lundi 30 octobre 2017

"Filin"

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La guerre c'est d'abord, pour le soldat qui la vit comme un fétu de paille dans une folle tempête, une danse quotidienne avec la Mort, cette faucheuse qui n'a pas de drapeau ni de repos.

Depuis que je suis arrivé dans le Donbass, nombre de camarades sont partie rejoindre la cohorte des ombres des morts au combat partis trop têt devant moi vers l'horizon inconnu.
A peine arrivé à Piatnashka, "Filin" un camarade de la Compagnie est tué sur le front, fauché par un sniper ukrainien. 

Même si cela fait partie du risque et même du quotidien assumé, cela reste un moment fort dans la vie du soldat...



Lundi 30 octobre 2017

Après 3 jours de repos (bien mérité) à Oktyabrsky, retour à la base de Piatnashka, pour entamer un deuxième cycle de 10 jours (3 jours d'entrainement et 1 semaine de front).

Nous nous retrouvons avec plaisir, les accolades chargées de cette chaleur unique d'une camaraderie militaire soudée par la guerre. Le matériel envahi les lits avant une préparation méticuleuse des paquetages....



20h00 : La nouvelle tombe comme un coup de vent glacé chargé d'odeurs de guerre bousculant portes et fenêtres et éteignant brutalement les rires et les sourires : "Filem" un camarade de l'unité actuellement déployée sur le front vient d'être tué, ! Dans l'après midi sur notre position un sniper l'a abattu d'une balle en pleine tête.

Avec "Zakhar" le francophile, "Filin" était un des premiers camarades, qui nous avaient, Seb et moi, accueilli au sein de la Brigade. Fin septembre il nous avait guidé dans le labyrinthe de l'incorporation bureaucratique, d'hôpital en État major. Puis ce fut dès la première semaine, le rythme du front où depuis, nous nous croisions que quelques minutes lors des rotations sur nos positions de combat.

C'est donc un nouveau camarade qui part à l'horizon de cette guerre européenne que beaucoup veulent encore ignorer. "Filem" nous laisse honorer sa mémoire, dans les échos de nos souvenirs, en serrant un peu plus encore nos fusils d'assaut.

"Que le souvenir des morts soit la force des vivants"

Dehors, alors que le canon gronde à l'horizon, le ciel pleure ce volontaire parti rejoindre la cohorte des héros immortels du Donbass.

Erwan Castel



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dimanche 29 octobre 2017

A l'orée des mois noirs

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Retour sur le front de Promka

Publié sur Facebook le 29 octobre 2017


A nouveau reparti pour 3 jours d'entrainement et 1 semaine de front avec la brigade Piatnashka, sous un temps pluvieux qui augure de une ambiance boueuse et froide...

Retour prévu le 9 novembre,

Je célébrerai donc cette année encore la fête de Samhain (je ne parle pas de sa déclinaison dégénérée d'Halloween) à la lueur d'un feu caché au secret d'une antre militaire, accrochée sur cette ligne de feu qui ouvre également à sa manière les portes d'un autre monde sombre aux êtres qui y vivent et survivent.

C'est dans ces moments, où l'inconnu guette les âmes et les corps jetés à la croisée de mondes physiques et métaphysiques, que nos racines païennes civilisationnelles nous interpellent à nouveau à travers les danseuses brûlantes d'un feu de bois ou les caresses glaciales d'une bise nocturne...

L'Europe des peuples s'est fondée sur ce rapport sacré et instinctif à la terre nourricière. Malgré toutes les déclinaisons idéologiques et historiques qui ont laissé sur les pierres ou le papier les empreintes de dogmes anthropocentriques artificiels, c'est toujours in fine ce lien sacré et charnel au sanctuaire naturel qui pousse des sentinelles à rester depuis des millénaires sur les remparts de leurs cités pour protéger le "foyer" familial...



Les "enfants de la Terre" sont ceux qui la prie debout, face au Soleil, ne demandant rien d'autre que de la remercier et louer ses générosités et beautés quotidiennes.


Bon "Samhain" à toutes et à tous !


Erwan Castel


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samedi 28 octobre 2017

Être citoyen de l'Empire

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Avec cette page du journal du front, j'ouvre une série de portraits où je veux garder de la distance avec l'intimité et l'histoire personnelle des individus, cherchant à ne retenir que l'essence de leur engagement et le rayonnement de leur courage.

Car seuls comptent l'exemple et l'Honneur qu'ils offrent avec humilité et naturel à leurs camarades de combat et à l'Histoire. 

