lundi 23 septembre 2019

Immersion périscopique !

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Après une mission brève de 4 jours sur le front Nord, une étape de quelques heures en caserne pour une douche et un changement de barda, nos véhicules nous conduisent à nouveau par des routes et chemins nocturnes, cette fois vers le front Sud. 

Le sac à dos déjà chargé des munitions 5.45mm et 7.62 mm 7.62mm emportés sur la première ligne est gonflé désormais des treillis plus épais et autres sous vêtements chauds permettant de supporter les longues attentes dans le vent d'automne. Avant de la refermer pour quelques jours je jette ces quelques lignes sur le fenêtre virtuelle de mon ordinateur.


Lundi 23 septembre 2019

Dans la cour de la caserne les moteurs des véhiculent ronflent déjà sous les clignotements d'une lune blafarde jouant à cache cache avec les nuages, et nous descendons les escaliers chargés de nos sacs et matériels pour une nouvelle rotation sur le front. 

Il devient désormais difficile de "partir léger" face à la dégringolade des températures, surtout nocturnes, auxquelles se rajoutent des pluies ventées froides et pénétrantes. Il y a  2 nuits, sur le front de Gorlovka l'été s'est pris les pieds dans le tapis de septembre avec un mercure qui est tombé à 0°.

Pour cette nouvelle mission sur le front Sud je fais un break de l'internet, n'emportant avec moi que carnet et stylos pour jeter éventuellement des pensées vagabondes entre postes de garde et missions de reconnaissance et je laisse aux Hairon, Néant et autres crétins français le loisir de vomir dans leur jalousie haineuse ou leur psychotiques obsessions égocentriques leurs calomnies et leurs diffamations, car ils décrivent ainsi leur médiocrité mieux que je ne saurais le faire moi-même.  

J'ai quand même eu le temps, pendant ce très court passage à Donetsk, de retrouver un ancien camarade de Piatnashka actuellement dans une bataillon du front Sud et de donner un entretien à des cinéastes, prolongeant toujours plus loin, mon aventure humaine et mes motivations sans les dévier pour autant de leurs racines métapolitiques ni de mes objectifs de vie. Et je suis parfois surpris de ne jamais me lasser de cet étrange conflit du Donbass, situé entre une guerre des tranchées reconstituée et une guerre froide ressuscitée. 

Tout pourtant devraient me fatiguer, la monotonie du paysage, la longueur de cet engagement commencé en février 2015 (et de mon âge commencé "un peu" plus tôt !), la nostalgie des chants d'oiseaux et du ti punch savourés au fond d'un hamac, les efforts et l'attention imposés par un ennemi ukrainien guettant la moindre erreur, les calomnies et les trahisons des arrivistes français et de leurs crétins, les pannes perpétuelles des matériels divers etc...
Et bien non, je suis toujours heureux d'être ici entre quartiers populaires et ligne de front du Donbass au milieu de mes camarades et amis, loin des Tartuffe, des Torquemada et autres courtisans grouillant autour des ministères, ici à Donetsk comme dans tous les centres de pouvoir et d'affaires du Monde entier.

Autour de moi sont les gens du peuple, riches d'histoires et de pensées aussi simples que nobles. Chaque vie croisée sur le parapet d'une tranchée ou dans une ruelle d'Oktyabrsky est un éclat de la dignité humaine authentique, celle qui tisse avec des mains sales et des visages rongés par la barbe la noblesse d'une fraternité humaine silencieuse et désintéressée.

Plus que jamais, lorsque je regarde l'exemple de ce peuple européen du Donbass, toujours debout dans ses traditions après 5 années de larmes et de sang, je me dis que pour se sauver d'elle même l'humanité devrait voir le pouvoir redonner à ses peuples ou plutôt reconquis par eux en détruisant toute prétention absolutiste et tout virus universaliste, qu'il soient idéologiques, religieux, culturels, économiques ou militaires. Les communautés de l'Être doivent renaître des cendres des sociétés de l'Avoir, alors seront jetés l'argent et les montres dans les musées des horreurs aux côtés des bannières des croisades ou du djihad, des éprouvettes des manipulations génétiques, des caméras de surveillances et des battées d'orpaillage...

Car ce monde post-moderne est une folie suicidaire et c'est au sein de la fonction guerrière que se sont réfugiées les dernières vraies valeurs humaines, à condition que l’éthique du soldat, au sens jüngérien de sa mission sociétale (partagée avec celles du Travailleur, de l'Anarque (penseur libre) et du Rebelle) soit préservée. 
Tandis que dans un Occident dégénéré les soldats s'avilissent à n'être plus que les agents de sécurité de complexes militaro-industriels post coloniaux, dans les pays qui sont généralement leurs proies se lèvent des armées populaires authentiques autour de la défense sacrée de leurs sanctuaires qui sont fusion sacrée de territoires et traditions héritées.

Et dans le Donbass je savoure le bonheur d'être au sein de cette milice riche de ses diversités communautés humaines et  que la guerre ici fusionne en juste et légitime armée révolutionnaire, populaire et impériale comme j'ai tenté de l'expliquer à nouveau dans un article récent

Voilà pourquoi, aujourd'hui comme hier et demain, si les dieux de la guerre me prêtent vie, je pars le sac lourd mais toujours le coeur léger vers ces champs mornes du front du Donbass où le sang et la sueur d'amoureux de liberté ensemencent les espérances d'un monde meilleur.

Erwan Castel

dimanche 22 septembre 2019

Jusqu'à la victoire !


Dans les accords de Minsk 2, les occidentaux et  libéraux tentent de forcer le retour du Donbass en Ukraine sous un illusoire "Statut Spécial" que tout le monde sait superficiel, volatile et ouvrant une période à court ou moyen terme à une épuration ethnique ukrainienne du Donbass, exactement comme cela se produit dans ses territoires occupés par l'armée ukrainienne. 

