samedi 31 août 2019

Partisan sur le front

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Sur le front de Gorlovka des détonations ukrainiennes viennent peu avant 18h00 réveiller les aboiements des chiens errants et chasser les hérons des étangs avoisinants, confirmant malheureusement l'escalade en cours qui s'est amorcée brutalement il y a deux jours avec la mort d'une dizaine de défenseurs républicains tombés lors d'une attaque sur ce secteur et de bombardements dans le Sud de la République de Donetsk. et ce soir un nouveau défenseur républicain paie de sa vie son amour pour cette république du Donbass.


Samedi 31 août 2019

Aujourd'hui j'avais un rendez improbable dans un restaurant de Paris avec des membres du réseau de soutien au Donbass, lequel a pu se réaliser grâce à la magie des réseaux internet qui peuvent raccourcir le monde à l'intérieur de nos horizons individuels, Et ces retrouvailles ont été l'occasion pour moi, dans la langue de Voltaire (mais pas forcément dans sa pensée), d'évoquer nombre de sujets divers et variés, légers ou graves, russes, français ou internationaux mais toujours sous l'égide d'un sens commun au service de la cause des peuples luttant contre l'hégémonie d'un mondialisme libéral esclavagiste. 

Emporté par la passion des sujets et le plaisir de revoir des connaissances éloignées, j'en ai oublié cette course du soleil au dessus des arbres où nous avons niché notre position pour cette nouvelle mission sur le front Nord de Gorlovka. Et lorsque la fenêtre virtuelle s'éteint j'ai juste eu le temps de revenir vers la fumée filtrée de notre petit feu de camp avant que la "volée" quotidienne de moustiques annoncent l'arrivée du crépuscule.

La guerre aiguisant les sens dans leur définition la plus survivaliste, les détails, même les plus anodins de la vie prennent souvent une dimension particulière et unique et renvoient comme un écho la juste place de nos petites personnes trop souvent déformées par les miroirs de nos vanités et orgueils humains.

La petite forêt où nous sommes déployés donne à notre mission un air de guerre de partisans car nous évoluons au milieu des arbres et des passées d'animaux que parfois, lorsque le silence nous enveloppe, il nous arrive de voir ou d'entendre furetant autour notre campement, attirés par les déchets de nos repas ou soumis à la dynamique perpétuelle des représentants de la faune sauvage, tantôt prédateurs, tantôt proies dans le cycle souverain de la vie et de la mort...

Et au milieu de ce monde naturel à la fois intime et étranger, des hommes évoluent, prédateurs d'eux mêmes, courant, rampant ou creusant cette steppe où se sont levés à nouveau des vents de l'Histoire imposant au regard des yeux et des âmes un avenir et un silence inconnus que les gueules d'acier de leurs armes viennent parfois rompre d'un aboiement sec et lugubre. 

18h40, les détonations éloignées qui martelaient notre horizon depuis plus d'une demi heure s'estompent dans le déclin occidental du soleil, alors reviennent au premier plan de nos sens les chants des batraciens et les vrombissements des insectes, le crépitement du feu et les craquements des brindilles sous les pas des sentinelles...

Et je m'équipe pour mon premier service nocturne, enveloppant mon corps de cet harnachement de plaques, de chargeurs et de sacoches, aux sangles multiples à serrer et rejoint la lisière armé de mon fusil et de cette citation d'Alexandre Zakharchenko offerte aux combattants de la Liberté par son exemple resté vivant dans nos coeurs :

 "Je suis le petit-fils de mon grand-père. 
Je suis aussi l’arrière-petit-fils de mon arrière-grand-père. 
Chez moi sont leurs récompenses. Je monte souvent les regarder et je comprends - 
si mes grands-pères et mes arrière-grands-pères pouvaient le faire, 
alors je le peux aussi. 
Et quand j'arriverai à eux, je n'aurai pas la honte d'avoir déshonoré le nom de ma famille. 
On va se lever avec eux . 
Mais je ne serai pas parmi eux, comme un enfant, 
je serai un homme. 
Ils vont évaluer mon chemin de vie. 
J'ai probablement fait beaucoup d'erreurs. 
Mais seul ne se trompe pas, celui qui ne fait rien."


Les feuillages caressés par le vent font clignoter les étoiles au dessus de moi, tandis que les ombres des dieux anciens se glissent entre des troncs griffés par l'acier... 
Puis les hommes les bêtes et les arbres se noient progressivement dans l'encre silencieuse de la nuit et des pensées vagabondes.

Erwan Castel

La mort de "Batia"


Il y a 1 an disparaissait tragiquement dans un lâche attentat à la bombe le Président de la jeune République Populaire de Donetsk, Alexandre Zakharchenko. Aujourd'hui les habitants du Donbass, mais aussi du monde russe dans son ensemble et des nombreux réseaux de soutien combattant la dictature de la marchandise  se souviennent de celui qui fut et qui reste dans les coeurs bien plus qu'un chef d'état, mais un père. 

Hier soir, mon unité est repartie au Nord de Gorlovka, sur ce front durement touché ces derniers jours par des attaques ukrainiennes meurtrières. C'est donc les armes à la main, scrutant de nos sens l'horizon que nous rendrons hommage, mes camarades et moi même à "Batia" qui nous a laissé un exemple de courage et d'héroïsme exceptionnel et immortel.


