mardi 24 décembre 2013

La bataille d'Ukraine

Entre mondialisme et civilisation européenne: 
la bataille d'Ukraine

Samedi 1er novembre 2014, publié sur le site "CERCLE MILITANT QUÉBECOIS", le lien : ICI 

Cet éditorial du journal nationaliste social français Militant date de décembre 2013, mais il conserve néanmoins son actualité et sa pertinence étant donné que la bataille se poursuit contre les forces mondialistes et cosmopolites qui veulent prendre le contrôle de l'Ukraine sous prétexte de défendre sa liberté. (http://journal-militant.fr/edito-n-655-decembre-2013/).

L'article initial, mise en ligne en février 2014 sur le site "MILITANT", le lien : ICI 

Entre mondialisme et civilisation européenne : la bataille d’Ukraine

Décembre 2013

Ces dernières semaines, l’Ukraine fait parler d’elle avec la tentative de révolution qui a suivi la décision du président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, de ne pas signer un « Accord d’association et de libre échange » avec l’U.E., autrement dit de rejeter l’arrimage de l’Ukraine au « camp mondialiste », par ailleurs soumis au chantage droit-de-l’hommiste, mais bien plutôt de se rapprocher de la Fédération de Russie qui propose un « Pacte eurasiatique ».

L’actuel Etat ukrainien est un Etat artificiel, dont le noyau est issu du découpage interne de l’empire russe par les gouvernements soviétiques, auquel ont été ajouté entre 1940 et 1945 des populations qui, bien que slaves, ont des histoires différentes : 

1) des Russes orthodoxes d’une part, essentiellement dans la partie orientale, appelée Nouvelle Russie, territoires vides d’hommes jusqu’à ce que la tsarine Catherine II en lance le peuplement ; des Ukrainiens russisés et orthodoxes héritiers des hetmanats cosaques constituant la « Petite Russie » avec Kiev pour centre ; 

2) des « Ruthènes » vivant dans la partie occidentale avec Lvov (Lemberg) pour ville principale, majoritairement rattachés à l’Eglise romaine et ayant vécu jusqu’en 1945 hors de l’empire russe, sous suzerainetés polonaise et austrohongroise. Globalement, les premiers regardent vers la Russie moscovite, les Ruthènes se tournent vers l’Ouest européen.

Mais depuis l’implosion de l’URSS et la déclaration d’indépendance de l’Ukraine en 1991, celle-ci, en tant qu’Etat charnière entre les deux parties de l’Europe, constitue un enjeu majeur de l’offensive que mène le mondialisme à direction états-unienne et sioniste pour étendre sa domination sur l’Europe et, si possible, sur la Russie. Cette dernière fait l’objet d’un encerclement méthodiquement mis en place depuis 1991, appliquant en cela la doctrine de Mackinder et Spykman selon laquelle, pour dominer le coeur du continent eurasiatique, le « heartland » – autrement dit l’Europe de l’est et la Russie -, il fallait contrôler le « Rimland » – la périphérie allant de l’Allemagne à l’Asie centrale en passant par les Balkans et le Proche-Orient.

En 2004, une première tentative mondialiste de contrôler l’Ukraine, connue sous le nom de « Révolution orange », a été conduite sous la férule principale de l’organisation Pora (« il est temps ») cornaquée par des officines telles que : l’Open Society Institute du spéculateur juif né en Hongrie, Georges Soros ; OTPOR et Canvas nourries de l’idéologie de résistance individuelle non violente de Gene Sharp et diffusée notamment par le Einstein Institute et le International Center on Nonviolent Conflict (ICNC) dirigé par Peter Akerman ; Freedom House, financée en grande partie sur les fonds publics américains, notamment l’USAID (United State Agency for International Development).

Cela recommence en 2013 alors que l’Ukraine, selon son tropisme naturel regarde vers la Russie moscovite en cours de redressement, sachant que la Russie est un empire aux facettes multiples qui connaît comme tel des périodes d’expansion et de repli ; le tsar n’était-il pas « empereur de toutes les Russies ». Si l’Ukraine rejoignait le pôle occidental, elle se trouverait aussitôt sous l’emprise de l’affairisme débridé et prédateur de la superclasse mondiale apatride, du satanisme moral et culturel piloté par les cercles mondialistes inspirés par les Illuminati.

