jeudi 30 novembre 2017

L'Ukraine à l'épreuve du feu

Oliver Stone monte au créneau


Il y a 4 ans sur le Maïdan commençait une opération pilotée par les USA et leurs laquais occidentaux qui, si elle a réussi à renverser le gouvernement Ianoukovitch n'en a pas moins échoué par le retour de la Crimée en Russie (objectif militaire principal) et la rébellion sécessioniste du Donbass (objectif industriel majeur), mais surtout par une guerre civile meurtrière dont les enjeux et les menaces s'étendent à toute l'Europe.
Oliver Stone à réalisé un documentaire qui revient avec réalisme sur cette éruption ukrainienne qui continue à secouer l'Europe..

Version originale sous titrée français..


mercredi 29 novembre 2017

Dans la nuit hivernale

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Même les monothéistes romains, pour ne pas avorter dans leur vision linéaire d'une histoire linéaire et religio-centrée, ont dû rapidement intégrer la permanence naturelle des cycles solaires indestructibles et qui ont survécu au calendrier grégorien en donnant notamment au prophète nazoréen une naissance solsticiale et une symbolique solaire....

Débarrassées de leurs virus exogènes, les croyances natives et naturelles européennes vont bientôt, sur les corps agonisant des pensées uniques dogmatiques (religieuses culturelles économiques ou politiques), rappeler les Hommes sur la voie d'un amour filial envers cette Nature et les valeurs civilisationnelles des peuples fondateurs. Alors les dieux qui incarnent cette Nature et ces valeurs viendront alors à nouveau marcher à leurs côtés.

Car, mise à part la chrétienté orthodoxe qui non seulement n'attaque pas les autres cultes par un prosélytisme arrogant et agressif, mais cohabite avec eux dans une symphonie des pouvoirs partagée avec le Politis, force est de constater que les pensées monothéistes politisées ont ouvert la porte de l'Histoire à la pensée unique qui depuis 6000 ans engendre les hégémonies violentes de modèles dogmatiques religieux, politiques, économiques, culturels qu'elles ont influencé.

"Nos ancêtres ont refusé de croire à la mort du soleil. Ils portaient au cœur la certitude du printemps. Ils savaient que la vie continuait, que les fleurs allaient crever la neige, que les graines germaient sous la glace, que les enfants allaient prendre leur part d'héritage..."
Jean Mabire


A Donetsk, un vent glacial est venu tisser des dentelles de glaces aux arêtes des toits et des balcons et même jusque dans les branches des arbres exposés au vent du Nord...

Dans ma petite rue ou je profite de quelques jours de repos, les silhouettes des habitants d'Oktyabrsky tirant leurs caddies et leurs luges vers le marché se tassent dans l'ombre des cols relevés, tandis que leurs pas raccourcis dérapent sur le verglas caché par la neige.

Mais au Nord, dans l'air figé résonnent toujours et encore les détonations d'une artillerie kiévienne qui continue, imperturbable à rappeler la présence de cette haine portée par la cupidité mondialiste jusqu'aux portes des cités libres et rebelles.

Pendant ce temps, à Donetsk une adolescente attardée autoproclamée journaliste souhaite dans sa diarrhée verbale hebdomadaire au simplisme est tellement caricatural qu'il en devient ridicule, "3 mètres de neige" aux ukrops, oubliant dans sa débilité haineuse que : 
1 / d'une part la rigueur hivernale touche également les soldats des Républiques déployés sur le front et les populations civiles qui tentent de survivre sous les bombardements
2 / et que d'autre part la neige est plutôt un isolant thermique efficace contre les très basses températures.

Mais pour savoir cela, au lieu de nuire et calomnier celles et ceux qui ne s'inclinent pas devant le misérable trône de son imposture, il faudrait que Christelle la bien nommée avec ses 2 vermines Éric et Catherine, sorte réellement sur la première ligne du front sa collection de treillis immaculés remplis de haine autant que de graisse...

Car l''hiver sur le front, c'est d'abord une immense forge froide dans laquelle les forces physiques et mentales qui la traversent sont au contraire trempées comme un acier promis à des combats extrêmes.


Ainsi de notre "forteruine" dont le toit n'est plus qu'un souvenir et les murs des lambeaux déchirés par l'acier. 
Depuis une semaine l'hiver y déroule sans invitation son tapis blanc durci par le gel sous lequel se cachent le chaos des pierres et brisées et ferrailles tordues. C'est dans ce décor post-apocalyptique que nous alternons jour et nuit entre postes de combat, services, repos abrités et corvées extérieures.

L'hiver russe (le 4ème me concernant) devient initiatique pour celui qui le traverse, sait l'accepter et faire de ses rigueurs une deuxième peau durcissant le cuir et protégeant l'âme.