En 2017 et 2018, j'ai eu l'occasion et l'honneur de croiser Alexandre Zakharchenko sur le front, à proximité des positions sur lesquels j'étais déployé, à Spartak ou Yasinovataya. Le regard attentif, non pas pour lui même mais pour les autres, "Zakhar" montrait une simplicité humaine qui rendait son engagement et les responsabilités encore plus nobles. Lorsque la terrible nouvelle de sa mort nous parvient au soir de ce 31 août je suis déployé sur le front de Promka au Nord de Donetsk et le choc émotionnel provoqué par ce drame pourtant prévisible est tel que je me souviens exactement de mon geste et de ma position précise au moment de l'information qui circule comme un traînée de poudre de tranchée en casemates, mettant immédiatement tous les effectifs en alerte de combat maximum, l'hypothèse d'un attentat majeur précédant une offensive ukrainienne n'étant pas à exclure.

Même lorsqu'il est grièvement blessé par balles, "Batia" au sortir de l'hôpital reprend ses fonctions immédiatement, qu'ils ne pouvaient exercer sans quitter de ses yeux et de son coeur son peuple pour la liberté duquel il avait déjà offert sa vie de son vivant.

Alexandre Zakharchenko se savait en danger, mais il continuait ses devoirs de chef de l'Etat, mais aussi de commandeur d'un peuple en guerre. Il avait survécu à plusieurs blessures, et de nombreux attentats le visant avaient déjà été déjoués. Il était pour beaucoup, ukrainiens mais aussi opposants et même libéraux moscovites, l'homme à abattre car il incarnait la victoire d'une communauté de l'Etre sur cette société de l'Avoir qui veut dominer le Monde et imposer aux peuples l'esclavage de sa marchandise.

Sa sécurité était importante : voiture blindée, gardes du corps, groupe de protection lourdement armé etc... et une attaque directe par un commando, et même un sniper était quasiment impossible. les lieux habituels ou programmés du planning présidentiel étaient régulièrement inspectés par des services de sécurité, des démineurs et des équipes cynophiles spécialisées.

Il fallait donc, de la ruse et surtout de la lâcheté pour pouvoir atteindre cet homme malgré sa témérité, et ce drame pour le peuple du Donbass allait malheureusement se réaliser ce 31 août 2018 en fin d'après midi. Depuis les détails de sa mort, révélés par l'enquête et les témoignages nous sont mieux connus et permettent de reconstituer les dernières minutes d'Alexandre Zakharchenko et de son garde du corps Vyacheslav Dotsenko;

Dans ce premier article sur le Président Alexandre Zakharchenko je m'intéresse plus particulièrement aux circonstances précises de son assassinat et aux hypothèses humaines politiques qui en découlent.

Explosion de la bombe qui a tué le président Zakharchenko 
le 31 août 2019 au café Separ, boulevard Pouchkine, Donetsk

Selon le MGB, les services de sécurité républicains qui ont été assistés pour l'occasion d’enquêteurs du FSB venus de Russie, l'assassinat du président Zakharchenko a été dirigé par le SBU ukrainien. notamment un certain Sergey Motorin, assisté de Vladislav Dolgozvyaga et de Sergey Mushta. les enquéteurs ont même avancé les noms des agents de terrain qui auraient exécuté l'attentat terroriste, à savoir Andrei Baidaly "indicatif d'appel «Swede»), Andrei Otenko et Damir Bashtannikov.

Les résultats de cette enquête, qui à mon avis n'est pas finie, ont donc confirmé l'annonce logique réalisée immédiatement après l'explosion que ""Zakharchenko a été liquidée par ordre de Kiev". Les services spéciaux ukrainiens sont donc sans nul doute derrière ce lâche assassinat du Président de la République Populaire de Donetsk, et cela est même confirmé par des déclarations de certains responsables ukrainiens comme par exemple Alexander Pogorelov, un agent du SBU arrêté en 2017 et soupçonné de l'assassinat de "Motorola", le commandant du bataillon "Sparta" Arsen Pavlov. 
Pogorelov, (indicatif d'appel Légionnaire) dans l'article, avait été recruté par le SBU en 2014 qui l'avait ensuite chargé de tuer Motorola. Après cette première un certain "Sergey" son officier traitant, et "Roman", responsable au sein du service de contre-espionnage du SBU, lui avaient ordonner d'éliminer le Président Zakharchenko  Alexander Zakharchenko. Mais l'attentat avait alors échoué, le dispositif explosif (avec une mise à feu téléphonique) installé alors dans les toilettes du restaurant Pouchkine à Donetsk, n'ayant pas fonctionné. Cependant, selon les aveux de Pogorelov, son officier traitant Sergei avait préparé un autre groupe pour le meurtre de Zakharchenko et qui était chargé de piéger un autre restaurant où le président avait coutume de se rendre.

Mais aujourd'hui il apparaît évident qu'une telle opération, même en incluant un facteur chance maximale pour son succès, n'a pas pu se réaliser sans une complicité interne et peut-être même une trahison au sein même de l'équipe chargée de la sécurité d'Alexandre Zakharchenko.

En effet, non seulement l'organisation, la planification de l'attaque jusqu'à l'installation de la bombe, et sa mise en oeuvre dans les circonstances fortuites de l'événement où la présence à cet endroit et à ce moment précis de leur cible ne pouvaient être connus que sur place, laissent à penser qu'au moins un des auteurs de l'attentat était aussi dans l'entourage immédiat d'Alexandre Zakharchenko et physiquement présent au moment de son assassinat.