Aujourd'hui je vous invite à rencontrer "Kucha" un homme libre du Kamchatka.



28 octobre 2017

Dans notre Occident aux Etats-nations fantasmés (même s'ils ont une existence historique réelle et respectable pour certains) le sentiment patriotique est souvent lié à une idéologie centrée qu'elle soit politique, religieuse, culturelle et même parfois ethnique. Dans le Donbass, avec mes camarades volontaires venus des pays slaves je retrouve le sens du mot nation tel que défini par Ernest Renan en 1882 lorsqu'il évoquait son "âme spirituelle" forgée par "le désir de vivre ensemble".

Cette conscience d'un héritage passé, qu'il s'agit d'honorer, sur la volonté présente de le perpétuer, et par delà les dogmes temporels qui vivent leurs cycles temporels, je l'approche concrètement avec les volontaires russes qui sont venus parfois de l'autre bout de cet immense empire où le soleil ne se couche jamais (Russie = 11 fuseaux horaires)

Ainsi de "Kucha", ce marin pécheur du Kamchatka, cette péninsule russe d'Extrême-Orient (près de la Corée du Nord) située à 10 heures d'avion de Moscou, qui en répondant à 'appel de son coeur, est venu sur les marches occidentales de la Russie, dans un Donbass orthodoxe et européen. 
Ce patriotisme est en effet à mes yeux exceptionnel et exemplaire car ses racines sont plus profondes que les feuillages éphémères d'une identité ethnique (il est koriak) religieuse (il est paien) ou politique....

La Russie fédérale a su conservé à travers les chapitres de son Histoire, cette "civitas imperium" qui faisait la fierté des empires antiques (plus ou moins bien respecté selon les époques et les empereurs) au sein desquels les peuples natifs pouvaient conserver leurs droits et usages, jusque leurs systèmes judiciaires et monétaires, et bien sûr leurs cultes et leurs cultures distinctes.
A propos du Kamchatka justement, la protection des droits et des identités coutumières de ses peuples natifs (Koriaks, Itelmènes, Evènes, Aléoutes, Tchouktches, Aïnous ) a été renforcé en 2009 par l'Etat fédéral...

Cela n'empêche pas de voir toujours fleurir dans les coeurs ce sentiment sacré d'une appartenance commune avec les autres peuples de Russie...bien au contraire car c'est en respectant les libertés identitaires qu'elles fusionnent le mieux pour défendre l'entité qui les protège. C'est en équilibrant et garantissant l'expression spécifique de chacune de ses couleurs que l'unité de l'arc en ciel nous apparaît à la fois plus harmonieuse et puissante.

A l'heure historique où les peuples d'Europe secouent leurs chaînes abandonnées et rouillées, il serait bon que les nationalistes occidentaux de tout poil s’interrogent sur les racines naturelles de ces résurgences identitaires de peuples un temps minorisés comme sur la légitimité dans le temps des entités nationales historiques... 
...Et surtout se pencher sur la magie de cette unité russe dans sa diversité multiple et complexe. Car les déclinaisons idéologiques du patriotisme ne sont que que les feuillages éphémères de racines profondes et éternelles 
Ainsi de cette Europe chrétienne ou blanche ou latine que certains refusent de voir s'achever, s'accrochant désespérément à des pensées désuètes et tellement faibles qu'elles ont même ouvert les portes des patries au chaos mondialiste, notre pire ennemi !

Dans les pays slaves, au XXème siècle le patriotisme est incarné par la "Sovetskaya Rossiya, mais après que la page soviétique ait été tournée, ce sentiment (que la propagande occidentale décrivait comme forcé par le régime) continue et même se renforce, preuve que la volonté de perpétuer un héritage commun est éternel autant que naturel.

Voilà ce qui pousse des hommes libres tel que Kucha mais aussi tant d'autres citoyens éloignés de venir au péril de leur vie défendre un peuple frère aux antipodes de l'Empire...

Ernest Renan ce breton qui toujours est resté ancré dans son identité native avait certainement raison lorsqu'il évoquait la dimension métaphysique de la nation bien au delà des dogmes arrogants et vaniteux, et la grande Russie dont l'hymne chante "ses peuples" est certainement le plus bel exemple de cette puissance harmonieuse née d'une équilibre intelligent et d'un patriotisme volontaire des peuples fondant librement son identité continentale.