Après 5 années de larmes et de sang, il est impensable et à  plus d'un titre, que la population du Donbass accepte un quelconque retour en Ukraine, même dans le cadre d'une autonomie renforcée qui de toute manière n'est même pas à l'ordre du jour des accords de Paix.

Devant les tentatives d'ingérence d'un courant libéral qui veut juste voir reprendre le business des oligarques ukrainiens et les sanctions économiques anti russes être levées au prix de la liberté de plus de 3 millions de personnes, le Président de la République Populaire de Donetsk, Denis Pushilin a bien réaffirmé récemment que avec ou sans Minsk 2 la destinée du Donbass n'est plus en Ukraine mais en Russie, et ce quels que soient la longueur et les difficultés du chemin.

Du côté ukrainien, on observe également de nombreuses réticences vis à vis des clauses des accords de Minsk notamment autour des points concernant le statut spécial, les élections dans le Donbass et l'amnistie pour les participants au conflit. De toute évidence, le pouvoir ukrainien a peur de provoquer avec le Donbass une balkanisation du pays ou de nombreuses régions veulent aussi organiser des bastions identitaires.

Voilà pourquoi en plus d'une poursuite de la guerre d'usure menée contre les positions défensives républicaines on observe, à chaque réunion du groupe tripartite chargée de conduire l'application du processus de paix, des manœuvres de la partie ukrainienne qui soit en contestant un point des accords ou en en rajoutant un autre, sabote les discussions engagées et retarde aujourd'hui la tenue d'une nouvelle réunion du "quartet Normandie" évoquée lors du dernier sommet du G7. C'est ce qu'a souligné Madame Nikonorova, Ministre des Affaires Etrangères et représentante de la RPD dans le groupe de travail tripartite de Minsk au sortir de sa dernière réunion ce 18 septembre : 
  • "La pratique de la partie ukrainienne de nier ce qui avait été convenu précédemment est déconcertante. Nous parlons maintenant du texte de la formule de Steinmeier, qui avait déjà été approuvé à deux reprises lors des quatre sommets du "quartet Normandie" et qui a été confirmé à plusieurs reprises lors de réunions des conseillers des chefs des États garants des accords de Minsk, y compris le représentant de l'Ukraine, Andriy Yermak. Néanmoins, et pour une raison quelconque, cela n'empêche pas Kiev de déclarer vouloir modifier le texte de ce mécanisme, tout en ignorant l'ordre direct consistant à se mettre d'accord sur le libellé déjà approuvé de son propre représentant au format Normandie"
Si l'Ukraine s'est doté d'un nouveau Président, en revanche la politique menée par son gouvernement reste la même : saboter tout processus de paix, tant sur le front militaire que sur le front diplomatique.

Dans le Donbass, une volonté réaffirmée avec force :

Chaque semaine quasiment la population du Donbass au cours d'événements politiques ou culturels réaffirment avec force son attachement identitaire à la Russie et sa volonté d'intégrer sa Fédération. Et les réseaux sociaux organisent de nombreux sondages et forums sur le sujet qui confirment cette volonté populaire et souveraine. Ainsi par exemple un sondage sur VK lancé il y a quelques heures seulement et qui est très intéressant : 

  • Rejoindre la Fédération de Russie = 62 %
  • Donner une autonomie (statut spécial) dans l'Ukraine (capituler doucement) 4. 68 %
  • Rester des États quasi indépendants = 3. 49 %
  • Aller à l'offensive en Ukraine, reprendre les frontières administratives de la région de Donetsk et de Lugansk et recréer Novorossia de Kharkov à Odessa = 27. 26 %
  • Revenir en Ukraine sous les conditions de Kiev (capitulation directe) = 2.93 %
Dans ce sondage, il est intéressant d'observer qu'en plus d'une majorité qui réclame l'intégration du Donbass au sein de la Fédération de Russie, une part importante n'oublie pas les territoires aujourd'hui occupés par l'armée ukrainienne et même au delà des frontières des anciens oblasts de Donetsk et Lugansk, les territoires russophones de l'Ukraine. Ces territoires sont ceux de la Novorossiya historique qui s'étendait dans le passé de Kharkov à Odessa, et correspond aujourd'hui aux revendications pro-russes nées en réaction du coup d'état pro occidental du Maïdan.

(Il est dommage que le sondage n'est pas autorisé une double réponse afin de déterminer par exemple ceux qui sont favorables à une libération des territoires russophones pour ensuite leur intégration en Russie ou leur indépendance.)

Car le statut actuel de ces territoires occupés par Kiev, à commencer par les territoires des anciens oblasts de Donetsk et Lugansk est le plus important problème des accords de Minsk. En effet, d'un côté les Républiques veulent définir légitimement comme ligne de démarcation de la cartographie du processus (élections et statut), les limites des anciens oblasts et de l'autre côté Kiev veut la calquer sur l'actuelle ligne de front militaire.

Avant même que ne se réalise la prochaine réunion du format Normandie (Russie/Ukraine/Allemagne/France) on voit donc que le processus présente toujours des points de blocage importants que les quatre ne seront pas en mesure de résoudre selon toute probabilité car cela impose des concessions inacceptables tant sur le plan militaire que sur le plan politique par l'un ou l'autre des belligérants sur le terrain. 

Et pour illustrer cette impasse de Minsk et conclure, je citerai les annonces débiles réalisées par le commandement ukrainien concernant "le retrait prochain de ses troupes de plusieurs kilomètres". Ceci reviendrai pour Kiev a abandonner à leurs populations, en plus des positions militaires, les villes de Marinka, Avdeevka, Shirokino, Svetlodarsk, et même Mariupol qui sont des places géostratégiques fortes. 

Le seul retrait possible des auxiliaires ukrops de l'OTAN est un retrait total du territoire de la Novorossiya avec nos baïonnettes et celles de l'armée russe dans leurs reins ! Car la guerre, c'est un peu comme le vin : "quand il est tiré, il faut le boire !"

