lundi 30 décembre 2019

Enfin libres !

Mekhti Logunov, 85 ans, a enfin été libéré ! Le sort de ce vieil homme qui était le prisonnier le plus vieux détenu par l'Ukraine avait ému de nombreuses personnes, y compris dans Kharkov, sa ville natale. Son arrestation politique lors d'une manifestation anti maïdan en 2014, l'injustice de sa détention dans des conditions inhumaines pour sa santé vacillante, ont enfin pris fin pour cet homme courageux qui a montré depuis le fond de sa cellule un exemple de courage et ténacité inouï. 

Hier, dimanche 29 décembre 2019 s'est déroulé sur la ligne de front du Donbass un nouvel échange de prisonniers entre l'Ukraine et les Républiques Populaires de Donetsk et Lugansk. Cet échange intervient dans le cadre des accords de Minsk, dont il est d'ailleurs le seul point réalisé à 4 reprises depuis leur signature.

Au total ce sont 200 prisonniers qui ont été échangés au point de contrôle de Mayorsk (Nord Gorlovka) ce 29 décembre en fin de matinée :
  • Kiev a transféré 61 personnes à Donetsk , 51 personnes transférées en Ukraine 
  • Kiev a transféré 63 personnes à Lougansk , 25 personnes transférées en Ukraine

Une autre bonne nouvelle de cet échange réalisé est la libération de Rafael Lusvarghi, volontaire brésilien venu combattre pour le Donbass en 2014-2015, Après son retour au Brésil Rafael avait été arrêté par le SBU lors d'un piège tendu au cours de sa recherche d'emploi. Depuis octobre 2016 il a subi humiliations, coups et blessures et menaces de mort dans les geôles ukrainiennes où il avait été condamné à 13 ans de réclusion. 
Initialement prévu en décembre 2017, son échange avait été annulé au dernier moment,  jusqu'à hier où enfin libéré il a pu prendre via la Russie le chemin de retour vers le Brésil où je lui souhaite de récupéré toute sa santé morale et physique.

Cet libération de prisonniers ne s'est pas fait sans heurt du côté ukrainien où des nationalistes radicaux ont tenté de bloquer la sortie des prisonniers républicains de leur prison, tandis que des responsables politiques ukrops commentant cet échange de prisonniers, en accusant le gouvernement Zelensky d'avoir "violé la justice", clabaudent que "désormais les soldats ukrainiens ne devront plus faire de prisonniers" !


Pendant ce temps là les tirs et bombardements ukrainiens se poursuivent sur le front. Ainsi cette semaine écoulée 1 soldat républicain a été tué et 2 autres blessés ainsi qu'un civil. 

Cet échange, même s'il est un point très positif pour tout le monde ne doit pas être "l'arbre qui cache la forêt" car le chemin vers la Paix est encore malheureusement très long et incertain.

Erwan Castel

samedi 28 décembre 2019

Patriotisme amoureux contre nationalisme haineux


Depuis bientôt 6 ans des femmes et des hommes meurent dans une guerre du Donbass qui n'en finit pas de secouer l'Europe, épicentre d'une nouvelle fracture Est-Ouest près de 30 ans après une guerre froide. Et pour cette guerre très localisée dans son activité mais aux menaces et enjeux internationaux, on observe de part et d'autre du front une radicalisation d'idéologies nationales mais qu'il est cependant impossible de réduire à de simples nationalismes s'affrontant idéologiquement et militairement sur fond de crise ukrainienne.

Car d'un côté comme de l'autre, les objectifs concrets aussi bien que les visions sociétales pour lesquels les belligérants s'affrontent dépassent largement leur territoires revendiqués pour atteindre le niveau d'un affrontement métapolitique opposant un monde unipolaire occidental organisé autour de la fluidité d'échanges capitalistes à un monde multipolaire russe bâti sur la solidité de son histoire et ses traditions identitaires héritées. Et l'une comme l'autre de ces visions ontologiques opposées s'appuient sur le sentiment d'appartenance de l'Homme à un espace géographique pour mobiliser à leurs profits des forces humaines vives, tant politiques, sociales que militaires.

Loin de moi l'ambition de faire ici une critique du nationalisme en général, je n'en ai pas les compétences et surtout parce que cette analyse est très complexe du fait que chaque nationalisme exprimé est unique dans ses racines historiques et idéologiques autant que ses mythifications et instrumentalisations politiques.

Cependant force est de constater que la crise ukrainienne dans son ensemble et la guerre qu'elle a provoqué dans le Donbass sont un champ d'observations intéressantes sur ce sujet des nationalismes, et je me propose ici d'en partager quelques unes.


Nostalgiques réactionnaires contre révolutionnaires conservateurs

De l'aveu même des occidentaux, le coup d'Etat du Maïdan s'est appuyé pour renverser le gouvernement Ianoukovitch début 2014, autant sur les soutiens politico-médiatiques et financiers des occidentaux que sur la violence des groupes paramilitaires nationalistes ukrainiens, renforcés par des agents des services étasuniens et des mercenaires étrangers.

Et pendant cet hiver 2013-2014 s'est réalisée l'alliance idéologiquement improbable de nationalistes néo-nazis avec la ploutocratie des démocraties occidentales et ses oligarques juifs ukrainiens. Mais fomenter ce type d' "alliances contre nature" n'est pas une nouveauté pour l'impérialisme anglo-étasunien, et il suffit d'observer toutes ses connexions complices avec le salafisme idéologique et terroriste (de la création de l'Arabie Saoudite à l'encadrement récent des djihadistes en Syrie en passant par les talibans d'Afghanistan dans les années 80 etc.) pour s'en convaincre. 
Le fait est que nous observons en Ukraine des nationalistes ethno-centrés parmi les plus radicaux du moment se mettre au service d'un mondialisme dont la stratégie vise à réduire au néant toute forme de particularisme identitaire qui par définition s'oppose au nivellement humain de la dictature de la marchandise. Et tout comme les talibans afghans des années 80 c'est une russophobie psychotique partagée et étendue aux alliés de Moscou qui motive souvent ses alliances criminelles dont  les divorces inéluctables conduisent à des  bains de sang internes...