Erwan Castel



Photo 2: Avec "Sever" le sibérien et "Sidor" le donbassien


Photo 3 : En première ligne observant les avants postes ennemis à moins de 100 mètres


Photo 4: La patrie charnelle même s'il elle est en bout de carte reste toujours dans le cœur



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Appel aux dons

Pour m'aider à vivre, aider et informer  

"Mourka" 

Pour celles et ceux qui veulent m'aider (ordinateur et équipements d'hiver, aide humanitaire et frais personnels) vous pouvez contacter Hubert Fayard qui décolle pour Donetsk via Moscou la semaine prochaine, il pourra à cette occasion apporter de l'argent sans passer par les frais des virements ou mandats internationaux.

Ici, aucune somme est négligeable : avec 50 euros on peut acheter une parka grand froid, payer un loyer mensuel ou aider une famille bombardée pour un mois.

Grâce aux dons reçus ce mois ci j'ai déjà pu faire l'acquisition de premiers vêtements grand froid (priorité devenue urgente depuis 1 semaine)
ainsi que continuer à aider aux frais de traitement d'un enfant malade.

Il reste malheureusement d'autres dépenses en attendant la première solde...

Je remercie celles et ceux qui, malgré les actions malfaisantes des insectes rampants venus échoué(e)s à Donetsk, continuent à me soutenir dans cet engagement intellectuel et physique en faveur de la population du Donbass et que j'ai commencé il y a 4 ans maintenant.

Le soutien moral et matériel est vital pour ceux qui ont choisi de représenter un engagement pour une Liberté future dont les graines d'espérance ont été semées dans le Donbass sur une terre labourée par l'acier de la haine.

Merci d'avance à celles et ceux qui apporteront leur obole à ce travail engagé sur le front du Donbass.

Erwan Castel

PS : si vous voulez m'aider par un autre canal, merci de me contacter par messagerie personnelle, sur FB ou VK. Merci.

Photo: "Mourka", notre mendiante tricolore qui dans notre secteur, sous les échanges de tirs diurnes et nocturnes, va de tranchée en bunker et de casemate en ruine fortifiée (se moquant au passage de la couleur du drapeau qui y flotte) pour réclamer sa part de conserve "touchonka" ...

vendredi 27 octobre 2017

Somme 1917 ? Non, Donbass 2017 !

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27 octobre 2017

Depuis plus de 3 ans le régime halluciné de haine qu'un Maïdan organisé par les occidentaux à engendré n'arrête pas de bombarder un peuple qui hier encore était une pierre de l'édifice ukrainien. ..

Cette terre noire du Donbass est à nouveau rougie par le sang de ses enfants victimes d'une guerre que pourtant les médias occidentaux refusent de regarder en face....

Sur environ 300 km une large bande de terre traversant de nombreuses localités est entièrement dévastée par les bombardements et les combats qui font rage depuis plus de 3 ans au cœur de cette Europe à la fois complice et indifférente.

Plus de 10 000 tués (certaines sources comme le renseignement allemand avancent jusqu'à 50 000 morts), des dizaines de milliers de blessés, des centaines de milliers de réfugiés et déplacés, des millions de rêves brisés, des milliards de dégâts... et une guerre civile dont les plaies ne cicatriseront jamais !

1 siècle après la "der des ders", 75 ans après la folie nazie, 25 ans après la guerre froide, l'Europe est à nouveau déchirée par l'hégémonie cupide d'une pensée unique qui veut aujourd'hui, par le chaos, transformer l'Ukraine en bélier lancé contre le monde russe et dont le Donbass constitue l'avant poste de sa liberté.

Erwan Castel


Photo panoramique du'un secteur du front entre Yasinovataya et Avdeevka, au Nord de Donetsk. Octobre 2017.


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Sur la ligne de feu du Donbass

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27 octobre 2017

3 jours de repos à Donetsk, le temps de laver et reposer les corps et les vêtements avant de retourner vers le Nord de Donetsk où le front entre Yasinovataya et Avdeevka est devenu une véritable ligne de feu depuis que les forces ukrainiennes ont envahi la "zone grise" que les accords de Minsk définissent comme une zone démilitarisée de 2 km minimum. .

Sebastien Hairon et moi même sommes déployés sur 2 positions distantes des positions ukrainiennes que de 150 mètres en moyenne.