Donc soit nous allons continuer vers un enlisement meurtrier du conflit tel qu'il est aujourd'hui et qui constituera toujours pour l'OTAN un "front de réserve" sur le flanc de la Russie, soit vers une redynamisation de la guerre, vraisemblablement à l'initiative de Kiev avec l'accord de ses parrains occidentaux, entraînant à très court terme un conflit ouvert entre Kiev et Moscou. Je pense que cette deuxième option n'est pas pour demain et qu'elle sera précédée en signes avants coureurs d'escalades militaires en Géorgie (Abkhazie, Ossétie) ou Transnistrie ou dans le Caucase par exemple 

Erwan Castel 

vendredi 20 septembre 2019

Un printemps à l'automne !


Hubert Fayard est sorti de prison !

Hubert Fayard,, le représentant honoraire de la République Populaire de Donestk est sorti de prison aujourd'hui après plus de 5 mois d'incarcération politique arbitraire sur chef d'accusation diffamant et mensonger !!!

La nouvelle m'est parvenue quelques minutes après sa sortie de prison, alors que je suis toujours sur le front du Donbass, et en fin d'après midi de ce 20 septembre 2019, j'ai même eu le plaisir de m'entretenir avec lui quelques minutes. 

La Vérité remonte toujours à la surface pour éclater à la gueule des calomniateurs soient-ils les laquais du la ploutocratie mondialiste libérant alors l'artillerie d'une vraie justice humaine impartiale. 

Une très bonne nouvelle donc au milieu des frimas de l'automne où résonnent toujours les coups assourdissants des canons de Kiev. Aujourd'hui la Liberté et la Vérité ont fait un pas de plus vers la victoire des peuples sur la dictature de la marchandise.

Ce que je peux confirmer d'ores et déjà c'est que Hubert Fayard a bien été victime d'une arrestation politique tellement lâche qu'elle a tenté de se cacher derrière accusation mensongère et diffamatoire aussi abjecte que ridicule pour ceux qui connaissent Hubert Fayard.


En attendant plus d'informations sur cette sombre machination d'un Etat français qui se soumet à une propagande de guerre étasunienne jusqu'à perdre ses repères éthiques et civilisationnels, je remercie toutes celles et ceux qui avec nous n'ont jamais douté de l'innocence de Hubert, de la machination politique dont il a été la victime, de la campagne calomnieuse abjecte qui a frappé son honneur et sa famille. Par leur fidélité indéfectible, ses amis proches ou éloignés ont montré que leur soutien n'était pas une affaire de calcul l'expression d'un vrai courage du coeur défendant l'honneur d'un homme face à la haine des princes.

Par contre je crache mon plus profond mépris sur tous les arrivistes, carriéristes, affairistes, courtisans et autres crétins utiles qui se prétendent des soutiens du Donbass, mais qui pendant les 6 mois du calvaire d'Hubert Fayard ont lâchement regardé ailleurs, et certains même en se frottant les mains ! Honte à eux ! Les noms de ces salopards, calomniateurs et merdes de la dernière espèce seront bientôt connus "car l'heure des comptes viendra bientôt..."

Quant à Hubert, qu'il se repose au sein de sa famille et de ses proches, restaurant son corps et son esprit et surtout qu'il aiguise bien ses serres d''aigle de combat  (bicépahle bien sûr !)

Bon retour parmi nous camarade !

Erwan Castel

L"ensemble des infos sur Hubert Fayard publiées sur ce blog au lien suivant : ici



Pushilin sort de sa chrysalide


Au lendemain de l'échange de prisonniers controversé du 7 septembre que j'ai qualifié pour mapart de "Vaseline" pour mieux faire passer les accords de Minsk (restons polis !) des propagandistes qui ne voient que leurs intérêts personnels du bout de leur nez servile, ont annoncé le commencement du retour du Donbass en Ukraine sous un "statut spécial" volatile.

Le 10 septembre, commentant cet échange et ses analyses concernant l'échange de prisonniers (j'ai vu depuis que Karine Bechet Golovko par exemple avait elle aussi un point de vue convergent), j'écrivais : 
  • "Vraisemblablement le président Pushilin de la République Populaire de Donetsk, bien qu'il accepte dans un certaine mesure le jeu incontournable des diplomaties internationales rappellera bientôt une nouvelle fois qu'elles ne peuvent décider seules de la destinée du Donbass sans l'accord de sa population, laquelle a cette année encore, à l'occasion de la polémique autour du "flash mob maladroit" adressé à Zelensky, réaffirmé sa volonté d'être définitivement séparée de l'Ukraine et d'intégrer la Fédération de Russie, physiquement ou par alliance".
Et la mise au point du représentant de la République Populaire de Donetsk n'a pas tardé: dans un duplex réalisé par la chaîne russe 'Rossia 1' Denis Pushilin, à l'occasion du talk show populaire "60 minutes" en précisant qu'il se faisait le porte parole de sa population a rappelé que "il n'y a rien de nouveau, à savoir que les pensées et les rêves des habitants du Donbass restent les mêmes depuis 2014" et que "leur désir collectif est d'intégrer la Fédération de Russie". Et le Président de la RPD de rappeler concernant cette intégration du Donbass en Russie que des étapes importantes avaient été franchies tels que "la normalisation des établissements d'enseignement supérieur, des processus d'intégration culturels et bien sûr les passeports de la Fédération de Russie".

Concernant les accords de Minsk, Denis Pushilin a confirmé que Kiev continue à en saboter l'application, mais que de toute manière que ces accords se fassent ou ne se fassent pas:  

"l'avenir du Donbass est d'être dans le cadre de la Fédération de Russie."


Cette déclaration du Président Pushilin se veut rassurante vis à vis de la population du Donbass qui s'est posée souvent des questions concernant la ligne politique du successeur de Zakharchenko, notamment à l(occasion de ce flash mob maladroit organisé cet été et qui demandait en final au président Zelensky d'accorder au Donbass un "statut spécial". Mais surtout cette déclaration qui a été faite sur un média principal russe est surtout adressée à la Russie, sa population et ses représentants qui soutiennent dans leur importante majorité  le combat du Donbass pour son intégration au sein de la Fédération.