L’Ukraine n’a rien à gagner d’un arrimage à une U.E. affaiblie, endettée, en voie de désindustrialisation et d’islamisation au travers de l’immigration extra-européenne. Elle deviendrait plus que jamais un terrain d’exploitation du mondialisme ultra libéral et la population ne verrait pas son niveau de vie s’améliorer significativement, hormis quelques hochets apportés par la mode du consumérisme clinquant, tandis que l’incitation à l’inversion et à la perversion des moeurs deviendrait de règle. La presse russe parle à juste titre « d’homosexualisation » de l’Ukraine.

Face à cela, nous avons la Russie post soviétique qui,revendiquant sa foi chrétienne orthodoxe, le respect de la tradition et de l’ordre universel, est actuellement le seul grand Etat d’Europe qui s’affirme contre le satanisme destructeur occidental. Certes, n’idéalisons en rien la Russie. Mais lorsque l’on parle de répression en Russie ou en Ukraine, il faut voir combien la répression s’abat, en France notamment, sur ceux qui combattent les lois de subversion comme la loi Taubira, celle qui s’abat sur les nationalistes, celle qui un peu plus chaque jour limite la liberté d’expression tant dans la presse que sur l’Internet.

Néanmoins, même si, comme l’écrivait le marquis de Custines au XIXème siècle, la Russie a toujours été une « puissance pauvre », elle doit, pour tenir un rôle de pôle attractif du redressement européen, rénover son industrie, moderniser ses infrastructures, sans pour autant singer les standards industriels occidentaux. Le peuple russe a montré par le passé un génie créatif en tous domaines et il n’y a aucune raison qu’il fasse défaut à l’avenir. Mais la Russie connaîtrait un puissant dynamisme si elle s’inspirait des principes de l’économie orientée, fondés sur la création monétaire par la seule banque centrale et l’initiative privée orientée et stimulée par de grands programmes d’État.

Si nous devons faire de la prospective, indépendamment des aléas contemporains, disons que l’actuel État ukrainien est vraisemblablement appelé à éclater, la création d’un État « ruthène » dans sa partie ouest étant justifiée, alors qu’il faudra aussi résoudre de nombreux problèmes territoriaux restés en suspens depuis 1918 et 1945, telle la question des minorités hongroises vivant hors de Hongrie et celle de la Transnistrie pour rester dans cette partie de l’Europe.

Tout cela pourra-t-il se faire au moindre coût ? Mais, au delà ce toute prévision, ce qui se joue aujourd’hui en Ukraine est en partie l’avenir de l’Europe en ce sens que nous avons en présence, d’un côté, les forces du mondialisme apatride, ennemies de la civilisation européenne, et de l’autre la Russie qui aujourd’hui, en dépit de ses faiblesses et défauts, incarne la civilisation.
MILITANT

vendredi 20 décembre 2013

UKraine : "Quelle position ?"

L'Ukraine, 10 ans après la "Révolution orange" est à nouveau secouée par des émeutes sur la place central de sa capitale Kiev. 

Depuis plusiaurs semaines les manifestants dont les actions se radicalisent en même temps que le froid hivernal réclame du gouvernement qu'il revienne sur sa décision de ne pas signer l'accord économique avec l'Union Européenne. 

Dans les coulisses du Maïdan où commencent à fuser des hurlements réclamant le départ du Président élu Ianoukovitch, on devine les rouages d'une machinerie occidentale qui tire les ficelles des meneurs s'agitant devant les cordons de policiers qui restent stoïques sous les jets de pavés.

Cette nouvelle révolution, même si elle ne s'affiche pas sous une teinte proclamée semble bien être un nouvel épisode de la longue série des "révolutions colorées" qui ont secoué les anciens pays de l'URSS et plus récemment les pays arabes, tous "non alignés" sur la vision étasunienne qui comme leurs bannières agitées revendique un monde monochrome, "unipolaire" et soumis à Washington (et surtout Wall street)

L'Ukraine est-elle en train de "déraper" ?

Ce qui est sûr c'est que certaines revendications sont inquiétantes et surtout ceux qui les portent derrière des cagoules menacantes armées de barres de fer et des coktails molotov. 