Mon groupe est retranché dans un bâtiment en ruine au contact de positions ennemies tenues par la garde nationale Ukrainienne et 2 unités de "Prayvi Sector", les radicaux nationalistes qui nous gratifient de tirs continuels jour et nuit avec des armes de tout calibre (du fusil d'assaut au mortier en passant par la mitrailleuse, le lance grenades le canon sans recul SPG et sans oublier les snipers qui arrosent nos embrasures de tir et d'observation...

Il nous semble traverser plusieurs guerres à la fois quand nous progressons dans le sillon de tranchées où il ne manque que le clairon et les bandes molletères, épiés par un drone high tech cherchant à guider l'artillerie ennemie et alourdis par des plaques de protection acier aux sueurs médiévales...

La vie s'organise malgré la précarité des lieux, les dangers des tirs ennemis et les griffures des premiers froids...

La surveillance aux créneaux des enchevêtrements de pierres calcinées et ferrailles tordues donnent à notre engagement dans le Donbass une dimension charnelle. L'ennemi est présent partout et tout le temps : 

Dans nos esprits, par nos sens tendus en alerte "H24", jusque dans les semblances de sommeil que nous grapillons ici et là entre gardes et alertes où l'ouïe est devenue le premier radar de combat des sentinelles embusquées au milieu des ruines et des snipers.

Par ses armes dont les balles et les éclats comme des abeilles d'acier ivres sifflent en virevoltant parfois jusque dans les pièces aux murs fissurés tant en journée que pendant la nuit où les traçantes deviennent d'étranges étoiles filantes écarlates trouant l'encre froide de la nuit...

Par sa présence perceptible à travers les fumerolles s'échappant des casemates nous faisant face et parfois même des voix criant des ordres ou des insultes et qui s'échappent par dessus la carrière qui sépare les adversaires immobiles.

Au Sud Est de notre position, par delà les parapets de la 4 voies qui relie Donetsk à Gorlovka les clartés des cités nous rappellent celles et ceux pour qui nous nous battons... 
Et cela nous donne la vraie force de regarder l'inconnu mortel qui se tapit à quelques dizaines de mètres devant nous....

Loin des petits soucis matériels et futiles des consommateurs individualisés dans la servitude de la marchandise, loin des échoués français, imposteurs calomniateurs, qui tels des vautours attirés par la guerre sont venus chercher les honneurs jusque dans Donetsk, nous recherchons simplement sur le front, l'Honneur de servir une Liberté en donnant un sens à une vie dont l'âme est mise à nue par la guerre, la haine et la folie des cupides et des stupides...

Sur ce front en feu, le nom Donbass résonne plus que jamais comme les battements de cœur d'une Europe des peuples qui se réveillent pour revendiquer leurs libertés et refuser la dictature de la pensée unique et de la marchandisation du Monde.

Erwan Castel


Photo 1 : Au petit matin les premiers rayons d'un dernier soleil automnal révèlent sur les murs intérieurs atteints eux aussi de la lèpre de guerre l'ombre des sentinelles, fantômes d'une vie qui a disparu de cette zone dévastée.


Photo 2 : Mur Nord, surveillance à travers la brèche d'un mur éventré par les tirs. A 150 mètres les premières positions ennemies tenues par des groupes de "Prayvi Sector"


Photo 3 : Observation à travers un périscope de tranchée, optique indispensable pour voir sans être vu surtout des snipers très actifs dans ce secteur.


Photo 4 : La nature dominant les laideurs d'une humanité naufragée persiste à offrir aux âmes dénudées par la guerre la consolation de féeries solaires.


Photo 5 : Les remparts du Donbass et leurs protections physiques et spirituelles, sans oublier le courage de ce peuple au caractère trempé dans les feux de l'Histoire.


Photo 6 : Dans le secret d'un couloir que ne visitent que les courants d'air et les échos des détonations, un feu amalgame autour d'un thé les soldats au repos ("Zaets" "Ramses" et "Shartior")


Photo 7 : Au détour d'une tranchée, rencontre incongrue mais symbolique pour un volontaire venu de France avec ce coq d'une girouette stigmatisée par les nouveaux orages d'acier...



Photo 8 : une ruine de la zone industrielle devenue au fil des combats une forteresse, comme celle que j'ai nommé notre "forteruine"



Photo 8 : Le temps de la guerre en dentelles a fait place à celui des dentelles de la guerre.

(Photos Erwan Castel)


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jeudi 19 octobre 2017

Vers le front

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Jeudi 19 octobre 2017

Pendant au minimum une semaine je laisse clavier tactile et écran lumineux pour le gilet tactique et l'arme sombre...

