vendredi 1 mars 2019

"C'est un cauchemar !"


Ce mois de février aura été l'un des plus sanglants du Donbass depuis la signature des accords de Minsk, il y a 4 ans. Dès le début de ce deuxième mois de 2019 et quelques jours après le retour du régiment ultra nationaliste "Azov", les pertes des défenseurs du Donbass ont connu une augmentation dramatique, et qui devait se poursuivre dans les semaines qui ont suivi. 

Principalement ce sont des bombardements ukrainiens qui sont à l'origine de l'hécatombe de février, dont il faut leur reconnaitre une surprenante précision et qui me fait penser à l'arrivée sur le front de nouveaux matériels de pointage (voire de mortiers), de nouvelles techniques de correction de tir (depuis des drones d'observation) auxquels il faut rajouter aussi les conséquences de l'expérience du front et de la formation dispensée par les instructeurs étasuniens et canadiens.

C'est principalement le front Sud de la République Populaire de Donetsk (front entre Mariupol et Novoazovsk) qui a été le plus meurtrier avec par exemple le bombardement de Leninskoe du 7 février, où 4 miliciens ont été tués, celui de Sahanka du 9 février, 4 autres tués, puis celui du 22 février, 3 autres tués, etc...

Le voile des propagandistes que je peux comprendre, mais sans l'approuver, ne peut plus désormais cacher les pertes subies surtout depuis que les ukrainiens systématisent la publication des vidéos aériennes de leurs tirs, prises depuis leurs drones d'observation. 

Résultat du bombardement ukrainien du 22 février 2019
(on peut observer ici les impacts ukrainiens et même des corps de miliciens
qui n'ont pu être relevés immédiatement du fait des tirs persistants)

Sur d'autres secteurs de la République Populaire de Donetsk, des pertes importantes ont été enregistrées du côté républicain, comme par exemple sur le front de Donetsk ou celui de Gorlovka. A cette liste macabre il faut rajouter également les 2 civils tués sur le front le 23 février à Elenovka.

Les premiers résultats connus rapportés par les proches des tués, militaires et familles, font état de plus de trente "200" (tués) sans compter les dizaines de blessés. Même le célèbre officier-écrivain Zakhar Prilepine, a dénoncé sur son réseau social Facebook, le 22 février, les pertes très importantes subies par les milices au cours de derniers jours, particulièrement dans le bataillon dont il fut le commandant en second ces 3 dernières années.


"Dans notre unité du Donbass, en raison des combats et bombardements constants, nous subissons de grandes pertes. Dieu sait que j'ai toujours essayé de ne pas jouer sur la corde de la pitié et que je n'ai jamais signalé nos pertes. 
Mais... ce qui se passe aujourd'hui est un cauchemar !. 
Quatre morts il y a une semaine et demie. Quatre morts au combat ce matin. Et il y a des blessés. L'intensité des tirs et le nombre de pertes qui ont  frappé mes frères d'armes sur le secteur marque ce mois ci comme l'un des plus difficiles de cette guerre de puis quatre ans"


Sur les réseaux sociaux militaires des unités et des miliciens, la consternation et parfois même la colère sont également visibles, ainsi par exemple ce message du milicien "Vympel" sur le réseau russe V Kontakte, ce 23 février 2019 :

"Dans la RPD, sont tués chaque jour entre 1 et 4 miliciens. Au moins 7 personnes sont décédées au cours des trois derniers jours. Comment sont les choses dans la LC (République de Lugansk), je ne sais pas, mais je pense que c'est à peu près la même chose. Ce n'est plus le débit lent de "Minsk" avec la capture de la zone grise et un ou deux soldats morts par semaine. C'est une vraie extermination. Si l'offensive ne commence pas et que l'APU n'est pas vaincu, il ne restera plus rien de la milice. A ce rythme là cela représente une perte moins de 1500 combattants au moins en une année. C’est triste que les combattants ne meurent pas pour la victoire, mais pour la masturbation à Minsk, des oligarques, bureaucrates et politiciens des deux côtés."