L'Ukraine révèle certainement une histoire européenne qui n'est pas encore digérée et que les officines occidentales qui rêvent d'inscrire cet immense pays à leur tableau de chasse tentent de faire vomir pour mieux y installer un chaos nihiliste...

Ce que je vois aujourd'hui s'agiter sur le Maïdan ressemble plus aux vieux démons du passé qu'à des revendications audacieuses tournées vers un avenir constructif. Et surtout un dérapage de la situation pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l'Europe entière.

Erwan Castel

Ukraine : « quelle position » ?


Par Jean-Marie Chauvier

Source de l'article : Mondialisation.ca, 

13 décembre 2013

La question m’est posée – comme au temps de la « révolution orange » en 2004 – de savoir s’il ne faut pas « prendre position pour un camp contre l’autre », soit pour les opposants unanimement soutenus en Occident, soit pour ceux qui résistent aux ingérences occidentales, en l’occurrence maintenant : le pouvoir légal contre des émeutiers cherchant à « renverser le régime » avec l’encouragement de Bruxelles et de Washington, car c’est bien de cela qu’il s’agit et la violence première n’est pas celle du pouvoir, manifestement confus et incapable de se défendre !

Comme à l’époque, je ne vois aucune raison de « choisir un camp », en l’occurrence un clan de l’oligarchie industrielle et financière contre un autre, les groupes dominants de l’Est, plus proches de la Russie, contre d’autres groupes implantés à l’Ouest , soutenus par les EU et l’UE, et vice-versa. Je n’ai « d’intérêts » dans aucun.

Donc, « ni, ni » ? Désolé, oui : « ni, ni ». Mais pas équidistance pour autant, ni indifférence quant à ce qui se joue entre des acteurs auxquels nous ne nous identifions pas, qu’ils soient « décideurs » (Kiev, Moscou, Bruxelles, Washington) ou manifestants manipulés par ces mêmes décideurs ou par des aventuriers fascistes.

Il y a, dans le débat ukrainien tel qu’il nous est présenté, simplifié à outrance (« prorusses » contre « proeuropéens ») non seulement une caricature (les prorusses ne sont pas antieuropéens, et entre Yanoukovitch et Poutine ce n,’est pas le grand amour) mais surtout une grande absence : le peuple ukrainien, les travailleurs, les paysans, soumis à un capitalisme de choc, à la destruction systématique de tous leurs acquis sociaux, aux pouvoirs mafieux de tous bords.

Je crois que notre vision occidentale – y compris « à gauche » – de l’Ukraine est largement tributaire de préjugés anticommunistes et antirusses. Mais ce n’est pas tout : nous ne voyageons ou nous ne rencontrons généralement que des Ukrainiens de l’Ouest (la très grande majorité des émigrés viennent de l’Ouest) ou de Kiev, s’agissant des élites occidentalisées. C’est cette partie du pays et des populations que nous sentons les plus proches, qui nous renvoient un peu notre image. Même les militants de gauche aiment rencontrer, à Moscou, à Kiev, des gens qui leur ressemblent, parlent leur langue. A l’Est, c’est plus russe, plus ouvrier, plus soviétique, donc moins compréhensible pour l’intellectuel occidental. Et l’intellectuel ukrainien qu’il va rencontrer cherchera, à son tour, à parler comme on parle à Paris ou à Londres. C’est vrai pour les militants comme pour les businessmen : on est dans le « village global », on parle « globish », c’est l’esprit de la jet society.

Le salut par l’Europe ?  Beaucoup de jeunes, à Kiev et ailleurs, y compris à l’Est, y croient ferme et ne comprennent pas qu’il faille encore des visas. Si nous leur offrions le libre passage, de beaux appartements chics et des salaires plantureux, toute l’Ukraine se viderait. Autant que l’Afrique. Le problème, que l’on, comprend mal à Kiev, c’est qu’on « ne peut accueillir toute la misère du monde », même ukrainienne. Voyez d’ailleurs nos difficultés avec les Grecs, les Portugais !

Les défenseurs du « choix européen », à Bruxelles ou à Kiev, n’ont apparemment que faire des conséquences désastreuses qu’aurait, pour les productions locales, les emplois, le niveau de vie une « adhésion à l’Union Européenne » qui, de toute façon, n’est pas à l’ordre du jour mais qui, avant de l’être, les priverait déjà de leur « marché naturel » en Russie et dans le reste de l’ex-Union soviétique.