Ce matin, sur une route voisine, des cliquetis de véhicules blindés ont déchiré le brouillard et réveillé les corps allongés au milieu du fatras des armes et paquetages préparés...

Le thé matutinal ouvre une nouvelle attente, dont nous profitons pour contrôler une dernière fois armes et paquetages avant de hisser tous ces kilos sur les plateux des véhicules....

Au fond de mon sac j'emmène aussi avec moi un carnet, un stylo, un "gwen ha du" et beaucoup de liberté !

Erwan Castel



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mardi 17 octobre 2017

Le "système D" made in Donetsk

Fenêtre entrouverte sur un journal du Front

Depuis 3 ans bientôt, mon engagement dans le Donbass est l'objet d'un travail d'écriture souvent éphémère qui m'aide à asseoir mes réflexions et mon regard sur cette aventure humaine dont je ne sais encore vers quelles escales et destination, les vents du destin vont me pousser.

Donc j'ai décidé en luttant contre cette aversion de parler de moi-même et de me montrer de partager quelques unes de ces pages de carnets tachés d'encre et de terre noires que je trimbale au fond de mes poches de treillis et mon sac à dos.

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17 octobre 2017 : retrouvailles avec l'Opolcheny

Après une période de pause de quelques mois à travailler avec l'équipe de Novorossiya Today, j'ai décidé de repartir sur le front où mon engagement trouve finalement son épanouissement le meilleur par un travail concret dans la défense de ce peuple du Donbass que j'aime chaque jour un peu plus profondément. 

Aujourd'hui, après 3 ans de contacts divers, j'ai mes entrées dans beaucoup de bataillons de Donetsk, en particulier les unités de parade, celles qui servent de garde prétorienne au pouvoir et de vitrines à sa propagande. 

Mais c'est vers la Brigade internationale Piatnashka que mon choix s'est porté, loin des beaux équipements et uniformes rutilants défilant sous les vivas et les fleurs des habitants de Donetsk. 


Encadrant le drapeau de la DNR, ceux du Régiment de Donetsk (au premier plan) et de la brigade Piatnashka qui en est le 2ème bataillon

Pourquoi ? 

Non par fausse modestie, encore que je fuis les projecteurs et les foules organisées, mais par intérêt militaire, ayant porté en premier lieu mon choix sur un secteur du front sensible et bouillant où je sois sûr de trouver de l'action. 

Le front au Nord de Donetsk, entre Yasinovataya et Avdeevka est de ces secteurs chauds du front et fait déjà partie de mon univers s'invitant jour et nuit aux sons du quartier d'Oktyabrsky où je vis ans le Nord de Donetsk. 

Piatnashka fait partie de ces unités qui tiennent cette ligne de front devenue zone de contact éprouvante depuis que les ukrops ont envahi la zone industrielle d'Avdeevka, transformant le secteur de Promka en petit Stalingrad.

Ce jour d'octobre, après un parcours du combattant de 3 semaines, j'ai réalisé ma 3ème incorporation au sein de l'armée de la République Populaire de Donetsk...

Passant les fourches caudines médicales, administratives, mais aussi celles des services de sécurité et des psychologues, j'ai été déclaré apte une nouvelle fois pour la première ligne de front (étrange n'est-ce pas pour celui que des sous-merdes françaises échouées à Donetsk traitent d'"espion", de "déserteur", de "pervers" etc)...

Déploiement prévu sur le front dès cette semaine dans un contexte où les tirs de l'artillerie ukrainienne nous rappellent chaque jour un peu les raisons de notre engagement aux côtés de ce peuple magnifique par sa résilience et son courage.

En attendant, avec mon camarade Sebastien Hairon qui a intégré une section voisine, nous attendons...

L'attente, cette fidèle et grande compagne des guerres et qui devient dans les solitudes de la troupe la maîtresse qui étreint le plus le soldat.

Attente des rassemblements, des ordres, des perceptions de matériels, attentes des véhicules...

Attente, des entraînements, des bombardements quotidiens et de leur fin, de l'ennemi, de l'assaut...

Attente de la femme et de la mère aimées, des chats et des chiens, attente des enfants terres dans mes caves...

La guerre n'est finalement qu'une longue attente infinie dont le silence sépulcral n'est interrompu que par des explosions physiques et mentales aussi intenses que brèves et le plus souvent dans la boue et le sang...

Car dans ces guerres il n'y a finalement que la Mort qui n'attend jamais !