Bombardements ukrainiens sur des positions républicaines

Un autre exemple d'attaque meurtrière ukrainienne (et violation des accords de Minsk) : Ce 23 février en soirée les forces ukrainiennes détruisent un dépôt de munitions républicain près de Gorlovka, tuant 3 miliciens

Le contexte électoral ukrainien (scrutin présidentiel le 31 mars prochain) doit jouer beaucoup dans se regain d'activité ukrainienne sur le front du Donbass autant qu'expliquer peut-être l'absence de réaction de l'artillerie républicaine qui auparavant se permettait des tirs de contre-batteries ponctuels contre les postions ukrainiennes responsables des bombardements. 
D'un côté, le candidat à sa propre succession Porochenko, est loin d'être le challenger de cette course présidentielle et doit être tenté de vouloir créditer des victoires militaires contre "l'agresseur russe" pour redorer sa popularité et revenir en pole position.
De l'autre côté, les Républiques du Donbass refusent de rentrer dans une escalade qui alimenterait cette stratégie politicienne de Kiev, et préfèrent faire le gros dos en attendant le nouveau jeu diplomatique (ou militaire) qui apparaîtra à coup sûr au lendemain des élections.

Mais parfois.... "trop c'est trop !"

Ainsi, le 25 février 2019, devant la poursuite des violations meurtrières quotidiennes des accords de Minsk, le Commandement militaire de la République Populaire de Donetsk a décidé d'autoriser des tirs de contre batteries sur des positions d'artillerie ukrainiennes à l'origine des bombardements. Selon les premières estimations, plusieurs pièces d'artillerie ont été détruites ainsi que 6 soldats tués et 8 autres blessés parmi les forces ukrainiennes. Il s'agit ici d'une riposte mesurée et ponctuelle ciblant dans un esprit de "légitime défense" les unités ennemies ayant ouvert le feu en premier.

Autrement, les miliciens républicains défendant la ligne de front paient le prix fort dans ce jeu de dupes joué entre Moscou, via Donetsk et Washington, via Kiev. Une situation entre enjeux politiques et menaces militaires qui, si elle peut être comprise par la conscience du soldat n'est en revanche jamais acceptée par son coeur, même si son devoir, son honneur et le souvenir des disparus le maintiennent à son poste !

Malgré des lots quotidiens de sang et de larmes, la milice garde le front et le moral hauts et forts, espérant même qu'à défaut de paix réelle une contre-offensive soit enfin décidée pour "bouter les ukrainiens" loin des villes du Donbass qu'ils occupent ou bombardent.


Mais il nous faut encore "prendre notre mal en patience" même quand la patience fait mal

Erwan Castel


Voici quelques uns des héros (plus de 30) tombés quotidiennement ce mois ci pour la Liberté du Donbass mais également sacrifiés sur le vil échiquier des intérêts des uns et des calculs des autres. Et dans le silence des propagandes tentant de cacher leurs morts j'entends comme un écho cette phrase du chanteur breton "Glenmor" (Milig ar Skanv) : 



Paix à leurs âmes et que leurs sacrifices gardent éternellement vive la flamme de la révolution dans les coeurs luttant pour la liberté des peuples qui un jour triomphera de la haine et de la cupidité.



1er fev, Skazka.


4 fév, Andrei Varchak, 37 ans







7 fév, Alexander Prokopchuk , 29 ans


7 fév, Dimitry Kutkin







8 fév, Dimitri Valentinovich Sidorov, 21 ans


9 fév, Alexander Sych, 31 ans




11 fev, Boris Zvernichenko , 32 ans.


11 fév, Roman Kuzin , 36 ans






15 fév, Vitaly Shumsky, 27 ans.


17 fév, Alexander Lykov, 29 ans







18 fév, Alexander  Lukʹânenko, 26 ans









22 fév, Anton Pyura, 29 ans


22 fév, Mazur Aleksandr, 41 ans






23 fév, Andrey Tkachenko, 43 ans


24 fév, Adreï Ostapov , 36 ans





En partant sur le front j'espérais qu'à mon retour, la litanie des sacrifiés ait enfin cessé. Malheureusement l'hécatombe de Minsk continue drainant chaque jour sang et larmes sur la terre du Donbass, tandis que de nouveaux visages et noms apparaissent à le surface des jours passés.



Mises à jour :







5 fév, Zoellick Paul, 32 ans


18 fév, Fedorov Alexander, 58 ans





18 fév, Korchuganov Yevgeny, 41 ans




27 fév, Sinyukov Sergey, 42 ans





28 fév, Alexander Krokhalev, 41 ans.