Je ne suis pas en mesure de juger des résultats éventuels d’une intégration à l’Union douanière Russie-Belarus-Kazakhstan-Ukraine, qui a certes l’avantage de se fonder sur une communauté séculaire, des liens économiques, technologiques, humains, au moins à l’Est et au Sud. Seraient-ils désireux de se retrouver dans la banlieue de Bruxelles ? Beaucoup y sont déjà, exploités à outrance dans les chantiers de construction, les serres d’Andalousie, les réseaux de prostitution – des millions d’Ukrainiens ont pris le chemin de l’exil de puis la fin de l’URSS qui a signifié, pour eux encore plus qu’en Russie, une catastrophe.

Je pense que le « désir d’Europe » que l’on voit s’exprimer sur Maïdan est surtout le fruit de fantasmes, et sans doute d’intérêts d’une nouvelle bourgeoisie, d’une jeunesse très excitée par notre « look »,  mais aussi de l’action tentaculaire des fondations et médias financés par les Etats-Unis et l’Union Européenne pour promouvoir l’idéologie occidentaliste, le libre échange, le consumérisme, la russophobie. Prétendre « analyser » ou même « soutenir » la contestation en cours (comme la « révolution orange » il y a dix ans) sans mentionner ou en minimisant ces interventions extérieures relève de l’aveuglément ou de la manipulation intellectuelle. Or, je constate que celle-ci a lieu dans les médias habituels, sans surprise, mais encore dans les milieux « de gauche » qui, de facto, participent à cette espèce d’idéologie coloniale se réclamant des « valeurs » de l’Europe.

Il y a  plus grave, c’est l’occultation ou la minimisation d’un phénomène que l’on qualifie aimablement de « nationaliste » et qui est de fait néofasciste voire carrément nazi. Il est principalement (mais pas uniquement) localisé dans le parti SVOBODA, son chef Oleg Tiagnibog et la région occidentale correspondant à  l’ancienne « Galicie orientale » polonaise. Combien de fois n’ai-je vu, entendu, lu des citations de ce parti et de son chef comme « opposants » et sans autre précision ?

On parle même de sympathiques jeunes « volontaires de l’autodéfense » venus de Lviv (Lwow, Lemberg) à Kiev, alors qu’ils s’agit de commandos levés par l’extrême-droite dans cette région qui est son bastion.

Lourde est la responsabilité de ceux – politiques, journalistes – qui jouent à ce jeu, à la faveur de courants xénophobes, russophobes, antisémites, racistes, célébrant la mémoire du collaborationnisme nazi et de la Waffen SS dont la Galicie (et non toute l’Ukraine !) fut la patrie. Les bureaucrates de Bruxelles jouent avec le feu.

Il semblerait que la haine de la Russie soit devenu le ciment de notre idéologie médiatique, littéralement hystérique sur ce plan.

Et je pense également aux « spécialistes de l’Ukraine » sur la place de Paris, qui sont de mèche avec les « historiens » militants, héritiers de l’Organisation des Nationalistes Ukrainiens alliés aux nazis puis convertis au « Monde libre » pendant la guerre froide, aujourd’hui idéologues du nationalisme en Ukraine…et presque tous originaires de la même région galicienne. Un fameux pot aux roses !

Il importe aussi de savoir (combien de fois faut-il le répéter ?!) que l’Ukraine est partagée – historiquement, culturellement, politiquement – entre l’Est et l’Ouest, et qu’il n’y a aucun sens à dresser l’une contre l’autre, sauf à miser sur l’éclatement voire la guerre civile, ce qui est peut-être bien le calcul de certains. A force de pousser à la cassure, comme le font les Occidentaux et leurs petits soldats sur place, le moment pourrait bien venir où l’UE et l’OTAN obtiendront « leur morceau » mais où la Russie prendra le sien ! Ce ne serait pas le premier pays qu’on aurait fait délibérément exploser, en misant sur le « clash des civilisations », en l’occurrence ici les écarts entre ukraïnophones et russophones, entre cultures industrielle-urbaine de l’Est et agricole-rurale de l’Ouest, entre Orthodoxie majoritaire à l’Est, et catholicisme uniate (uni au Vatican) influent à l’Ouest. Nul ne doit ignorer non plus que le choix européen serait également militaire : l’OTAN suivra et aussitôt se posera la question de la base russe de Sebastopol, de la Crimée majoritairement russe et stratégiquement cruciale pour la présence en Mer Noire. L’un des buts poursuivis est évidemment le débarquement de troupes étatsunienne dans le sud de l’Ukraine. On doute qu’un Poutine leur fasse le tapis rouge.

