jeudi 31 octobre 2019

La vie et le combat continuent !

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Pas à pas, ma santé se restaure sous les soins attentifs du personnel médical, et il n'y aura bientôt plus que le bras à soigner au cours d'un cycle d'opérations mineures et d'une opération majeure probablement réalisée en Russie.


Jeudi 31 octobre 2019

Cette blessure subie sur le front du Donbass m'a offert une expérience humaine incroyable dont je ne pouvais imaginer l'ampleur. En France, mais aussi en Russie un réseau fraternel s'est spontanément organisé pour me soutenir dans l'épreuve, et je ne saurais jamais trop remercier toutes ces personnes qui hier encore étaient pour la plupart des inconnus.

Et ici à Donetsk, ce sont plusieurs visites quotidiennes qui viennent me saluer et prendre de mes nouvelles et me donner du réconfort: les camarades actuels du régiment mais aussi ceux de mes précédentes unités, y compris celles qui m'ont accueilli en février 2015 après mon arrivée dans le Donbass, ou des civils, voisins d'Oktyabrsky ou familles que j'ai aidé au cours des 4 années précédentes. 
L'Amitié, la Solidarité et la Fidélité ne sont pas de vains mots dans le monde russe, mais bien la réalité d'une fraternité patriotique supra communautaire.

Aujourd'hui, tout en restant profondément attaché à mes racines bretonnes, je sais où est désormais ma patrie de coeur.

Par la fenêtre virtuelle de mon ordinateur je recommence à regarder le monde extérieur: 
  • Le Donbass bien sûr en équilibre entre souffrance et espérance mais qui continue à avancer vers la Fédération de Russie. Et sur le front continuent de tomber les défenseurs des républiques libres du Donbass.
  • L'Ukraine, fidèle à sa vassalité occidentale qu'incarne une marionnette présidentielle incapable de gérer son pays et les factions néo-nazies qui chaque jour se renforcent et menacent le pouvoir de Kiev pour mieux continuer le chaos et la guerre.
  • Des démocraties occidentales, plus démophobes que jamais, qui après avoir vendu ou trahi leurs souverainetés politiques, économiques, militaires et culturelles, ont désormais pris pour cible leurs propres identités et leurs peuples natifs constituants.
Mais au milieu de ce chaos organisé autour de la destruction des derniers corps sociaux identitaires pour que s'y développent les dictatures d'états policiers asservis à des intérêts exogènes, il y a cependant des résistances et des réveils populaires chargés d'espérances. Vénézuéla, Chili, France etc..

Les peuples en ont marre de ce monde moderne construit autour de la dictature de la marchandise et du culte de l'illimitation capitaliste dont les profits sont réservés à une élite financière très souvent étrangère pour laquelle les populations ne sont que de la chair à supermarché ou à canon. Et les peuples de vouloir conserver leurs limites fondatrices territoriales, culturelles, historiques etc.

Les peuples en ont marre de cette imposture de l' "égalité des Hommes" qui sacrifie sur l'autel de gesticulations égalitaristes sociétales superficielles, individualistes et sans conséquences la seule égalité des individus qui alimente réellement la marche de la Cité : l'égalité politique des citoyens. Et les peuples de réclamer la reconquête de leur souveraineté via le droit au référendum.


Et je reste persuadé que l'autodétermination des populations de Donetsk et Lugansk en républiques populaires éponymes est l'expression la plus radicale de cette reconquête légitime par les peuples de leurs souverainetés identitaires, en réaction à l'asservissement d'une Ukraine - déjà malade - aux dictatures de la marchandise et de la pensée unique occidentales.

Les jeunes républiques du Donbass, malgré la guerre, les difficultés économiques, les contraintes d'une géopolitique internationale subie, continuent à avancer sur le chemin de leur intégration au sein de la Fédération de Russie, tout en défendant leur propre identité qui peut justement s'épanouir dans ce système fédéral respectueux de la diversité de ses communautés et peuples constituants.