Je vois pour ma part dans cette déclaration l'expression d'une souveraineté certaine du pouvoir politique de Donetsk qui en se faisant le relais et le défenseur de la volonté de sa population gagne aujourd'hui un équilibre entre une légitimité politique vis à vis de ses citoyens et une indépendance vis à vis des autorités russes qui étaient difficiles à trouver au lendemain de l'assassinat du Président Zakharchenko.

Moi même, tout en renouvelant ma fidélité en la République Populaire de Donetsk, j'avais eu quelques inquiétudes au cours des derniers mois, mais je reconnais qu’aujourd’hui elles commencent progressivement à se dissiper du fait des réactions constructives de la population du Donbass qui reste attentive à sa destinée choisie et à l'écoute du Président Pushilin qui l'accompagne dans l'expression de sa volonté et la réalisation de ses rêves. 

Nous observons donc au sortir de été un président Pushilin qui enfin passe à la vitesse supérieure, montant au créneau pour y faire un rappel nécessaire et rassurant mais,qui est aussi une mise au point claire d'un peuple qui refuse que sa destinée soit dévidée dans un huis clos international d'où ses représentants sont exclus !

Et cette cohésion instinctive entre le pouvoir et son peuple est d'autant plus importante que je pense malheureusement que les pires épreuves pour le Donbass, avant de rejoindre enfin sa mère patrie, sont encore devant lui.

Erwan Castel


Les cartes sont redistribuées


A la veille d'une nouvelle réunion du format Normandie d'où il sortira peut-être une formule "Minsk3" pour signifier son importance, les discours des uns et des autres changent en apparence car les lignes stratégiques elles semblent rester les mêmes. On assiste donc à une redistribution des cartes avec les mêmes joueurs. 

Et l'échange de prisonnier très controversé réalisé le 7 septembre dernier est certainement l'ouverture de ce nouveau jeu de dupes où chacun va essayer de réparer la table bancale de Minsk à son avantage.

Je reste très sceptique quant à la réussite de cette réanimation du processus de paix pour beaucoup de raisons comme par exemple la versatilité d'un pouvoir ukrainien qui n'a jamais su tenir ses engagements plus d'une semaine, et surtout par le fait que les républiques populaires du Donbass sont une nouvelle fois écartées du jeu diplomatique, tant par une Ukraine qui refuse de dialoguer avec leurs représentants que par une Russie qui décide à leur place. Il me semble pourtant que l’autodétermination des peuples qu'elle soit falsifiée comme sur le Maïdan où défendue comme en Crimée est le socle de tous les événements et discussions s'affrontant autour de cette crise ukrainienne. 

Il reste à voir si elle est toujours une carte maîtresse dans les mains de la prochaine rencontre du format Normandie... personnellement et malheureusement j'en doute !

Voici une analyse hors des pistes balisées par les propagandes de Karine Bechet Golovko, toujours incisive et pertinente !

Erwan Castel

Source de l'article : Russie Politics

Le Donbass et la formule Steinmeier : 
ou comment transformer le conflit intérieur ukrainien 
en y intégrant la Russie


Karine Bechet Golovko

Zelensky poursuit un jeu intéressant au sujet du Donbass, démontrant ainsi que la stratégie atlantiste a encore une fois changé : comme il devient de moins en moins crédible de jouer la carte de l'armée russe en Ukraine, que tous les satellites ont cherchée sans jamais trouver, et face à la fatigue générale à l'égard d'un conflit qui s'est enlisé, il est fondamental de déplacer ce conflit sur le plan politique - conduire la Russie à lâcher le Donbass, évidemment en y mettant les formes. Ce qui porterait un coup très fort à son image sur la scène internationale, sans parler des conséquences politico-judiciaires.

Au-delà de la propagande officielle, peu son ceux, parmi les décideurs, qui croient réellement à la présence de l'armée russe dans le Donbass, tout autant qu'à la soi-disant volonté de celle-ci de s'emparer de l'Ukraine par les armes. La rhétorique est usée, elle a épuisé son potentiel géopolitique, il est temps d'en changer.

Or, une usure objective s'installe face à un conflit enlisé, sans perspective d'évolution réelle: l'Ukraine ne peut politiquement se permettre une attaque sanglante, les nouveaux dirigeants du Donbass ne sont pas les révolutionnaires des premières heures et ont (toujours eu) d'autres priorités. En Russie aussi, qui n'a jamais eu l'intention d'intégrer le Donbass, certaines "Tours du Kremlin" sont assez peu favorables à continuer à soutenir, même techniquement, un territoire alors que la situation ne se résoudra pas rapidement d'un coup de baguette magique, la vision stratégique étatique étant ici totalement absente. 

D'une manière générale, il est important pour le clan atlantiste de "gommer" le Donbass, pour transformer le conflit, le faire passer d'une guerre civile à un conflit entre l'Ukraine et la Russie. Cela se passe déjà devant la CEDH, où l'Ukraine efface le Maïdan pour faire découler la Crimée d'une agression russe (voir notre texte ici). Encore plus directement, l'échange de "prisonniers" entre l'Ukraine et la Russie a ouvert la voie, a montré la possibilité de s'engouffrer dans cette erreur stratégique (voir notre texte ici).

La fameuse "Formule Steinmeier", selon laquelle le statut spécial du Donbass serait temporaire jusqu'à des élections pour ensuite devenir définitif après le contrôle de l'OSCE, retient toutes les attentions - prêtes à tourner la page. Le fait même d'un statut spécial pose des difficultés à l'Ukraine, car si la Crimée a pu si facilement partir, c'est aussi parce qu'elle avait des institutions autonomes qui fonctionnaient. Mais cette formule est aussi intéressante car elle permet de récupérer le territoire, alors, depuis Kiev, les messages favorables à sa reconnaissance se multiplient, mais pourtant elle n'a pas été signée à Minsk, lors de la réunion du groupe de contact avec les représentants du Donbass.