Rien de tout cela ne « légitime » la politique du pouvoir en place, largement responsable de la crise sociale qui profite à l’extrême-droite…et aux trompeuses sirènes de l’Union Européenne et de l’OTAN. Pouvoir impuissant, de fait, défenseur qu’il est d’une oligarchie et non « de la Patrie » dont il se réclame.

Il y a de telles situations, où le choix d’un « camp» contre un autre serait absurde, mais où il importe d’être lucide, de chercher à comprendre, de détecter les dangers.

Hélas pour les Ukrainiens, les temps de confusions et de convulsions vont encore durer. Et « l’Europe » rêvée n’existe que dans les rêves.

Jean-Marie Chauvier


lundi 16 décembre 2013

La Russie au secours de l'économie ukrainienne


16 décembre 2013, publié sur le site "REALPOLITIK"

Les États-Unis et la Russie surenchérissent pour l’Ukraine, mais chacun à sa manière. La Russie, sans réelle surprise, s’apprête à proposer, non pas une entrée dans l’union douanière, mais une série d’accord bilatéraux qui devrait permettre au gouvernement ukrainien de continuer à fonctionner par l’octroi d’une ligne de crédit. Ce crédit devrait être accompagné d’une réduction du prix du gaz qui constituera un choc de compétitivité pour l’industrie ukrainienne.

Du côté américain, les moyens ne sont pas les mêmes biens entendus. Avec 46 millions de leurs concitoyens vivant de bons d’alimentation, soit plus que la totalité de la population ukrainienne, il ne reste plus grand-chose à envoyer à Kiev. En faisant les fonds de tiroirs, les États-Unis ont trouvé quelques gâteaux, quelques menaces, un vieux sénateur et une actrice pornographique, qui incarnent parfaitement bien le projet américain pour l’Ukraine.

Quel mépris ! Comme les « creativny class » de Moscou, la foule de Maidan représente la partie politiquement immature de l’Ukraine. On peut, bien sûr, comprendre l’impatience d’une partie de l’Ukraine, Yanoukovitch n’est pas Poutine. Son bilan est cependant bien meilleur que celui de son prédécesseur et il s’est efforcé de réconcilier les Ukrainiens. Ceux qui manifestent encore aujourd’hui sont des rêveurs ignorants, prêts à tout pour obtenir un visa et aller grossir les bataillons des chômeurs d’Europe de l’Ouest. On y trouve aussi « Svoboda », parti ouvertement raciste – les Russes sont des asiatiques à chasser d’Ukraine – qui serait depuis longtemps interdit en France et ses dirigeants lourdement condamnés. C’est avec ces « ultras » que Klischko, qui apparaît de plus en plus comme un grand niais manipulé, veut faire campagne. Comme la « creativny class », les « europeïstes » ont besoin de ces fanatiques entraînés à la guerre civile. Sans eux, ils perdent leurs bataillons de choc et leur seul légitimité, qui est d’avoir érigé des barricades dans la rue et d’avoir pris d’assaut les bâtiments officiels. Que l’on s’imagine seulement, le sort qui aurait été réservé aux manifestants de la manif pour tous, s’ils s’étaient emparés de l’Hôtel de Ville.

La population ukrainienne se doit désormais de réagir lors des prochaines élections et montrer que l’Ukraine n’est pas une république bananière à échanger contre de la verroterie occidentale.

Élie Martin

vendredi 6 décembre 2013

Les acteurs de la crise ukrainienne

Analyse de Xavier Moreau

Crédit photo : mac_ivan via Flickr (cc)

5 décembre 2013, publié sur le site "REALPOLITIK"

Il est temps de revenir sur la crise ukrainienne afin de comprendre les acteurs et les enjeux. Nous verrons qu’une fois de plus, la lutte du bien contre le mal n’a pas grand-chose à y voir.