Ici le schéma des lieux au moment précis de l'explosion avec les positions précises des personnes (en rouge le président Zakaherchenko, suivi de Dotsenko, le garde du corps tué avec lui. Les autres personnes réchapperont à l'attentat mais avec des blessures variables comme Volkova et Timofeiev qui suivaient Dotsenko.
Le café "Separ" où a été tué Zakharchenko est non seulement en plein centre ville, mais surtout dans une zone administrative hautement surveillée et les différentes vidéos de l'attentat existantes nous montrent bien le maillage de caméras de surveillance existant dans ce secteur urbain.
  1. La bombe était disposée à l'intérieur du café, dans le faux plafond de l'entrée, ce qui suppose non seulement mais aussi des délais importants pour poser le dispositif explosif (démontage du faux plafond, installation de la radio commande, camouflage visuel et olfactif etc...).
  2. Il est techniquement improbable que l'impulsion électrique de la mise à feu du détonateur ait été réalisé ,comme cela été dit initialement, par un appel téléphonique. Tout d'abord parce qu'un appel non prévu peut intervenir sur le numéro relié à la bombe et la déclencher accidentellement, mais surtout qu'entre l'appel et la sonnerie le temps n'est pas maîtrisé car il dépend de l'encombrement du réseau, du délai de transmission des relais téléphonique etc. Or, dans le cas précis de l'attaque du café Separ, la "fenêtre de tir" pour déclencher l'explosion sur une cible dynamique était de l'ordre de la seconde. La preuve en est que les personnes précédant ou suivant le président sont sorties vivantes de l'attentat avec des blessures variables, et que seuls Alexandre Zakharchenko et son garde du corps rapproché, Vyacheslav Dotsenko ont été tués dans le court et étroit passage d'entrée du restaurant.
  3. Ce jour là l'agenda présidentiel était comme d'habitude très chargé et le soir il a subi des changements de lieux et d'itinéraire de dernière minute et à l'initiative du président Zakharchenko lui-même : 
    Alexandre Zakharcheko et Natalya Volkova qui sera sérieusement blessée dans l'attentat
  • 1 heure avant l'attentat le Président et sa suite (collaborateurs et sécurité) se sont rendus dans une salle d'entrainement du mouvement de jeunesse "Oplot Donbass", ("forteresse Donbass") où se déroulait une instruction sur le combat au couteau. Avec le président de la RPD sont le vice-Premier ministre Alexander Timofeev, ministre du Revenu et des Devoirs de la République, et la responsable de "Oplot Donbassa" Natalya Volkova qui seront tous les deux blessés dans l'attentat une heure plus tard.
  • A l'issue de cette rencontre avec les jeunes de "Oplot Donbassa", le Président Zakharchenko prévient son escorte qu'il se rendra à l' "artemis" un complexe de restaurants et un club de tir situé à la sortie Sud de Donetsk, pour discuter avec Natalya Volkova de projets concernant le mouvement de jeunesse "Oplot Donbassa". Mais d'autres réunions devant avoir lieu rapidement avec Tachkent au bureau de Dmitry Trapeznikov, vice-Premier ministre chargé de la politique intérieure, Natalya Volkova a suggéré de trouver un endroit sur leur chemin pour discuter des projets la concernant.
  • Il est 17h20, et à cet instant, Alexandre Zakharchenko prend lui même le volant de sa Lexus 570 blindée noire et emmène le convoi des 5 voitures présidentielles via l'avenue Artyom et le boulevard Pouchkine vers le restaurant le Sun City de ce quartier. Mais en arrivant à 17h20 devant les lieux, les parkings sont pleins (nous sommes un vendredi soir à une heure d'affluence). Zakharchenko reprend son chemin et dirige le convoi vers la "rue des universités", et les personnes pensent alors qu'il se dirige vers le Geese Swans un autre café restaurant qu'il fréquentait régulièrement.
  • Là encore, un nouveau changement intervient quand président tourne à gauche pour remonter vers le Boulevard Pouchkine qui est en parallèle de la Rue des Universités" pour se diriger vers le café restaurant Separ qui n'est qu'à 250 mètres, soit environ une douzaine de secondes du carrefour.


Il est évident que les changements d'itinéraires et de programme, ne permettait pas d'alerter à temps l'opérateur de la bombe dormante installée au Separ. De même il est impossible d'organiser une veille permanente dans l'espace public de ce quartier sous haute surveillance sans être repéré. Il fallait donc que ce soit quelqu'un de physiquement et professionnellement présent au moment des faits. 

La bombe qui a tué Zakharchenko et Dotsenko était composée de 1 à 1,5 kg de TNT de fabrication étasunienne tiens tiens encore la griffe américaine), détail confirmé par Pogorelov, l'agent du SBU arrêté et mentionné ci dessus). Installée dans le faux plafond de l'entrée du restaurant Separ, la charge était conditionnée dans une enveloppe bourrée de billes de métal. la mise en oeuvre du détonateur était assuré par une radio commande dont la portée de l'antenne est d'environ 1500 mètres, et son alimentation du dispositif électrique de l'engin assurée par une connexion réalisée sur le câblage électrique des plafonniers du restaurant.