Pourquoi ? Parce que l'Ukraine ne veut pas signer avec les représentants du Donbass. Elle est prête à reconnaître un statut spécial, de toute manière elle n'a pas le choix, c'est ça ou le conflit continue à pourrir et la population ukrainienne est fatiguée elle aussi. Elle peut ainsi récupérer ses frontières. Mais elle doit obtenir un avantage politique qui fasse contrepoids : faire reconnaître le conflit avec la Russie. Pour cela, discuter et signer cette formule avec la Russie et pourquoi pas au Format Normandie, serait un coup d'éclat de plus de la diplomatie des conseillers atlantistes de Zelensky. Et ce serait un coup extrêmement dur pour la Russie, tant politiquement sur la scène internationale, qu'au regard de toutes les conséquences juridiques et financières qui en découleraient devant les instances internationales.

Alors, pour appâter, Zelensky fait de la surenchère, il faut totalement retirer les forces militaires sur toute la ligne de front et pas seulement en quelques points précis. Et nous en parlerons lors de la réunion du Format Normandie.

Car cette réunion est fondamentale pour transformer le conflit. Or, après le refus de Kutchma de signer à Minsk le statut spécial du Donbass (à l'intérieur de l'Ukraine), la Russie estime que la réunion du Format Normandie est compromise. Il serait d'ailleurs souhaitable qu'elle ne change pas de position.

Le jeu du bâton et de la carotte se met en place, certes de manière un peu primaire. D'une part, Zelensky menace de revenir à l'idée d'une mission d'observateurs de l'ONU sur tout le territoire du Donbass si ça ne marche pas comme il veut. Autrement dit, il menace de bloquer à nouveau le processus, puisque cette décision concernant les observateurs ne peut être prise sans l'aval de la Russie qui, à juste titre, d'y oppose. D'autre part, son ministre des affaires étrangères estime qu'il est plus logique de discuter de la Formule Steinmeier lors du Format Normandie. Ou comment faire semblant d'ouvrir une porte particulière après les avoir fermées, ce qui ressemble à s'y méprendre à la stratégie américaine.

Les cartes sont distribuées. A suivre.

Karine Bechet Golovko

L'incendiaire BHL est de retour


Bernard Henri Lévy est autant journaliste ou philosophe que je suis archevêque de Canterbury, mais ce qui est certain c'est que ce trublion sioniste est bien un fouteur de merde et un faiseur de guerres.Yougoslavie, Géorgie,, Syrie, Libye etc partout où apparaît dans une scénographie mélodramatique narcissique sa chemise immaculée et sa tignasse ébouriffée, les incendies naissent ou s'intensifient: révolutions colorées, coups d'Etat, guerres, terrorismes, etc. et toujours au profit de l'hégémonie israélo-occidentale. Cette fonction d'incendiare que BHL assume complètement dans ses "one ma show" médiatiques cette réputation criminogène qui lui a même valu la qualification de "VRP" de la guerre par Mediapart.

Et l'Ukraine n'échappe pas aux tournées médiatiques de ce psychopathe des plateaux télé.

Confirmant que le Maïdan n'est qu'une révolution colorée importée les occidentaux en Ukraine, BHL apparaît régulièrement à Kiev pendant l'hiver 2014-2015, haranguant les foules manipulées jusqu’à saluer les groupes néo-nazis qui sur les barricades en feu sont devenus les idiots utiles du sioniste.

Dans les épisodes dramatiques qui s"enchaînent en Ukraine (massacre du Maïdan, coup d'état, massacre d'Odessa, guerre dans le Donbass...) BHL ne manque jamais une occasion de jeter de l'huile sur le feu de l'escalade militaire, soutenant inconditionnellement, son ami oligarque sioniste et président Porochenko.

Ainsi comme l'a souligné Danill Bezsonov, le porte parole militaire de la République Populaire de Donetsk, l'incendiaire français BHL dont on sait qu'il est obsédé par la mise en scène propagandiste de son personnage sur fond de décor dramatique, apparaît plusieurs fois en Ukraine juste avant des escalades meurtrières qui sont aussitôt attribuées aux russes ou pro-russes. Ainsi par exemple :
  • En février 2014, un massacre de manifestants et policiers est organisé sur le Maïdan avortant les accords politiques obtenus la veille et provoquant le coup d'Etat. Ce massacre intervient 3 jours après une nouvelle visite de soutien aux émeutiers de BHL 
Discours halluciné (et certainement sous hallucinogènes) 
de BHL,en février 2014, sur la place du Maïdan
  • En février 2015, Alors que de nouveaux accords de paix sont sur le point d'être signés BHL s'envole vers l'Etat Major des forces ukrainiennes à Kramatorsk (100 km au Nord de Donetsk) Une frappe de Lance Roquettes Multiple Uragan frappe cette ville ... 3 jours après son arrivée!


Ce 19 septembre 2019, BHL est venu rencontrer Porochenko, l'ex-président et opposant à Zelensky que le français, qui l'avait rencontré fin mars 2019 juste avant la campagne présidentielle ukrainienne, décrit comme un personnage superficiel "qui a des yeux mais pas de regard".

Actuellement Zelensky tente de poursuivre la politique de l'OTAN engagée par Porochenko, mais par des chemins plus diplomatiques que militaires et surtout aux discours russophobes moins agressifs, ce qui bien sûr déplaît à BHL, ce dramaturge du Nouvel Ordre Mondial qui veut des ruines et du sang pour décorer ses apparitions.

De là à dire que cette nouvelle visite de l'incendiaire français auprès de ses amis du"parti de la guerre" ukrainien annonce un coup de force prochain à Kiev de l'opposition pour assurer le maintien d'une politique belliciste anti-russe, il n'y a qu'un petit pas à faire...

Il reste à surveiller les retours des nouvelles intrigues de BHL en Ukraine pour savoir quelles graines de chaos il y est venu semer.