Les États-Unis

Nous avons souvent évoqué la nécessité revendiquée, pour les géopoliticiens anglo-saxons, de séparer de manière radicale l’Ukraine de la Russie. Le but est de réduire au maximum l’ « européannité » de l’empire eurasiatique, dont la proximité géographique en fait un partenaire naturel des deux autres grandes puissances continentales, française et allemande. Les États-Unis souhaitent aujourd’hui maintenir leur domination sur l’Europe à moindre frais, afin de concentrer leurs forces vers l’Asie. La rupture entre l’Ukraine et la Russie écarterait pour un temps l’ascension inévitable de Moscou comme première puissance européenne.

Les États-Unis utilisent donc l’Union Européenne, dans le but pour lequel ils l’ont créée : empêcher l’émergence de puissances continentales en Europe, en rejetant la Russie à ses frontières et en diminuant les puissances française et allemande, par le truchement du parlement européen et de la présidence tournante. Cela produit le genre de situations ridicules, où nous voyons des micros états comme la Slovénie, la Croatie ou les pays baltes et plus actuellement, la Lituanie, parler au nom de la France et l’Allemagne.

La Pologne

La Pologne est l’allié continental privilégié des États-Unis, toujours méfiants vis-à-vis de la France et de l’Allemagne. Varsovie s’est tournée dès les années 90 vers les États-Unis, faute de pouvoir s’appuyer sur son allié français traditionnel. Les frontières orientales de la Pologne contemporaine sont loin de celles de son expansion historique maximum. Elle a certes beaucoup gagné en 1945 en se voyant attribuer par Staline, la Silésie et la Prusse orientale. Elle aurait donc beaucoup à perdre en remettant en cause ouvertement ces redécoupages. Faire basculer l’Ukraine dans le camp occidental serait un bon moyen pour elle, de reprendre pied sur les territoires disputés. La Pologne dispose d’un atout non négligeable, qui est celui de sa transition exemplaire et réussie vers l’économie de marché. Malgré cela, la galaxie de mouvements fascistes autour du parti « Svoboda », sur laquelle elle s’appuie, lui est autant hostiles qu’aux Russes. Leur figure historique, Stepan Bandera, avait d’ailleurs commencé sa carrière en assassinant le ministre de l’intérieur polonais en 1934.

L’Allemagne

L’Allemagne, l’autre grand bénéficiaire de l’Union Européenne après les États-Unis, souhaite intégrer l’Ukraine dans son nouveau « Zollverein ». L’accord de coopération lui permettrait de le faire pour rien. Les intérêts allemands sur cette question, rejoignent ceux des États-Unis, comme dans les années 90, où l’Allemagne organisa la bascule de la Yougoslavie vers la guerre civile. Pour elle, le contrôle de l’Ukraine achève celui qu’elle souhaite exercer sur la « Mittel-Europa », conformément à ses buts géopolitiques traditionnels.

L’Union Européenne

Vouée tôt ou tard à disparaître, comme son prédécesseur soviétique, l’Union Européenne, ou plus exactement, les apparatchiks qui en vivent, souhaitent évidemment faire croire que le cadavre bouge encore… Il faut donc nourrir le « Léviathan » au moyen de nouveaux membres. L’accord avec l’Ukraine était le seul réellement significatif, au contraire de ceux signés avec la Géorgie et la Moldavie. Les technocrates de l’Union Européenne souhaitent, eux aussi, rejeter hors d’Europe, la Russie, dont le social-conservatisme et le souverainisme affirmés séduisent de plus en plus les populations européennes. C’est le sens du rejet par JM. Barroso, de la tenue, pourtant nécessaire, de négociations tripartites. Cela démontre une nouvelle fois, que l’objectif réel de cet accord n’est pas le bien de l’Ukraine, mais sa séparation forcée d’avec la Russie.

La Russie

La Russie a évidemment beaucoup à perdre en cas de signature de cet accord, qui annulerait automatiquement celui qu’elle a déjà signé avec son ancienne capitale. Il faut cependant garder à l’esprit que sur le long terme, la position russe en Ukraine est assez solide. La Crimée et l’Est de l’Ukraine « industrialisé » resteront toujours liés à la Russie, où elle compte de nombreux binationaux. Dans le cas où l’Ukraine actuelle éclaterait – ce qui est possible si les occidentaux continuent de mobiliser l’Ouest contre l’Est – la Russie récupérera la meilleure part dans sa zone d’influence.