C'est pourquoi, aux ennemis du Donbass auxquels nous sommes confrontés sur le front, je souhaiterai plutôt chaleur et plaisirs, car ils ramollissent l'esprit, endorment les sens et avachissent les corps dans cette paresse repue qui ouvre en grand les bras de l'Homme à la défaite du Soldat.

Erwan Castel

Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front

L'Homme... des cavernes aux casernes

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Kalashnikov (plutôt version AKSU)
Sur les murs de notre "forteruine" les vieux graffitis s'effacent sous les assauts des impacts le délabrement des crépis et l'arrivée de nouvelles marques des passages éphémères des hommes qui, dansant avec la mort et l'isolement, veulent témoigner de la vie qui résiste au milieu des ruines d'un monde dévasté.


Mercredi 29 novembre 2017

Depuis qu'ils cherchent dans leur aventure terrestre le secret d'abris naturels ou construits, les Hommes n'aiment pas la nudité de leurs murs et n'ont eu de cesse, à travers les âges, que d'y griffonner à la pointe de la pierre, de leurs mains colorées, de l'acier ou du stylo des marques de leurs éphémères passages dans l'Histoire du Monde. 

Des gravures cavernicoles aux tags métropolitains, le graffiti est un témoignage universel et intemporel, sacré ou profane, naïf ou informatif des activités humaines, au point que, là où ses contemporains ne voient que des dégradations et salissures, les anthropologues le considèrent au contraire comme un matériau important pour l'Histoire.

Dans le bois des vielles carènes ou sur les murs des jeunes casernes, les marins et les soldats perpétuent aussi ce geste humain universel, qui aide l'Homme confronté à lui-même à survivre à la peur de disparaître dans l'ennui autant que dans l'oubli.

Sur le front enterré du Donbass, les parois des casemates et des ruines fortifiées s'ornent au fil des heures d'attente, d'insomnie et de nostalgie de ces marques spontanées et anarchiques que les soldats abandonnent sur des murs pelés ou noircis par la mitraille et le feu leurs empreintes anonymes destinées à leur survivre.

Du cœur d'une flèche percé à la devise solennelle en passant par le dessin humoristique, toutes les styles y passent,  expressions des humeurs passagères du moment.

Voici quelques uns de ces griffonnages trouvés sur les parois de notre "forteruine" et qui se mélangent aux griffures de l'acier, quelque part entre Yasinovataya et Avdeevka.

Erwan Castel

De l'autodérision "qui sont ces gars avec un "péte au casque" ? Des russes bien sûr ! Les ukrops ne passeront pas !"

Caricature grivoise de l'ennemi, l' "ukrop"

Tiens, un breton est passé par là ! "Plutôt mourir que d'être souillé"

"Kopat' ", creuser.  Un verbe russe qui devient synonyme de survivre dans cette guerre de position ayant traversé le siècle passé.

sorti d'un conte un lapin se rit des balles et éclats qui constellent de leurs morsures le mur où il a été invité.

Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front

Au milieu des ruines

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Au milieu d'une datcha détruite un journal de 2014 , annonciateur du chaos 
Sur notre secteur du front à quelques centaines de mètre de nos positions existe un village fantôme. un ensemble de datchas détruites par les combats et les bombardements témoignent du chaos qui s'est abattu sur le Donbass depuis 4 ans. Au milieu des ruines seuls les jardins abritent encore une vie faunistique et floristique redevenant sauvage, tandis que gisent au sol les débris d'une présence humaine disparue.


Mercredi 29 novembre 2018

Dans notre secteur du front il n'y a plus un seul bâtiment qui ne soit pas dévasté par les bombardements quotidiens qui s'abattent depuis 3 ans dans cette zone entre Yasinovataya et Avdeevka, au Nord de Donetsk...

Au milieu de ces ruines gisent épars les témoignages et débris d'une vie disparue comme des liasses de journaux dont la dernière édition marque le moment où le temps s'est arrêté...
Ainsi de ce journal de 2014, trouvé sous un amas de planches récupérées pour le feu et dont le titre dramatique et alarmiste, "La guerre à nos portes" est malheureusement confirmé par le décor apocalyptique d'où il est remonté à la surface..

À cette époque, l'Opération Spéciale Antiterroriste (ATO) déclenchée par Kiev contre le mouvement fédéraliste des régions russophones qui contestent le coup d'Etat du Maïdan, à montré son vrai visage haineux et sa violence disproportionnée sur les barrages improvisés par les manifestants autour de Slaviansk et Kramatorsk.