Du côté de l'Europe occidentale, la guerre dans le Donbass a provoqué une fracture au sein de la mouvance nationaliste qui comme en France se sépara en 3 blocs principaux :
  • Les "réactionnaires nostalgiques"  pro ukrainiens, pétris par les lieux communs russophobes d'une propagande occidentale, soit nazie soit atlantiste, et qui voient dans le Maïdan la résurgence potentielle d'un Etat nation de type fasciste et militarisé contre une Russie diabolisé. C'est ainsi qu'une partie des nationalistes occidentaux soutient les parti néo nazis ukrainiens Svoboda, et Secteur Droit et leur nébuleuse paramilitaire jusqu'à fournir des volontaires aux bataillons spéciaux engagés contre le Donbass. Ces "idiots utiles" sont comme des insectes attirés par les marches aux flambeaux des bandéristes ukrops et qui ne voient pas que ce sont leurs ennemis idéologiques, ceux que Rousseau appelait les "cosmopolites" bourgeois qui les ont allumé...
  • Les "conservateurs révolutionnaires" pro russes, qui considèrent la Russie comme le dernier grand bastion défendant les valeurs civilisationnelles qu'ils défendent contre le tsunami mondialiste. Malheureusement ces nationalistes occidentaux pro-russes fantasment souvent sur le modèle russe et son pouvoir cherchant à y projeter leur vision d'un Etat centralisateur communautaro-centré qu'incarnerait le pouvoir fort de Poutine. Ces " utopistes échoués" ne comprennent pas la complexité de l'empire russe qui survit depuis plus de 1000 ans à ses métamorphoses impériale, soviétique et fédérale et qui est à l'opposé d'un jacobinisme simpliste, malgré des valeurs communes indéniables.
  • Les "nationalistes opportunistes et lâches", qui regardent ailleurs quand cela chauffe mais tout en tendant leurs gamelles électoralistes pour continuer à "bouffer à tous les râteliers" sans jamais prendre de risque sur le chemin du pouvoir politicien. Tantôt nationalistes européens contre l'Union Europénne, tantôt autruches nationalistes regardant ailleurs quand arrive le danger. Ainsi par exemple de  ces personnalités du FN ou du parti républicain qui profèrent de beaux discours pro-russes, histoire de gratter quelques billets pour leurs campagnes politiques françaises ou leurs business moscovites; mais refusent de venir dans le Donbass soutenir une résistance pro-russe concrète à l'impérialisme atlantiste.
Or je pense que pour soutenir sincèrement la Russie en général et la rébellion du Donbass en particulier il faut abandonner les dogmes idéologiques en cours et qui infectent les cervelles nationalistes occidentales depuis 2000 ans, comme de nombreuses autres idéologies étatiques. Le mal est cette vision d'un pouvoir centralisé et communautaro-centré soit autour d'une ethnie, soit autour d'une religion et qu'incarne une personnification du pouvoir politique qui séduit à la fois les tyrans et les faibles. Certes Poutine est l'homme fort de la Russie, certes l'orthodoxie est la religion majeure de la Fédération de Russie, mais la vision ontologique de cet immense pays où jamais ne se couche le soleil (11 fuseaux horaires) n'est pas fondée que sur ces 2 piliers mais surtout sur une notion d'empire de type civilisationnel à l'intérieur duquel chacun des peuples le constituant continue d'exercer ses coutumes, cultes et cultures identitaires (ce qui est totalement opposé à la pensée unique occidentale, qu'elle soit religieuse, économique ou politique). 


Nationalisme descendant contre patriotisme ascendant 

Mais là où la fracture entre nationalistes est certainement la plus profonde c'est dans ses dynamiques d'expression et même de construction qui s'opposent radicalement malgré des valeurs antimondialistes partagées. En effet nous observons 2 principales dynamiques identitaires et qui se déclinent en systèmes politiques opposés :
  • Une dynamique descendante qui émane d'un pouvoir politique centralisé qui définit arbitrairement l'identité unie des personnes vivant sur les territoires qu'il a conquis au cours de l'Histoire. Cette identité est souvent forcée par une propagande et une éducation contrôlées dont l'objectif principal est de créer et distiller dans les esprits un mythe national pour uniformiser les citoyens et les conditionner à l'existence d'une nation unique et pour beaucoup d'entre eux, souvent hors sol. L'histoire des expansionnismes divers (religieux, économiques, politiques, culturels etc.), européens ou coloniaux des Etats-nations occidentaux nous donnent des exemples continuels de ces pensées uniques hégémoniques généralement communautaro-centrées.
  • Une dynamique ascendante qui émane du peuple et construit le "Politis" d'une nation dans le cadre de son identité humaine réelle qui est la résultante d'un territoire naturel qui forge une culture elle même matrice d'une identité nationale (au sens étymologique de "natio" c'est à dire « groupe humain de la même origine »). Après cette filiation peuple-nation, la formation d'un Etat en est la conséquence historique éventuelle et non la cause ontologique et légitime comme cherchent à nous le faire croire les centralismes politiques qui aiment d'ailleurs entretenir une confusion entre Peuple, Nation et Etat ("L'État, c'est moi" de Louis XIV ou "la raison d'Etat" de Machiavel, sont parmi les piliers qui fondent l'absolutisme politicien des futurs Etats nations occidentaux).

Et cette opposition de ces dynamiques ascendantes ou descendantes des définitions identitaires n'est pas nouvelle. Elle trouve déjà une illustration au XVème siècle dans la querelle opposant Jean Bodin, le théoricien d'un pouvoir centralisateur et placé au dessus des lois, à Althusius Johannes, l'héritier de cette relation du citoyen à l'empire antique à l'intérieur de laquelle les identités et les traditions des peuples le composant sont respectés par le pouvoir (cet héritage impérial va survivre en partie sur les territoires de l'ancien empire romain germanique qui restent pour beaucoup encore des systèmes fédéraux). 