La France

La France a tout à gagner dans ce conflit UE/Russie, si elle arrive à créer une relation bilatérale forte avec l’Ukraine. Elle peut y trouver un moyen de se rapprocher plus étroitement avec la Russie, en soutenant la solution médiane d’accords tripartites. Elle renforcerait ainsi l’axe Paris-Moscou, ce qui freinerait les ambitions impériales allemandes ; l’axe Paris-Berlin-Moscou n’étant qu’une vision romantique sans réalité historique ou politique. On a d’ailleurs apprécié la discrétion des dirigeants français sur les derniers événements.

L’Ukraine

L’Ukraine est l’État qui a le plus à perdre de la signature de cet accord. L’UE n’a pas plus d’argent à distribuer en 2013, que l’URSS n’en avait en 1991… Cet accord priverait Kiev de son principal partenaire économique, sans obtenir rien en retour avant 10 ans. La visibilité économique du gouvernement ukrainien est à 6 mois. Que se passera-t-il si l’Ukraine perd 35% de son marché à l’export en quelques mois ? Si Yanoukovitch perd les prochaines élections, son successeur sera mis devant le même dilemme : signer l’accord et faire basculer l’économie ukrainienne dans la dépression, où chercher une solution médiane.

Ces manifestations ont, en tout cas, permis de mettre en évidence, l’ineptie des leaders de l’opposition ukrainienne, entre l’insignifiance d’Arseni Iatseniouk et la maladresse de Vitali Klitchko, hésitant l’un et l’autre à basculer dans l’illégalité la plus totale. C’est peut-être finalement la chance de Viktor Yanoukovitch, de ne pas avoir de prétendant sérieux contre lui. Même si l’on peut reprocher à l’actuel Président ukrainien d’avoir maintenu à son profit, le pouvoir oligarchique, il garde à son crédit d’avoir tenté de réconcilier les deux « Ukraines », celles de l’Est et de l’Ouest. Sa politique qui consistait à faire pression sur la Russie et l’UE, pour obtenir le plus possible de l’un et de l’autre fut judicieuse, quoique maladroite dans son exécution. Ajoutons qu’il est l’initiateur de la politique ukrainienne d’indépendance énergétique.

La solution serait pour le gouvernement ukrainien, de tenir le rôle d’une puissance d’équilibre entre les puissances continentales germanique, française et russe. Pour cela, le Président Yanoukovith doit s’efforcer de négocier de manière bilatérale avec les puissances qui comptent, européennes bien sûr mais également extra-européennes (25% des exportations ukrainiennes se font vers l’Asie et la Turquie est son deuxième partenaire économique derrière la Russie). Avec 45 millions d’habitants et un pays de la taille de la France, le gouvernement ukrainien a mieux à faire que de se faire sermonner par les micro-états qui composent l’UE. En tout état de cause, la négociation tripartite semble aujourd’hui être la solution à développer en priorité, dans la mesure où la France et l’Allemagne pourront réduire les eurocrates au silence.

La raison fondamentale de l’échec de la signature du traité de coopération repose sur le fait que l’Ukraine d’un côté, les États-Unis, l’Allemagne et la Pologne de l’autre, avaient deux objectifs différents. Le but de l’Ukraine était économique et politique : assurer ses exportations vers l’Union Européenne pour rééquilibrer sa balance commerciale déficitaire de €10 milliards et pouvoir parler d’égal à égal avec la Russie, son principal fournisseur d’énergie et son premier partenaire commercial. Le but de la coalition américano-germano-polonaise était uniquement géopolitique : séparer l’Ukraine de la Russie sans rien donner en échange. En signant cet accord, Yanoukovitch aurait rejoint la vaste équipe des « visionnaires » qui ont un jour fait confiance aux États-Unis tel Noriega, Saddam Hussein, Milosevic, Chevardnadze, le Shah d’Iran…

Xavier Moreau
__________

Sources de l'article
- Site "REALPOLITIK", le lien :  ICI