Par les fenêtres ouvertes de la chambrée, les détonations sourdes à l'horizon de Makeevka semblent ce soir être autant un appel qu'une menace, mais une silhouette étrange accroche mon regard et me fait sourire :


Lorsque l'armée ukrainienne le son assaut sur le Donbass, les milices qui comptent dans leurs rangs de nombreux mineurs et ouvriers métallurgistes improvisent, récupèrent ce qui peut encore servir dans les vieux dépôts de l'ère soviétique. Plus tard dans les chaudrons abandonnés par les "ukrops" (frontière Sud, Iliovaisk, Debalsevo) tout ce qui n'a pas été entièrement détruit est récupéré, bricolé et renvoyé sur le front....

Pendant ce temps, les médias occidentaux racontent que le Donbass est envahi par des unités russes aux équipements "up to date" 
La preuve : regardez ce modèle hybride révolutionner issu du croisement d'un camion Oural avec un véhicule blindé BTR...

Mad Max en rêvait, la brigade Piatanashka l'a fait !

Erwan Castel



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dimanche 15 octobre 2017

Action humanitaire à Oktyabrsky



Avec Sebastien Hairon, n'en déplaise aux insectes qui tentent de couper nos ressources, nous continuons à aider tant bien que mal des personnes âgées victimes des bombardements ukrainiens.

Si les sommes engagées peuvent vous paraître dérisoires (3000 roubles, environ 50 euros), il faut savoir que c'est le montant moyen d'une pension mensuelle pour les retraités. 
Ludmila qui vit avec son petit fils orphelin doit également se fournir en médicaments dont le coût mensuel est celui de sa pension.

Cette 3ème action humanitaire réalisée par Sébastien prolonge les précédentes que j'avais réalisé pendant l'hiver dernier (réparation des fenêtres de l'appartement, et aussi aides alimentaires et financières)

De mon coté, je continue quand j'en ai les moyens d'aider 2 autres "babouchkas" qui habite près de chez moi dans le même quartier d'Oktyabrsky (Nord de Donetsk)

Merci à Seb et ses donateurs de nous aider à réaliser ses actions malgré les voleurs et les calomniatrices qui rampent à l'ombre des réseaux sociales en tentant de réduire à Néant les actions de soutien au Donbass.

Erwan Castel

Via Sebastien Hairon :

"Bonjour à toutes et tous.
Dimanche 15 octobre 2017.

Troisième action humanitaire pour Ludmila et son petit-fils, Vladik en compagnie de mon camarade d'infortune, Erwan Castel.

Je m'excuse pour la qualité médiocre de la vidéo, mais j'ai un soucis avec le camésccope. 
Un immense merci à ce donateur qui m'a permis de réaliser cette aide mensuelle auprès de Ludmila..."

2 guerres, 2 mondes, 1 seule Liberté !

Ce 14 octobre les radicaux ukrainiens ont célébré l'anniversaire de la création de l'APU (1942), cette armée nationale ukrainienne qui va entacher l'histoire de son pays en collaborant avec le nazisme jusqu'à participer activement à ces crimes de guerre. 
Aujourd'hui les supplétifs de Washington, après avoir incendié le Maïdan en 2014, sont tels des meutes de chiens enragés terrorisent la population du Donbass

75 ans se sont écoulés et l'Europe post moderne voit à nouveau la gangrène des nationalismes ethno-centrés pourrir son corps fragilisés par des crises multiples inoculées par un mondialisme apatride et amoral grâce à la servitude volontaire des gouvernements occidentaux et à la léthargie consumériste de leurs populations.

75 ans se sont écoulés, mais la Russie, qui pourtant a failli disparaître dans l'effondrement du monde soviétique a prouvé au monde l'authenticité de sa force et de ses traditions centrés sur la défense des libertés et des identité des peuples qui compose cet immense empire où "le soleil ne se couche jamais' (11 fuseaux horaires) aux 170 ethnies différentes .

Les valeurs patriotiques n'appartiennent à aucune idéologie politique (le terme "patriotisme" en France est d'ailleurs né dans l'aile la plus à gauche de l'assemblée révolutionnaire avant de glisser vers l'aile la plus à droite de l'assemblée républicaine). Ceux qui prétendent en avoir le monopole comme ceux qui veulent les étiqueter ne sont que des Tartuffe et des Torquemada.
Car le patriotisme c'est d'abord ce rapport charnel que l'Homme entretient avec son sanctuaire familial par delà et en deçà des idéologies de l'Histoire ou des frontières de la Géographie. Et la Russie en est le plus bel exemple, d'Alexandre Nevski, à Poutine en passant par Pierre le Grand et même Staline, la défense du territoire et de la souveraineté de l'empire passe avant tout.