En cela les autres peuples qui aspirent à reprendre le contrôle de leurs destinées et protéger leurs traditions devraient s'intéresser à ces jeunes républiques populaires entre Occident et Eurasie, car elles sont le laboratoire où peut germer le devenir d'une Europe des peuples illibérale.

Erwan Castel

jeudi 24 octobre 2019

"Non, rien de rien, je ne regrette rien !"

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Avec mes Frères d'armes de la Brigade Piatnashka

Je suis enfin sorti de réanimation où j'ai dû rester 1 mois en isolement sanitaire et social complet après avoir été fauché par une mine ukrainienne le 23 septembre dernier, sur le front Sud de la République Populaire de Donetsk.

Dans la vie il y a des moments où la destinée choisie croise le destin subi.


Jeudi 24 octobre 2019

Lorsque nous sommes arrivés sur notre nouvelle position ce 23 septembre, j'ai commencé dès les premiers déplacements à reconnaître ses tranchées de combat, d'observation, ses postes de tir, casemates et logis. Et c'est dans l'extrémité d'une tranchée d'observation que je me suis fait piéger par une mine ennemie installée lors d'une opération d'infiltration nocturne comme il s'en produit régulièrement sur ce front où les belligérants ne sont qu'à quelques centaines de mètres les uns des autres.

En une seconde ma vie a basculé: "clic", bond en arrière, explosion dans une boule de lumière et de chaleur qui m'a projeté en avant. Dès mes premiers cris de douleur et d'appel, mes camarades qui étaient dans la casemate voisine se sont précipités pour me porter secours.

Dès lors, une chaîne de solidarité humaine s'est organisée autour de moi depuis la tranchée jusqu'à Donetsk, avec une vivacité et une efficacité exceptionnelles qui dépassent largement le professionnalisme des hommes et des femmes qui m'ont sauvé la vie pour atteindre un élan de fraternité humaine servi par un courage inouï que jamais je n'oublierai.

  • Je n'oublierai jamais les visages haletants de mes camarades qui, après m'avoir administré les premiers soins, m'ont évacué au pas de charge à travers le labyrinthe des tranchées souvent en dépassant leurs propres forces physiques, tout en m'apportant continuellement un soin attentif. Ce qu'ils ont fait relève de l’héroïsme.
  • Je n'oublierai jamais les visages des mes officiers, "Znak", mon commandant de compagnie, lui même grièvement blessé au bras au début du conflit, "Svarog", le chef du bataillon, "Barz" son adjoint... venus en urgence pour suivre mon sauvetage jusqu'à participer eux mêmes au brancardage vers l'ambulance qui me rapatria vers Donetsk.
  • Je n'oublierai jamais le personnel du service des urgences de l'hôpital de Novoazovsk, première étape de mon évacuation sur Donetsk. Je me souviens de toutes ses poches de sang suspendues au dessus de la table d'opération, dons d'inconnus qui participèrent à mon sauvetage. Désormais du sang russe coule dans mes veines de breton. 
  • Je n'oublierai jamais les camarades qui, depuis Donetsk, dès réception de la nouvelle concernant ma blessure ont immédiatement alerté les ministères concernés pour qu'une équipe médicale capable de réussir l'impossible soit mobilisée pour me réceptionner dès mon arrivée à Donetsk, car pour sauver mon bras chaque minute devenait vitale.
  • Je n'oublierai jamais l'équipe de microchirurgie de l'hôpital de Donetsk, son immense professionnalisme qui a évité l'amputation, mais aussi son humanisme exemplaire, sa patience, sa ténacité et sa douceur. Ici, travaillant sans relâche jour et nuit, comme dans les autres hôpitaux, les aides soignantes, infirmières et docteurs font honneur à leur profession et à la République de Donetsk.
Celles et ceux qui m'ont sauvé la vie puis le bras, depuis mes camarades de Piatnashka jusqu'au chef du service de microchirurgie de Donetsk sont du Donbass, mais aussi de Russie, d'Ukraine, du Caucase, de l'Azerbaïdjan; ils sont orthodoxes, musulmans, juifs ou athées... Mais tous ont un point commun: ils œuvrent naturellement de coeur sous l'égide de ce sentiment d'appartenance à une entité humaine supra communautaire née de l'Histoire de toutes les Russies.

