait pas. La dernière goutte c’est quand ils ont fait sauté l’immeuble ».

« Il y a beaucoup de gars qui ont péri dans le chaudron de Slavyansk, les autres ont été transportés chez nous à Snejnoe mais on ne voulait toujours pas y croire. J’ai pris les armes quand l’armée ukrainienne a bombardé l’immeuble [le 15 juillet 2014]. Les autorités ukrainiennes ont tout de suite annoncé en direct que leurs avions n’avaient pas effectué de vol mais alors qui a bombardé nos villes ? Nous les bombardons nous-mêmes ? Mais nous n’avions pas d’avions ! Nous n’avions que de l’infanterie, des fantassins, nous n’avions même pas d’artillerie lourde à cette époque. Nous n’avions que des mitraillettes, des carabines, des grenades et c’est avec ça que nous partions au combat. Aux « blockposts » les gens n’avaient que des bâtons ou des fusils : que peux-tu faire avec des bâtons contre les tanks ou l’artillerie lourde ? Rien ! On t’écrasera et puis c’est tout. Oui, plus tard nous avons eu des armes, de l’équipement, beaucoup d’équipement que nous avons pris à l’armée ukrainienne ». Larissa (prénom d’emprunt) intervient et ajoute qu’ « Il y avait des cas où les soldats ukrainiens vendaient leurs armes pour 30,000 Hryvnia, alors nous réunissions la somme nécessaire et achetions ces armes. Ils n’avaient pas de quoi manger ».

Dmitri reprend : « A notre « blockpost » nous avons eu 11 soldats ukrainiens prisonniers, des contractuels. C’est eux qui nous ont raconté cette histoire, je ne peux pas certifier la véracité de leurs propos. Ce jour nous étions de garde au troisième « blockpost » et tout d’un coup nous avons vu un camion « Oural » avec un drapeau blanc qui avançait vers nous. Nous sommes restés vigilants car il y avait eu des situations au cours desquelles les autorités ukrainiennes sortaient avec des drapeaux blancs et une fois que les gens sortaient des abris ou des tranchées, les soldats ukrainiens tiraient dans la foule. Ils ont tué beaucoup de monde de cette manière. Alors nous étions en état alerte tant que le camion roulait vers nous mais les soldats [ukrainiens] qui étaient dans le camion n’étaient pas armés. Ils se rendirent en disant qu’ils ne voulaient pas de cette guerre. Nous les avons arrêtés sans leur faire le moindre mal. Ces soldats ont ensuite raconté qu’ils étaient de garde au « blockpost » d’Amvrosievka. Les membres de la Garde Nationale [ukrainienne] étaient venus les chercher, les avaient fait monter de force dans les camions et les avaient utilisés comme chair à canon lors des combats à Stepanovka. En même temps Yarosh [Dmytro Yarosh, le leader de Pravyï Sektor] et son bataillon ont fui le village ».

Larissa indique que « Les membres de la Garde Nationale emprisonnés ont été traités de la même façon que nos combattants : ils ont été nourris, soignés, pansés, opérés… Parfois on entendait les soldats ukrainiens dire, pendant que les médecins les soignaient : « Je vous hais, je continuerai à vous tuer… ». Ces soldats avaient le droit de téléphoner à la maison. Parfois nous-mêmes nous téléphonions à leurs familles, leurs parents et leur demandions de venir chercher ces jeunes recrues qui étaient utilisées comme chair à canon ».

Larissa (prénom d’emprunt) a une cinquantaine d’années et est aussi originaire de Snejnoe. Elle a beaucoup voyagé à l’époque soviétique, en URSS et dans des pays du Tiers Monde alors alliés du bloc socialiste. Comme Dmitri (prénom d’emprunt) elle a également rejoint les insurgés dès le début du conflit.

« J’ai toujours été en première ligne et une nuit je suis allée me laver, chez une femme. On faisait très attention à ne pas divulguer d’informations. Cette nuit-là « les nôtres » se sont repliés et je suis restée cinq jours en territoire « fasciste ». On m’a bien évidemment averti que je ne pouvais pas sortir car malheureusement il y avait beaucoup de traîtres et de délateurs. Au tout début ils dénonçaient gratuitement d’autres personnes : « Je n’aime pas le voisin, on peut le dénoncer ». Une femme, deux soldats…ils étaient des nôtres… Nous n’avons jamais attaqué, nous ne faisions que nous défendre. Il y avait deux blessés, elle les a laissés chez elle, elle était médecin et pensait qu’elle pourrait mieux s’en occuper mais les voisins les ont dénoncés. Ils [les combattants pro-gouvernementaux] sont venus et ont fusillé les gamins devant elle, sous ses yeux. Il y avait beaucoup de choses horribles, ils n’avaient même pas pitié des leurs ».