Et si vous ne savez pas reconnaître lequel des sentiments exprimés est un nationalisme descendant, forcé et artificiel et lequel est un patriotisme montant, naturel et charnel, il suffit d'écouter les discours des uns et des autres : les propagandes nationalistes sont fondées l'infaillibilité du pouvoir autant que sur la haine (et la peur) des autres, donnant ainsi naissance à des communautarismes suprématistes, tandis que les propagandes patriotiques entretiennent la démocratie ("demos kratos") l'amour des siens, de ses traditions lointaines et le respect des autres.


Communautés de l'Être contre sociétés de l'Avoir

Et la guerre du Donbass est à ce titre l’expression la plus radicale et violente de cette opposition entre un nationalisme descendant du concept idéologique d'un pouvoir suprématiste et un nationalisme ascendant émanant d'un "sens commun" d'un peuple naturel face à des événements dramatiques menaçants et réveillant, par delà toute idéologie politique, son "inconscient collectif".


  • D'un côté nous avons un globalisme atlantiste qui cache ses ambitions hégémoniques derrière le nationalisme bandériste ukrainien qu'il excite et qui est consubstantiellement englué dans un antibolchévisme nazi et désuet mais servant efficacement la russophobie qui lui a succédé d'un Occident conditionné par 40 années de guerre froide et une propagande de guerre d'une stratégie étasunienne qui lui a survécu. 

  • De l'autre côté nous avons le patriotisme du peuple russe du Donbass, mais dont le territoire a été arbitrairement déplacé en Ukraine par Lénine il y a un siècle et coupé de sa "mère patrie" depuis la chute de l'empire soviétique, qui réagit unanimement lorsque son identité, ses libertés mais aussi ses vies sont menacées par le nouveau pouvoir de Kiev. 
On pourrait certes s'arrêter ici et se contenter de l'observation géopolitique des enjeux et menaces du moment de cette crise ukrainienne et de son paroxysme qu'est la guerre du Donbass, mais je pense que ce serait une erreur que de ne pas mettre ses événements historiques dans la perspective métapolitique plus large et lointaine du champ historique des idées qui dans une spirale d'actions et réactions provoquées façonnent et parfois détruisent le monde.

Car au delà de la résistance acharnée d'un Donbass naturellement russe face à un occidentalisme ukrainien forcé, nous assistons dans cette région bordant la Mer d'Azov aux confins de l'Europe et l'Eurasie à un affrontement entre 2 visions ontologiques radicalement opposées: d'un côté celle d'un monde unipolaire gouverné par une ploutocratie mondialiste apatride et de l'autre côté celle d'un monde multipolaire ancré dans les traditions et les identités de ses peuples natifs. 

Et de cette confrontation mortelle est en train de naître un nouveau paradigme dont les Républiques Populaires de Donetsk et Lugansk ne sont certainement que les prémices européennes : celle de la reconquête par les peuples de leurs libertés depuis trop longtemps bafouées par les princes et les clercs d'hier ou les marchands d'aujourd'hui. 

Ce à quoi nous assistons dans le Donbass sous sa forme la plus radicale, c'est une rébellion supra communautariste et apolitique d'un peuple contre la dictature de la marchandise que servent en Ukraine les canons de Kiev. Le Donbass, c'est le réveil de l'Europe, dans une subsidiarité ascendante dynamique, pour le grand combat des communautés de l'Etre contre les sociétés de l'Avoir qui veulent détruire sa civilisation et mettre en esclavage ses populations natives.

Erwan Castel

mercredi 25 décembre 2019

Novorossiya toujours !


Le mouvement anti-maïdan né au lendemain du putsch organisé à Kiev par les services occidentaux pendant l'hiver 2013-2014, le discours des pro-russes, fédéralistes devenus séparatistes face à la violence des nationalistes ukrainiens s'est articulé rapidement autour du concept de la Novorossiya. Cette entité à la fois géographique, culturelle, historique et politique correspond en effet aux régions russophones bordant la Mer Noire et remontant vers Kharkov qui ont contesté ce coup d'état du Maïdan... et ce n'est pas une simple coïncidence.

Pendant cette première année 2014, la Novorossiya va mobiliser les coeurs et les bras de dizaines de milliers de sympathisants qui se mobilisent de Odessa jusqu'à Kharkov et des volontaires qui affluent vers les premiers combats qui font rage à Slaviansk et Kramatorsk (100 km au Nord de Donetsk).

Puis, à l'issue des chaudrons victorieux où sont défaits plusieurs corps blindés ukrainiens, un premier accord de paix intervient à l'automne 2014 ("Minsk 1") et avec lui le mouvement anti-maïdan se rétracte aux territoires de Donetsk et Lugansk dont les populations viennent de s'ériger en républiques populaires éponymes. Parallèlement à cette paralysie des combats, le terme "Novorossiya" disparaît progressivement des discours officiels, au point même que des larbins propagandistes comme cette Christelle Néant se croient autorisés à insulter aujourd'hui ceux qui en ont été les meneurs comme Igor "Strelkov" par exemple.

Et pourtant, la Novorossiya dans ses réalités et ambitions n'a jamais quitté les coeurs de celles et ceux qui vivent cette guerre dans leurs chairs, et son drapeau n'a jamais disparu des uniformes des soldats du front...


Or la Novorossiya vient d'être à nouveau citée dans le discours officiel et non des moindres puisqu'il s'agit de celui du président de la Fédération de Russie lui-même, Vladimir Poutine. 

Lors de sa 15ème grande conférence de presse annuelle, réalisée le 19 décembre dernier à Moscou devant plus de 1800 journalistes, Poutine, répondant à une question sur Lénine a rappelé cette réalité, à la fois humaine et historique : 

"La Novorossia c'est l'origine des terres russes 
et la Russie comprend maintenant cela." 