La crise politique qui domine encore la situation en ce premier semestre 2014 va brutalement basculer dans la violence avec un engagement militaire ukrainien disproportionné et génocidaire dans le Donbass que confirment les massacres d'Odessa (2 mai) et Mariupol (9 mai).

Dès lors l'escalade est engagée et les accrochages deviennent combats sous des bombardements ukrainiens de plus en plus massifs et permanents...

Ce jour là, 70 ans après la seconde guerre mondiale dont elle se fait dans les consciences un écho douloureux, la guerre fait à nouveau son entrée dans le Donbass.

Erwan Castel


Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front

mardi 28 novembre 2017

Les "sauts de crapauds" continuent

Kiev tire sur la corde des accords de Minsk


Depuis et malgré les accords de Minsk, l'armée ukrainienne grignote la zone grise située entre les 2 lignes de tranchées et qui est censée rester démilitarisée pour faciliter l'application du cessez le feu.

En réalité cette zone neutre ressemble à une peau de chagrin qui transforme peu à peu, sous les avancées successives des ukrops baptisées par eux-mêmes "sauts de crapaud", la ligne de front en zone de contact.

Ainsi (du Sud au Nord) des secteurs de Shirokino, Marinka, Spartak, Yasinovataya, Zaitsevo ou Debalsevo où les ukrops se sont encore emparés de 2 villages situés dans la zone grise entre Svitlodarsk et Gorlovka.

Dans ces zones illégalement occupées, les ukrainiens sont arrivés à portée de tir des positions républicaines qu'ils mitraillent désormais en continu avec leurs armes légères, rendant l'application du cessez le feu impossible, et terrorisant les populations qui vivent encore dans ces zones coincées ou ecartelées par le front.

Le pire est certainement que ces violations flagrantes par Kiev d'un engagement international signé à Minsk se font en toute impunité, sous les yeux d'observateurs de L'OSCE dont l'inutilité passive de leur présence qui pose question devient ici une complicité active à l'agression ukrainienne qui soulève indignation.

Erwan Castel

Source de l'article : Russie politics

Cette guerre du Donbass 
largement protégée par la communauté internationale


Karine Bechet Golovko


La prise, en toute impunité, par l'armée ukraine et le bataillon punitif Aïdar, de deux villages rattachés à la République de Donetsk, en violation des accords de Minsk et sans aucune réaction internationale oblige à poser plusieurs questions. Quelle est la mission de l'OSCE dans le Donbass, protéger la paix ou le pouvoir ukrainien? Quels intérêts défendent ces organismes internationaux, largement sous influence des Etats Unis, ceux d'une mythique communauté internationale intégrée ou les intérêts stratégiques anti-russes des USA? Tout cela rend impossible à ce jour de penser la paix en Ukraine et dans le Donbass, pour le plus grand malheur des populations locales, dont manifestement toutes ces grandes âmes se moquent comme de leur première layette. 

Dans la nuit du 22 novembre, l'armée ukrainienne et le bataillon punitif d'extrême droite Aïdar ont pris possession de deux villages situés à proximité de Gorlovka, Gladossovo et Travnevo. Les missions de l'OSCE dans la zone ont eu la bonne idée de ne pas poursuivre leur inspection jusqu'à ces zones. Comme souvent lorsque l'armée ukrainienne mène une opération. Ce qui permet à cette organisation de produire des compte-rendus sur mesure, écrivant objectivement ce qu'ils voient, taisant les raisons de leurs circuits et timing. 

Mais cette fois-ci la population ne s'est pas résignée à cette aveuglement sélectif des missions internationales censées les protéger et a adressé une lettre à son responsable, signée par quelques habitants. La voici:


Les habitants y dénoncent des enlèvements et la déportation de civils vers une destination inconnue, organisés par les militaires ukrainiens et demandent que, conformément aux accords de Minsk dont cette mission de l'OSCE est garante, leur village soit rendu à DNR, dont ils font partie.

Le directeur de la mission de l'OSCE dans le Donbass, Alexandre Hug, après un certain temps, a reconnu avoir reçu la lettre ... mais a exprimé des doutes quant à son authenticité. Pour autant, afin d'oter ces doutes, alors que la réaction normale en la situation eut été d'envoyer une patrouille sur place, voire de se déplacer lui-même, les accusations étant grave, rien n'a été fait. Depuis le 22 novembre. Rien.

Si l'armée ukrainienne est en droit d'occuper des villages en zone démilitarisée, alors le dirigeant de DNR Zakhartchenko estime que eux aussi sont en droit de le faire, de manière parfaitement symétrique, donc également sans violation des accords de Minsk et des cessez-le-feu.

Pour comprendre la situation, il faut remettre cette violation dans le contexte des violations récurrentes par l'armée ukrainienne, qui pourtant reporte intégralement la faute sur les armées du Donbass. Voici les cartes des violations, diffusée en français par l'agence d'information Novorossia, qui permettent une véritable vision globale de la situation.