Ainsi en 2014, renouant avec ce devoir sacré, des femmes et des hommes se sont levés contre l'abjection criminelle d'un régime de paille ressuscitant les vieux démons européens des totalitarismes ethno-centrés fantasmés et suicidaires. Venant de Russie des centaines de volontaires ont traversé leurs frontières pour défendre dans le Donbass les populations de Novorossiya qui constitue un peuple de la grande Russie, de même que des occidentaux sont venus y défendre une "matrie" européenne asservie par la thalassocratie anglo-étasunienne.

Le Donbass est une rébellion légitime d'un peuple d'Europe qui aujourd'hui défend sa liberté et son identité aux portes embrasées de ses cités assiégées par les soudards d'une dictature d'une pensée unique et esclavagiste provoquant une Russie libre et souveraine.

Erwan Castel

Photo 1 : Affiche de l'APU ukrainienne de Bandera
Photo 2 : Soldats d'Azov devant un monument bandériste 
Photo 3 : Affiche soviétique aux défenseurs du Donbass 
Photo 4 : Première ligne à Yassinovataya (photo N.Donetti)





La Vérité dérange toujours



Comme nous l'avions prévu en initiant avec le Ministère des Affaires Etrangères de Donetsk, Svetlana Kissileva et Hubert Fayard une représentation de la République en France, nous allions déclencher l'ire des collabos qui soutiennent les bombardements de sa population depuis plus de 3 ans.

Après que les appels à manifester lancés par les pro-ukrops aient démontré par leur bide la lâcheté physique de ceux qui soutiennent en France la junte de Kiev, ces collabos 2.0 se sont rabattus en pleurnichant vers les ronds de cuir de la bureaucratie de la colonie France aux ordres de Washington...

Cette demande de "fermeture de la représentation de la RPD", est d'abord une insulte de plus lancée contre le peuple du Donbass qui n'en déplaise aux supplétifs de l'OTAN existe bel et bien ainsi que ses représentants élus, même si les Républiques ne sont pas (encore) reconnues officiellement.

Mais cette croisade de la bien-pensance est aussi une grave attaque à l'esprit qui préside la loi de 1901 des associations et qui est une clef de voûte des libertés défendues par la République Française (du moins celle qui a inventé le concept de "liberté égalité fraternité")

Cette action qui est soutenue, même avec un certain embarras, par les collabos des ministères français, prouve s'il en était encore besoin, de la dérive totalitaire de la République qui prétend pourtant toujours à qui veut l'entendre qu'elle est le parangon des droits de l'Homme et des libertés individuelles.

En attendant l'objectif pour nous est atteint une fois encore avec ces gesticulations lâches : on parle du Donbass et des crimes de guerre qui y sont commis par Kiev et les collabos qui aujourd'hui veulent dans cette action les cacher encore aux yeux du public occidental

Affaire à suivre...

Erwan Castel

Source de l'article : Sputnik 


C’est la diplomatie qui a demandé que l’on "se débarrasse" 
de la représentation du Donbass 

À peine installée, déjà menacée de fermeture. La «représentation officielle» de la République autoproclamée de Donetsk n’est pourtant qu’une association Loi 1901, comme il en existe pour le Kurdistan, la Catalogne et bien d’autres. Autant d’entités qui n’encourent pas les foudres de la justice et du ministère des Affaires étrangères. Pourquoi?

«Illicite». Le mot est fort et il s'applique, selon l'État français, à la «représentation officielle» de la République autoproclamée de Donetsk, qui se retrouve menacé de fermeture. Il ne s'agit pourtant que d'une association Loi 1901, montée, selon son dirigeant, Hubert Fayard, par ailleurs conseiller municipal et président du centre national des entrepreneurs privés du département des Bouches-du-Rhône, pour «aider bénévolement le Donbass, notamment sur le plan médiatique et associatif.» Une justification un peu courte pour Maître Régis de Castelnau, avocat au barreau de Paris:

«Quand on analyse l'objet d'association, on voit que ses fondateurs ont voulu créer quelque chose entre un Consulat et une Ambassade.»