Ce sentiment supra communautaire, que j'appelle la "notion d'empire" et qui a été forgée au cours des différentes métamorphoses historiques de la Russie appartient au domaine du coeur et non à celui des certitudes idéologiques qui souvent génèrent des pensées uniques communautaro-centrées (religieuse, ethnique, culturelle etc.) comme celles qui ont fourvoyé l' Occident sur les chemins bellicistes des colonialismes religieux, militaires, économiques, politiques pour imposer, par la force si nécessaire, cette "idéologie du même" qui fait de l'Homme un clone et du clone un esclave.


Je pense modestement avoir été, suite à ma blessure, le témoin de cette solidarité fraternelle, spontanée et héroïque qui est consubstantielle à l'âme russe et je suis éternellement reconnaissant pour tous ces hommes et ces femmes qui l'ont naturellement organisé pour me permettre de témoigner encore et toujours de la noblesse de coeur des peuples de Russie. Et la brigade internationale Piatnashka est une haute illustration de cette fraternité de coeur et de sang.

Malgré l'épreuve toujours en cours je dois dire que je ne regrette rien de mon engagement dans le Donbass et le fait de servir la République Populaire de Donetsk depuis bientôt 5 années.

Je ne peux terminer cette "remise en selle" encore fatigante sans remercier les centaines de personnes qui sur les réseaux ou à Donetsk se sont inquiéter pour moi, m'exprimant une amitié indéfectible. Vos soutiens dans leur nombre et leurs qualités m'ont particulièrement touché. Je vous demande juste du temps afin que je retrouve assez d'énergie pour pouvoir vous répondre et vous remercier de votre empathie fraternelle.

En attendant je vous offre cette chanson russe "Oh les routes" qui évoque la destinée du soldat sur les chemins de la guerre: 

Erwan Castel


vendredi 18 octobre 2019

Jeudi 17 octobre

La bonne nouvelle l'opération c'est bien déroulée !

Il mange doucement du Kefir des Zephirs et les premiers produits d'hygiène sont nécessaire.

Il écrit des messages, les parties pour des personnes précises leurs sont  réservées.
en premier sa maman puis des amis très proches.


"Salut Carl
Je vais mieux chaque jour
Hier une nouvelle opération du bras
Je ressemble moins à Frankestein.
Normalement dans une semaine je suis transféré à l'étage au dessus avec visites autorisées.
.../....
Préviens aussi STP Yulia et Alex de mes nouvelles.
ainsi que Georgy et sa maman
../...
Ensuite passeport puis Moscou pour RDV avec un institut pour prothèse.
(Ma main est là, mais morte)

Voilà pour le moment

A+

et merci pour tout

Signé Erwan"

Il va avoir besoin de tout  votre soutien même si l'homme est solide, votre affection et votre attention lui feront le plus grand bien.

Depuis sa blessure il est toujours isolé pour éviter toute infection, Ce n'est pas la prison  certes.
Mais pour un actif comme lui... C'est loin d'être un repos sans douleur.


Dimanche 13 octobre

Comme vous pouvez le deviner peu de nouvelles concernant Erwan.
Il faut du temps pour sa guérison et ses opérations.

Tous les jours ou aussi souvent que possible "sa cuisinière" lui prépare un petit plat...
Nous échangeons des mots.

ici par  exemple...
"L'opération faite, çà va mieux.
il y en a une en attente.
je ne sais pas quand je change de service
Rassures tout le monde STP"

Pour ses soutiens de Saint-Petersbourg en action sur un sujet important :
"Je pense à Olia et Georgy".