Voici les données concernant la semaine du 14 au 20 novembre, qui a précédé cette invasion dans la zone démilitarisée dans la région de Gorlovka:


Voici les données des violations commises par l'armée ukrainienne pour la semaine du 20 au 26 novembre, justement au moment de la prise des villages:


Etrange comportement de l'OSCE, qui se refuse à voir les infractions commises par l'armée ukrainienne. Qu'en est-il de l'impartialité au service de la paix? La mission réelle semble être ailleurs.

Il suffit pour cela de suivre les déclarations du représentant spécial pour l'Ukraine, Kurt Volker, qui estime que les négociations concernant la mission de paix dans le Donbass avec son homologue russe, V. Surkov, régressent. La Russie, donc, ne veut pas la paix. Etrange, vraiment, lorsque l'on voit les propositions américaines sur le sujet:
  • he U.S. idea, Volker told me, is to create a true U.N. peacekeeping force that would have not only free rein but also security authority throughout contested areas. The force must have access to the Ukraine-Russia border and not have any Russian personnel in it, he said.

Refuser la présence de russes dans cette mission de paix, c'est considérer la Russie non pas comme garant des accords de Minsk, mais comme partie. C'est reprendre la position ukrainienne de la Russie - pays agresseur. Sans oubler qu'il s'agit ici non pas d'une mission qui soit sur la ligne de démarcation, mais qui occuperait tout le territoire de DNR et LNR, mettant de facto fin à une quelconque possibilité de négociation politique de ces territoires, tranformés en Kosovo. Evidemment, c'est inacceptable. Des propositions que les Etats Unis savaient inacceptables, mais quand même lancées, permettant ensuite de rejeter sur la Russie l'échec du processus de paix. Simple, simpliste, voire primitif, mais vu le niveau de conditionnement de l'opinion publique internationale aujourd'hui, c'est suffisant pour fonctionner.

Si l'OSCE joue un rôle dans le Donbass, ce n'est pas celui du gendarme impartial, son degré de collusion avec le pouvoir ukrainien est beaucoup trop important pour cela. Cette organisation, de facto sinon volontairement, légitime les infractions au processus de Minsk commises par l'armée ukrainienne, par une vision systématiquement tronquée de la situation. 

Alors que les Etats Unis se préparent à envoyer des armes létales, alors que les négociations sur cette mission de paix sont au point mort et impossible en l'absence d'une réelle volonté de mettre fin au conflit, aucune sortie de crise n'est prévisible à court terme.

N'oublions pas que l'Ukraine est l'épine plantée dans le talon du pouvoir russe, le levier confortable permettant et de canaliser et de justifier l'hystérie anti-russe qui sert de matrice géopolitique en Occident. Avant les élections présidentielles de 2018, il n'y a aucune raison de faire ce "cadeau" politique à V. Poutine en permettant la résolution du conflit dans le Donbass, au contraire, il faut s'attendre à une aggravation de la situation internationale. 

Ce dont, malheureusement, la Russie est consciente. Le Président Poutine a donné ordre à toutes les grandes entreprises du pays à être prêtes, le cas échéant, à passer à l'économie de guerre:
  • “I would like to note that the ability of any economy to rapidly increase the output of defense products and services when it is needed is one of the most important conditions of the nation’s military security. All strategic and… large enterprises must be ready for this,” Putin stated.

Karine Bechet Golovko



lundi 27 novembre 2017

La neige et le feu

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Sur la ligne de front de Promka au Nord de Donetsk beaucoup d'armes sont employées par les forces ukrainiennes pour réaliser des campagnes permanentes de harcèlement sur les positions républicaines. Du mortier de 120mm aux armes légères d'infanterie, 


Lundi 27 novembre 2017

Retour à Donetsk pour quelques jours de repos après une troisième mission de 10 jours et 10 nuits effectuée sur le front de Yasinovataya.

Le 19 novembre dernier j'avais publié ici une vidéo nocturne pour vous donner une idée de l'ambiance régnant sur ce front où depuis la neige et le gel sont venus offrir un pansement au paysage martyrisé par un feu ukrainien tellement présent que c'est le silence qui retient l'attention du guetteur et même réveille le soldat au repos dans la chaleur de notre vieux poêle à bois. ..

Depuis que les forces ukrainiennes ont envahi dans ce secteur le long de la route Donetsk-Gorlovka la zone neutre censée rester un espace démilitarisé de 2 km minimum (accords de Minsk), la ligne de front est devenue une zone de contact où les belligérants sont à moins de 500 mètres l'un de l'autre (jusqu'à 100 mètres sur notre position).