« Lorsque les premiers tanks ont attaqué le village d’Alexandrovka, avant Slavyansk, les gens sont sortis. Les vieillards et les femmes ont formé une chaîne pour ne pas laisser entrer les « ukrops » comme nous les appelions. Les soldats ukrainiens ont commencé à faire peur aux gens, à tirer en l’air. Les fascistes, eux, ont commencé à écraser des gens avec les tanks. Les soldats ukrainiens, voyant cela, ont jeté leurs armes et commencé à se retirer. Leurs camarades les ont tués en leur tirant dans le dos. Après ils ont récupéré leurs papiers d’identité et toutes les autres choses puis ont dit qu’ils étaient des traîtres afin de ne rien verser aux familles ».

« Il y avait encore des choses plus terribles, je ne sais pas s’il y a des traces, si nous en avons gardé des traces mais nos éclaireurs ont tout filmé. C’était d’une telle sauvagerie quand ils [les volontaires pro-gouvernementaux ukrainiens] fouillaient leurs collègues gravement blessés ou tués. Ensuite ils les jetaient dans un ravin ou balançaient des mines…Je ne sais pas pas si on a gardé ces images, on nous a promis de les conserver mais je n’en sais rien. J’ai vu cela moi-même, je ne raconte que des choses vues par moi-même. Il y avait un gamin d’à peu près 19 ans… quand les fascistes sont venus, ils étaient quatre et marchaient au pas de l’oie dans leur uniforme noir, dans la rue principale et lui, il était près du mur, les regardait. Je ne sais pas si il était avec « nous » mais ils l’ont fusillé sans raison, tout simplement ».

Une résidente de Snejnoe également présente intervient brièvement : « Vous souvenez-vous d’un gamin de 13 ans qui a été battu à mort ? Il apportait le thé et le café au checkpoint ». Larissa s’en souvient et évoque une autre exaction commise par les combattants pro-gouvernementaux ukrainiens : « Ah oui, il y avait aussi une veille femme de 80 ans. Il faisait froid et personne ne nous procurait quoi que ce soit alors les gens nous apportaient à manger un peu de blé, un peu de pain et avec cela on faisait quelque chose à manger. Cette veille femme nous apportait des pirojki et du thé. Quelqu’un l’a dénoncée, ils l’ont battue à mort avec des bâtons ».

« Il y avait beaucoup d’horreurs, on ne peut pas se rappeler de tout. Il me semble que c’est la prière qui m’aidait. Ensuite on m’a fait sortir. J’avais le livre de prières de Sainte Matrona, je n’arrêtais pas de prier, j’avais peur. On m’avait dit de ne sortir nulle part mais j’avais vu des voisins dans la maison à côté. Avant ils me disaient « bonjour » et souriaient mais à présent ils ne me regardaient plus, ne me parlaient plus. J’attendais la « visite » [des pro-gouvernementaux] à n’importe quel moment. Je vis ensuite venir une femme et je me suis dit que c’était fini pour moi mais elle me dit que j’avais 20 minutes pour toutes les préparations et je suis partie. Le chauffeur de bus nous avait aussi avertis au départ que tous les symboles étaient interdits, pour eux [les pro-gouvernementaux] les rubans de Saint Georges étaient les plus irritants. Je ne m’étais pas aperçue que dans mon sac il y avait un ruban de Saint Georges, une médaille de jubilé et nous portions tous des ceintures religieuses. J’avais tout gardé et je ne m’étais même pas aperçue comment j’avais apporté tout cela, je n’avais eu que 20 minutes pour me préparer. Quand le bus a passé le premier poste de contrôle je n’arrêtais pas de prier, j’ai été très calme…il arrivera ce qu’il arrivera. Quand je suis arrivée à Donetsk nous avons passé le premier poste, tous les soldats n’étaient pas des fascistes. Il y avait un soldat qui a juste vérifié les papiers d’une seule personne et puis nous sommes passés par un autre poste où ils fouillaient tous les gens avec des sacs. Ils ne firent pas attention à nous et nous laissèrent passer. Quand je me suis ensuite retrouvée parmi les nôtres à Donetsk, j’ai vu ce que j’avais dans mon sac ».

« Il y avait beaucoup de croyants parmi nous et beaucoup de miracles se sont produits. Nous avons un monastère à Kasperovski où il y avait quelques moniales. D’un côté il y avait des Polonais, de l’autre il y avait le bataillon Aïdar et entre eux il y avait nos huit soldats. Ils sont venus voir les moniales en leur disant « Il faut que vous partiez, nous resterons jusqu’au bout » mais nous n’étions que huit et les autres étaient beaucoup plus nombreux. Les moniales ne partirent pas et commencèrent à prier. Et là on aurait dit que le monde était devenu fou : les Polonais et les soldats du bataillon Aïdar s’entre-tuèrent. Vous pouvez y croire ou pas, vous pouvez demander au monastère ».