Non seulement l'engin explosif révèle une certaine complexité mais aussi la nécessité de disposer de moyens et de temps importants et spécifiques pour l'installer à l'intérieur du restaurant, en hauteur et en démontant le plafond, en connexion avec le réseau électrique etc. Lors des premiers rapports publics il a été évoqué la présence d'une caméra munie d'un dispositif de reconnaissance faciale ce qui aurait pu accréditer la possibilité d'actionner le dispositif à distance, mais il reste les délais de transmission et de commande susceptibles de minuscules différés mais ici très importants dans la "fenètre de tir" limitée de cet attentat.

Si le café Separ était un lieu public fréquenté par le président de la République Popualire de Dontesk, ce dernier n'y allait pas avec une régularité prévisible. ce soir là c'était la première fois depuis 2 mois et de façon inopinée que Alexandre Zakharchenko retournait au Separ.

Vue de l'attentat à partir des vidéos de surveillance du restaurant Separ

Lorsque le convoi présidentiel arrive sur le parking,un premier garde du corps, "Spartak" rentre en premier, inspecte rapidement les lieux et revient vers l'entrée ou il fait signe que tout est normal, Alexandre Zakharchenko entre alors suivi du garde du corps Vyacheslav Dotsenko puis de Natalya Volkova et Alexandre Tymofeev. Le passage mortel sous la bombe à cet endroit ne dure pas plus de 1,5 seconde comme en témoigne la survie de ceux qui suivaient  Dotsenko et sur la vidéo on peut même observer une entrée rapide du groupe présidentiel.

Vyacheslav Dotsenko, un fidèle garde du corps et ami de Zakharcheko
qui l'accompagnera jusque dans la mort ce 31 août 2019.
Une mise à feu aussi précise n'a donc pu être réalisée qu'à partir d'un boitier de commande électrique utilisant des basses ou hautes fréquences peu encombrées et situé à proximité immédiate de l'explosion, vraisemblablement, par une personne située dans un rayon de 20 mètres environ dégagé de tout obstacle pour l'observation et la transmission radio., peut-être même un personnel de sa garde rapprochée qui ne pouvait éveiller les soupçons de ses camarades observant les alentours lors de l'arrivée sur les lieux.


Nous voilà donc arrivé à la triste hypothèse d'une complicité et d'une trahison interne sans laquelle "Batia" serait encore probablement en vie aujourd'hui. cela ouvre d'autres supputations quant aux connexions politiques éventuelles pouvant exister entre l'Ukraine, le Donbass et pourquoi pas même la Russie où on connait l'existence d'une "5ème colonne" qui, sous un masque libéral, aux revendications sociales ou politiques, tente de déstabiliser le pouvoir russe et ses alliés. 

Il est évidemment trop tôt pour lancer des accusations mais j'ai ma petrite idée et je pense que l'enquête concernant l'assassinat du Président Alexandre Zakharchenko est loin d'être finie, seules ayant été identifiées aujourd'hui des "petites mains ukrainiennes", et que de grosses et désagréables surprises risquent un jour de remonter à la surface de l'Histoire.

Cependant, et je terminerai là dessus, si cet attentat contre celui qu'on peut à juste titre considéré comme le "père" de la République Populaire de Donetsk a physiquement réussi, force est de constater qu'il a politiquement et même spirituellement échoué, prouvant au passage que "Zakhar" n'était pas le dictateur décrit par la propagande ukro-occidentale, car aujourd'hui l'immense majorité du peuple du Donbass pleure toujours sa disparition mais affirme avec force sa volonté de continuer sur le chemin qu'il a ouvert devant sa Liberté. 

Et dans le coeur des femmes et des hommes libres, Alexandre Zakharchenko restera toujours par le souvenir vivant de son exemple héroïque le Commandeur de leurs actes et de leurs pensées !

Erwan Castel





"Zakharchenko est entré dans l'histoire 
en tant qu'homme qui s'est battu pour la liberté, 
l'indépendance et le bien-être des citoyens de la République. 
Son nom est inscrit en lettres d'or dans l'histoire du Donbass" 

Denis Pushilin, président de la République Populaire de Donetsk

vendredi 30 août 2019

Le Méthode nouveau est arrivé !



Le N°15 de la Revue « Méthode » Août- Septembre 2019 est sorti, acteur significatif d'une amitié franco-russe qui résiste aux manipulations bellicistes de la propagande occidentale. Dans ce dernier numéro d'une revue à laquelle j'ai l'honneur de participer depuis 3 années, et j'en remercie les responsables, de nombreux articles divers et passionnants, instructifs et percutants nous montrent une partage de valeurs civilisationnelles entre l'Europe et l'Eurasie.

Rappel : L'abonnement à la revue MÉTHODE est gratuit et tous les anciens numéros sont téléchargeables gratuitement alors n'hésitez pas à soutenir cette publication en vous abonnant sur le site ou/et sur la page Facebook. https://www.facebook.com/revuemethode

Voici les liens ou vous pouvez consultez cette revue numéro 15 :


"Un grand merci à mes amis rédacteurs et contributeurs de ce très beau numéro : Anne Charlotte Kervoelen, Karine Bechet-golovko, Macha Yakoubovitch Julia Casado, Henri Feng, Jean-Marc Truchet, Nicolas Bonnal , Roland Thevenet, Roger Pol Cottereau, Alexandre Wattin, Samuel Furfari, Roland Paingaud, Julien Aubert, Marc Dugois, François Lejeune, Francis Raeirov, Olivier Bault, Michel Mogniat, Graham Harrison, Jean-Michel Jean-michel Vernochet, Franck Abed, Roland Pietrini, Pierre Chastanier, Erwan Castel, Lucien Cerise, Athanase Vnthev DE Thracy, Bertrand Soubelet, Jean Goychman, Olivier Piacentini, Frederic de Natal, Bruno Guigue. Bienvenue à notre nouveau rédacteur Eric Cusas. Merci également à Svetlana Kissileva pour ses magnifiques photographies et toutes mes félicitations à notre rédactrice en chef Hélène Sydorova pour ce magnifique numéro.