"Qu'a proposé Vladimir Ilitch Lénine? Il a proposé non pas une Fédération, mais une Confédération. Sur sa décision, les ethnies ont été attachées à des territoires spécifiques et ont obtenu le droit de se retirer de l'Union soviétique. Mais les mêmes territoires ont été découpés de telle sorte qu'ils ne correspondaient pas toujours aux lieux de résidence traditionnels de ces peuples ou d'autres peuples, de sorte qu'il y avait immédiatement des points de douleur (...). Au cours de la création de l'Union soviétique, des territoires d'origines russes de la Mer Noire, qui n'avaient aucun rapport avec l'Ukraine, les terres occidentales russes ont été transférées à l'Ukraine avec une formulation étrange «pour augmenter le pourcentage de prolétariat en Ukraine", parce que l'Ukraine était un territoire rural.
Ceci est l'héritage de Lénine, qu'il est aujourd'hui nécessaire de comprendre" .
Vladimir Poutine 19 décembre 2019


PETIT RAPPEL HISTORIQUE 

L'Ukraine tout d'abord dont le nom n’apparaît officiellement qu'au début du XXème siècle était appelé initialement la "Rus de Kiev" pour avoir été le berceau historique de la Russie historique du XIème siècle au XIIIème siècle époque des invasions mongoles qui la repousse vers le Nord. Dès lors l'empire russe, tout en défendant ses territoires des hégémonies germaniques, polonaises, suédoises etc...n'a eu de cesse de vouloir libérer ses territoires de la Mer Noire principalement occupés par la suite par les ottomans.

Cette reconquête va être réalisée sous le règne de l'impératrice Catherine II dont les armées vont repousser les ottomans de la fin du XVIIIème au début du XIXéme siècle. Immédiatement la Russie entreprend de restaurer et développer ses territoires libérés, notamment sous la houlette de personnages illustres tel Alexander Potemkin par exemple. Création de villes, création de vignobles, cultures et forêts, d'usines, d'imprimeries, d'écoles, chemins de fer etc... 

La "Novorossiya", cette résurgence de la Russie primitive, est officiellement déclarée en 1774. Aujourd'hui encore les principales villes de ce territoire bordant la Mer Noire datent de cette époque de libération et prospérité : Odessa, Kherson, Dnipopetrovs'k, Pavlosk, Sebastopol, Simferopol, Nikolaiev, Mariupol etc...Plus tard, sous Pierre le Grand, ce sont les terres russes bordant la Mer d'Azov, à l'Est de la Mer Noire, qui vont être développées avec notamment Donetsk qui naît à la fin du XIX siècle autour de l'industrie du charbon et de l'industrialisation.

Les populations russes, durant ces périodes de développement, reviennent sur leurs anciennes terres, peuplant les villes et les ports qu'elles construisent et façonnant les terres à l'entour, tandis que la flotte de la Mer Noire, après Kherson, installe sa base à Sebastopol et son avant poste à Odessa.



Et cette histoire de la Novorossiya n'appartient pas seulement au passé mais aussi au présent comme en témoigne la permanence de la culture russe de ses populations qui, de Odessa à Kharkov la maintiennent vivante dans leur identité vécue quotidiennement.

C'est la culture des traditions adoptée et transmise qui forge une identité nationale et non exclusivement une définition historique, ethnique, religieuse et encore moins politique... Pour savoir si Donetsk est russe ou ukrainienne, il suffit de se promener dans ses rues, d'aller aux manifestations festives qui y sont données, de vivre avec les familles pour comprendre que l'Ukraine n'y est qu'une parenthèse historique étrangère qui ne commença qu'avec l'ère soviétique est fut subie de plus en plus difficilement depuis l'indépendance ukrainienne de 1991. 

Récemment, les 2 républiques populaires de Donetsk et Lugansk ont rappelé par des "lois sur les frontières" que leurs territoires identitaires s'étendaient jusqu'aux limites des anciens oblasts (régions) administratives et non cette ligne de front que beaucoup voudrait considérer comme une ligne de démarcation. 

Et pour les républiques du Donbass qui ont stoppé dans un premier temps l'hégémonie criminelle ukraino-occidentale, la libération des territoires de Donetsk et Lugansk occupés par l'armée ukrainienne, reste dans les coeurs  qu'une seconde étape vers la libération de la Novorossiya et la chute du régime totalitaire de Kiev.


mardi 24 décembre 2019

Réenchanter le monde


Ce 23 décembre a été célébré au coeur de Donetsk "l' Arbre du Nouvel An" autour d'un immense sapin illuminé rassemblant des milliers de familles de la jeune République de Populaire de Donetsk. 

Loin des dérives consuméristes et individualistes occidentales, les fêtes de fin d'année, dont la période commencent au moment du solstice d'hiver, culminent avec la célébration de la nativité chrétienne orthodoxe (6 janvier) avant de se terminer avec le nouvel an du calendrier Julien (14 janvier), conservent ici pleinement leurs symboliques originelles et leurs fonctions communautaires. La fête épicurienne étant plutôt réservée à la nuit du 31 décembre... 

Ainsi de cet "arbre du nouvel an", dont la date solsticiale de célébration n'est pas sans rappeler cet arbre monde, axe des mythologies européennes anciennes (surtout celtiques et nordiques) dont la tradition du sapin de Noël est issue.

Et dans cette célébration de l'arbre du nouvel an, il est intéressant d'y voir, par delà les rituels religieux du moment historique, la fidélité d'un peuple européen à son passé le plus lointain autant que l'éclairage symbolique qu'elle lui offre pour cheminer dans l'inconnu vers son lointain avenir, car la Tradition, c'est avant tout "ce royaume intérieur, murmure des temps anciens et du futur" comme le rappelait l'historien méditatif Dominique Venner. 


La foule ici n'est pas venue ici pour consommer un spectacle, ou se trémousser sur des musiques assourdissantes aux rythmes narcotiques, mais pour communier - au sens étymologique de communiquer - son identité collective profonde qui a forgée son identité culturelle et, par les apports de la nature, de l'histoire et de l'économie, son identité nationale. 