Un peu avant que la crise débouche sur un conflit armé, Larissa et d’autres habitants de la région protestèrent également contre des projets d’exploitation du gaz de schiste autorisés par le nouveau gouvernement ukrainien et qui menaçaient l’écosystème local : « Nous sortions pour manifester contre le gaz de schiste, nous avions une zone thermale unique aux alentours de Slavyansk, Svyatogorsk et Izioum. Il y a un lac de quelques millions d’années avec une eau très pure ayant des qualités exceptionnelles : ferrugineuse, sulfurée, avec du radon. Évidemment nous voulions protéger cette zone pour qu’il n’y ait pas d’exploitation du gaz de schiste. Nous n’avions rien, nous ne faisions que manifester. Nous n’avions rien et c’est après qu’on nous a dit qu’il y aurait des tanks. Je n’y croyais pas, je me disais « Ce n’est pas possible, contre qui ? » mais quand nous avons commencé à monter des postes le fascisme avait déjà relevé la tête. Comment ? Nous n’avions pas d’armes. De notre côté il n’y avait que 80 personnes réparties sur six postes. C’était pratiquement tout Slavyansk. C’est seulement quand les gens virent ce qu’était le fascisme que beaucoup de personnes vinrent nous soutenir des villages voisins de Slavyansk. Les gens ont compris mais avant les gens n’y croyaient pas ».

« Il y avait mon fils et encore huit soldats.. nous avions deux fusils d’assaut avec un seul magasin et des cocktails Molotov. Quand on nous a dit que les tanks étaient réellement arrivés, je suis partie en courant de mon village mais après je me suis dit que je n’avais rien à faire là-bas sans arme, je serai plutôt un boulet. Après la bataille il n’y avait pas de victimes ni d’un côté ni de l’autre, à cette époque il n’y avait pas encore de bataillons punitifs. Deux personnes du côté ukrainien ont rejoint nos soldats alors que les autres s’étaient enfuis ».

« Après mon fils m’a téléphoné : « Maman veux-tu nous aider ? ». J’ai répondu « Bien sûr ! ». Nous n’avons jamais attaqué, nous nous sommes seulement défendus. Oui, nous avons voulu créer notre république car nous avons vu ce qui ce passait. Pour eux [les pro-gouvernementaux ukrainiens] nous sommes une « sous-race », nous ne sommes pas des hommes. Ils disent « qu’est ce que c’est huit millions ? Donnez-moi une mitrailleuse, je les fusillerai moi-même. Il restera un million d’hommes, nous ferons d’eux des esclaves ». Les premiers soldats faits prisonniers nous expliquaient que « le commandement nous a promis un hectare de terre et cinq esclaves, on nous a promis leurs maisons ». Vous voyez comme c’est absurde… de jeunes paysans qui ne savaient rien et ne comprenaient rien. Pendant les combats les plus graves, quand nous faisions prisonniers ces gens nous cherchions leurs adresses, informions leurs familles et demandions à leurs mères qu’elles viennent les chercher. Nous ne gardions que les plus violents issus des bataillons punitifs, ceux qui étaient venus pour nous tuer ».

« Une femme de Debaltsevo est venue à Snejnoe et elle raconta ce qu’elle y avait vu. Elle avait entendu un cri : il y avait un jeune soldat qui courait dans la rue et qui criait « Je ne veux pas tuer ! Je ne veux pas tuer ! » et qui a ensuite jeté sa mitraillette. Il a été poursuivi par les soldats du bataillon Azov ou Aïdar et il a été fusillé par eux. Ensuite ils ont récupéré ses documents et l’ont enterré. On ne connaît ni son nom ni d’où il vient. Ils n’avaient de pitié pour personne. Quand Slavyansk a été bombardée ils savaient où il y avait des postes mais ils tiraient sur les hôpitaux, les écoles maternelles. Mon fils a été encerclé… je me disais « tout mais pas la captivité »… vous avez bien vu ce qu’ils faisaient. Certains ne pouvaient même pas se déplacer et après ils ne vivaient pas longtemps. Combien de personnes innocentes ont été emprisonnées : pour qu’elles puissent partir elles étaient obligées de signer des papiers prétendant qu’elles étaient des séparatistes et si elles ne les signaient pas elles étaient torturées ».

Gilles-Emmanuel Jacquet


Titulaire d’un Master en Science Politique de l’Université de Genève et d’un Master en Études Européennes de l’Institut Européen de l’Université de Genève, Gilles-Emmanuel Jacquet s’intéresse à l’Histoire ainsi qu'aux Relations Internationales et plus particulièrement aux conflits armés et aux processus de résolution de ces derniers, aux minorités religieuses ou ethnolinguistiques, aux questions de sécurité, de terrorisme et d’extrémisme religieux ou politique. Les zones géographiques concernées par ses recherches sont l’Europe Centrale et Orientale, l’espace post-soviétique ainsi que l’Asie Centrale et le Moyen Orient.

Gilles-Emmanuel Jacquet a travaillé pour l’unité légale du bureau Maghreb / Moyen Orient / Asie Centrale du Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies à Genève puis pour le Ministère de la Justice ainsi que l’Alliance Française de Moldavie et le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France en Moldavie. Gilles-Emmanuel Jacquet est chargé de cours dans différentes universités privées en Suisse (Geneva School of Diplomacy and International Relations, UMEF, UWG) et en Afghanistan (DIHE de Kaboul). Il travaille également comme reporter pour Pax Press Agency et collabore avec la revue « Regard sur l’Est » ainsi que « Realpolitik.TV ».