Erwan Castel

Article référence : Colonel Cassad

jeudi 19 septembre 2019

Libérez Hubert Fayard !


Le 4 avril 2019, Hubert Fayard, représentant honoraire de la République Populaire de Donetsk en France est interpellé sous chef d'accusation de proxénétisme. Depuis plus de 5 mois cet homme est en prison sans jugement, et dans les conditions de torture psychologique d'un isolement carcéral arbitraire dont les conditions et l'absence de jugement révèlent une instrumentalisation politique de la justice par un régime français russophobe et pro ukrainien.

Récemment Thierrz Zurba, internaute et soutien du Donbass évoquait un "silence sépulcral" autour de l'incarcération de Hubert Fayard, et je ne peux malheureusement qu'abonder dans cette définition alarmante et scandaleuse, car à part quelques personnes du réseau, et blogueurs dont je fais partie, aucun média ni réseau officiel ne se fait l'écho de cette incarcération arbitraire qui met la vie d'un homme en danger et salit (une fois de plus) l'éthique de la Justice française.
Pas même (ou plutôt surtout pas) le réseau Moreau/Néant n'a alerté l'opinion concernant le sort de Hubert Fayard, tant ces ambitieux, obsédés par le monopole de la représentation française sont même certainement satisfaits de voir mis hors jeu un homme qui ne fait pas partie de leur bande d'arrivistes affairistes et d'intrigants calomniateurs.

Sur ce blog j'ai expliqué plusieurs fois les raisons politiques évidentes de cette mise hors jeu du représentant du Donbass en France dont les actions commençaient à gratter sérieusement les collabos élyséens du régime criminel de Kiev :
  • Ouverture d'une centre de représentation de la République Populaire de Donetsk à Marseille
  • Voyages de soutien fréquents en Russie, Crimée et dans le Donbass
  • Victoire juridique contre l'Etat  français voulant dissoudre l'association hébergeant le centre
  • Jumelage de la provençale Marignane avec la ville russe de Crimée d'Evpatoria ,
  • Etc 
Le régime macronien, critiqué par ses amis fascistes de Kiev pour l'existence de ce centre pro-russe voulait donc autant ses représailles judiciaires qu'offrir un gage de collaboration au client ukrainien de son appareil militaro-industriel otanesque.

Et le calendrier de l'arrestation de Hubert Fayard réalisée et médiatisée quelques jours avant la visite des présidents ukrainiens sortant et entrant à Paris prouve s'il en était besoin le caractère politique de cette opération russophobe menée sur le territoire français.

Dans une perfide et une lâcheté typiquement occidentales, l'attaque politico-juridique a invoqué une affaire de proxénétisme, jetant ainsi un sordide voile d’immoralité sur Hubert Fayard éclaboussant le centre de représentation, le réseau de soutien au Donbass et surtout écartant officiellement le motif politique de son arrestation même si personne n'est dupe qu'il en est sa motivation et son objectif.

Ici je tiens à faire une observation à destination de celles et ceux qui s'interrogent sur le silence des autorités à Moscou et Donetsk concernant l'incarcération arbitraire et abusive de Hubert Fayard. 
  • Primo, interpeller officiellement Paris pour protester ou même demander des éclaircissements serait considéré, au vu du chef d'accusation officiel avancé, comme de l'ingérence étrangère dans la justice française, ce qui est contraire aux principes diplomatiques défendus par Moscou.
  • Secundo, le Ministère des Affaires Etrangères de Donetsk n'en reste pas moins sensible et inquiet quant au sort de son représentant français et s'informe officieusement par le réseau de ses amis en France de l'état de santé de Hubert Fayard et de l'évolution de la procédure juridique.
Cela précisé il est évident qu'il faut engager une action de médiatisation concernant cette arrestation politique inadmissible et l'incarcération abusive qui l'a suivi. Médiatiser est aujourd'hui le seul moyen pour faire réfléchir et fléchir cette justice française complétement asservie à la propagande de guerre occidentale. 

Mais cela ne peut se faire qu'en France en créant des pétitions, des communiqués auprès des médias, des manifestations devant le tribunal, des questions au gouvernement etc...

Du côté des médias russes les interrogations et les alertes concernant l'incarcération de Hubert Fayard commencent à apparaître, principalement grâce au soutien actif et infatigable d'Emmanuel Leroy, ami du prisonnier politique, politologue et acteur majeur du soutien français au Donbass avec notamment son association humanitaire "Urgence Enfants du Donbass" qui intervient depuis 5 ans sur le front. L'action militante et désintéressée axée autour de valeurs fraternelles et de convictions idéologiques solides et profondes (pas comme certains autres "pro russes" de salons) a poussé Emmanuel Leroy a être le lanceur d'alerte et le porte parole de son ami et représentant honoraire de la République Populaire de Donetsk. Et je tiens ici à saluer son action efficace et noble car au delà de la personne d'Hubert Fayard il s'agit de défendre la Liberté et la Vérité bafouées quotidiennement et partout par cette dictature amorale de la marchandise.

Précédemment j'ai publié ici un des entretiens accordés à des médias russe par Emmanuel Leroy sur l'affaire Fayard 

De mon côté, je continuerai modestement à informer du mieux que je peux et relayer toute action visant à faire éclater la vérité sur cette agissement dictatorial du gouvernement français, et surtout pour exiger la libération d'un homme qui aujourd'hui est en danger de suicide tant les pressions psychologiques sur sa personne et sa famille sont importantes.

Au delà de ses défauts et ses contradictions, comme tout à chacun, Hubert Fayard est un homme franc qui, parce qu'il soutient le combat du Donbass pour sa liberté et ses traditions, est victime d'une injustice flagrante fruit d'un montage politico-judiciaire indigne d'une démocratie droitdel'hommiste et qui veut jeter sur sa personne et le Donbass qu'il représente une opprobre abjecte et criminelle.