Bonne lecture à toutes et à tous."

François Maurice

jeudi 29 août 2019

Retour à la "normale" ukrainienne


FLASH !:


Au cours des 48 heures écoulées les forces de défense républicaines 
ont accusées des pertes importantes (minimum 4 soldats tués, 7 blessés et 3 capturés) 
au cours de violentes attaques ukrainiennes.

En dépit de la trêve décrétée le 21 juillet dernier le front du Donbass ne connait toujours pas ce fameux "régime du silence" défini par les accords de Minsk il y a plus de 5 ans maintenant. Dès le premier jour de ce cessez-le-feu, comme pour la vingtaine d'autres le précédant depuis septembre 2014, les ukrainiens ont engagé des tirs provocateurs sporadiques qet des bombardements exponentiels jusqu'à aujourd'hui.

Mais au cours des 2 derniers jours, 28 et 29 août 2019, les violations ukrainiennes du cessez le feu ont franchi une nouvelle étape dans leur augmentation régulière avec le retour intensif de leur artillerie lourde, en l'occurrence des obusiers de 122mm qui sont entrés en action sur le front de la République Populaire de Donetsk, au Nord dans le secteur de Gorlovka ou dans la Sud dans le secteur de Telmanovo.

Cette engagement de l'artillerie lourde, qui constitue une double violation d'accords de Minsk demandant le cessez le feu et le retrait du front des calibres supérieurs à 100mm, est révélatrice de la volonté politique ukrainienne de ne pas s'engager sur le chemin de la paix. 
En effet dans le contexte très tendu d'une guerre de tranchées où les avants postes des belligérants sont à portée de voix les uns des autres, il est logique q'un cessez le feu ait du mal à être techniquement respecté, et que les armes de ce premier échelon se fassent régulièrement entendre à la moindre alerte ou observation. Mais l'artillerie lourde qui appartient au 2ème échelon de bataille, à partir des mortiers de 120mm, et plus encore lorsqu'il s'agit d'obusiers automoteurs ou tractés ne peut être engagée sans un ordre et une planification du commandement supérieur, lui même l’exécuteur de la conduite politique du conflit.

Les bombardements ukrainiens que je dénonçais hier matin sur le front Nord de Gorlovka où mon unité est déployée en ce moment ont non seulement étaient confirmés par les rapports militaires et ceux des observateurs internationaux mais c'est derniers ont également révélé que ce réveil de la pression offensive de Kiev qui s'est généralisée sur l'ensemble du front a été accompagné d'assauts terrestres meurtriers contre des positions républicaines.

Ainsi par exemple, pour la journée du 28 août, on peut retenir entre autres violations du cessez le feu par les forces de Kiev :

Front de Gorlovka :
  • 05h00 Bombardement du front Nord de Gorlovka, puis courte pose à 05h30
  • 05h50 reprise du bombardement , utilisation de l'artillerie lourde
  • 06h00 intensification de bombardement qui se fait entendre à 30 km à la ronde
  • 06h10 25 obus de mortier de 120 mm frappent Novoliganskoe, secteur de Dolomite 
  • 06h15 impacts dans le secteur de l'école n°50
  • 06h20 12 obus d'obusier de 122mm dans le secteur de la mine Codema
  • 08h50 Tirs de blindés BMP dans le secteur de la mine Gagarine
  • 08h50 29 grenades automatiques dans le secteur de Shirokaya Balka
  • 14h20 4 obus de 82mm  dans le secteur de la mine Gagarine
Ailleurs
  • 14h 20 les bombardements ukrainiens s'étendent à l'ensemble du front 
  • 14h20 Tir de canon sans recul SPG9 secteur de Sahanka
  • 14h30 Tis de mitrailleuse lourdes dans le secteur de Shironkino
  • 18h20 Tirs de grenades et mitrailleuses lourdes sur le front de Trudovsky
  • 18h40 salves de grenades automatiques sur le front de Promka
  • 18h58 2 tirs de chars sur Yasinovataya
  • 19h10 12 obus de mortier de 82mm sur le secteur de Kamenka
Etc... je pourrais continuer à engrainer les violations ukrainiennes encore longtemps sachent que celles ci continuent depuis dans une spirale meurtrière : 

Maison en feu après avoir été touchée par un obus de mortier ukrainien
dans le village de Zaisevo aux lisières Nord de Gorlovka, le 29 août 2019