Je publie ici des extraits des quelques vidéos prises au gré des nuitées et journées passées sous la neige et le feu.

Veuillez excuser la piètre qualité des vidéos réalisées avec un vieux téléphone portable.

Erwan Castel

Vidéo 1: mortier de 82mm

Ce mortier d'appui "léger" (sauf pour ceux qui le trimbalent !) est très présent sur le front et en dotation au niveau des compagnies d'infanterie déployées en première ligne (comme le canon sans recul de 73mm "Sapog). D'un calibre inférieur à 100mm, ce mortier d'une portée de 3 km n'est pas pris en compte dans les retraits des armes lourdes imposés par les accords de Minsk et son emploi relève du premier échelon... Du coup les ukrainiens l'utilisent quotidiennement, visant les positions républicaines excepté celles qui sont trop proches des leurs et qui risqueraient de subir des "dommages collatéraux". 
La proximité de ces pièces d'artillerie fait que les coups de départ sont audibles laissant pendant le vol des obus (entre 15 et 30 secondes) le temps de s'abriter correctement.

Vidéo 2: armes légères d'infanterie

Pendant la nuit les tirs continuent comme ici avec des fusils d'assaut, kalashnikovs AK 47 (7.62mm) et AK 74 (5.45mm) dont le "tatatac" est plus aiguë. On peut distinguer quelques balles traçantes qui souvent sont disposées avant la fin du chargeur (30 ou 45 coups) pour avertir le tireur du prochain réapprovisionnement de son arme.

Vidéo 3: grenade à fusil

Explosion d'une grenade à fusil au 2ème étage de notre bâtiment dont toit, fenêtres et une grande partie des murs ont disparu sous les bombardements continuels. Ce type de grenade appelée Vog est tirée à partir d'un système d'armes qui ce fixe sous le canon de la kalashnikov (GP25). 2 types de munitions sont employées ici : la grenade "kartochka" (patate) qui explose à l'impact initial et la grenade "laguchka" (grenouille) qui explose après un rebond. D'un emploi facile ce lance grenade individuel s'avère précis et efficace jusqu'à 300 mètres...

Vidéos 4 et 5: des tirs ininterrompus


Les tirs continuent ainsi jour et nuit sonnant singulièrement les heures et obligeant les guetteurs à une attention permanente, car souvent en plus des tirs directs, de nombreux ricochets imprévisibles aux trajectoires aléatoires s'invitent à l'intérieur de notre bâtiment.

Vidéo 6: lance roquette RPG 7

Nos positions étant enterrées et fortifiées, les ukrainiens ont également souvent recours aux canons sans recul et lance-roquettes antichar comme le RPG 7 dont on peut distinguer ici la lueur plus importante d'un tir rapproché sur une position amie. 
Cette arme ancienne de fabrication soviétique est toujours très efficace notamment grâce à une facilité de mise en oeuvre et une évolution de ces munitions qui offrent aujourd'hui une diversité permettant de "traiter" différents types d'objectifs (antichar, antipersonnel, incendiaire, thermobarique. ..)

Erwan Castel


Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front

Arbres du Donbass

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Même si elle reprend toujours ses droits et son domaine au milieu des champs de ruines de la guerre humaine, la Nature n'en reste pas moins la grande victime collatérale oubliée des combats meurtriers qui caractérisent cette espèce étrange qui prétend vouloir être supérieure à elle.

Dans le Donbass, les forêts sont rares. Si au Nord, dans la zone occupée par Kiev on en trouve du côté de Slaviansk par exemple, en revanche  ici vers Donetsk et la mer d'Azov les forêt sont rares et bousculées par les exploitations minières et agricoles. On y trouve cependant quelques bois épars et des forêts linéaires appelées localement "Zilonka" qui marque la séparation entre les parcelles.

Autour de nous, sur le front de Promka au Nord de Donetsk, nous sommes entourés par une forêt de squelettes...


Vendredi 27 novembre 2018

Arbres du Donbass, vos silhouettes agonisantes au milieu des ruines humaines attristent mon cœur nourri pendant 15 années par la majesté de vos cousins amazoniens.

Aujourd’hui, la haine cupide des Hommes ingrats qui ont abattu leur feu meurtrier sur cette belle steppe du Donbass donne à vos êtres généreux dont les bras, hier encore chargés de fruits, tendent aujourd'hui leurs moignons vers un ciel en pleurs.

Mais au terme de votre agonie, fidèles à la notre Terre-Mère, vous offrez toujours aux Hommes, suicidaires et matricides (parmi lesquels vos assassins), la chaleur d'un feu réconfortant.