Et concernant son moral :
"Merci à vous 2
sans vous je serai en dépression à 100%"

Tout est fragile surtout le moral mais nous essayons de l'entourer d'une attention qu'il puisse ressentir.



Pour patienter dans votre attente de ses nouvelles vous pouvez visiter :
https://soutenonserwan.blogspot.com/










vendredi 11 octobre 2019

Jeudi 10 octobre

Visite à l'hôpital...

Les nouvelles sont bonnes et moins bonnes.

On commence par les bonnes nouvelles.
L'état général c'est amélioré, ce qui permet aux médecins de prévoir une nouvelle opération la semaine prochaine avec un prélèvement de peau sur une partie peut-être charnue de son anatomie pour une greffe sur le bras afin de continuer la reconstruction de celui-ci.

Coté physique c'est donc plutôt bon.

Coté moral les médecin ont suspendu tout transfert de courrier afin de le préserver, la traduction est incertaine mais il semble être en dépression  ou très déprimé.... Donc plus de courrier pour lui et repos absolument et complet avant la prochaine opération.

Les seules actions qui nous sont autorisées sont de l'ordre des compléments alimentaires.
Nous lui portons tous ce qui peut le soutenir dans son moral, des fruits; ananas, bananes gâteau et sucreries mais pas trop sous l'oeil du médecin.

Une amie locale c'est transformée en cuisinière pour lui porter des plats préparés, même si il mange encore difficilement.

Néanmoins nous avons de sa part une belle lettre :

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A tous mes amis camarades et soutiens. Je dois tout d'abord vous présenter

mes excuses pour ce long silence indépendant de ma volonté,

étant depuis le 23 septembre aux soins intensifs du service de réanimation

de l'hôpital de traumatologie de Donetsk.

En effet, ce 23 septembre à 10h05 la mort m'avait tendu une embuscade

au fond d'une tranchée où une mine bondissante a explosé alors que je bondissais

en arrière à son mortel déclic. J'ai malheureusement été touché en divers endroits

du corps avec des blessures de gravité variables.

Mais aujourd'hui je suis sorti d'affaire et ceci grâce à la vivacité professionnelle

de mes camarades de Piatnaschka dont menés par "Snak" notre commandant

de compagnie et "Svarog" le commandant du bataillon qui ont sublimé la fonction d'officier

par la force de l'exemple.

Avec mes camarades se relayant pour amener la civière jusqu'à l'ambulance au pas de charge.

Tout en prodiguant des paroles d'encouragements au milieu de leur sueur dépensée sans compter.

J'ai pu après avoir été frôlé par les ailes de la mort mesurer tout le sens sacré du mot camarade.

Puis ce fut les urgences de Novoazovsk qui m'ont stabilisé avant mon évacuation

vers le service de réanimation où je suis toujours pour 1 ou 2 semaine.

Le pire est passé et cela grâce à cette chaine humaine trempée dans l'amitié le courage

et le pur dépassement de soi depuis le grenadier voltigeur jusqu'à l'infirmière,

en passant par les amis qui me font porter des dessins et des mots de réconfort.

Je leur serai éternellement reconnaissant ainsi qu'à vous mes amis qui par

votre inquiétude m'ont témoigné de votre amitié et fidélité.

Et le combat va pouvoir continuer.

Signé ERWAN CAFTEL
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jeudi 10 octobre 2019

Erwan est toujours en service de réanimation

Je prends temporairement le relais pour vous informer que Erwan est toujours en service de réanimation.
La situation est toujours sérieuse mais en voie de lente amélioration.
Il souffre avec des douleurs que vous pouvez imaginez.
Les médecins l'ont informé que sa sortie de ce service n'aura pas lieu avant 1 à 2 semaines.

 Un ami sur place.