Alors que déjà plus de 15 tués ont été notifiés pour ce premier mois suivant la "trêve" du 21 juillet, les forces républicaines déplorent une brusque aggravation de leurs pertes au cours de ces 2 derniers jours :
  1. Dans la nuit du mercredi 28 au jeudi 29 août, un groupe de reconnaissance ukrainien, appartenant à l'unité du régiment spécial Azov déployée dans le secteur a attaqué une position républicaine sur le front Nord de Gorlovka. Au cours de ce combat 1 soldat républicain a été tué, 1 second grièvement blessé et 3 autres fait prisonniers (dont 1 également grièvement blessé). Les premiers détails de cette attaque ukrainienne montrent qu'elle a été soigneusement préparée avec pour objectif de tuer et faire des prisonniers le corps du soldat républicain tué lors de cet assaut atteste de la sauvagerie des attaquant qui lui ont coupé une oreille comme trophée avant de repartir vers leurs lignes.
Des photos d'un des soldats républicains capturés par le commando d'Azov 
ont été publiées sur les réseau internet des combattants néo nazis ukrainiens. 
Il présente de nombreuses blessures par balles mais aussi par arme blanche, vraisemblablement reçues après sa capture. 
Connaissant l'usage fréquent par les unités spéciales ukrainiennes de la torture 
et des exécutions sommaires observées depuis 5 ans, l'espérance de survie des 
3 prisonniers républicains est malheureusement très faible.
  1. Jeudi 29 août à 18h30, cette fois dans le Sud de la République Populaire de Donetsk, 3 autres soldats républicains ont été tués et 5 autres blessés au cours d'un bombardement intensif de leurs positions dans le secteur de Grigorova par des mortiers de 120mm (15 obus) de la 35ème brigade ukrainienne d'Infanterie de Marine, pilonnage accompagné également par des tirs nourris de mitrailleuses lourdes.
Du 23 au 29 août un minimum de 8 soldats ont été tués dans les rangs des défenseurs de la République Populaire de Donetsk.

La tactique employée par les ukrainiens pour ces bombardements et ces attaques au sol meurtrières est la même, à savoir un repérage préliminaire des objectifs par des drones qui ensuite servent d'observateurs pour guider les tirs d'artillerie où les progressions des unités d'assaut.

Sur cette vidéo vous pouvez voir des drones ukrainiens appuyant leurs bombardements
L'observation du décollage du drone atteste de la proximité des belligérants suite aux
avancées des forces ukrainiennes dans la "zone grise" théoriquement démilitarisée

Cette nouvelle aggravation ukrainienne de la situation militaire sur le front du Donbass montre bien, s'il en était encore besoin, que Kiev n'a absolument pas l'intention de respecter les accords de paix signés à Minsk, et que les engagements du président Zelensky ne sont que des rodomontades du nouveau larbin ukrainien d'une politique russophobe anglo-américaine qui veut à nouveau faire l'Europe le champ de bataille d'une nouvelle guerre mondiale, pour le plus grand plaisir de le haute finance internationale dont le système économique a urgemment besoin d'être réinitialisé

Erwan Castel

mercredi 28 août 2019

Dans l'ombre ambulante de la vie

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Nous sommes toujours déployés sur le front Nord de la République Populaire de Donetsk, aux lisières Nord de Gorlovka, et ce matin, après 3 jours de calme relatif rompus seulement par quelques tirs sporadiques, les forces ukrainiennes ont déclenché une nouvelle campagne de bombardements dans les secteurs de Zaitsevo et Dolomite.



Mercredi 28 août 2019

05h30, alors que les premières lueurs éveillent le monde diurne, des crépitements me sortent de mon duvet où je viens à peine de me glisser au sortir de ma garde. A nouveau l'horizon vers Zaitsevo se rempli de détonations multiples : lance grenades automatiques, mortiers de 82 et 120mm, canon de 30mm de BMP et rafales de mitrailleuses lourdes et armes légères. 
Le festival ukrainien continue et s'intensifie, au delà de l' "habituel" réveil matinal qui secoue régulièrement la ligne de front depuis 5 années de guerre de tranchées, au point que tout notre groupe est rapidement réveillé et debout le café dans une main et l'arme à portée de l'autre.

Après une courte accalmie de 10 minutes environ, les tirs reprennent sur nos positions d'où partent parfois des tirs de riposte, histoire de signifier aux ukrops que notre comité d'accueil est opérationnel. 

Mais cette fois encore, la pression offensive ukrainienne ne sortira pas de ses tranchées et après 45 minutes de tirs de tous calibres, les armes laissent la place aux chants des oiseaux, bourdonnements des abeilles et chant des coqs saluant un soleil indifférent  et souverain qui désormais s'est élancé dans le ciel à la poursuite de son zénith.



Tandis que les branches bordant les sentiers et les jardins continuent de courber vers nos mains leurs offrandes de fruit, une amplitude thermique s'installe dans l'alternance du soleil et de la lune, annonçant l'arrivée prochaine d'un nouvel automne sur la steppe du Donbass. 

Au cours de nos rondes sur les flancs de cette ligne de front de Gorlovka nous cohabitons avec une faune qui semble bien s’accommoder des folies humaines labourant son environnement. En journée, chiens et chats, pigeons et volailles domestiques se dandinant entre jardins et rues marquent de leurs batifolages les maisons encore habitées. Et la nuit ce sont les renards, les batraciens, les hérissons ou les chouettes, entre autres noctambules, qui nous environnent de leurs bruissements et de leurs chants. 

Par les dieux que la Terre serait belle sans la folie des Hommes ! 

Et de conclure ce note de mon journal, avant un nouveau café par cette belle mais triste tirade de Macbeth, plus que jamais appropriée à notre espèce humaine, et que me rappelait il y a quelques heures Éric, un ami de Guyane: 


"La vie n'est qu'une ombre ambulante, un pauvre joueur,
Qui se pavane et frète son heure sur la scène,
Et puis on n'entend rien de plus. 
C'est une histoire
Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur,

Qui ne signifie rien."