Et dans le secret des bunkers et des tranchées les craquements ultimes de nos frères sylvestres nous demandent dans un dernier souffle :

Pourquoi ?

Erwan Castel




Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front

Point de situation sur Lugansk


La semaine dernière, les échos du "coup d'Etat" opéré en République  Populaire de Lugansk sont même parvenus jusqu'aux derniers avants postes isolés de notre ligne de front, les niveaux d'alertes engagés en réaction bousculant le rythme des rotations. 

De retour à Donetsk, j'essaye d'observer l'éruption politique de notre République soeur au milieu des supputations délirantes et des diarrhées propagandistes qui fusent depuis les débiles qui, parce qu'ils ont une accréditation dans la poché,  se prennent pour des journalistes et des analystes.

De fait, 2 éléments sont à prendre en considération pour raison garder : 

Primo : l'événement est toujours en cours et même si la situation est sous contrôle, elle n'est pas stabilisée...

Secundo : il serait intéressant que certains commentateurs se souviennent que le Donbass est toujours en guerre...

Donc il s'agit selon moi d'être vigilant et de ne pas jeter de l'huile sur le feu. Quant à ceux qui vitupèrent ou morigènent comme des indignés effarouchées,  je les invite à regarder l'Histoire des révolutions qui toutes sont rythmées par des tâtonnements plus ou moins violents et visibles avant stabilisation du pouvoir.

Entre ceux qui voient dans cette destitution du Président Plotnossky, une opération 100% SBU ukrainien et ceux qui y voient la preuve d'une corruption pourrissant les rouages de la jeune République, il y a certainement des intérêts et influences diverses et plus complexes que ces regards simplistes et caricaturales. 

Voici une analyse de la situation signée Paul Rovinson qui je pense est lucide et prudent, tout en mettant avec justesse l'événement en perspective de la géopolitique régionale et du contexte diplomatique du moment.

Erwan Castel

Source de l'article : Novorossiya Today

APRÈS LE DÉPART FORCÉ DU PRÉSIDENT DE LA RPL,
 QUE VA FAIRE MOSCOU ?

Une possibilité serait de fusionner LPR avec le DPR qui est plus stable en une république rebelle et unie du Donbass

Par Paul Robinson 

Les manigances politiques dans la République populaire de Lugansk (RPL) dans l’est de l’Ukraine ont pris un nouveau tournant aujourd’hui lorsque le président de la RPL, Igor Plotnitski, a fui pour se rendre à Moscou. Le pouvoir à Lougansk repose désormais fermement entre les mains du ministre de l’Intérieur de la RPL, Igor Kornet, qui continue d’insister sur le fait qu’il n’a pas l’intention de renverser Plotnitski, mais simplement de débarrasser la République des traîtres dans l’entourage du président.

Les forces de Kornet ont arrêté un certain nombre de hauts responsables de la RPL, les accusant de travailler secrètement pour le gouvernement ukrainien de Kiev et de se préparer à trahir la RPL au profit de l’armée ukrainienne. Je ne le crois pas. Mon impression est que dans la RPL, la trahison sert de motif d’accusation contre un adversaire dont on veut se débarrasser. Quoi qu’il en soit, les événements de la RPL ont mis le gouvernement russe dans une situation difficile.

Comme je l’ai mentionné dans mon précédent article, Moscou ne contrôle pas entièrement les événements du Donbass. Mais cela ne signifie pas qu’il n’a pas son mot à dire sur ce qui se passe, ni qu’il puisse simplement ignorer ce qui s’y passe. Il me semble qu’il a les options suivantes:

Reconnaître que Plotnitsky est une mauvaise carte, la jeter et soutenir Kornet. Jusqu’à présent, le gouvernement russe insiste sur le fait que ce qui se passe à Lougansk est une affaire interne à la RPL. Maintenir cette ligne équivaudrait en fait à cautionner le coup d’Etat de Kornet. La question qui se pose alors est de savoir comment trouver un nouveau président et qui il devrait être.
Essayez de trouver une solution qui ramène Plotnitsky à Lougansk en tant que président, mais qui en fait ne le serait que de façade pendant que le pouvoir réel reviendrait à Kornet.
Trouver un moyen de restaurer Plotnitsky à sa position d’autorité précédente.
Contourner le problème en abolissant la RPL et en la fusionnant avec la République populaire de Donetsk (DPR), et en formant une «Novorossiia» commune.
La troisième option – restaurer Plotnitsky – semble plutôt peu réaliste. Les Russes ne vont pas vouloir déclencher une guerre civile dans le cadre d’une guerre civile, donc une action militaire contre Kornet est probablement hors de question. Peut-être pourrait-on trouver un moyen diplomatique pour le contraindre à abandonner, en lui indiquant par exemple clairement que s’il continue sur sa voie actuelle, Moscou supprimera tout soutien à la LPR. Mais une telle menace n’est pas très crédible. C’est une de ces situations où le patron doit à peu près céder la place au client. Inverser le coup serait probablement une mauvaise option pour Moscou même dans le cas où ce serait ce qu’il eut réellement souhaité.