Et le sapin, cet arbre restant toujours vert au coeur de l'hiver, symbolise plus que jamais la vitalité de ce peuple du Donbass qui depuis 6 ans bientôt lutte les armes à la main et la main sur le coeur, pour défendre sa liberté et ses traditions réprimées par le nouveau pouvoir communautaro-centré de Kiev.



Et cette période de fin d'année où se rencontrent les traditions anciennes et nouvelles, n'est pas seulement l'occasion pour les familles de Donetsk et Lugansk de rappeler au Monde leur solidarité identitaire mais aussi de borner par leurs traditions toujours vivantes et pures le chemin vers le réenchantement d'un monde moderne dont l'âme est desséchée par le fric, la technologie et la marchandisation de la vie imposés par ces nouvelles tribus urbaines occidentales qui sont sans passé, sans éthique, ni même esthétique.

Henri Atlan, dans "Les étincelles de hasard" écrit justement: "Il vaut peut-être mieux réenchanter le monde avec des histoires de fées, d'elfes, de diablotins et de démons sympathiques - comme l'Achmadaï de la légende - dont nous savons que ce sont des fictions, plutôt qu'avec des gènes, des molécules, des quarks et autres Big Bang, en leur attribuant des vertus de causes cachées bien plus merveilleuses qu'elle n'en ont en réalité dans le cadre limité de leurs domaines de pertinence scientifique, théoriques et opérationnels"


Une ombre au tableau...

Bien sûr, tout n'est pas idéal et parfait dans ces républiques en pleine éclosion, et il serait stupide et même dangereux de s'accrocher comme le font les propagandistes Néant and Co à une vision manichéenne du monde et fermer les yeux sur les trébuchements post-modernes et tentations libérales qui guettent ici aussi les populations du Donbass. 

Ainsi de ce saugrenu "Concours miss DNR" qui vient d'être annoncé récemment et dont le budget de 1 million de roubles confine à l'obscénité en cette période de guerre et de difficultés économiques. 

25 années de décadence libérale ukrainienne auxquelles se rajoute l'hégémonie culturelle occidentale poussent parfois encore les modes sociétaux locaux vers ces manifestations du superficiel et de l'objetisation du corps. 

Il aurait mieux valu, selon moi, organiser un grand bal où la beauté féminine, mais aussi l'élégance et les traditions sont mises à l'honneur avec plus de dignité et noblesse. 

Même à l'abri de la ligne de front, Dans le Donbass, la lutte entre les communautés de l'Être et les sociétés de l'Avoir continue de faire rage même au coeur du monde russe, agité lui aussi par des séismes libéraux.


Pour finir sur une note plus positive, je pense que les habitants de Donetsk et Lugansk, à l'occasion de ces festivités de fin d'année, expriment une nouvelle fois et avec une force que 6 années de guerre et de privations n'ont pas entamé, toute leur unité et leur volonté de poursuivre leur chemin vers leur destinée choisie en 2014. Dans le coeur du Donbass, Noël est autant le symbole d'une re-naissance que la célébration d'une naissance !

Et je profite de ce moment de Yule et de Noël,qui commence aujourd'hui en occident, pour souhaiter de bonnes fêtes à mes amis païens et chrétiens qui par delà les véhicules religieux de l'Histoire ont su garder dans leur coeur cette foi universelle et intemporelle qui permet de partager l'espérance des peuples libres et de croire au réenchantement du Monde.

Erwan Castel



samedi 21 décembre 2019

"Comediante ! Tragediante !"


Le moins que l'on puisse dire est que ce pouvoir de Kiev vomi par le Maïdan en 2014, qu'il soit mené par Tourtchinov, Porochenko ou Zelensky, fait preuve d'un zèle remarquable pour s'aligner sur la perfidie et le cynisme qui caractérisent la mentalité d'un monde occidental qu'il rêve d'intégrer via l'Union Européenne et surtout l'OTAN dont les commandes politiques sont toujours aux mains des néo conservateurs mondialistes.

Et la réplique ironique "Comediante ! Tragediante !" prononcée par le pape Pie VII à un Napoléon tantôt flagorneur, tantôt menaçant, cherchant à soumettre encore plus le Vatican à ses volontés impérialistes peut trouver aujourd'hui dans la politique ukraino-occidentale menée dans les accords de Minsk un écho d'une éclatante actualité !

Le 9 décembre dernier, à Paris, s'est déroulée une nouvelle réunion du "Format Normandie" (Russie, Ukraine, Allemagne, France) dans un buzz médiatique à l'optimisme forcé par les ambitions politiques personnelles des mégalomanes Macron et Zelensky. Dès le lendemain les cris de victoire étaient atténués par le réalisme politique de Poutine qui rappelait que le contrôle ukrainien des frontières du Donbass par Kiev (point de désaccord de la réunion) était exclu car cela reviendrait à offrir en pâture ses populations à un deuxième scénario génocidaire croate rêvé par Kiev. Par ailleurs, le Kremlin a rappelé (de concert avec les présidents des 2 républiques du Donbass) qu'il serait pertinent et constructif que les Républiques de Donetsk et Lugansk s'assoient aussi à la table des négociations, ce que Kiev refuse obstinément.

Des négociations visant à trouver une solution pacifique à un conflit armé mais d'où est exclu l'un des deux belligérants ! "Bizarre bizarre... vous avez dit bizarre ? Comme c'est bizarre !"

Cependant les plus optimistes continuaient à s'accrocher aux maigres décisions prises lors de ce sommet de Paris :
  • Application d'un cessez le feu réel sur la ligne de front 
  • Modification de la constitution ukrainienne pour y intégrer un amendement sur le statut spécial régional.
  • Ouverture de nouveaux points de passage sur la ligne de front pour la population civile ( block posts).
  • Démilitarisation de 3 nouvelles zones du front, par le retrait bilatéral des troupes de 1 kilomètre minimum.
  • Echange de prisonniers avant la fin de l'année sur le principe de "tous pour tous" prévu dans les accords.
Ces différents points adoptés à Paris devaient être définis dans leur mise en oeuvre lors de la réunion suivante du groupe tripartite réalisée à Minsk le 18 décembre. 