Erwan Castel

Rien de nouveau à l'Ouest


On peut vraiment se demander si les forces ukrainiennes ne redoublent pas leurs provocations meurtrières à chaque fois que les accords de Minsk reviennent sur l'avant scène internationale. Ces escalades militaires initiées par Kiev sont par exemple systématiques les veilles des réunions du groupe de travail tripartite chargé de la mise en oeuvre du processus de paix. 
De même, depuis le dernier sommet du G7 où il a été décidé d'une nouvelle réunion du "Quartet Normandie" (Russie/Ukraine/Allemagne/France) et à l'issue de l'important échange de prisonniers du 7 septembre dernier, les forces armées ukrainiennes ont intensifié leurs tirs contre les territoires des républiques du Donbass.

Ainsi du 7 au 17 septembre 2019, 7 militaires au minimum sont morts sur le front du Donbass (Républiques de Donetsk et Lugansk) et 8 civils ont été blessées, dont 2 femmes. 
L'armée ukrainienne, malgré la volonté de cessez le feu renouvellée lors de la réunion du groupe de travail à Minsk, malgré l'échange de prisonniers cherchant à "calmer le jeu", continue de déverser sur les territoires des républiques du Donbass des tonnes de munitions. Depuis le 7 septembre plus de 250 obus de gros calibres ont ainsi été tirés par les forces de Kiev.

De plus, les observateurs internationaux ont relevé une activité de déploiement de matériels lourds (blindés et artillerie) vers la ligne de front 3 fois supérieur ) la moyenne. Si les déplacements ukrainiens des armes lourdes prohibées par les accords de Minsk (calibre supérieur à 100mm) se faisaient avant discrètement en contournant les agglomérations à la faveur de la nuit, ils se réalisent désormais en plein jour et pleine ville comme à Mariupol, ville occupée par Kiev qui a vécu ces derniers jours de nombreux embouteillages provoqués par des convois militaires montant vers le front.  



J'ai choisi pour illustrer ici à la fois les violations ukrainiennes des accords de Minsk mais aussi la psychopathie de leurs auteurs 2 exemples parmi leurs attaques des derniers jours :

  • Le 11 septembre, en début d'après midi, les forces ukrainiennes mitraillent une maison d'habitation civile du village de Trudovsky situé à la lisière Sud Ouest de Donetsk avec des munitions traçantes.. Quelques minutes plus tard une unité des pompiers du district de Petrovsky arrivent sur place pour combattre l'incendie provoqué. Malgré que le STKK (Centre de coordination du Cessez le feu) ait prévenu le commandement ukrainien du secteur de leur mission de secours, l'artillerie ukrainienne va bombardé le site où les pompiers travaillent depuis une demi heure, blessant 3 d'entre eux dont un grièvement. Les ukrops sont coutumiers de cette tactique criminelle visant à dissuader les unités de secours de sauver les personnes et les habitations de la ligne de front.
  • Le 16 septembre, ​Roman Dzumaeva, 28 ans est assassiné à Mariupol. Ce jeune homme, ancien volontaire de la brigade Piatnashka était assigné à résidence en attendant son jugement par le tribunal de Mariupol où il était retourné pour aider sa mère. Des paramilitaires ukrainiens sont venus à son domicile pour l'abattre froidement. Comme je l'ai mentionné dans le précédent article, cet assassinat, qui n'est pas le premier, préfigure du régime de terreur qui sera instauré dans le Donbass si les républiques de Donetsk et Lugansk réintègrent l'Ukraine, même sous "statut spécial".
Si on rajoute à ces faits divers quotidiens d'une guerre larvée les manœuvres de l'OTAN "Rapid Trident" qui se déroulent dans l'Ouest ukrainien et auxquelles participent 3000 "ukrops" dans des scénarios uniquement offensifs, ou les discours changeant d'un gouvernement Zelensky qui maintenant remet en cause le statut spécial demandé par Minsk pour le Donbass et l’amnistie pour les participants au conflit, on peut considérer que la paix est toujours dans une impasse, alors que Kiev, avec l'aide des occidentaux, continue d'ouvrir une autoroute à la guerre contre la Russie.


Erwan Castel

mercredi 18 septembre 2019

Un assassinat précurseur si...


Le 16 septembre 2019, Roman Dzhumayev, un jeune homme de 28 ans et père d'une fillette est mortellement blessé de plusieurs coups de feu à son domicile de Mariupol. Il décédera sur le seuil de son appartement avant l'arrivée de l'ambulance..

Ce fait divers dramatique est à mettre en perspective avec la guerre qui ravage le Donbass  depuis plus de 5 ans et surtout ce simulacre de processus de paix signé à Minsk en février 2015, et qui cherche à réintégrer les territoires des républiques de Donetsk et Lugansk en Ukraine.

Car Roman Dzhumayev, a été lâchement assassiné par des nationalistes ukrainiens parce qu'il avait participé à la résistance du Donbass dans les rangs de la Brigade Pyatnashka dont je fais partie. La triste nouvelle a choqué les anciens de la Brigade qui connaissaient ce jeune homme franc et généreux, toujours prêt à aider autrui. 

Lorsqu'il quitte l'armée il prend le risque de se rendre à Mariupol, en zone occupée par l'Armée ukrainienne pour y aider sa mère après avoir vendu son appartement et acheté une camionnette pour vendre du café. En septembre 2017, des paramilitaires ukrainiens l'ayant repéré sont allés chez sa mère pour la voler et la menacer et Roman qui voulait la protéger a été arrêté à l'issue de la bagarre provoquée. 

Relâché en août 2019 mais assigné à résidence, Roman Dzhumayev était inscrit sur la liste des prisonniers à échanger et attendait son jugement ce 20 septembre. 

Ce meurtre n'est malheureusement pas un cas isolé, et l'imprudence fatale de Roman ne doit pas faire oublier que son sort attend tous ceux qui reviennent en Ukraine aujourd'hui et tous ceux qui le seront demain si les accords de Minsk aboutissent. 