07h30, le soleil est maintenant haut dans le ciel et un nouvel obus de mortier humain frappe la Terre...

Erwan Castel


mardi 27 août 2019

G7, Russie et Donbass


Dans une ville de Biarritz bunkérisée par la dictature macronienne s'est déroulé un sommet du G7 qui s'est plutôt révélé être une foire d'empoigne sans surprise de chiens enragés défendant leur os à ronger plutôt qu'une réunion consensuelle de gouvernants responsables et œuvrant pour la paix dans le Monde. 

Entre les cacas nerveux de Trump devant la médiation proposée par la France dans la crise iranienne et ceux de l'Union Européenne devant la proposition franco-américaine de réouvrir le G7 à la Russie, ce sommet houleux a notamment statué sur la gestion de la crise ukrainienne et la guerre dans le Donbass en décidant pour le mois de septembre d'une nouvelle réunion du "quartet Normandie" (Russie, Ukraine, Allemagne, France) à l'origine des accords de Minsk, restés depuis plus de 5 ans lettre morte...

Et c'est certainement lors de cette prochaine réunion du Format Normandie, qui confirmera en passant la légitimité internationale de la nouvelle mascotte Zelensky, que les enjeux et les menaces internationales qui sous tendent une guerre du Donbass trop souvent présentée comme un conflit ukraino-ukrainien, vont apparaître au grand jour et certainement dans une expression radicalisée.

En effet, dans le filigrane des discussions de ce sommet du G7 on peut lire déjà le chantage et peut-être l'ultimatum que les occidentaux vont lancer à la Russie en septembre. Car lorsque la réintégration de la Russie a été évoqué (qui avait été exclue du G8 au lendemain du rattachement référendaire de la Crimée en mars 2014), la majorité des participants ont invoqué la crise ukrainienne pour justifier leur refus et Donad Tusk, le secrétaire de l'OTAN, jouant avec zèle le rôle de la mouche du coche a même rajouté et sans faire d'humour: "je préférerai que ce soit l'Ukraine qui intègre le G7".

Les clauses du deal sont donc posées avec comme barre initiale occidentale pour engager les pourparlers que Moscou abandonne le Donbass et la Crimée  pour voir les "sanctions" économiques levées et les portes du G7 s'ouvrir. 

Il est clair que comme dans tout marchandage le premier prix annoncé par le vendeur et impossible à honorer !

Donc s'en suivra probablement des discussions "donnant-donnant" où le sort du Donbass sera mis sur le tapis d'accords de Minsk qui prévoient justement son retour en Ukraine sous "statut spécial".

Et c'est ici que ça va coincer sérieusement :
  • A Moscou pour qui défendre l'identité russe est devoir et enjeu de politique intérieur, 
  • Dans les Républiques du Donbass bien sûr qui ne veulent pas d'un retour en Ukraine.
  • Et même à Kiev où beaucoup ne souhaitent pas ouvrir une fédéralisation du pays.
Ici il ne s'agit pas d'être optimiste ou pessimiste mais simplement réaliste car cette réunion du "format Normandie" n'est selon moi qu'un stratagème pour acculer la Russie devant un choix dont tout le monde connait déjà la réponse et qui sera un prétexte pour les occidentaux:
  • de maintenir et probablement d'intensifier les sanctions économiques contre Moscou (aidant par là le jeu des opposant libéraux russes) et resserrer les rangs autour de la "stratégie du contaiment" relancée après le sauvetage de la Russie par Poutine.
  • d'accélérer la militarisation de l'Ukraine via l'OTAN et son intégration à l'UE via les aides économiques structurelles et fonctionnelles, qui verrouilleront le tutorat occidental de son gouvernement.
  • de liquider les accords de Minsk et autoriser Kiev à tenter une réintégration du Donbass par la force, laquelle provoquera une riposte russe (reconnaissance des républiques du Donbass et soutien militaire) et de nouvelles sanctions occidentales...
Sur le front du Donbass, même si une accalmie générale est observée (sans pour autant arriver à un cessez le feu total), les ukrainiens renforcent toujours leur dispositif d'assaut, confirmant eux aussi acceptabilité des conditions de paix proposées à Minsk et l'inéluctable reprise de la guerre qui interviendra lorsque l’hallali sera sonné contre Moscou ou ses alliés comme par exemple l'Iran qui est aujourd'hui également dans le collimateur des faucons de guerre occidentaux. 

Erwan Castel

lundi 26 août 2019

Soldats de l'empire

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Quelque part sur le front de Gorlovka au Nord de la République Populaire de Donetsk, je profite de l'accalmie du front pour tenter de progresser dans le labyrinthe de mes pensées éclairées autant par les événements environnants que l'immuable course du soleil invaincu au dessus de nos microscopiques vies éphémères.


Lundi 26 août 2019

Ce matin avant le salut au Soleil, de nouvelles détonations ont retenti dans notre secteur, rappelant par leurs gerbes d'acier frappant nos postions près de Zaitsevo, que la guerre dans le Donbass ne dort que d'un œil...

Puis le calme est revenu comme ces derniers jours, laissant les soldats dans une attente longue et silencieuse et qui ouvre parfois les chemins de quêtes herméneutiques inconnues entre les ravins des regrets et des lassitudes vers travers les forêts de la nostalgie et de l'espérance. Autour de moi les silhouettes des camarades s'affairent les uns à réanimer le feu les autres à prendre une garde ou boire un café, ou simplement se reposer enfin.