Or, comme à leur habitude depuis la première réunion de travail en 2015, les représentants de Kiev ont cherché à saboter les résolutions communes prises à Paris quelques jours plus tôt, soit dans les actes réalisés sur le terrain, soit dans les nouvelles exigences posées sur la table des négociations. Prenons quelques exemples : 
  • CESSEZ LE FEU : Malgré une légère diminution des tirs observée (comme toujours en cette période festive de fin d'année) le "mode silence n'est appliqué nulle part sur le front par Kiev. Ainsi pendant la semaine qui a suivi la réunion des 4 à Paris, les forces ukrainiennes ont tir 42 obus d'artillerie de 122 mm, 111 obus de mortier de 120 et 82 mm, 192 grenades de divers types ( AGSvet grenade à fusil) et tiré 111 obus de véhicule de combat d'infanterie BMP.
  • MODIFICATION DE LA CONSTITUTION : Kiev refuse toujours d'ouvrir sa constitution à un statut spécial régional et cherche à remplacement cet amendement demandé par les accords de Minsk par une simple loi qui sera votée au parlement avec une majorité réduite et surtout qui pourra être abrogée tout aussi rapidement !
  • DÉMILITARISATION DE ZONES : Alors que la démilitarisation de 3 nouvelles zones de contact est évoquée depuis la réunion des 4 à Paris, les observateurs déployés sur le front observent que sur 2 des 3 précédentes zones, les forces ukrainiennes, soit y sont revenues (Stanista Luganskaya en RPL) soit rechignent à en partir (secteur Petrovsky en RPD). De plus, contrairement aux représentants des républiques du Donbass), aucune proposition n'a été faite par Kiev pour les prochaines zones à démilitariser.
  • ÉCHANGE DE PRISONNIERS : Kiev demande des délais d'enquête administrative pour une quarantaine de prisonniers inscrits sur la liste des échanges prévus, et d'ores et déjà refuse la procédure pour 11 prisonniers détenus officiellement dans ses prisons. Debplus Kiev refuse de donner des informations sur des milliers de personnes disparues dont le plus grand nombre est certainement détenu dans les prisons secrètes du SBU (services secrets ukrainiens).
  • Etc.
On pourrait multiplier pendant des pages toutes les actions de sabotage et les provocations de Kiev visant à faire échouer les maigres résolutions cherchant à frayer un chemin pour la Paix dans le Donbass. De toute évidence Kiev ne veut pas appliquer des accords qu'il cherche en plus à interpréter et modifier à la sauce des nationalistes et du "parti de la guerre" qui tient toujours le gouvernement en laisse.

Et la prochaine réunion du groupe de travail n'est pas avant janvier....

En attendant les forces ukrainiennes continuent à s'amasser aux portes des Républiques Populaires de Donetsk et Lugansk, comme le montre cette vidéo amateur d'un train ukrainien en provenance de Kiev et à destination du Donbass que je partage ici en conclusion.

Kiev sait au moins quelles sont ses intentions réelles !


Erwan Castel
20 décembre : un convoi militaire ukrainien achemine vers le Donbass 
des matériels d'assaut (BMP, MTLB, OBUSIERS etc.)




mercredi 18 décembre 2019

"Notre avenir nous appartient"


Bien que menant des politiques convergentes et orientées vers le rattachement du Donbass à la Fédération de Russie, les déclarations communes des présidents des républiques populaires de Donetsk et Lugansk restent rares et méritent donc qu'on y prête attention.

Après le brouhaha propagandiste qui a suivi la dernière réunion du "Format Normandie" (Russie, Ukraine, France, Allemagne) où tout et son contraire ont été dit de part et d'autre de la ligne de front, les présidents Denis Pushilin (RPD), et Leonid Pasechnik (RPL) ont tenu a rappelé quelques réalités et principes évidents :

Dans cette conférence de presse commune, les 2 représentants des républiques du Donbass ont insisté sur le principe qu'aucune décision concernant leur territoire et leur avenir ne pourra être prise en leur absence et sans leur consentement. 
  • «Tout cela doit être convenu directement avec nous, en tenant compte des particularités du développement historique et économique du Donbass. De plus, je souligne qu'absolument toutes les questions liées à l'avenir du Donbass doivent être convenues avec nous - les gens qui sont restés sur leur terre, qui ont été choisis par le peuple pour défendre et développer notre République » - Denis Pushilin
Ce point est tellement évident qu'on en oublie la pitoyable réalité de ces accords de Minsk qui n'invitent même pas à la table des pourparlers pour la paix l'un des 2 belligérants du conflit à savoir les républiques séparatistes du Donbass. Car même si la Russie soutient les républiques, elle n'est pas plus à l'initiative de leur séparatisme, de leur référendum et ses forces armées n'ont pas pris part au conflit armé contrairement au fantasme ukrainien qui tente de justifier  l'échec de son armée et légitimer la guerre contre le Donbass. Cette revendication des républiques du Donbass de participer aux discussions décisionnaires n'est pas seulement légitime, elle est surtout logique et constructive a d'ailleurs été soutenue par le Président Poutine lors de la réunion des 4 à Paris ce 9 décembre.


L'autre point important que les 2 présidents ont voulu souligner de concert est l'absence dans les actes, tant à Kiev que sur le front ukrainien, de la moindre mise en oeuvre de ces accords de Minsk qui demandent par exemple un cessez le feu sur la ligne de front et une modification de la constitution ukrainienne permettant un statut spécial pour le Donbass. 