Car derrière les rideaux des belles promesses d'amnistie, de statut spécial et autres hypocrisies diplomatiques occidentales et ukrainiennes se cachent les assassins bandéristes qui ont toujours pignon sur rue et imposent tant sur le front et les territoires occupés du Donbass que dans les régions russophones d'Ukraine un régime de terreur meurtrière sous le regard indifférent et même souvent complice des forces de sécurité gouvernementales.

Il est de notoriété et même de déclaration publique que l'Ukraine a prévu, dans les wagons de Minsk 2, d'instaurer une "lustration" de la population du Donbass (arrestations, camps de rééducation, déplacement des populations etc...). Et le gouvernement Zelensky a confirmé récemment par la voix de son ministre de la justice qu'il était hors de question d'appliquer l'amnistie (pourtant prévu par les accords de paix) aux volontaires ayant participé à des combats sur le front. 

Depuis 2014, il y a environ 100 000 personnes qui, à un moment donné, ont pris les armes pour défendre les territoires de Donetsk et Lugansk attaqués par l'armée ukrainienne. Cela représente des dizaines de milliers de résidents locaux auxquels il faut rajouter les milliers qui ont dans un engagement politique ont soutenu ouvertement le séparatisme armé du Donbass, et bien sûr leurs familles... 

Si Minsk 2 devait aboutir par la trahison des élites, à court ou moyen terme ces accords de paix n'auront fait qu'ouvrir les portes du Donbass aux génocidaires ukrainiens. Et dans les mois qui suivront cette réintégration sous "statut spécial", des assassinats politiques comme celui notre camarade Roman se compteront très rapidement par milliers... 

Voilà pourquoi il est important de rappeler que mettre ses idées au bout d'un fusil, à titre individuel ou collectif, n'est pas une décision anodine, et que lorsqu'elle est prise il faut l'assumer et la mener à son terme, surtout lorsque la cause que l'on défend, telle que celle du Donbass est juste et noble. 

Adieu Roman, paix à ton âme et puisse ton martyr faire réfléchir les irresponsables qui veulent tendre la main et faire confiance à nos ennemis.


mardi 17 septembre 2019

En mémoire de Promka

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Dans le calme dominical nous revenons à Donetsk pour quelques heures de repos avant de repartir pour de nouvelles missions, juste le temps de "faire dormir les yeux" et nettoyer le barda couvert de cette terre des tranchées qui, boue ou poussière, nous colle aux corps, armes, treillis et matériels avec un zèle tenace et méticuleux...


Lundi 16 septembre 2019

Ce lundi 16 septembre alors que je profite de la saveur des fruits colorant les ruelles et jardins du quartier d'Oktyabrsky où je réside, je suis appelé à la base "Sarmat" de la brigade Piatnashka pour y recevoir une nouvelle décoration, lié à mon action réalisée sur le front de Yasinovataya au Nord de Donetsk entre 2017 et 2019.

Cette médaille a été réalisée spécialement cette année pour récompenser ceux qui ont marqué la défense de ce secteur du front du Donbass où les belligérants s'affrontent dans des positions quasiment au contact les unes des autres et au milieu d'un chaos semi urbain, semi lunaire...


Pour moi, les quelques grammes métalliques de cette médaille sont chargés de très nombreux souvenirs nés au milieu des ruines de "Promka", cette zone industrielle située entre Yasinovataya (républicains) et Avdeevka (ukrainiens), et en premier lieu ceux des camarades tués au milieu de ce chaos où se côtoient, s'invectivent et s'affrontent depuis plus de 5 ans des hommes qui hier encore partageaient les mêmes bancs d'école ou de stade de football.

C'est sans nul doute ces camarades de notre unité tombés à "Promka", "Filin", "Sever", "Pauk" et "Mamaï" notre "Com'Bat'", comme tant d'autres des unités voisines , qui méritent plus que moi cette décoration du front de "Promka", et si je l'accepte aujourd'hui c'est aussi pour mieux témoigner de leur sacrifice.


Dans mon parcours réalisé dans le Donbass, "Promka" reste mon expérience la plus longue et certainement la plus intense, celle de 2 années de rotations, accroché aux ruines d'un ancien bâtiment industriel, dans celles des datchas voisines ou dans les tranchées de cette zone pulvérisée par 5 années  de combats et de bombardements.

C'est dans ce décor qu'avec mes camarades nous avons certainement le plus croisé la Camarde, un jour sifflant à nos oreilles, frappant les murs derrière nous, ou d'autre jours traversant des embrasures que certains occupaient seulement quelques secondes auparavant. Mais, tout comme dans un accident de la route évité de justesse par chance ou par réflexe, ce n'est qu'après coup que l'âme mesure l'intensité et la gravité de ce moment où la Mort nous a invité à danser. 

"Promka" est aujourd'hui indissociable de l'histoire de la brigade Piatnashka, car ses volontaires en ont tracé une grande partie des lignes de défense qu'ils ont maintenu pendant des années face aux pressions offensives ukrainiennes, et c'est aussi ici, au coeur de ce front bouillant que "Mamaï" notre commandeur a été tué au combat le 17 mai 2018. 


Ma contribution à la défense de ce secteur du front de Yasinovataya pourrai se résumer à ces quelques chiffres: 245 jours et nuits de missions,17 tirs revendiqués dont 8 confirmés s'il n'y avait pas aussi et surtout cette charge émotionnelle donnée par les attaques ukrainiennes, la camaraderie, et ce décor dantesque au milieu duquel il nous semblait parfois n'être que des fantômes perdus entre deux mondes. 

J'espère un jour retrouver le chemin de ces postions perdues au milieu de nulle part entre Yasinovataya et Avdeevka pendant ou après cette guerre initiatrice du Donbass.


Et si demain je ne devais accrocher qu'une seule médaille à ma veste, sans hésitation ce serait celle ci tant elle symbolise aujourd'hui mon engagement sans retour pour cette terre du Donbass.

Erwan Castel