Beaucoup sont du Donbass, et même de Gorlovka où nous sommes déployés depuis 10 jours, d'autres viennent de Russie, d'Italie ou d'Ukraine, et sur d'autres positions sont des tatars, des abkhazes, des serbes ou des ossètes... Beaucoup sont orthodoxes, d'autres musulmans, certains juifs, polythéistes ou athées; les yeux sont ronds ou en amandes et les peaux plus ou moins mates... 

... ils sont les soldats d'un empire !



Lorsque l'OTAN porte l'hégémonie occidentale aux portes de la Russie, en Géorgie ou en Ukraine par exemple, les peuples agressés se voient aidés instinctivement par des volontaires extérieurs mais dont la majorité témoignent de la survivance identitaire de cet Empire historique dans les coeurs des peuples de la "Grande Russie" qu'elle soit impériale ou soviétique.

Et les révolutions, les guerres asymétriques modernes ou les conflits intérieurs comme celui du Donbass sont les meilleurs terreaux d'où surgissent spontanément ces armées populaires hétéroclites issues de volontariats hétérogènes. On pourrait s'étendre pendant des chapitres et des volumes sur ce qui caractérisent ces milices populaires, ce qui les unit à travers leurs déclinaisons passées ou contemporaines, mais selon moi le plus intéressant est de voir ce qui les différencient d'avec les armées régulières des Etats modernes, et non pas dans les apparences superficielles de leurs uniformités mais dans l'essence même de leur existence et la fonction politique de leur force.

Dans l'antiquité les soldats, qu'ils soient ceux des clans ou des empires étaient dépositaires de la fonction guerrière qui dominait les décisions lorsque les armes prenaient le relais d'une diplomatie inefficace. Ces armées étaient le sang versé mais aussi le sang alimentant le coeur et de ce sens commun qui anime spontanément les citoyens lorsque sonne l'alarme. Ce sens commun est la véritable identité nationale des peuples. 
Puis il a eu les pouvoirs centralisés et hégémoniques, mythifiant l'extension de leurs frontières artificielles où les peuples conquis étaient méprisés dans leurs identités étrangères, et les soldats de ces Etats nations devinrent au fil de l'Histoire plus des objets de conquêtes au service des intérêts des élites gouvernantes qu'une armée populaire et volontaire défendant la nation et ses valeur. Au fur et à mesure que l'absolutisme du pouvoir grandit et impose l'hégémonie de sa pensée unique, l'armée perd la fonction ontologique des guerriers pour n'être plus qu'une troupe de mercenaires politiques, de gamellards et de chair à canon. 

Il y a cependant des exceptions, fort heureusement, comme par exemple les armées révolutionnaires, les milices populaires d'autodéfense et les armées impériales...


Or dans le Donbass, en 2014 s'est levée une force combattante qui présente ces 3 caractéristiques révolutionnaire, populaire et impériale. En effet:  
  • Alors que le Maïdan n'était qu'un coup d'Etat organisé par les services occidentaux avec l'aide des paramilitaires néo nazis, la vraie révolution se passe en Crimée et dans le Donbass quand les populations dans leur immense majorité descendent dans la rue et, refusant la mise en esclavage occidentale de l'Ukraine, réclament leur retour dans un monde russe dont elles sont issues. 
  • Lorsque les premiers blindés ukrainiens arrivent aux portes du Donbass, et que les bataillons spéciaux massacrent des manifestants pro-russes (comme à Mariupol par exemple), des groupes d'autodéfense disparates s'organisent spontanément dans les villes pour protéger les barrages et les bâtiments administratifs où s'organise le référendum d'autodétermination.
  • Dès les premières semaines de la résistance du Donbass, des volontaires affluent pour aider bénévolement la résistance des milices populaires, venant principalement des différentes régions de la Russie, dans anciennes républiques socialistes soviétiques,de Serbie mais aussi de pays étrangers à l'Empire ou au monde slave, comme la France, l'Espagne, le Brésil etc.
Cette dynamique militaire populaire continue aujourd'hui, malgré la professionnalisation des forces de défense républicaines et la morosité d'une guerre de tranchée très peu intéressante. Et sur ce front du Donbass nous sommes quelques 20 000 volontaires, hommes et femmes à défendre plus de 400 kilomètres de tranchées, casemates et bocks post, face à une armée ukrainienne qui continue, malgré les trêves sans cesse répétées dans les gesticulations stériles de Minsk, à exercer quotidiennement une pression meurtrière sur nos lignes.

Mais cette force de volontaires - à laquelle se rajoutent les effectifs encore plus nombreux des vétérans du Donbass constituant une force de réserve prête à retourner sur le front - au delà de sa fonction combattante vitale, incarne dans sa dimension populaire la fonction sociétale guerrière et métapolitique du Soldat qui est l'un des piliers fondamentaux de toute communauté de l'Être, qu'elle soit dumézilienne (avec le clergé et les artisans) ou jüngérienne (avec le travailleur, le penseur libre (anarque) et le rebelle). 

Tant que cette armée du Donbass restera animée autant par le sens de l'Empire que celui de la Liberté et des Traditions quelle défend, elle sera invincible et gardienne des valeurs qui l'ont fait naître, protégeant les républiques des agressions militaires extérieures autant que des tentations politiques libérales d'une dictature de la marchandise protéiforme qui essaye par tous les moyens d'étouffer le soleil du Printemps russe.

Erwan Castel, volontaire breton dans le Donbass