Ici je rappelle à nouveau qu'il ne faut surtout pas se laisser leurrer par le focus politico-médiatique réalisé sur les 3 "zones tests" démilitarisées (moins de 1% des 460 km du front) car il sont "l'arbre qui cache la forêt" où se poursuivent des bombardements ukrainiens quotidiens. D'ailleurs cette "démilitarisation" est toute relative car l'artillerie ukrainienne qui ne s'est pas retirée continue ses provocations par dessus les 2 km de la zone tampon restaurée, et même des unités de la 46ème brigade ukrainienne ont été observées revenant sur leurs positions à Stanitsa Lugnanskaia par exemple.


La question des territoires du Donbass occupés par l'armée ukrainienne et de leurs populations (Mariupol, Volnovakha, Marinka, Avdeevka, Slaviansk etc.) a également été rappelée à l'occasion :
  • "Les autorités de Kiev continuent de terroriser les habitants de la partie du Donbass qui est sous leur contrôle ; des milliers de personnes sont détenues illégalement dans des prisons, y compris secrètes, du SBU (Service de Sécurité Ukrainien), sans que cela ait été pris en compte par les pays occidentaux, en particulier l’Allemagne et la France" (signataires de Minsk) - Denis Pushilin
Ici il est je pense pertinent de rappeler qu'initialement les accords de Minsk concernaient "les territoires des oblasts (régions) de Donetsk et Lugansk" soit leurs zones républicaines et celles occupées par Kiev. Or, au fil des réunions de Minsk ces territoires occupés ont été évacués des discussions par une "politique du fait accompli" occidentale comme on a pu l'observer dans le passé lors des traités de paix israélo-arabes par exemple où la ligne de front devenait ligne de démarcation.


En plus de cette poursuite du terrorisme d'Etat sur le front du Donbass, Pushilin et Pasechnik ont souligné les autres sabotages des accords menés par Kiev sur le plan politique, comme par exemple la volonté de faire intervenir dans les négociations des oligarques et hommes d'affaires ayant fui le Donbass en 2014 et n'y entretenant plus aucune relation.

Drapeau russe flottant au dessus de la place centrale de Donetsk
Pour résumer, les 2 présidents du Donbass ont rappelé également le référendum de 2014, une réalité historique qui fonda les Républiques Populaires de Donetsk et Lugansk, ne dissociant pas, comme tente de le faire Kiev, les populations de leurs territoires par une épuration ethnique ou de disséquer ces derniers au gré de ses avantages militaires.
  • "Le référendum de 2014 qui s’est tenu dans les anciennes régions de Donetsk et de Lugansk démontre clairement le rejet par les habitants du Donbass du coup d’État du Maïdan et de la politique du régime néo-bandériste, que Zelensky continue de mener. L’Occident ne veut pas s’en souvenir. Le référendum s’est déroulé sans aucune ingérence La population elle-même s’est organisée et a exprimé un « non » catégorique au régime autoproclamé de Kiev" - Leonid Pasechnik

Ici encore les 2 présidents du Donbass rappellent la partialité et le cynisme des occidentaux pourtant garants de la bonne application des accords de Minsk (via la France et l'Allemagne) qui ferment les yeux sur les magouilles politiques et les provocations militaires de Kiev par complicité politique, solidarité russophobe et cupidité économique.

Il serait temps que ces "démocraties occidentales" qui se prétendent parangons des droits de l'Homme et du citoyens (avec Macron on est en droit de le douter) se penchent aussi sur le droit des peuples à disposer d'eux mêmes (qu'ils ont instrumentaliser hier au Kosovo ou à Mayotte par exemple) et accordent, pour commencer à travailler sérieusement à la paix dans le Donbass - et en Europe - droit de citer aux populations russes de Donetsk et Lugansk qui sont indéracinables des terres qu'elles ont façonné avec leur sueur et leur sang. 
  • "Nous déclarons: en l'absence de négociations directes avec les représentants des habitants de la RPD et de la RPL, la fin de la guerre est impossible" a résumé Leonid Pasechnik, le Président de la RPL

Et seulement à partir de cette évidence de vraies négociations de paix pourront alors être amorcées...

Erwan Castel

Articles référence :


dimanche 15 décembre 2019

"Les cons ça ose tout ...!"


Les faibles, les tyrans, et les imbéciles (cumul autorisé) partagent souvent en commun cette vision manichéenne du monde qui, en imposant des certitudes fondées sur la croyance et non sur l'analyse, écarte toute forme d'autocritique et pousse le fanatisme aveugle de ses adeptes jusqu'à un ridicule aussi pathétique que dramatique. 

Ainsi depuis des millénaires, cette vision manichéenne a servi les hégémonies des clergés monothéistes (principalement judaïque, catholique, protestantes et islamiste) et les pouvoirs politiques avec qui elles s'étaient associées, fusionnant ainsi universalisme et impérialisme de la pensée dogmatique et des actes, comme le démontre encore la politique anti-indigéniste hallucinante menée en Bolivie par Jeanine Áñez, la présidente autoproclamée à l'issue du putsch ayant renversé Evo Morales, et qui n'avance comme argument à cette nouvelle croisade obscurantiste que les traditions amérindiennes sont des manifestations démoniaques !

Mais le plus bel exemple que l'on peut avancer pour illustrer ce fanatisme dogmatique qui prétend s'imposer dans tous les domaines relationnels politiques, sociaux-économiques et même culturels est certainement cette russophobie paroxysmique ambiante qui repousse chaque jour les limites de l'hystérie politique. 

Ainsi, toute honte bue, l'Agence Mondiale Antidopage a mis au ban des prochains jeux olympiques l'ensemble des sportifs russes qui ne pourront y participer que sous un drapeau blanc. A cette punition collective insensée dont le caractère politique russophobe n'échappe à personne se rajoute la volonté d'humilier la Russie tant l'on connait le drapeau blanc comme symbole de reddition.