Or, l'État français ne reconnaît pas la République autoproclamée de Donetsk (RPD), cette région du Donbass qui a fait sécession en 2014 à l'occasion de la crise qui secoue l'Ukraine. Pour autant, la position officielle de la France est pour le moins ambiguë concernant la reconnaissance d'une entité séparatiste ou autonomiste. Hubert Fayard s'étonne d'ailleurs de la possibilité de fermeture de son association, la comparant avec les structures propalestiniennes, très actives en France «… et personne ne les interdit».
Maître René Boustany, avocat au barreau de Paris, ne juge pas cette comparaison pertinente: «Même si la France ne reconnaît pas l'État palestinien, elle a établi des rapports avec l'Autorité palestinienne, reconnue par les instances internationales. La République de Donetsk n'est pas reconnue par l'État français, donc, à partir de là, on ne peut pas faire de comparaison.»

Pourtant, si la Palestine est en effet un quasi-État, qui jouit d'un certain niveau de reconnaissance internationale, d'autres représentations ou mouvements autonomistes étrangers, qui prospèrent en France dans l'indifférence polie du Quai d'Orsay et de la justice, posent la question de la cohérence du gouvernement français sur cette épineuse question. Évoquons par exemple la représentation du Gouvernement de la Catalogne à Paris (Generalitat de Catalunya), bien présente, malgré un processus d'indépendance rejeté par Paris, ou celles du Kurdistan irakien et du Rojava (Kurdistan syrien), là aussi sur la voie plus ou moins officielle d'une indépendance en contradiction avec la position officielle du Quai d'Orsay.
M ° de Castelnau nous rappelle de son côté que des représentants des oppositions syriennes sont régulièrement reçus en France au plus haut niveau et pointe du doigt la nature politique de l'affaire:

«Tout ça est directement politique. Le Président de la République [à l'époque —François Hollande, ndlr] a même reçu des petits copains de Bernard-Henry Lévy, qui sont devenus par la suite Al-Nosra. On a pris des engagements comme ça vis-à-vis des oppositions en Syrie, vis-à-vis des Kurdes. On a fait la même chose avec la Libye. Et la démarche de saisir le Procureur de la République concernant la "représentation" de l'autoproclamée République populaire du Donetsk, bien sûr, c'est à cause de la nature de l'association. C'est la diplomatie qui a demandé que l'on s'en débarrasse.»

D'ailleurs, sans même parler de délégations d'opposants plus ou moins fréquentables, la palette de «représentations» présentes en France peut être élargie à la présence d'associations qui reconnaissent ouvertement, comme c'est le cas de l'Association Iséroise des Amis Kurdes,) leur proximité avec le PKK, le Parti des travailleurs kurdes, reconnu comme mouvement terroriste par l'UE, la Turquie, ou les États-Unis, ce qui paraît difficilement tenable, du moins sur le plan des principes.

Simple «tolérance», ambiguïté de la diplomatie française ou «interprétation» officieuse du droit national et international? Dans ce flou artistique, chacun se justifie à sa façon. Ali Dolamari, directeur de la représentation du Gouvernement Régional du Kurdistan en France, n'a aucun doute sur la légitimité de son association, bien qu'officiellement, la France soutienne l'intégrité de l'Irak:

«Notre autonomie est inscrite dans la Constitution, et chaque région peut avoir sa représentation à l'étranger.»

Un argument que M° de Castelnau juge tout à fait farfelu: «l'autonomie de la Catalogne est également inscrite dans la Constitution espagnole, cependant, cela ne veut pas dire que la France est obligée de reconnaître automatiquement l'indépendance de la région. Ce n'est pas sérieux.» Pour revenir à la position de France sur la «représentation» de l'autoproclamée RPD, M° Boustany n'exclut pas des motifs politiques de la diplomatie française:
«C'est peut-être aussi purement politique, parce que l'association dérange», avance-t-il prudemment.

M° de Castelnau remet la crise autour de la représentation du Donbass en perspective: il remarque que la reconnaissance d'une légitimité au niveau international peut prendre des années, comme dans le cas du Kosovo ou du mouvement armé du Polisario, créé par l'Algérie, reconnu a départ uniquement par des pays socialistes et aujourd'hui par l'Onu. «Tout cela, ce sont des décisions politiques, des réseaux, des modes de fonctionnement.»

Hubert Fayard, quant à lui, veut rester optimiste sur l'avenir de son association:

«Si on nous ferme, ça sera une grave erreur, parce que nous voulons simplement informer, coordonner les actions humanitaires, créer des conditions pour le développement des relations entre le Donbass et la France. En tout cas, s'ils veulent nous bâillonner, ils n'y arriveront pas.»