28 fév, Evgeny Igorevich Mashkov, 32 ans






28 fév, Kovalchuk Denis, 34 ans


28 fév, Mashkov Evgeniy, 32 ans







8 fév, Shaymardanov Marat, 43 ans


4 fév, Mogilny Andrei Nikolaïevitch, 22 ans





6 fév. Gennadiy Zubenko, 49 ans


15 fév,  Vyacheslav Vitalyevich Khripakov, 35 ans



2 fév, Evgeny Korchuganov, 41 ans


4 fév, Kutsakov Andrei Vitalyevich, 31ans





22 fév, Dani Nagorny, 21 ans

7 fév, Igor Nikiforov, 46 ans



"Que le souvenir des morts soit la force des vivants"
"

2 commentaires:

  1. Bon déjà Poroshenko et les oligarques en Ukraine sont juifs. Il est donc extrêmement bizarre que le régime soit néo-nazi.
    Partant de la vous faite le jeu de la propagande russe.

    Ensuite Azov est un régiment indépendant qui n'a nul besoin d'instructeurs américains et canadiens.

    Si les russes ne sont pas dans la région de Donetsk et de Lougansk alors pourquoi emmerdent-ils aussi les ukrainiens en mer d'Azov.

    Ouvrez vos yeux ! Les russes sont les agresseurs.

    RépondreSupprimer
  2. Je vous remercie de votre commentaire qui illustre on ne peut mieux la vacuité de la propagande de guerre occidentale qui s'appuie sur l'ignorance crédule de personnes telles que vous pour répéter des lieux communs qui noient leurs incohérence et ridicule dans une inversion accusatoire hystérique.

    Pour résumer sur vos arguties fallacieuses :

    PRIMO : Qu'un pouvoir soit juif n’empêche pas qu'il soutienne des néo-nazis, surtout quand ces derniers sont ses idiots utiles. Ne voit-on pas ailleurs les anglo américains protestants soutenir des salafistes en Syrie dont l'idéologie fondamentaliste ne jure que d'éradiquer leur système ? Ne voit-on pas l'Arabie Saoudite wahhabite s'allier à l'Etat juif d’Israël dans sa lutte contre le régime chiite iranien ? Et je vous ferez grâce de référencer les alliances du passé entre fascisme et nazisme, entre communisme et nazisme etc... Depuis l'Antiquité l'idéologie s'efface devant les intérêts des Etats et ces derniers devant les hégémonies économiques des thalassocraties. Sortez de votre vision manichéenne simpliste et superficielle.

    SECUNDO : Azov n'est plus le bataillon spécial indépendant de 2014, mais un régiment intégré dans l'organigramme des forces armées ukrainiennes et placé sous le commandement du général Naiev Commandant l'Opérations des Forces Combinées dans le Donbass. Il garde juste une dimension politique ultra nationaliste servant la propagande des bandéristes de Kiev. Ensuite en quoi "être indépendant" empêche d'avoir des instructeurs étrangers ? Encore un préjugé de votre part sans aucun fondement et que les faits démentent comme par exemple lorsque le sénateur Mac Cain rend visite à Azov au réveillon 2017 et mentionne les aides étasuniennes techniques et de formation allouées à l'unité.

    TERTIO : La mer d'Azov est une mer intérieure intercontinentale dont la navigatrion est limitée à ses 2 pays riverains par des traités internationaux régionaux signés par eux et conformes au Droit international maritime. L'incident de Kertch (25/11/18) est la conséquence d'une violation de ces traités qui stipulent que les parties doivent signaler le passage prochain de leurs navires dans les eaux territoriales voisines auprès des autorités de l'autre pays. Kiev en forçant le passage de Kertch a voulu créer un casus belli (sacrifiant au passage ses marins) pour rompre avec les traités et faire venir l'OTAN dans la mer d'Azov.

    Pour conclure, venez dans le Donbass pour constater par vous mêmes si il y des unités russes déployées et qui sont les agresseurs. Et que je fasse le jeu de la propagande russe, cela ne me dérange pas lorsque je sais en être totalement indépendant et même parfois très critique (il suffit de me lire ici), et qu'elle défend une vision fédérale et multipolaire qui s'oppose à l'hégémonie agressive d'une pensée unique occidentale politique, économique et militaire.

    Recevez l'expression des sentiments que votre servile ignorance de collabo m'inspire

    Erwan Castel

    RépondreSupprimer

Les commentaires (soumis à modération) sont les bienvenus, à condition qu'ils ne soient pas diffamatoires et injurieux. Merci de respecter la charte du groupe que vous trouvez sous l'onglet "Charte" en haut et à droite. Erwan Castel.