Ce "russian bashing", s'il est devenu hystérique depuis la crise ukrainienne et le rattachement référendaire de la Criméé à la Russie, n'est pas nouveau. En effet nous assistons en crescendo à la lutte séculaire entre le "heart land", cet empire russe du milieu assiégé par les thalassocraties anglo-américaines voulant dominer le monde, politiquement, économiquement et militairement. On peut faire remonter cette stratégie russophobe occidentale à la fin du XVIIIème siècle (Rapport "The russian armement" du gouvernement britannique Pitt) lorsque, face à la concurrence potentielle de la Russie dans la réouverture des routes de la soie, les occidentaux décident de prendre le contrôle de la Mer Noire dont les rives septentrionales (Ukraine et Crimée) venaient d'être libérées par l'impératrice Catherine II. Cette stratégie occidentale d'étouffement de l'empire russe ira crescendo au fur et à mesure de l'effondrement économique du système capitaliste, ne connaissant que 2 poses pendant les 2 conflits mondiaux où les anglo-américains avaient besoin d'un second front contre l'empire germanique.

Aujourd'hui cette russophobie hystérique occidentale semble être devenue complètement folle, s'attaquant à tous ceux, y compris le président étasunien Trump, qui voudraient voir dans la Russie juste un partenaire économique et politique et au pire un concurrent loyal.

Ainsi, au lendemain du bannissement des sportifs olympiques russes. la présidente allemande Merkel, affidée à la politique de l'OTAN, demande la poursuite des sanctions économiques contre Moscou. Mais le plus hallucinant reste cette volonté du sénat étasunien de déclarer la Russie comme un "état soutenant le terrorisme". 

Là on atteint de nouveaux sommets dans le domaine de l'inversion accusatoire lorsque l'on connait par exemple le rôle des USA dans le terrorisme islamiste et du ridicule lorsque l'on observe les actions et sacrifices de la Russie pour le combattre ! Mais comme le rappelait malicieusement le dialoguiste Audiard :

"Les cons ça ose tout, et c'est même à ça qu'on les reconnaît !"

Jugez en par vous même en lisant l'analyse de Karine Bechet Golovko sur le sujet :

Erwan Castel

Source de l'article : Russie politics

Contre Trump, le Sénat veut faire déclarer la Russie
Etat soutenant le terrorisme


Karine Bechet Golovko


Alors que Lavrov se rend aux Etats-Unis pour rencontrer le Secrétaire d'Etat Pompeo et le Président Trump, afin de rationaliser un peu les relations entre les pays, le Sénat en profite pour contraindre le Département d'Etat à reconnaître la Russie Etat soutenant le terrorisme et empêcher ainsi l'exécutif de restreindre l'hystérie antirusse qui s'est emparée de la politique intérieure américaine. 

Comme le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov le déclare très justement aux journalistes au retour de son passage aux Etats-Unis :
  • "Notre délégation est arrivée à Washington, le jour où de nouvelles sanctions étaient discutées. Il me semble que quel que soit le jour que l'on ait pu choisir pour notre arrivée à Washington, il aurait de toute manière coïncidé soit avec des sanctions, soit avec l'impeachment."


En effet, le 11 décembre, le Comité des affaires internationales du Sénat a adopté le projet de loi obligeant le Secrétaire d'Etat à décider de déclarer ou non la Russie comme Etat finançant le terrorisme. Et ce malgré (et peut-être justement en raison) de la lutte acharnée menée par l'armée russe en Syrie contre le terrorisme, ce type de projet passe.

Il faut dire que, justement, peu avant, le vice-secrétaire d'Etat américain avait déclaré ne pas considérer la Russie comme un des Etats supportant le terrorisme, liste dans laquelle figurent l'Iran la Corée du Nord, la Syrie et le Soudan. Les Etats-Unis ont en effet une vision très sélective de la question, qui ne semble pas avoir de lien particulier avec la lutte - ou le financement - du terrorisme. L'Arabie Saoudite, par exemple, est pieusement oubliée.

Cette position est assez ubuesque, puisque les Etats-Unis prennent le contre-pied du Tribunal international de La Haye, qui lors d'une décision intermédiaire en 2017, avait refusé de reconnaître la Russie comme un Etat soutenant le terrorisme, en l'occurrence en Ukraine (voir notre article ici).

Alors que la justice internationale, je ne parle pas de la "justice médiatique", n'a pas non plus pu retenir de preuves soutenant la thèse ukrainienne de l'implication directe de l'armée russe dans le Donbass, le Sénat s'engage aussi dans cette voie. Il est vrai qu'après le fiasco de Zelensky au Format Normandie, la politique est quand même un métier, il faut bien le soutenir à bout de bras. Sinon, comme nous avons pu le voir, il patauge. Surtout quand Trump, plus réaliste, tente de dépasser cette hystérie antirusse contre-productive pour ramener le débat dans le cadre d'un conflit politique classique.

Le Département d'Etat a donc 90 jours pour déterminer si des troupes russes se trouvent dans le Donbass et dans ce cas si elles peuvent être qualifiées, avec les formations militaires de DNR et LNR, d'"organisations terroristes internationales".

Juste en passant : si la présence de troupes étrangères, sans autorisation du pays concerné, entraîne la qualification je cite "d'organisations terroristes internationales", les Etats-Unis devraient s'inquiéter de la présence nombreuse de leurs troupes tombant dans cette catégorie, en commençant par la Syrie ... Parce que dans cette logique, ils risqueraient, pour pousser l'absurde à son paroxysme, de devoir s'inscrire eux-même dans leur liste d'Etats soutenant le terrorisme ...

Bref, la Russie doit être sanctionnée. Peu importe les fondements, quelques déclarations politiques doivent être suffisantes pour ne pas trop écorcher ce qui reste du vernis écaillé de la démocratie occidentale. Et le conflit intérieur politique américain s'amplifie sur fond d'impeachment, qui bat de l'aile. 

La Russie semble un peu lasse d'être la victime de cette décadence du jeu politique américain intérieur, qui n'arrive toujours pas à intégrer une véritable alternance, et le Comité de la Douma pour la Défense envisage à son tour d'élaborer un projet de loi contre Washington. Selon Alexandre Chernine:
  • "Aucune organisation terroriste dans le monde ne peut exister sans être nourrie de l'extérieur, seuls les Etats-Unis détiennent ces ressources".