À certains égards, la quatrième option – la fusion de la RPD et de RPL – semble optimale. La DPR m’a toujours donné l’impression d’être beaucoup mieux gouverné que la RPL, et son leader, Aleksandr Zakharchenko, a un charisme qui fait défaut à Plotnitsky. La RPD semble sans conteste très attrayante d’un point de vue RPL. En pratique, une fusion serait probablement une prise de contrôle par la DPR et pourrait bien renforcer les deux républiques. Après tout, il est quelque peu ridicule qu’une région aussi petite que le Donbass contrôlé par les rebelles ait deux gouvernements et deux armées séparées.

Mais bien que cette option ait un sens, il y a quelques problèmes. Les deux seuls votes «démocratiques» qui ont eu lieu dans l’histoire de la RPL et de la DPR sont les référendums de mai 2014 qui ont établi les républiques et les élections présidentielles de novembre 2014. Bien sûr, on peut discuter de la qualité de ces élections et à quel point elles étaient vraiment démocratiques, mais les référendums et les élections permettent aux dirigeants des républiques de revendiquer leur légitimité. Si Plotnitsky devait être remplacé, il est difficile de voir de quelle légitimité pourrait se prévaloir son successeur. Et puisque la RPL a été établie par référendum, on peut prétendre qu’elle ne peut être démantelée que par référendum. Dans un sens, il ne s’agit que de formalités, mais les formalités sont importantes, et c’est pourquoi même l’Union Soviétique a adopté les motions d’élections.

Un autre problème avec l’éviction de Plotnitsky est qu’il a signé les accords de Minsk, qui fournissent la feuille de route supposée pour un règlement de paix en Ukraine. S’il s’en va, alors son successeur pourrait prétendre ne pas être lié par l’accord. De plus, si la DPR et la RPL fusionnent, alors Kiev pourrait avoir des raisons de prétendre que puisque les quasi-Etats dont les dirigeants ont signé les accords de Minsk n’existent plus, il n’est plus lié par les accords. Ce n’est pas quelque chose que Moscou voudrait.

Donc, il pourrait être préférable de garder Plotnitsky. Mais il est évident que même s’il retournait à Lougansk, il n’aurait aucune autorité significative. On pourrait imaginer que Moscou veut avoir son propre homme à la première place à Lougansk, quelqu’un sur qui il peut compter pour faire ce que Moscou lui dit au moment où il le faut. Mais un Plotnitsky qui est plus une marionnette de Kornet qu’une marionnette de Moscou ne pourrait pas remplir ce rôle.

Dans l’ensemble, il n’y a pas de bonnes options pour Moscou. À ce stade, Kiev se réjouit probablement du spectacle et pense que les choses vont de son côté. Mais cela pourrait ne pas être vrai non plus. Il y a quelques semaines, le ministre des Affaires étrangères de la RPL, Vladislav Deinovo, a fait remarquer que l’avenir de Lougansk se trouvait en Ukraine. Étant donné que Kornet justifie son insurrection au motif que les responsables de la RPL conspiraient pour trahir la république au profit de Kiev, on soupçonne que personne dans la RPL ne répètera publiquement pendant un certain temps ce que Deinovo a dit. Une ligne intransigeante envers l’Ukraine est plus probable.

En bref, c’est un gâchis. Je ne fais aucune prédiction quant à ce qui va se passer par la suite.

 Source : Irrussianality


Traduction : AvicRéseau International

dimanche 26 novembre 2017

D'un merdier à l'autre

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Si vous pouvez lire cet extrait de mon journal de front sur le blog "Soutien à la rébellion du Donbass, c'est grâce à la générosité des personnes qui me suivent dans mon travail de réinformation entamé il y a 4 ans exactement à quelques jours près, et qui m'ont permis d'acquérir un nouveau matériel informatique pour remplacer celui qui m'a été volé lors de cette mission sur le front de Promka.

Je profite de cette mise à du blog pour les remercier à nouveau et vivement !


Dimanche 26 novembre 2017

La relève de notre groupe en position, s'est finalement faite avec "de l'avance sur le retard" prévu, et tant mieux car il me faut gérer un cambriolage survenu pendant ce déploiement sur le front...
L'attente ponctuée par les bombardements et les tirs va donc être remplacée pendant mon repos par sa petite soeur rythmée par les déclarations et rapports de police...

Au moins la liste des affaires volées sera courte, les crapules françaises venues s'échouer un temps à Donetsk (Laurent B. and Co) ayant déjà allégé mon paquetage en 2016.

C'est ainsi, les guerres exacerbent toujours les qualités humaines chez celles et ceux qui relèvent, avec ou sans armes, leurs défis, mais aussi les pires défauts chez les profiteurs qui viennent, tels des vautours y glaner de misérables honneurs loin du front, ou tels des rats y voler les maigres ressources de personnes confiantes.

Même si ces faquins qui rampent dans l'ombre de leur lâcheté y sont très rares, Donetsk n'échappe pas à la règle, surtout depuis que des crapules francaises sans scrupule y sont venues chasser les honneurs (Christelle), les roubles (Eric) et les vodkas (Catherine) s'associant au passage de l'adage "qui se ressemble s'assemble"..

Je préfère mille fois les tirs ukrainiens de face que les coups de poignard dans le dos de ces vermines.

Mais cette nouvelle mésaventure ne serait qu'un cran de plus à ma mysanrhropie galopante s'il n'y avait aussi dans ce Donbass, l'allégresse des camarades de front, le sourire d'une femme, le rire des enfant sans oublier le ronronnement des chats !

Car, ce sont bien "ces choses les plus simples" comme chante Gabriel Yacoub, qui font aimer la vie et sauvent l'espérance dans le coeur de l'Homme.

Erwan Castel

Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front

vendredi 24 novembre 2017

La guerre, une chrysalide de l'Homme

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"Shartior", un jeune "sorti de la mine" pour défendre son Donbass natal,
au repos après un combat mené aux murailles de notre "forteruine"

La guerre cette pire activité humaine mais qui aussi, par la mise à nu de l'âme humaine qui s'y trouve comme un fétu de paille dans une tempête, se révèle une grande initiatrice pour ceux qui dansent avec la Mort sans perdre la raison ou la vie !



Vendredi 24 novembre 2017

La soirée est calme, hormis quelques rafales d'armes automatiques crevant l'opacité glacée de la nuit, concert de percussions où les "tacatacs" des 7.62mm et 5,45mm des kalashnikovs dominent les galops d'acier aériens.

Chaque guerre vécue est une étape nouvelle dans la quête herméneutique offerte à l'Homme, qui sous la chrysalide camouflée du soldat, engage malgré lui la métamorphose de son être intérieur, et dans savoir quel en sera le stade final. Je ne sais pas si tous les soldats ont conscience de cette dimension initiatique de la guerre qui souvent nous dépasse et mène l'âme humaine bien au delà de la simple sphère de l'expérience.

Ma sensibilité à cette réalité intérieure, je la dois certainement à ma curiosité, ma sensibilité, une éducation familiale traditionnelle...Mais aussi surtout aux vétérans des guerres passées, croisés ou lus, et parfois les 2 comme Ernst Jünger, ce géant du XXème siècle que j'ai eu l'honneur de rencontrer..

Nombreux sont - ils ces "anciens" décrivant cette métamorphose intérieure du soldat : Jünger, Saint Exupery, Denoix de Saint Marc, pour ne citer que les 3 premiers noms me venant à l'esprit. Mais il y a aussi tous ces anonymes, vétérans aux silhouettes alourdies par les années et les médailles et aux visages couverts de rides rayonnant l'Honneur et l'humilité. Ces survivants aux "orages d'acier", au détour d'une rencontré parfois fortuite vous laisse plonger, entre 2 battements de paupières, dans leurs regards où brille comme une éternelle jeunesse figée sur les champs de bataille de l'Histoire, la flamme de cette sagesse douloureuse, stade ultime de la métamorphose de l'Homme combattant.

Il y a aussi malheureusement sur les bords de ce chemin intérieur et étroit de cette métamorphose exponentielle avec l'accumulation des guerres et des années, des précipices piégeant les âmes paresseuses et les esprits faibles et dans lesquels l'Honneur peut se perdre. Tentés par l'addition au combat, les honneurs rendus au soldat, certains en effet peuvent faire cette "sortie de route" qui les précipitent vers la mégalomanie narcissique ou la folie post traumatique.

Plus que jamais me reviennent les souvenirs de ce petit livre de Jünger "Le combat comme expérience intérieure" ouvert différemment, plus intensément à chaque guerre et qu'il me tarde un fois encore, de relire à l'ombre des tranchées du Donbass... Pour mieux comprendre cette métamorphose de l'Homme par la chrysalide du soldat.

Une explosion dans le lointain ramène mes pensées vagabondes à la réalité de mes sens en alerte, dans cette nuit froide peuplée d'ombres silencieuses tachant le manteau neigeux devant Yasinovataya.

Erwan Castel

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